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[Accepté] Lifdälinn


Shqnks
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Lifdälinn

 

Introduction à Lifdälinn:

 

Bonjour à tous,

 

Lliliee, MrGamwi et moi même sommes heureux et fiers de vous présenter notre premier projet: Lifdälinn. Ayant chacun et chacune d'entre nous participé à divers autres projets depuis plus ou moins longtemps, nous nous sommes récemment réunis autour d'une hypothèse elfique qui a fait fleurir bon nombre d'idées dans nos têtes respectives. Depuis quelques semaines en effet, il ne se passe pas une journée sans que cette hypothétique cité elfique de Lifdälinn (de l'islandais Líf -vie- et Dalinn -vallée-) ne soit au centre de nos conversations ainsi que de nos occupations. Ainsi, nous allons vous présenter dans ce sujet les divers aspects de notre future cité qui, nous l'espérons de tout cœur sera acceptée par l'équipe des hautes sphères Minefieldiennes.

 

Présentation du projet:

 

Lifdälinn est une cité elfique qui se situe dans la vallée Aliban. Elle ne fût pas découverte avant la création de ce projet car elle n'existait tout simplement pas encore. Il s'agirait en effet d'un foyer elfique sacré fondé par des humains portant un message et une mission fournis directement par le peuple enchanté. Je vous invite à lire (même en biais) le rôle-play de notre cité pour bien saisir le sens de la fondation de Lifdälinn. Les fondateurs de la cité auront cependant la tâche de veiller sur un Autel sacré qui maintiendra l'équilibre de la forêt pour des millénaires. L'objectif des personnages et des habitants de Lifdälinn sera donc de protéger ce feu sacré, et de développer cette cité afin d'offrir un foyer aux elfes pour qui cette terre deviendra un refuge, et un abris.

 

Cette cité étant située dans une vallée forestière se trouve donc être du style naturelle. Nous y trouverons beaucoup de verdure et de bois. Les maisons seront pour la plupart en hauteur dans un style architectural quelque peu innovant. Certaines demeures se trouveront dans les arbres, d'autres non mais l'harmonie de la ville sera vraiment de mise car le style elfique ne se dissocie jamais d'une apparence fluide et douce. Ainsi, nous avons tourné une petite vidéo de présentation de la map solo que nous avons hébergé avec le launcher Minefield ce qui nous a permis d'utiliser les items inédits pour la construction et la décoration de notre petite map d'exemple. Nous ne recopierons pas exactement ce paterne car c'est seulement un exemple et que l'on s'adaptera au terrain que nous bâtirons, et aux critiques de ce sujet, mais l'architecture sera sensiblement la même que présentée cependant nous laisserons ouverte la voie de l'amélioration.

 

Notre but n'est pas forcément la prouesse architecturale du siècle, mais surtout de faire naître une communauté prospère et offrir une grande histoire pour les amoureux du rôle-play.

 

Aspect visuel des constructions:

 

http://www.youtube.com/watch?v=nt8KA9XPIcg

 

Maisons exemple:

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Bibliothèque de Lifdälinn:

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chemin dans la forêt:

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Arbre sacré:

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Place du marché:

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Place de l'éternité et palais des fondateurs:

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Place de l'éternité:

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Palais des fondateurs:

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Autel Eldür:

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Où se trouverait Lifdälinn?:

 

Nous avons évalué un certain nombre de possibilités d'emplacement pour notre forêt enchantée et nous sommes tombés sous le charme d'un coin de paradis sur Stendel qui se trouve totalement encastré entre le territoire du Refuge de Pan d'un côté et de Dynnhas Dyrwidhon de l'autre. Ce paysage encastré entre les montagnes glacées de la frontière -est de Dynnhas et les hauts ravins du Refuge de Pan nous offre réellement le cadre idéal pour la réalisation de Lifdälinn. La forêt se trouve en x:-1800; z:500.

