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Après les brumes, la foëne


Cheesenox
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Après les brumes, la foëne

 

 

 

 

The_temple_by_Termotorpedo.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Prologue

 

 

 

 

[justify]L'orage grondait. Il écrasait les nuages sombres comme un fauve qui - mécontent - avançait d'un pas pesant, ses muscles roulant sous son noir pelage, un grondement sourd montant du fond de sa gorge, fracas intermittent qui tenait lieu de rappel aux créatures de New Stendel : nul ne serait épargné; pas même la mer en furie qui dressait ses lames de vagues face au déchaînement céleste, prête à repousser ses assauts furieux. Ballet endiablé qu'observaient, immobiles, les imposantes montagnes.

 

C'était un après-midi d'automne. Et dans ce tumulte qui paraissait ne jamais devoir cesser, la mer cracha un corps inerte sur le rivage du Saint Trident.[/justify]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[*] Image par Termotorpedo.

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1.

 

 

 

 

 

[justify]Le réveil ne fut pas agréable pour l'humain qui s'était échoué.

 

Ses doigts se refermèrent sur le sable. Il inspira et toussa. Il n'avait pas encore la force de bouger alors il ouvrit seulement les yeux pour les refermer presque aussitôt, ébloui par le soleil. Il passa le bout de sa langue sur ses lèvres sèches et déshydratées puis rouvrit lentement les yeux. La nouvelle vague de lumière agressa ses rétines. Le paysage, flou, se précisa peu à peu. Du sable, des rochers, un rempart. Il essaya de redresser sa tête mais une douleur fulgurante dans le dos l'en dissuada aussitôt. Il gémit faiblement et se laissa retomber.

 

Il se souvint du mugissement des vents déchaînés, des éclairs zébrant le ciel, du manteau chaotique dressé au-dessus de sa tête. Ici, aucun bruit. La tempête était passée.

 

Mais il ne pouvait pas rester allongé indéfiniment. A moins de vouloir servir de repas aux goélands, pensa-t-il.

 

Après plusieurs essais infructueux, il parvint à ramper sur plusieurs mètres jusqu'à ce que la douleur le paralyse de nouveau. Il entendit les battements d'ailes d'un volatile et le bruit que firent ses pattes palmées lorsqu'il atterrit sur le sable. L'animal poussa un petit cri à la vue du corps étendu face à lui et pencha la tête sur le côté en l'observant. Il cligna deux fois des yeux puis s'enfuit rapidement, apeuré, lorsque l'homme remua.

 

Les heures qui suivirent furent les plus longues que le rescapé ait connu. Tout son corps était endoloris, le soleil cuisait sa peau et la soif lui faisait amèrement regretter l'eau salé qu'il avait ingurgité lorsqu'il s'était noyé. A force de persévérer, il réussit à atteindre un arbre. Il s'accrocha à ses racines et prit une profonde inspiration, à bout de force. De là où il était il avait une bonne vue sur les remparts. Ils étaient fait de pierre et de bois et s'élevaient sur une dizaine de mètre vers le ciel. Il ne voyait aucun patrouilleur mais ils étaient suffisamment bien entretenu pour écarter l'hypothèse d'un fort abandonné.

Son regard se posa sur l'étendard qui flottait au sommet de l'une des tours de garde. Il n'arrivait pas à distinguer clairement les détails du drapeau jusqu'à ce qu'il remarque que le symbole se répétait sur toute la longueur des remparts, à intervalles réguliers : un trident bleu.

 

Il n'appartenait à aucun suzerain connu de l'homme. Et plus il fouillait sa mémoire, moins ses souvenirs étaient précis; quand une terrible évidence s'imposa dans son esprit : il ne se souvenait de rien en dehors de son naufrage. Ce constat lui donna le vertige. L'horizon tangua, les racines noueuses se gondolèrent, tout tourna autour de lui jusqu'à ce que, épuisé, il s'effondre au pied de l'arbre.[/justify]

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2.

