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[Rappel] RP du projet


Toffi
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Konnichi wa chers minefieldiens,

 

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Terre des quatre saisons, Shiki no Mura est le domaine des pagodes, haïkus, libellules, cerisiers en fleurs et autres magnificences nippones. Bientôt vous pourrez découvrir les horizons divers de cette Asie raffinée ; vos ballades au sein de Shiki no Mura vous mèneront du froid glacial à l’ombre des bonzaïs géants, des rizières aux palais majestueux.

 

***** ***** *****

Roleplay : (écrit par Toffifi)

 

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Cette histoire n'a pas de corps, ni d'âme. C'est juste une histoire, c'est juste le récit d'une amitié sans faille qui résistera aux affres du temps et des passions.

 

Dans un petit village, niché entre les côtes d'un océan sans fin et les hautes terres verdoyantes d'un pays encore inconnu, vivaient quatre enfants aux naissances peu communes et choyés comme on le pouvait en ces temps si durs.

 

Le plus grand et pas forcément le plus sage se prénommait Fuyu. Il avait une allure svelte et élancée, courrait comme personne dans sa contrée. Il avait la fougue et la ruse d'un renard d'hiver.

Née la même année que lui, le suivait Haru. C'était une jeune fille intelligente et vive d'esprit. Elle allait sur ses quinze printemps et la fleur petit à petit commençait à éclore pour laisser place à une belle et jolie jeune femme qui communiait avec Mère Nature de tout son être.

Le troisième, à peine plus jeune d'un an que ses deux compagnons se nommait Natsu. Rayonnant et vigoureux, il était fort comme la roche, mais parfois friable comme l'ardoise. L'eau était son élément : il s'y sentait libre et à son aise.

Et enfin venait la petite dernière : Aki. Aki était, comment dire ? Flamboyante ! D'un premier abord très timide et plutôt introvertie, elle mettait un certain temps pour se sentir à l'aise, mais cela fait, Aki devenait exubérante, joyeuse, solaire et pétillante de vie. Comme la feuille d'un arbre en automne, rougeoyante de vitalité !

 

L'esquisse de ces personnages vous parait sans doute idyllique ... Mais ça n'est point le cas. La suite de cette histoire vous le fera savoir.

 

~

Dans la contrée dans laquelle vivaient les enfants, une histoire perdurait à propos d'un typhon et d'un orage qui ravageaient les villages alentours et terrifiait les habitants.

Ces deux phénomènes n'étaient pas dus à de simples coups du sort ou aux intempéries, mais à deux divinités qui s'entretuaient sur ces terres, oubliant totalement ses habitants et le mal qu'ils rependaient. Ils étaient aveuglés par leur combat et par leur haine commune.

 

Fùjin était la divinité du Vent. Il tenait dans ses deux mains une écharpe qui contenait le vent. Quand les villageois l'entrevoyaient, ils prenaient peur car son aspect était celui d'un démon aux cheveux rouges avec une peau de léopard.

Son frère jumeau Raijin était la divinité du tonnerre et de la foudre. Son buste était entouré d'un cercle fait de tambourins qui, une fois frappés, pouvaient envoyer les éclairs les plus terribles jamais vus dans le pays.

 

Las de cette guerre sans fin, les deux frères s'étaient depuis quelques temps retirés dans les montagnes et s'accordaient un peu de repos. Mais leur opposition et leur jalousie, l'un convoitant le pouvoir de l'autre, allaient refaire surface, et leur calme ne serait que de très courte durée.

 

 

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C'est en ce mois de Shigatsu (*avril) que Haru Chi était partie... Partie dans la forêt pour se glisser au creux d'un arbre et se concentrer sur les jiandai moji (*écriture de l'âge des dieux) qu'avait pu lui confier son grand-père.

Élevée par celui-ci depuis sa naissance, un brouillard de mystère entourait les parents de Haru qui n'étaient plus de ce monde depuis le jour de sa naissance. C'était son grand-père, ou du moins le vieil homme qui l'avait recueillie qui avait fait son éducation jusqu'à ce jour.

Elle se sentait forte d'une connaissance sans fin car son grand-père avait toujours quelque chose de nouveau à lui apprendre.

Elle avait surtout développé un instinct de survie qui étonnait ses amis Fuyu, Natsu, mais surtout la petite Aki.