 

Nous avons discuté sur mumble avec les gérants des deux projets qui seraient nos voisins dans le cas fort heureux d'une acceptation de ce projet et avons bénéficié de vifs encouragements à nous installer ici, et de forts messages de soutiens, de propositions d'aides, ce qui nous a vraiment fait plaisir. Bukm0r est d'ores et déjà d'accord pour redessiner les frontières de son territoire afin pouvoir nous offrir un terrain conséquent sur la forêt naturelle et donc, une zone de travail plus appréciable.

 

Quant à Litteul, nous avons eu une conversation des plus intéressantes sur Mumble il y a de cela quelques semaines au sujet de notre installation d'abord, puis des elfes de Tolkien et le Silmarillion par la suite, Il nous a dit oui tout de suite en voyant certains screenshots sans même avoir hésité une seule seconde et cela nous enchante énormément. Litteul nous a également accordé le privilège d'empiéter sur les délimitations de son territoire afin de longer la montagne enneigée qui lui appartient, et de nous laisser la partie forestière qui se trouve à ses pieds, ce qui créera une frontière naturelle entre les deux projets..

 

Voici la carte des lieux qui vous résume les emplacements, ainsi que les modifications de frontières en accord avec les chefs de projet comme stipulé ci-dessus:

 

cartelifdalinn-04132013114922000000.png 

 

et voici le plan du projet:

 

planlifdalinn-04132013115050000000.png 

 

Fiche Technique de Lifdälinn:

 

Dimensions: Largeur : environ 157 cubes ; Longueur : Environ 200 cubes ; Surface : Environ 32 000 cubes carrés (plus ou moins vingts vaches de marge d'erreur)

 

Hauteur maximale prévue: Nous creuseront légèrement le sol de la forêt pour accentuer l'effet vallée donc la hauteur ne sera pas un soucis étant donné la taille des collines qui nous entoureront. Nous n'avons aucun désir de bâtiment en altitude pour le moment et ça ne viendra sûrement pas.

 

Forme souhaitée : Ville elfique Forestière atypique.

 

Objectif du projet : Projet communautaire, harmonieux ainsi qu'actif.

 

Personnes responsables : Lliliee, MrGamwi et Shqnks

 

Habitants : les Lifdaléens et Lifdaléennes

 

 

La hiérarchie à Lifdälinn :

 

Comme vous avez pu le voir ci-dessus, il y aura trois fondateurs à notre cité elfique. Chaque fondateur à un pouvoir égal aux deux autres en terme de décision, de sanctions et de toute autre forme de choix. Le nombre de trois est donc totalement optimal car en cas de désaccord, après débat, la majorité l'emportera. Les grades de la ville se divisent donc entre :

 

Les fondateurs → Les Conseillers → Les Citoyens = Les Sympathisants → Les Ouvriers Qualifiés→ Les Ouvriers

 

Les Ouvriers seront toutes les personnes qui travailleront sur le projet sans pour autant être totalement intégrés. Ils seront la main d’œuvre de Lifdälinn.

 

Les Ouvriers Qualifiés auront fait leurs preuves en tant qu'Ouvriers et pourront soumettre leur demande de citoyenneté Lifdäléenne.

 

Les Citoyens sont les Ouvriers Qualifiés ayant vu leur demande acceptée et sont désormais membres à part entière de la société Lifdäléenne. Ils auront le droit à une maison.

 

Les Sympathisants seront des joueurs externes au projet qui auront offert de l'aide précieuse qui mérite une place de marque dans la ville. Ils auront ainsi les même droits que les Citoyens.

 

Les Conseillers sont des citoyens désignés par les fondateurs afin de les aider à diriger la ville. C'est le plus haut rang accessible au sein de la communauté Lifdäléenne.

 

Les Fondateurs, Lliliee, Shqnks et MrGamwi seront les gérants du projet de manière absolue.

 

Les Fondateurs auront donc le même pouvoir de décision au sein de Lifdälinn. Cependant, il y aura des spécificités dont les uns et les autres auront la spécialisation. Ainsi, Shqnks s'occupera majoritairement de l'architecture des bâtiments, Lliliee aura quant à elle la charge des décorations, de l'aspect global de la cité, des détails visuels et MrGamwi se chargera de la géographie globale du territoire.

