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Une vie de vagabond (non-rp)


Thirrit
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Je vous présente avec humilité mon début d'essai, je vous prie d'être indulgent, bonne lecture :

 

Une vie de vagabond

 

Lorsque les vagabonds, qui parcourent la péninsule japonaise au gré des vents ou des fortunes, se trouvent dépossédés de leurs terres ou qu’ils n’ont plus de maître à servir, se voient affublés d’un nom bien particulier : « Hommes volants », en japonais « Rônin ». Un homme volant, une dénomination étrange, tel un nuage se laissant porter par les alizés ; une vision bien poétique pour des hommes pauvres ou miséreux qui ne détiennent comme seul patrimoine que ce surnom. Les samouraïs déchus ou sans attribution portent le même sobriquet ainsi suis-je un rônin.

 

A la différence des paysans, j’ai reçu une éducation et un katana avec les compliments du Shogunat. Celui-ci m’a d’ailleurs mis sur la paille puisque la réunification du Japon est terminée, les luttes intestines ont cessé rendant donc les samouraïs progressivement inutiles comme de vieux meubles rongés par les mites. A peine mon katana à la ceinture, l’on m’a prié de quitter Edo, la capitale, si bien que je chemine sur les sentiers boueux du Japon.

 

Mon passé ne vaut guère la peine d’être conté, trop sombre, futile. Ainsi je ne vais pas relater mon enfance mais mon présent. En solitaire, j’ai décidé, en regardant le soleil descendre sur les toits de pailles d’Edo, que je resterais un homme volant jusqu’à l’accomplissement du tour de l’archipel nipponne. Je porte le costume traditionnel des samouraïs, c’est-à-dire un hitatare bleu océan à fleurs de cerisiers noirs : il forme une sorte de blouse ample que nous enfonçons dans les hakames, des pantalons larges de couleur noir, de simples getas pour couvrir mes pieds nus : une planche de bois brut, lisse, qui repose sur deux lames également en bois, le pied maintenu par une simple lanière de chanvre. Le vêtement complet fut pensé pour la souplesse et l’agilité, idéal pour des guerriers comme moi.

 

Une partie de shôgi, voilà comment je résume le premier jour de mon errance. Une fois dans la banlieue d’Edo, la lune montait dans le ciel éclairé par l’argent des étoiles. Extenué, je cherchais un ryokan, une auberge abordable pour tous les voyageurs. Après en avoir atteint un, payé quelques ryôs pour ma cambre, m’être enfilé sous mon futon, je me suis assoupi, en rêvant de mon futur incertain. Après tout la vie d’un être humain, qui plus est d’un samouraï, est destinée à la brièveté, tout comme les fleurs des cerisiers se décrochant de leurs branches, s’envolent et espèrent…espèrent que la brise les portera indéfiniment jusqu’au moment inexorable où elles touchent le sol pour ensuite être piétinées par le sabot des vaches ou les sandales des hommes.

 

A l’aube, je partis, au bout de quelques heures de marche le long de la campagne avec la mélodie envoûtante des criquets : un crissement permanent qui nous révulse ou nous enchante. Je fais partie de la deuxième catégorie, si bien qu’un sourire ornait mon visage pendant le trajet. De cette façon, en fin de matinée, j’arrivai dans un village bucolique : une rivière le traversait, les rizières l’entouraient, les femmes s’attelaient à la récolte. Mon ventre se manifesta à l’idée du riz par un grognement et, d’un geste rapide, je sortis ma bourse de la manche tout en me dirigeant tranquillement à l’auberge du village. Un bol de ramen suffit à me sustenter. En sortant, un vieillard sur banc fixait son plateau de shôgi avec sérieux : les pions en position, prêts pour le début d’une partie.

 

Le vieil homme, aux cheveux portés en chignon de manière traditionnel, leva prestement le regard dans ma direction ; un sourire éclaircit alors son visage ridé, qui laissa découvrir une dentition saine ; dans ses yeux assombris je lus un ennui profond. Son front se plissa et il m’adressa ces mots : « Bonjour, rônin, les jours sont longs à l’instar de ma vie qui l’a été, et à présent seuls les changements de saison m’apportent quelque intérêt, tout comme mon plateau de jeu. Mais que diriez-vous d’engager une partie ? »

Je lui répondis amicalement :

- Non, je vous remercie, car je ne suis que de passage dans ce village.

- Alors que pensez-vous d’intéresser le jeu. Son sourire s’élargit en déposant négligemment une bourse bien garnie sur la planche.

- Je ne possède pas assez de ryôs pour égaler votre mise, lui répondis-je avec franchise.

- Qu’importe, vous possédez bien d’autres choses de valeur… comme une vie : si je gagne vous m’appartiendrez… si je perds, l’argent vous reviendra. Son sourire prenait un ton sadique à mesure mon intérêt grandissait.

- Tout ceci me semble bien amusant, après tout j’ai du temps à perdre : je relève le défi.

Je m’assis sur le banc et me focalisai sur la partie. Cependant, avant de débuter, le vieillard, le doigt fripé posé sur une pièce, me demanda :

- Quel est ton nom, rônin ?

- Je me prénomme Meiyo.

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