 

Sa leçon du jour apprise, elle s'engouffra encore plus dans les profondeurs de la forêt pour que personne ne la surprenne à faire ce qu'elle allait faire et pour ça, elle avait son endroit bien à elle : au fond d'un ravin était niché un petit étang où toute une flore et une faune luxuriantes s'étaient développées.

D'étranges créatures passaient parfois par là, mais elle savait qu'il ne valait mieux pas les regarder car les créatures divines n'aimaient pas être l'attention de toutes les curiosités et si parfois elles se montraient, c'était aux rares humains doués de capacités peu communes.

 

Haru en faisait partie ... Elle s'assit donc au bord de l'étang et découvrit le dessus de sa cheville droite afin de pouvoir toucher la tache de naissance en forme de feuille qui la recouvrait.

Ce moment-là n'était pas des plus agréables, mais elle se laissa aller tout en se concentrant sur sa respiration, car une vague de puissance énorme s'insinua en elle, telle une faille se remplissant de terre.

Une fois cette sensation passée, elle put se focaliser sur ce qui attirait le plus son attention ces derniers temps : contrôler les arbres, faire bouger la terre à sa manière et communier avec la nature.

Son pouvoir l'effrayait au plus haut point, mais l'attirait aussi de plus en plus.

Elle avait l'impression aussi que son grand-père s'y intéressait d'une façon plus marquée ces derniers temps mais les seules autres personnes à être au courant pour le moment étaient Fuyu, Aki et Natsu et, bizarrement, cela ne les avait pas étonnés du tout !

Ce jour-là, elle réussit donc à faire courber les arbres vers elle, à décoller une partie de la terre de l'autre coté de la rive de l'étang et à échanger quelques mots avec un Tanuki (*chien des prairies) qui s'était éloigné de son chemin. Elle put donc l'aider.

Mais Haru n'avait pas encore conscience de la puissance qui se nichait en elle et elle en ferait la triste expérience malheureusement.

Pour le moment elle vivait insouciante mais son destin la rattrapait déjà...

 

Peu après sa petite pause dans son apprentissage des jindai moji, elle retourna à ses kanji. Tout en retournant chez son grand-père, un vent puissant la fit presque tomber.

Après s'être nichée au creux d'un rocher, elle put jeter un coup d'œil autour d'elle mais elle ne vit rien au premier abord si ce n'était cette écharpe verte qui n'était pas là quelques instants plus tôt... L'écharpe volait dans le vent, se gonflait d'air et, tout en se vidant, faisait partir des bourrasques d'air qui auraient pu arracher quelques arbres à leurs racines.

 

Feuilles, buissons, animaux, insectes, arbres... Tous essayaient désespérément d’échapper aux rafales intempestives de ce vent si capricieux et si violent.

Haru luttait elle-même, souhaitant crier pour stopper tout ceci, mais elle savait que sa voix ne passerait pas au-dessus du bruit si assourdissant du vent. Le village n'était pourtant pas loin, mais personne ne l'entendrait.

Aussi soudainement que le vent était apparu, Fùjin la divinité du Vent se métamorphosa devant Haru. Son aspect au premier abord terrifia Haru, mais ce fut sa voix qui la paralysa et surtout ce qu'il dit :

"Femme humaine je veux faire de toi mon épouse. Lorsqu'il sera venu le temps du repiquage du riz, retrouve-moi ici-même, et si tu refuses le mariage, ta mort donnera fertilité aux terres et récoltes abondantes et je laisserai la vie sauve au village entier."

Il repartit dans une bourrasque de vent qui l'emmena très haut dans les airs. Haru n'avait pas besoin de réfléchir.

 

Elle revint au mois de Gogastu (*mai), alors que tout le monde était occupé aux champs. Se sentant coupable de ne pas avoir fait ses adieux, elle se convainc que sa mort serait utile au village, mais surtout que le combat serait rude...

 

Fùjin était déjà là, l'attendant avec impatience, car il serait peut-être le premier des deux frères à se marier. Il ne s'attendait pas à une réponse négative. Se marier à une divinité-démon avait ses inconvénients, il en convenait. Mais elle avait choisi...