La vie de la communauté sera gérée par chaque fondateur. Ainsi, les nouveaux arrivants seront traités de manière égale par les trois fondateurs qui se chargeront de leur accueil, de leur installation et de leur bien être dans la ville.

 

Les Règles propres à la Ville :

 

Tout d'abord, nous sommes à cheval sur les règles du serveur et ne tolérerons aucunement la transgression de n'importe quel article du codex.

Pour la création d'une maison, elle se fera en corrélation avec un fondateur ou un conseiller pour éviter de s'éloigner du style que l'on souhaite offrir à la ville.

L'intégration des nouveaux habitants se fera soit sur le forum, soit in-game, soit sur mumble. Il y aura un système léger de candidatures (seulement pour le grade de Citoyen Lifdäléen), afin de pouvoir filtrer les joueurs en fonction des mentalités ou du rp de leurs candidatures. (aucun rp ne sera exigé cependant).

D'autres règles spécifiques seront ajoutées en fonction de la nécessité de le faire.

 

Participants actuels du projet:

 

- Lliliee

- MrGamwi

- Shqnks

- Moulecake

- KPTNDust

(Liste non exhaustive, si vous êtes intéressés pour nous rejoindre, MP nous)

 

Nouveaux participants depuis que le projet à été posté:

- Racine07

- Onclesam819

- Arawnmagnus

- Piokatra

- Majorux

- Leptitdede14

- Dudepmeean

- Ciindy1

- Raheem85

- Dechoue

- Xirsh

 

 

Le rôle play de la Ville suit ce message car la limite de caractère ne m'a pas permis de l'intégrer.

En espérant de tout cœur l'acceptation de ce projet, nous vous souhaitons une bonne journée à tous.

 

Cordialement, Lliliee, Shqnks et MrGamwi.

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Rôle Play

 

 

Chapitre 1:

 

 

