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[RP]Une nouvelle floraison


Balmora
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La Graine de Kynar

 

 

 

Chapitre 1: L'œuvre de l’Homme

 

Il y a quelques décennies, à l’heure où la civilisation humaine prenait son envol et connaissait ses premières heures de gloire, un voyageur nommé Saratand parcourait les terres de ce monde afin d’accomplir son rêve : implanter son petit coin de paradis, dans lequel il ferait bon vivre. Il marchait depuis des semaines, errant sans but, évitant les coins déjà très peuplés et trouva finalement une petite île, au milieu d’une grande étendue d’eau, qui semblait prometteuse. Après avoir fait rapidement le tour, il décida que ce site idyllique serait propice à sa petite communauté et posa son sac au sol. Il en sortit sa hache et commença à abattre quelques arbres afin de faire une maisonnette sans prétention, agréable à regarder et pleinement fonctionnelle pour ses besoins. Il commença à aménager sa petite île, construisant des champs, puis les protégeant avec de petites clôtures. Son petit coin de nature était peu à peu converti en un chez soi, où il prit l’habitude de boire sa petite tasse de thé au coin d’un bon feu de bois.

 

Rapidement, d’autre personnes vinrent le rejoindre, et ensemble ils constituèrent une petite communauté, vivant grâce à l’élevage et à une agriculture florissante. Les maisons gagnaient en taille et en splendeur, et petit à petit, il devint évident qu’il ne s’agissait plus d’un rassemblement d’habitations, mais d’un hameau. C’est donc tout naturellement que Saratand fût nommé maire du village, qu’il baptisa lui-même Thérion. Il commença dès lors à organiser ce joyeux regroupement de maisons, créa des routes, des échoppes et des parcelles pour tout un chacun.

 

Le village s’organisait de plus en plus vite, et rapidement des personnes s’occupèrent des champs, pendant que d’autres amassaient le bois et la pierre nécessaires à l’extension du village. Les plus aventureux descendaient dans les entrailles de la terre à la recherche de minerais précieux. La petite île vierge au centre d’un lac s’était transformée en un village respectable forgé par les mains des hommes.

 

Chapitre 2: La folie des grandeurs

 

Les premiers bâtiments publics furent bientôt insuffisants. La banque, le marché, tout avait été mis en place dans le petit hameau de Thérion. Mais la ville avait maintenant des besoins autrement plus important. Les villageois se mirent donc en quête de ressources, agrandirent l’île en construisant des plate-formes soutenues par des piliers de pierre, ancrés dans le fond de l’eau, et créèrent des structures suffisantes pour la population grandissante de Thérion. De grands architectes se mirent à l’ouvrage, et dessinèrent de nouveaux plans pour la ville afin de l’agrandir toujours plus.

 

Un voyageur, de passage dans la ville, alla quémander une audience auprès de Saratand. Celui-ci, en bon hôte, l’accueillit chaleureusement. Ce voyageur était dissimulé derrière un manteau de voyage, sobre mais efficace. Il parlèrent longuement de la ville, mais le voyageur voulait clairement lui faire passer un message : la petit île était maintenant méconnaissable, tant les humains l’avaient modelée pour en faire une splendeur de civilisation, et la pierre ne peut remplacer les arbres aussi aisément. Ces mots furent trop pour Saratand, pour qui la ville passait avant les forêts naturelles. Il congédia sans grand ménagement le voyageur inconnu pour retourner vaquer à ses occupations.

 

La ville ne cessait de grandir, jour après jour, ce qui finit par lui causer quelques problèmes quand les animaux sauvages et autres créatures hostiles commencèrent à arriver aux frontières de la ville. Saratand ordonna alors la construction de murailles pour protéger ses citoyens, ce qu’ils firent rapidement. La forêt environnante fût abattue, ainsi que quelques maisons, pour dégager la vue et pour construire une muraille de bois Le voyageur, toujours dans la région, revint les voir, et ne demanda même plus d’audience à Saratand. Il vint le trouver dans la rue, au milieu de ses constructions, et lui rappela qu’un seul homme n’avait pas le droit de modifier le paysage d’une région appartenant à la nature. Cette fois-ci, Saratand ne prit pas la peine de répondre, mais il savait bien au fond de lui que ce voyageur avait raison. Il pensait qu’il s’agissait d’un moindre mal pour le bien commun d’une ville entière.

 

Des rumeurs sombres commençaient à se répandre dans la région : des barbares seraient arrivés par le nord, semant chaos et désolation sur leur passage, pillant tout ce qui pouvait avoir de la valeur, laissant le reste en proie au feu par eux-même déclenché. Saratand augmenta la cadence de construction pour terminer les murailles aux plus vite, avant toute attaque de ces pillards sanguinaires. Et il avait vu juste. Une poignée de jours après que la muraille ait été finie, les guerriers nordiques arrivèrent, armés de haches et d’échelles, visibles de loin avec des torches qu’ils portaient tel des étendards. La milice nouvellement formée fut immédiatement sur le pied de guerre, et des conscrits furent équipés avec les réserves de l’armurerie. La bataille fut sanglante. Au levée du jour, la ville avait subie des dégâts importants, les murailles étaient tombées, mais pas la milice qui avait réussi à repousser leurs assaillants au prix de lourdes pertes.