Il sortit donc son écharpe, prête à se remplir d'air cinglant, mais Haru ne se laissa pas faire. Elle commença par le déstabiliser en créant un petit tremblement de terre sous ces pieds. Surpris en premier lieu par les facultés de la jeune fille, Fùjin s'en amusa par la suite. Il rejeta violemment Haru dans les airs, mais celle-ci demanda l'aide des arbres qui lui offrirent un réceptacle de branches souples et de feuilles.

En équilibre sur la cime des frêles arbres qui la soutenaient, Haru ordonna aux pierres et aux rochers d'attaquer brutalement Fùjin.

Mais ce dernier connaissait tout des combats et tout des humains, surtout de ceux qui avaient des pouvoirs, puissants ou pas. Et Haru ne lui donna pas le choix ...

Fùjin la rejoignit en volant et déjà las d'un combat dont il se savait gagnant, il décida d'écourter les jours de la jeune fille.

De ses bras forts, il tendit sa redoutable écharpe devant lui, la gonfla d'un air chaud et surpuissant et c'est avec un petit sourire sournois et vil en coin qu'il projeta ce vent foudroyant vers Haru.

Le corps gisant de la jeune fille à ses pieds, Fùjin repartit vers son frère sans aucune once de remord.

 

Cette année-ci, le printemps fut un des plus éclatants jamais vus dans la contrée, les récoltes furent multipliées par dix et les cerisiers d'un rose envoutant.

 

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Une année s'était écoulée depuis le tragique accident. Aveuglé par une haine indicible, Natsu s'était retiré depuis un moment sur les rivages. Seuls Aki et Fuyu savaient où le trouver et eux seuls venaient le voir de temps en temps.

Il s'était retiré comme un ermite et vivait comme tel. Il n'avait besoin de rien car, de même que Haru, lui aussi cachait un secret et avec celui-ci, il pouvait vivre des jours et des nuits durant.

 

L'été qui avait commencé promettait de fortes chaleurs et des moussons très violentes. L'eau des rivières coulait encore claire et fraiche mais Natsu avait senti une sensible différence. Les ruisseaux et rivières étaient paresseux, comme les hommes. Dès qu'il commençait à faire trop chaud, ils préféraient rester à l'intérieur des terres plutôt que de faire leur travail.

Mais Natsu ne pouvait leur en vouloir ; il comprenait cela parfaitement.

Lui, au contraire, avait soif de contrôler son pouvoir, voulait venger la mort d'Haru même s'il savait son combat perdu d'avance. Le jour de sa mort, il avait senti dans les airs les changements qui prédisaient ce drame. Il avait senti des airs chauds autant que glacials et savait par dessus tout que deux divinités se cachaient dans les montagnes environnantes.

L'harmonie des éléments en avait été bouleversée.

Aujourd'hui, il comptait rendre justice à son amie si chère à son cœur.

 

Ce fut après s'être exercé à la maîtrise de ses pouvoirs sur le rivage devant lui qu'une décision fut prise : il maitrisait parfaitement l'eau par son esprit, celle-ci lui obéissait, virevoltait dans les airs, pouvait s'abattre de façon violente là où il le voulait. Natsu commençait tout juste à maitriser le façonnage d'un tsunami ou d'un typhon mais il se sentait prêt à aller défier les divinités, peu importe laquelle viendrait relever le défi.

Il se sentait fort, invincible ...

 

Au matin du mois de Shichigatsu (*juillet), Natsu enfila son seul Hakama (*pantalon ample), partit prier au bord du rivage afin que les éléments soient cléments avec lui et prit le chemin de la montagne. Il trouva rapidement le refuge des deux frères, guidé par le ruisseau qui traversait la grotte. Il les observa durant un moment et, ne sachant pas trop lequel des deux avait mis fin aux jours d'Haru, il s'adressa aux deux :

 

 

"Divinités ancestrales, je vous défie dans un combat mortel afin de venger mon amie Haru. Je ne connaîtrai ni la sérénité ni l'harmonie tant que je n'aurai pas fait quelque chose pour honorer sa mémoire. Je vous attends sur les rives du Koyama."

Les deux frères n'avaient pas bougé d'un pouce mais avaient bien entendu et donc bien compris le message. Un homme fou, mais loyal et plein d'honneur les défiait. Ils aimaient ça...