La vie était calme au Refuge de Pan. Sa cité, Helwyr, façonnée dans la roche des montagnes, ressemblait à toute ville paisible en ces temps de grâce : chaque habitant vivait à l’unisson de son prochain, les visiteurs ne se faisaient que rarement désirer. La faune comme la flore y était présente en harmonie avec le reste. Comme cet oiseau. Petit, beau. Volant dans les courants d’air des hauteurs de la crevasse. Cet oiseau suivait les siens. Et puis par envie de contredire son instinct, il choisit un autre chemin : son propre chemin. C’est ainsi que, non-conscients de ce petit être, des étrangers faisaient ce jour là leur marché en sa présence. L’oiseau ne resta pas longtemps à cet endroit, curieux qu’il était : il vola vers un nouveau quartier. Son vol s’arrêta à quelques mètres seulement du fond de la crevasse, lorsque l’inconscient animal se posa sur une table de chevet dans une maison dont les fenêtres étaient sans vitres. Chaque maison de la ville était en effet dépourvues de fenêtre à proprement parler : il s’agissait en réalité de cadres d’aération pouvant équivaloir en taille à certaines fenêtres de monuments dans d’autres provinces sécurisés par des boiseries en guise de barrières. Collant avec le reste de l’architecture de la ville, ces barrières créées par les plus prodigieux menuisiers et ébénistes du pays permettaient aux habitants de voir sans gène au dehors de leurs maisonnées troglodytes. Et c’est ainsi que notre petit ami put se faufiler et pénétrer dans ce lieu de découverte pour lui et se poser sur ce meuble où il se mit à chanter. Le bruit du chant résonna dans les appartements dont le dit meuble faisait partie : les appartements de Shqnks. Ce dernier fut réveillé dans la surprise. Ayant passé jusqu’à ce moment la majorité de sa vie en mer, ses nuits sur la terre ferme ne lui apportaient que très peu de sommeil réparateur. Aussi paraissait-il souvent fatigué. Et ce jour-ci le mélodieux réveil de l’oiseau ne l’aida pas à se reposer davantage. Shqnks se leva néanmoins et regarda l’animal sans peur aucune apparente. Il esquissa un petit rictus : lui qui un instant, cet instant au cours duquel nous ne sommes pas tout à fait réveillés, et où l’on prend rêves pour réalité –et réciproquement, cru revivre l’invasion du bateau de son feu père par le pirate Law, se rendit compte qu’un simple petit être inoffensif de la Nature lui avait offert cette illusion. Regardant l‘avancée du soleil dans le ciel, il comprit rapidement qu‘il serait en retard à une rencontre à la bibliothèque qu‘il avait convenue et s‘empressa de se préparer. Nonobstant le sang pirate qui coulait en lui, ce jeune homme était bien loin de toute envie de quelconque pouvoir : son empire avait pour frontières chaque mur des bibliothèques qu’il visitait. La lecture lui était une obsession, et seuls peu de livres qu’il jugeait inintéressants aux avis ou dont il avait déjà lu une copie restaient sans lecture de sa part. Il aimait notamment étudier à la grande bibliothèque de Helwyr, où se rendait-il, alors que le crépuscule formait dans le ciel empourpré un spectacle de lumières. Ce bâtiment, creusé dans la roche d’une faille, s’étendait sur trois étages de livres, qui avec leurs meubles de boiseries exotiques formaient un véritable mur interne. Il y avait également un sous-sol tout aussi grand, et tout aussi délicieusement décoré, servant de salle de lecture. Mais rien dans cette bibliothèque ne pouvait égaler en toute beauté la gente Lliliee, présente ce soir là également. La jeune femme habitait à présent dans la cité. Fut un temps, elle ne voulait partir de son paradis dans la forêt. Mais les temps changent et les personnes avec. Ainsi sa maison dans les bois faisait partie désormais de son passé, et notre héroïne avait repris le goût de l’aventure. Humaine et passionnée par ces races anthropomorphes et mystiques que sont les elfes, cette jeune femme curieuse de nature cherchait toujours à en savoir plus sur ces seconds. Ainsi aimait-elle voyager vers des contrées plus elfiques que les elfes eux-mêmes afin d’y rencontrer les résidents, mais aussi lire de nombreux livres sur eux. Shqnks était passionné de toute lecture, et appréciait-il ces moments passés à s’instruire en cette charmante compagnie. Ce soir là, les amis restèrent plus tard qu’à l’accoutumée, laissant le reste des personnes vider peu à peu le lieu, jusqu’à le rendre désertique. Lliliee avait en effet demandé à Shqnks de lire un livre de plus. Ne pouvant jamais lui refuser ses demandes, ce dernier la laissa choisir ce qui devait être le dernier livre de la soirée. Éprise de joie, La douce tisserande à ses heures perdues se dirigea vers son rayon préféré : celui regroupant tout texte traitant sur les elfes. Seulement elle se heurta à un grand obstacle : lequel de ces livres choisir. Le choix fut long et difficile pour elle, mais il s’arrêta sur un petit livre d’apparence vieux, sale et abîmé; mais lorsque l’on ouvrait ce dit-livre, la reliure à l’intérieure ainsi que toutes les pages étaient en parfait état. De vélin faites, les pages étaient très souvent décorées d’enluminures aux traits elfiques pouvant aller de la simple lettre surlignée au dessin digne des plus grandes peintures : mais dans le format d’une page seulement. L’odeur de ce livre était également singulièrement agréable et douce. Totalement différente de toute autre odeur de livre, cette-ci pouvait jusqu’à enivrer quiconque s’en délectait avec abus. Et ce fut sans doute pour cette raison que la jeune femme fut attirée par ce livre dont l’apparence laissait penser qu’il valait mieux en trouver un autre. Lorsqu’elle l’amena à Shqnks, celui-ci ne manqua pas de s’interroger sur la provenance de ce dit-livre. Ayant contribué à l’aménagement de la bibliothèque, il pensait connaitre le registre dans son intégralité. Nettoyant la reliure, des lettres d’or se dessinèrent pour former le titre : „Lifdälinn, la cité d‘elfes légendaires”. Et de nos deux compagnons de lire ce que ce codex pouvait leur offrir de nouveau en matière de connaissance sur le elfes.