 

 

 

 

 

[justify]Lorsqu'il émergea, la sensation de vertige se relogea dans ses tripes comme un enfant s'accroche à sa mère. Il se hissa contre le tronc de l'arbre et fixa l'horizon bleuté. Il devait sa calmer. L'amnésie n'était peut être que passagère, un contre-coup de son naufrage. En fait, il n'y avait pas de peut être, elle l'était. Il ne pouvait pas espérer avoir survécu à cette catastrophe sans la moindre séquelle. Le temps ferait son oeuvre et ses souvenirs lui reviendraient peu à peu. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était attendre. Attendre et en apprendre plus sur l'endroit où il avait échoué. Il s'appuya contre le tronc et s'aida d'une branche basse pour se relever.

 

Le soleil avait presque entièrement été avalé par la mer et les premières étoiles commençaient à miroiter dans le ciel. Passer la nuit à déambuler sur une terre inconnue qui était peut être hostile, dans son état, ne le ravissait guère. Il devait trouver un abris. Il leva la tête. Il n'y avait toujours aucun garde sur les remparts. Il soupira et prit la décision de les longer jusqu'à rencontrer un passage. Si il se dépêchait - et avec un peu de chance - les portes n'auraient pas encore été fermé.

 

Il se mit en route le plus rapidement qu'il put. Il boitait et tout son corps irradiait de douleur. Après ce que j'ai traversé, songea-t-il, ça ne peut être pire... Il gagna le pieds des murailles et suivit leur tracé. Elles étaient de bel ouvrage, faites à partir de matériaux nobles. Il n'y avait aucune marque, aucun accroc en dehors du trident bleu qui se répétait tous les dix mètres. Cela signifiait que ceux qui les avaient érigé avaient pris leur temps, et que par conséquent, ils ne devaient pas être menacé souvent.

 

Il remarqua plus loin la lueur d'une torche. Il plissa les yeux et accéléra le pas jusqu'à se retrouver face à une imposante porte. Mettant de côté son instinct de survie, il s'engouffra entre les battants pour tomber nez à nez avec une autre silhouette. Il s'arrêta net.

 

En face de lui se tenait un homme en armure. Un tabard blanc sur lequel avait été cousu de fils bleus un trident recouvrait son plastron. Sa lourde cape retombait sur ses épaules, cachant le reste de son corps. Il tenait une torche à la main et s'était retourné en entendant l'arrivée du naufragé. A présent, tous deux se fixaient sans ciller.

 

Il était difficile pour le chevalier de distinguer les traits du vagabond sous son capuchon crasseux. Ses vêtements étaient en haillons. Son corps était couvert d'entailles que le sel marin avait rendu bouffi. L'espace d'un instant il porta la main à la garde de son épée avant de se raviser. Il était rare de voir arriver des inconnus - qui plus dans un état aussi lamentable - par cette entrée de la ville. L'homme venait peut être d'essuyer une attaque. Il avança sa torche pour mieux le distinguer et lança :

 

- Halte ! Qui va là ?

 

Le naufragé agita nerveusement ses doigts, incapable de répondre. Qui va là... Bon sang, qui suis-je ? Il vacilla, troublé. Même si l'homme en armure qui se tenait en face de lui n'avait pas l'air menaçant, il pouvait le reconduire hors de ces murs en l'absence de réponse. Qui voudrait s'encombrer d'une loque pareille ? Le vagabond dut s'y reprendre à deux fois avant de réussir à parler, tant sa gorge lui brûlait.

 

- Nox...

 

C'était le mieux qu'il puisse faire dans l'immédiat : s'attribuer un nouveau nom. Tout ce qui vit et ne vit pas possède un nom. Et ce qui n'en possède pas fait l'objet de méfiance. Mais Nox n'eut pas le temps de prolonger plus loin ses pensées. Sa marche avait épuisé ses dernières forces. Il bascula en avant et fut rattrapé de justesse par le chevalier qui venait de lancer sa torche sur les pavés pour le soutenir.

 

La lune était désormais maîtresse du voile nocturne. Les flammes de la torche léchaient la pierre et déformaient l'ombre des deux hommes. Et c'est dans cette scène quasi-onirique que le chevalier vit le visage de Nox. Un visage mutilé.[/justify]

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