Avant de partir, Natsu décida de leur montrer de quoi il était capable. Concentré sur le ruisseau qui traversait la grotte, il fit enfler celui-ci jusqu'à ce qu'il touche le plafond de pierre puis, comme deux grosses vagues s'abattant sur les côtés, il lâcha et déversa les flots d'eau sur les deux divinités qui s'élevèrent dans les airs.

Raijin vit en lui un combattant à sa mesure et qui maîtrisait les mêmes éléments que lui. Il s'en réjouissait d'avance...

 

Lorsque l'aube du premier jour de Hachigatsu (août) fit son apparition, Natsu était prêt. Il enfila ce matin-là pour la dernière fois sa tenue de combat et sentit déjà une perle de sueur gouter sur sa tache de naissance en forme de goutte à la base de son cou. Ce n'était pas signe de bon présage.

Il mangea son dernier repas en solitaire et partit sur les rives du Koyama afin de méditer et de se concentrer ; mais il ne put faire ni l'un ni l'autre car son adversaire était déjà là et, sans aucun préambule, Raijin s'éleva dans les airs, sortit ses deux bâtons et se mit à tambouriner fort sur les cylindres dans son dos. L'air se mit à se charger d'électricité sensiblement et Natsu sentit son poil se hérisser.

La haine et la rage avaient grandi en lui et ils le poussèrent à assener son premier coup sur son adversaire avant lui. De ses mains, il fit naître une bulle d'eau qui grandit petit à petit et, d'une secousse de son corps, l'envoya sur Raijin. Celui-ci se trouva enfermé dans la bulle, seul avec l'électricité qu'il avait formée.

Les deux combinés auraient été dévastateurs sur un simple humain, mais sur une divinité, cela ne fit rien. Natsu fut simplement projeté en arrière vu la puissance de la déflagration. L'eau du Koyama lui offrit un réceptacle pour ne pas le blesser. Mais il ne sentit pas venir ce qui lui tomba dessus : il fut foudroyé d'un seul coup sur place par un éclair puissant envoyé par Raijin. Il sentit tout l'intérieur de son corps brûler, mais arriva de justesse à contrôler l'eau qui circulait dans celui-ci afin qu'un minimum d'organes vitaux soient touchés mais il ne sortit pas indemne de cette attaque.

Malgré tout, il se refocalisa sur Raijin et dans un intense moment de concentration, put oublier la douleur.

Le combat dura ainsi de longues minutes, mais avant même que le soleil soit à son zénith et que la chaleur s'abatte sur eux, Raijin ne se fit pas prier pour infliger le coup fatal à Natsu : un typhon chargé en air et électricité s'était formé tout autour de lui et il sentit l'air se raréfier dans ses poumons au fur et à mesure que le typhon se resserrait. Sa cage thoracique fut broyée, ses organes mis en miettes et son dernier souffle expulsé, alors qu'il pensait à Aki et Fuyu.

 

Son corps resta introuvable et le village ne put que pleurer des souvenirs et l'âme encore bien présente de Natsu dans le cœur de ses habitants.

L'eau lui rendit un dernier hommage en tombant abondamment pendant de nombreux, très nombreux jours. Cet élément avait perdu l'être qui le comprenait et il pleurait cette perte.

 

Cette année-là, la fin de l'été ne fut pas caniculaire, mais une mousson sans fin s'abattit sur le pays. Une mousson qui ne fit de mal à personne et ne tomba pas plus que de raison. Bien au contraire, elle fut providentielle et apporta tout ce qu'un peuple attendait de sa part : un peu de fraîcheur pour apaiser les douleurs.

 

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Abattue la première année, effondrée la seconde, Aki avait désormais acquis sagesse et sérénité et essayait derrière ce masque de prendre les évènements avec philosophie. Parfois cela marchait, parfois elle échouait lamentablement et Fuyu était alors le seul récif sur lequel elle s'abritait.

Ils n'étaient désormais plus que tous les deux. Leurs amis avaient sacrifié leurs vies pour une cause qui n'était pas sans raison.

Et Aki, malgré son jeune âge, comprenait parfaitement ce que serait sa vie si elle-même choisissait ce chemin. Ses pensées dérivaient souvent dans ce sens ces derniers temps ... Elle y pensait, y réfléchissait et se disait que si son chemin devait croiser une de ces divinités, elle n'essaierait pas forcément de venger ses amis mais plus de se sacrifier pour donner au village et aux villageois ce que son pouvoir pouvait leur apporter.