 

La majorité des textes étaient écrits en cette langue que tout le monde usitait de manière officielle dans le royaume de Stendel à l’époque des faits. Mais certains passages étaient également dans une autre langue, aux racines elfiques. Ce dialecte leur semblait inconnu à tous deux, et particulièrement à Lliliee, qui non sans être une experte en langues, mais par sa passion pour les elfes arrivait à reconnaître certains de leurs dialectes. Ce livre leur apprit en outre l’existence d’une cité habitée par des elfes d’une race nouvelle et inconnue, qui ne portait pas de nom à proprement parlé. Les us et coutumes de ces elfes étaient totalement différents de toutes les autres civilisations : ils avaient, à en juger l’interprétation des mots par nos deux héros, un côté humain dans leur façon de vivre. La cité se trouvait dans une vallée, et gardait depuis des millénaires un trésor d’une valeur inestimable : quelque chose qui, selon les mots, contrôlait la vie et la mort. La façon dont fut décrit ce trésor fit penser à Shqnks à une pierre. Très vite, le pirate en lui, qu’il avait toujours nié et renié, se réveilla. L’envie de posséder cette pierre, et qu’importe si d’aucuns parleraient de nécromancie, naquit et crût très rapidement. Il regrettait toujours de n’avoir pu connaître sa mère et cette culpabilité s’était amplifiée le jour où il apprit qu’elle avait été tuée par l’homme qu’elle avait aimé et dont l’amour avait donné naissance à notre héro. Quant à Lliliee, c’était son envie de connaître cette nouvelle race et de découvrir leur ville qui vit le jour. Elle n’avait d’ailleurs jamais eu autant l’envie de partir à l’aventure que maintenant. Les deux compagnons ne comprenaient pas ce qui leur arrivait, mais leur désir de découvrir cette cité, qui semblait jusqu’alors inconnue était sans limite : ils devaient s’y rendre; ils devaient satisfaire cette envie, qui était alors devenue une intense souffrance pour chacun. Ils convinrent très rapidement de partir le lendemain à la recherche de cette ville. Seulement les seules informations qu’ils pouvaient avoir sur cette ville étaient dans cet unique et mystérieux livre. Passant la moitié de la nuit à l’étudier, sans pour autant jamais réussir à déchiffrer le moindre des mots elfiques, ils apprirent que la ville se trouvait sur un autre plan astral, dont l’unique accès se faisait par un portail perdu dans la Nature, entre „la cité des druides et la cité des chasseurs”. après une simple réflexion nos deux héros conclure qu’il s’agissait de Dynnhas Dyrwidhon et du Refuge de Pan. Le portail devait donc se trouver dans cette terre où seule la Nature y avait ses droits. Il était tard, et Lliliee décidait de s’en aller se coucher : car demain, les deux partiraient chercher le portail. Shqnks se leva et prit le livre avec lui. Les deux se quittèrent à la sortie de la bibliothèque et rentrèrent sans tarder chez eux pour se coucher. Cette nuit là ils trouvèrent difficilement le sommeil : les pensées pour leur aventure et leurs questions sur cette ville mystérieuse les maintinrent éveillés longtemps. Et pourtant lorsqu’ils s’endormirent, fermant alors leurs yeux, s’envolant vers le royaume des rêves, ils plongèrent dans un sommeil des plus doux.

 