 

Les survivants entreprirent la construction de fortifications plus solides. Pour cela, ils creusèrent jusque dans les entrailles de la terre, exploitèrent de vastes mines pour récolter des quantités astronomiques de pierres et de minerais de fer, abattirent la quasi-totalité de la forêt pour subvenir à leur besoin en charbon. Ils érigèrent aussi des murs défiant l’imagination, infranchissables pour des hommes, incassables par la force. Des portes en fer furent installées,des balistes mises en place en haut des tours de guets. Les citoyens se savaient en totale sécurité derrière cette véritable forteresse.

 

Chapitre 3: Quand la nature reprend ses droits

 

 

Les mois commencèrent à passer. La cité prospérait à l’ombre des murailles

d’apparence indestructible. D’apparence seulement, car par endroits, des dégâts furent bien vite rapportés. Des plantes très vigoureuses avaient poussé sous la muraille et la fissurait de toute part. Des lézardes balafraient les fortifications des fondations jusqu’aux créneaux. Les habitants tentèrent bien de couper ces lianes, rien n’y fit : elles revenaient dix mètres plus loin avec la même vigueur. Les meilleurs alchimistes de la ville furent alors mis à contribution. Ils se devaient de trouver au plus vite un moyen d’arrêter ces plantes. Ils restèrent de long jours dans leurs laboratoires, toute la ville retenant son souffle à cause de l’attente mais aussi de l'odeur âcre qui s’échappait des laboratoires. Une fumée jaunâtre et nauséabonde s’échappait de temps en temps.

 

L’un des alchimistes sortit un matin, une éprouvette remplie de souffre dans une main, une grande cruche d’eau dans l’autre main. Il s’approcha d’une des lianes, versa une pluie de poudre jaune sur le sol environnant la liane, et versa l’eau dessus. La terre aspira l’eau, qui entraîna avec elle cette mystérieuse poudre jaune. Le lendemain, la liane avait noirci, et la fissure avait arrêté de s’élargir. Le remède miracle fut appliqué tout autour de la ville sans aucun ménagement, afin d’être sûr de tuer le mal à la racine. Cela ne vint pas seulement à bout du lierre maudit, mais détruisit également sur plusieurs dizaines de mètres toutes les plantes qui puisaient leur eau dans le sol.

 

Le mystérieux voyageur choisit précisément ce moment pour revenir une troisième fois. Dès qu’il vit Saratand, il courut vers lui, et le somma de lui expliquer la raison de cette folie, la raison de la disparition de toute la forêt, et la raison de cette violence envers la nature. Saratand ne prit pas la peine de lui répondre. Deux gardes empoignèrent le voyageur et, après l’avoir traîné par terre, le jetèrent hors des portes de la ville. Ce fut là leur dernière erreur.

 

La silhouette encapuchonnée se relevait, lentement mais sûrement. Le ciel s’assombrit rapidement, le vent se leva. Tous les habitants sortaient dehors, inquiétés par ce changement soudain. En quelques minutes, ce fut la cohue, des éclairs déchiraient le ciel, commençant à enflammer quelques maisons. Le vent s’intensifiait. Le voyageur, maintenant debout, semblait soudain plus présent, plus imposant que la foule réunie devant le portail. Une bourrasque plus violente que les autres emporta son long manteau, révélant un elfe dont le visage n’exprimait qu’une profonde colère. Les érudits du village reconnurent rapidement cet elfe, imprégné d’une aura magique, à travers les écrits qu’ils avaient reçus des temps jadis : Laëfir, protecteur des elfes et de la nature, émissaire de Kynar. Lorsqu’ils comprirent cela, ils ordonnèrent à tout le monde de s’enfuir au loin. Les éléments en furie faisaient tomber les maisons en bois comme des châteaux de cartes. Bientôt, la terre elle-même se mit à trembler, les fondations se craquelèrent, et les murailles imprenables furent réduites à un tas de gravats. Tout le monde courait le plus loin possible autour de la ville.

 

Rapidement, le lac disparu ressurgit, d’abord par petites sources, puis par torrent entier que la pluie venait alimenter. Tous les habitants se retrouvèrent à marcher difficilement dans ce qui se transformait en une mer intérieure. Lorsque le niveau de l’eau se stabilisa et que les éléments se furent calmés, il se retournèrent pour voir ce qui restait de leur ville.

 

Rien. Il ne restait qu’une étendue d’eau plate, avec en son centre Laëfir, surplombant tous les gravats et morceaux de bois qui constituaient il y a peu de temps encore une grande ville quasiment imprenable. Il descendit lentement vers le lac et disparut dans la nuée de pierres et de planches, qui coula avec lui dans l’eau. Une simple fleur de Lotus était posée à la surface, en guise de rappel à la communauté. Un rappel que la nature est plus grande et plus puissante que toute civilisation, et que rien ni personne ne peut se soustraire à ses lois.

 

Laëfir disparut à nouveau de l’histoire. La fleur de Lotus en revanche, grandit, nourrie par le lac et la magie divine. Aujourd’hui, elle occupe tout le lac, vibrant hommage à la grandeur d’une nature qui a repris ses droits sur une civilisation trop entreprenante.

 

Les citoyens de Thérion repartirent chacun de leur côté, rejoindre une famille, un ami, et reprendre une vie simple dans le respect mutuel avec la nature. De la fin de leur vie, rien n’a été retenu, si ce n’est qu’il ne vinrent plus dans les grandes cités que compte ce monde, de peur de voir à nouveau s’abattre le courroux de Kynar.

 

 

Auteur : Ereldak et Balmora35

Avec l'aimable participation de Louvinette, que l'on remercie (encore une fois) du fond du cœur pour les corrections.

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