 

Elle, au contraire d'Haru et de Natsu, n'essayait pas de dompter son pouvoir ou de le maîtriser car c'était par sa fougue et sa jeunesse qu'il s'exprimait le mieux. Maîtriser un élément comme le feu pouvait être dévastateur si l'être qui le possédait n'était que vengeance, rage et pouvoir. C'est pour cela qu'elle préférait avoir une parfaite maîtrise de son âme, de son esprit et de son corps, afin que tous les trois réunis, le moment venu, pourraient communier à la perfection et s'assembler dans une union sans faille.

 

L'automne, une des plus belles saisons dans la contrée, était souvent annonciateur de changements. Les érables se paraient de rouge et irradiaient les montagnes et les jardins de leurs couleurs incandescentes. Ces rouges flamboyants étaient appréciés et recherchés par le pays tout entier. Le peuple quittait pour un temps les terres pour partir à la recherche du plus bel érable jamais vu et Aki se joignait elle aussi au voyage mais souvent elle s'égarait.

 

Sauf que cette fois-ci, assez éloignée du village, elle se sentait comme observée. Son kimono l'empêchait d'accélérer le pas. Elle ne put donc se mettre à couvert et attendit patiemment que l'intrus fasse son apparition ce qui ne mit pas longtemps : un démon aux cheveux rouges et à la peau de léopard se présenta à elle. C'était ce même démon qui avait tué son amie Haru.

Bien que l'automne était juste à ses débuts en ce mois de Kugatsu (*septembre), il faisait frais en cette fin de journée et les couleurs des arbres répandaient une douce lumière dans le sous-bois. Une lumière rougeoyante qui se reflétait dans les yeux d'Aki.

Dans son esprit, tout se mit en place rapidement. Sa tache de naissance en forme de flamme sur son poignet gauche la brûla légèrement et, dans un geste ample et calculé, elle défit le obi (*ceinture) de son kimono et l'arrangea en quelques secondes en une tenue beaucoup plus confortable pour un combat singulier.

D'un simple coup d'œil, elle vit un arbre mort non loin d'elle et d’un revers de la main l'embrasa d'un seul coup. Fùjin se surprit à sourire et à trembler en même temps : un être qui maîtrise le feu, il n'avait encore jamais vu cela de sa très longue existence. Et, tout à ses pensées, il ne put prédire le premier coup que lui infligea Aki.

Frappé à la poitrine, il fut déséquilibré, mais prit rapidement une impulsion pour partir dans les airs où il fut rejoint par Aki qui avait appris à maîtriser la lévitation.

Contrôlant parfaitement son équilibre et son élément qu'était le feu, Aki joignit ses mains et, en les ouvrant, fit jaillir une flamme. D'un geste souple et précis, elle forma une boule de feu qui grandissait à mesure qu'Aki soufflait dessus. Fùjin gonfla son écharpe prêt à éteindre ce feu, mais Aki disparut de sa vue. Une seconde plus tard il sentit une chaleur étouffante l'envahir, et son écharpe s'enflamma d'un seul coup. Fùjin fut propulsé à terre violemment et un écran de flamme se forma autour de lui. Toujours aussi silencieuse et sage, Aki se re-matérialisa devant lui. De son calme incroyable, elle lui demanda avec sa petite voix :

"Souhaites-tu mourir maintenant ou t'amuser encore un peu ?"

Il lui sourit, se redressa et l'attaqua au corps à corps. Les coups de Fùjin étaient précis et touchaient un organe vital à la fois, tandis que ceux d'Aki embrasait le corps de la divinité. Leurs forces étaient quasiment comparables et le combat dura de longues heures.

 

C'est à l'aube du lendemain, alors que la froide nuit laissait place à la douceur du jour, que deux êtres que tout opposait, que tout séparait, furent unis dans une même mort.

Le corps de Fùjin fut dispersé en cendres dans les airs et rejoignit ceux des nombreuses divinités. Tandis que la dépouille d'Aki fut retrouvée plus tard par un promeneur. Elle avait gardé sa beauté et sa jeunesse. Rien ne se voyait à la surface de son corps, tout était intérieur. Les coups de Fùjin lui avaient été certes fatals, mais son long combat n'avait pas été vain : les deux amis d'Aki avaient été vengés et il restait à Fuyu le devoir d'accomplir une dernière tache afin de ramener la paix dans la vallée.