Le lendemain, lorsque le royaume des lumières engageait sa bataille contre le royaume des ténèbres, tâchant ainsi le sombre ciel de vives couleurs, alors qu’ils n’avaient que peu dormi, ils se réveillèrent chacun totalement délassés, reposés, détendus : prêts à partir à l‘aventure, la hâte les aillant gagnés dès la veille. Le grand jour était arrivé. Il ne leurs manquait plus qu’à préparer leur départ, et se rejoindre. Notre jeune aventurière ne mit que peu de temps à préparer ses affaires : elle emporta avec elle ce qui lui semblait nécessaire, notamment quelques tissus et fils et instruments de tailleur, qu’elle rangea soigneusement dans son escarcelle, en cas de nécessité car, pensait-elle, cela serait toujours utile. Elle remplit également une bourse qu’elle attachait à sa ceinture principalement d’argent. Elle ne regarda pas combien elle prit, mais cela devait faire le nécessaire en cas de besoin de dépenses. Son havresac comblé de plus de moitié, elle rangea sa maison avant de partir, et fermer à clef. Elle s’en alla alors au marché acheter quelques provisions pour la route. Elle acheta plusieurs petits pains enrobés dans un linge différents en composition de céréales et même de garniture : ceux-ci tiendraient au corps et ne rendrait pas les collations monotones. Elle acheta également diverses viandes séchées, d’autres fumées. Mais notre belle amoureuse de bonnes choses ne résista pas longtemps à s’acheter du frais. C’est ainsi qu’elle repartit avec deux livres de fruits et légumes variés. Elle en prit également des séchés, tels ces champignons, qui une fois dégorgés pouvaient se manger tels quels ou bien cuisinés de toute manière à n’importe quelle saison. Du côté breuvages, là aussi, elle ne regarda pas les quantités. Ainsi avait-elle pris principalement des jus et infusions d’herbes, et une boisson gazeuse à base de lait de jument fermenté. Bien entendu elle du se racheter un nouveau sac pour pouvoir contenir son surplus d’achats. Sa bourse avait quant à elle diminué de moitié. Cela lui paraissait cependant sans mauvaise conséquence possible, car elle devait avoir mis davantage de pièces d’or et d’argent dans son escarcelle. Elle n’attendit que peu de temps Shqnks qui avait vu l’aventure sur un ton un peu plus léger : un simple pain d’un marc tout au plus, l’équivalent en viande cuite, en céréales grillées mélangées à du malt de froment fait par ses soins, ainsi qu’à peine plus de trois pintes d’hypocras. Sans doute n’avait-il pas réalisé qu’ils allaient devoir parcourir des lieues et arpents, et ce peut-être durant des jours, dans l’espoir de trouver le portail caché dans la Nature. Lorsque notre héro arriva à leur point de rencontre, il fut accueilli par un doux sourire dont rares étaient les hommes de l’empire stendelien qui savaient en rester indifférents.

 

-Nous y sommes. Es-tu prête? Demanda alors Shqnks à son amie. Cette dernière, sur un ton amusé et enjoué lui répondit :

 

-Prête ! J’ai hâte de rencontrer ces gens et découvrir leur culture. Mais dis-moi, tu voyages bien léger. J’ai l’impression d’avoir pris les provisions pour nous deux. Un rictus marqua alors la commissure des lèvres de notre héroïne.

 

-Alors permets-moi de te soulager de ton fardeau, et de porter tes affaires, rétorqua le jeune aventurier, prenant conscience de l’investissement de la jeune femme dans ce voyage à venir.

 

Et de nos deux héros de se partager les charges et de s‘en aller vers leur destinée. Dans le ciel le grand astre, qui au quotidien fournissait clarté et vie, était en son point le plus haut. C’est ainsi que l’aventure qui se révélerait surprenante débuta. Ils quittèrent la ville à pied, et prirent la route menant à l’Ouest du pays.

 

À ce même moment, ailleurs, dans les grandes étendues de terres du monde de Stendel, au beau milieu d’un désert, un personnage dans sa villa s’affairait pour sa toilette. Notre inconnu prépara soigneusement sa salle d’eau afin de la rendre des plus agréables pour y passer un de ces moments qu’il affectait tant et que la vie avait pu lui permettre de découvrir. La pièce, dont l’atmosphère était devenue chaude et humide à souhait grâce aux vapeurs d’eaux, était composée principalement d’un bac d’eau tiède d’une quinzaine de muids environ, et d’un banc en marbre chauffé sur lequel notre ami aimait s‘y allonger. Le reste était pour la toilette à proprement parlé. Après plusieurs heures passées à se délasser et se rendre acceptable par la société, ce personnage parti de chez lui non sans prendre avec lui quelques bouteilles de fortes liqueurs dont une à base d’une plante qu’il connaissait sous les noms d’eruca et rucola, et que certaines personnes cuisinaient alors en salades ou en sauces. Pour sa part, notre mystérieux protagoniste préférait la faire macérer dans l'eau-de-vie obtenue à partir du marc de raisin. Il prit également avec lui des poissons grillés ou fumés, parfois mêmes ayant subit les deux opérations, ainsi que des bocaux de verre dans lesquels reposaient des œufs de poissons conservés. Il semblait lui aussi partir en voyage. Ce personnage, c’était Gamwi. Il avait prit des provisions car il partait pour l'aventure. Il ne connaissait pas sa destination : il avait seulement envie de voyager. Après s’être préparé et être parti de chez lui, il s’était rendu en la capitale de Stendel pour y prendre ce système de voyage qui ne lui plaisait guère où la monture était un de ces oiseaux géants que l’Homme avait réussit à apprivoiser et qui était dressé pour effectuer un parcours en aller et en retour. Gamwi avait souvenirs de toutes ces personnes qui, voulant se diriger vers Bou’dumonde, faisaient chute mortelle dans le désert où il avait élu domicile. Ces visions de cadavres et les sépultures de fortune improvisées dans la hâte le hantaient à chaque fois qu’il devait prendre ce transport qui pourtant était devenu le plus sûr du royaume, hormis le cheval. Néanmoins Gamwi tenait à sa monture, et savait qu’elle ne pourrait survivre à un voyage qui ne finirait sans doute jamais. Aussi l’avait-il confiée à son vieil ami Henri Podreaume du Haras de la Banlieue à la sortie Ouest de la capitale, cette même personne à qui il l’avait d’ailleurs achetée. Prenant son courage à deux mains, notre héro grimpa jusqu’au sommet de la tour des voyages de la ville et choisit de partir loin. Il ne se sentait pas très bien. Mais sa volonté dominante, alors que son courage avait totalement disparu, l’aida à monter sur l’animal, qui sauta de la tour, chuta, et prit enfin son envol vers l’horizon. Malgré sa peur, il ne pouvait qu’être admiratif des paysages que ce voyage lui offrait, mariés à ce ciel, qui en cette fin d’après-midi, donnait à ses nuages des reliefs plus prononcés, et au reste quelques nouvelles couleurs alors encore inexistantes durant le milieu de la journée.

 

De leur côté Lliliee et Shqnks arrivaient à la frontière du Refuge de Pan. Durant leur marche passée, Lliliee s'était de plus en plus déchargée de ses affaires pour ne garder que son escarcelle et sa bourse toutes deux accrochées à sa ceinture. Cela ne déplaisait point à Shqnks, qui sans être le plus courtois des hommes, était heureux de faire plaisir aux dames, et surtout à son amie. Arrivés donc à la frontière du territoire, ils s’arrêtèrent près d’un plan d’eau où se trouvait une petite plage, loin du bord de la route, afin de se refaire. Lliliee se déchaussa rapidement pour tremper ses pieds dans l’eau fraîche, et se reposer sur le sable chauffé par le soleil. Elle n’était pas habituée à marcher autant que cela et ce doux moment en ce petit paradis paisible lui redonna vite de la vigueur. Shqnks lui, cherchait de quoi se sustenter parmi les quantités de provisions. Son choix se tourna naturellement vers ce qui était frais et qui devait donc être consommé rapidement. Ainsi prit-il pour lui des parts d’un melon d’eau à la chaire jaune-orange et de l’hypocras pour accompagner et une pomme à la peau rouge vive et à la chaire blanche pour Lliliee, qui l'accompagna avec de l’eau de la source alimentant le petit plan. Le temps passa rapidement. Nos amis n’avaient pas progressé : ils étaient restés dans cet endroit magique à se reposer et profiter du beau temps. C’est en sentant une légère brise caresser sa joue que Lliliee ouvrit alors les yeux, et scruta le ciel. Le soleil avait disparu derrière les arbres, pourtant il faisait encore jour. Le temps devenait frais. Elle se leva alors, se rechaussa, et alla voir Shqnks qui s’était endormi au pied d’un arbre, laissant alors une bouteille d’hypocras rencontrer le sol, et y déversant son liquide contenu, créant ainsi une petit flaque au côté de notre jeune aventurier. Lliliee entreprit adoncques de le réveiller avec une douceur singulière. Lui secouant les épaules, elle l’appelait sur un ton élevé. La réaction ne fut pas immédiate, mais Shqnks se réveilla dans la surprise. Sursautant, il prit appui de ses deux mains sur le sol, l’une plongeant ainsi dans la flaque boueuse créée par le mélange de terre et de vin. Encore anesthésié par la fatigue, il utilisa cette même main pour se frotter le visage dans un petit étirement. Ne comprenant réellement ce qui lui venait d’arriver, il offrit néanmoins un hilarant spectacle pour son amie qui rit de bon cœur un moment.