 

Les funérailles furent belles et douces, comme Aki. Un silence d'or régnait sur le village.

La fin de l'automne fut un des plus grandioses jamais vus.

Les érables rougeoyaient de mille feux. Leur nombre avait été multiplié par deux et, grâce à tout cela, le nombre de visiteurs dans la vallée fut aussi grandissant.

Le commerce allait bon train, quelques familles s'installèrent au village et le repos d'Aki fut comblé.

Son sacrifice n'avait pas été vain et sa fin fut belle.

Le feu qu'elle abritait en elle et l'automne qu'elle chérissait par dessus tout réchauffèrent les corps et les cœurs.

 

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Un rude hiver, glacial et sans pitié, s'était installé dans le village. Des quatre amis, il ne restait plus que Fuyu, qui attendait sa fin proche. Il ne fallait pas être devin pour le savoir.

La rage dans laquelle était la divinité du tonnerre, Raijin, s'entendait dans toute la vallée.

Des grondements et des éclairs se voyaient désormais en pleine journée. La nuit, Raijin se ravissait d'apeurer tous les habitants avec un déchaînement tonitruant.

Son frère jumeau avait été battu au combat et ce par une humaine. Rien ne pouvait les humilier plus que ça.

 

Fuyu s'était préparé depuis deux années à ce combat final. Il voulait que tout cela cesse ... Il était las et fatigué. Le temps était venu que cette dernière divinité soit chassée de la contrée ou bien tuée et si c'était la mort qu'il cherchait, il l'aurait.

Désormais il n'en restait plus qu'un et le jeune homme attendait ce combat avec impatience.

Fuyu était prêt à en payer de sa vie pour que le peuple retrouve enfin la paix et le calme.

Son corps de jeune garçon s'était transformé en un corps d'homme. Taillé dans la glace et rendu insensible au froid glacial de l'hiver, Fuyu avait un mental à toute épreuve : il ne craignait plus rien et la mort ne l'effrayait plus.

 

Les températures extérieures faisaient geler tous les cours d'eau, la moindre goutte se figeait en un glaçon translucide et la neige recouvrait tout d'un blanc immaculé.

L'hiver était bel et bien là ...

La mort d'Aki avait renforcé l'esprit et le corps de Fuyu et par un sombre après-midi d'Ichigatsu (*janvier) il s'arma de son plus beau bokken (*sabre en bois) et partit dans la montagne. Le parcours fut long et périlleux tant la neige était dure et le froid transperçant.

Dans une grande clairière longée de pins noirs, il s'adressa au ciel et cria :

"Divinité du tonnerre et de la foudre, montre-toi que je te défie en duel ! Mon amie a tué ton frère et nous voulons tous les deux les venger, alors viens !"

Plein de foudre et de douleur, Raijin ne se fit pas attendre. Il débarqua en trombe et fonça de toute sa rage sur Fuyu qui para son éclair par un vent violent. Il se propulsa à son tour dans les airs et arriva à hauteur de Raijin. Une bonne centaine de mètres les séparait, mais la tension entre eux était palpable comme une veine gonflée de sang sous la peau.

Et le sang battait fort et bouillonnait... Sa tache de naissance au creux de son ventre lui glaça un instant les entrailles puis, après une expiration, il inspira un peu d’air frais.

 

Le bokken de Fuyu s'appelait Fù (*vent) et il lui suffisait de donner un coup dans l’air pour qu’il se fasse tranchant. Il pouvait, avec cette puissance, couper les arbres de haut en bas.

De cette technique, Raijin paya le prix : le jeune homme fit tourner son bokken au dessus de sa tête et un typhon prit forme autour de lui. Les éclairs que lui envoya Raijin ne l'atteignirent en aucun cas et, au contraire, ils lui furent renvoyés. Raijin fut déstabilisé et s'écroula quelques dizaines de mètres plus bas.

Sa colère se gonfla dans l'arche qui entourait son dos et, dans une propulsion incroyable, il remonta dans la tornade pour rejoindre Fuyu qui se tenait tranquillement en son cœur. Le centre du cyclone se chargea en électricité et la foudre s'abattit sur Fuyu.

Enfoui dans la neige, son corps resta quelques secondes inanimé. Soudain, son cœur repartit et, tout en reprenant tranquillement sa respiration, il se releva et regarda dans le ciel. Ce dernier avait repris sa couleur grisâtre. L'air était calme, bien trop calme. Pas de signe de Raijin, nulle part.

Fuyu profita de cette accalmie pour reprendre un minimum de force et surtout pour se recentrer sur le but final de ce combat. Il ne savait pas comment cela allait finir : s'il avait l'avantage, Raijin mourrait et le pays serait débarrassé de ces divinités sans cœurs, ni âmes ; mais si, au contraire, Raijin se montrait plus fort que lui, alors Fuyu ferait tout pour l'emporter avec lui dans le monde des morts. Il ne pouvait en aucun cas échouer. Il devait se montrer plus malin et plus fort que la divinité.

Un courant d'air frais passa sur son visage endolori. Son corps était déjà maintes fois meurtri et il ne sentait quasiment plus son épaule gauche. Il changea donc son Bokken de main. D'un simple coup de pied au sol, il décolla de quelques mètres et chercha des yeux son adversaire mais ne le trouva point. Fuyu tourna alors sur lui-même et vit à l'horizon un nuage noir prendre forme.

Raijin s'était reculé encore plus à l'écart de toute habitation et à l'aide de ses tambourins de métal était en train de charger le ciel d'électricité statique.

Fuyu essaya comme il le pouvait de se faire discret pour observer à loisir son ennemi et pu constater les effets néfastes qu'aurait un tel cataclysme sur ces terres si cet ouragan se matérialisait.

Il voulut alors raisonner Raijin :

"Divinité céleste, calme ton courroux. Le peuple ne t'a rien fait, c'est moi et moi seul que tu veux. Tue-moi et quitte ces terres à jamais. L'harmonie et la sérénité dans lesquelles nous vivions auparavant, le peuple en a besoin. Nous ne souhaitons pas nous fâcher avec vous, alors tue-moi et va t'en !"

Raijin se détourna de la masse noire que formaient les nuages et se mit à rire au nez de Fuyu. Ce dernier laissa tomber son bokken en signe de capitulation et attendit que le coup fatal lui soit donné.

"Ce coup fatal n'est pas pour ton peuple, mais bien pour toi et j'ai décidé de mourir avec toi. Je ne suis plus rien sans mon frère, ton courage et ta détermination me l'ont prouvé. J'ai déçu et déshonoré toute ma famille, je ne peux plus retourner chez moi. J'ai donc décidé de t'emmener avec moi et de rejoindre mon frère dans la demeure des Cieux."

Fuyu s'avança alors vers Raijin, ils se placèrent tous les deux au milieu des nuages noires et, en donnant un simple coup sur le cercle en acier dans son dos, Raijin fit apparaître un éclair qui se répéta à l'infini dans le ciel et qui les percutèrent de plein fouet.

 

Cette nuit-là, il tomba des cendres noires dans la neige blanche et le vent siffla un air triste et monotone...

 

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La Terre était fertile et donnait de bonnes cultures pour faire vivre un peuple qui se réjouissait et prenait soin de ces champs, de ces prairies et du paysage alentour.

L'Eau irriguait les cultures, s'était répandue en petits ruisseaux faisant profiter de sa fraîcheur tous les villageois et même l'homme égaré pour s'abreuver.

Le Feu réchauffait tout un peuple. Il éclairait les chemins sombres, procurait une alimentation bien différente qu'auparavant et aidait à la forge de l'âme.

Enfin, le Vent procurait une douce brise durant les canicules, ravivait la flamme dans les âtres, et faisait sécher plus vite les vêtements suspendus à un fil.

 

Leur sacrifice n'avait pas été vain : un peuple vivait grâce à eux. Ils perduraient dans la mémoire de chacun et le village prenait de plus en plus d'ampleur.

 

Leur mémoire et leurs âmes résonnaient dans toute la vallée.

Quatre Torii (porte sanctuaire) avaient été érigés en leur honneur et à chaque début de saison des offrandes leur étaient faites.

 

Ainsi naquit Shiki no Mura (*village des quatre saisons) ...

 

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