 

-Nous avons dormi longtemps? Demanda-t-il tout en se dirigeant vers le petit plan d’eau afin de se nettoyer.

 

-Le soleil devrait se coucher d’ici moins d’une heure. Répondit Lliliee sur un ton qui se voulait à la fois doux et grave.

 

-Mince, réagit-il. Il finit de se débarbouiller puis se leva pour aider son amie à ranger les affaires. Nous devrions continuer encore un peu. Nous nous arrêterons au crépuscule pour construire un abri. Qu’en penses-tu?

 

-L’idée me sied, assura la jeune femme avec un petit sourire.

 

Et ils se remirent en route. Ils arrivèrent très vite à la dense forêt dans laquelle ils exécuteraient leur recherche. Il s’y enfouirent jusqu’à ce que le soleil fut couché, et qu‘il ne leurs resta que peu de temps avant qu‘il ne fasse noir. Là ils ramassèrent du bois autour d’eux et firent rapidement un feu. Ils se hâtèrent de construire un abris de fortune cependant solide et amassèrent assez de bois pour que le feu soit toujours actif le lendemain matin. Puis il se firent à manger, profitant du feu pour déguster du chaud. Le ciel était magnifique pour qui savait aimer les choses simples. Éclairé d’une demi-lune et d’innombrables étoiles, il était sans aucun nuage : une nuit rêvée pour qui dormirait à la belle étoile. D’ailleurs, nos deux héros étaient sur un petit nuage. Leur aventure leur était douce et parfaite. Eux qui avaient connu chacun des aventures différentes, cette-ci leur était la plus appréciable. C’était à croire que les cieux les avaient bénis pour leur offrir tant de belles choses de façon si concentrée. Cependant quelques petits nuages apparurent ça et là et grandissaient légèrement, sans que nos protagonistes ne s’en aperçurent.

 

Non très loin de là, dans le ciel, Gamwi venait de finir sa première bouteille de deux pintes de liqueur. Il avait tout d’abord voulu se délecter de ce nectar. Il voulait prendre plaisir à saisir toutes les notes et subtilités qui s’étaient glissées au fur et à mesure de la préparation pour donner en résultat ce produit final. Ces raisins de cépages différents cultivés sur des vignes qui devaient vivre des étés chauds et secs et des hivers doux et humides. L’eau-de-vie du marc mise directement en bouteille après distillation afin de ne pas la laisser vieillir, lui offrant ainsi une structure harmonieuse, des parfums multiples et délicats. Une configuration parfaite pour y laisser macérer notamment ces fruits, agrumes, cultivés dans les mêmes régions, et de laisser reposer, de laisser le temps faire la transformation. Ainsi la Nature offrait-elle ses matières les plus nobles, et l’Homme par la voie de l’artisanat –que notre personnage appelait tout simplement art– les transformait pour les sublimer et goûter à chaque fois au Bonheur. Gamwi ressentait tout cela. Il sentait la terre tournée par les vers qui nourrissait cette végétation. Il sentait ces personnes qui tâchaient d’effectuer des transformations au plus proche de la perfection. Il sentait toutes ces personnes qui satisfaisaient leur désir de connaître un instant le Bonheur sous n‘importe quelle forme. Cependant ce jour-là il abusa de cette délectation, allant jusqu’à troubler sa vision pour enrayer alors définitivement sa peur du transport qu’il prenait à ce moment précis de l‘histoire. Il criait plus qu’il ne pensait chanter :

 

-Tu vas me manquer, jolie ma mie : je vas guerroyer à la Croisade. De m’estre éloigné, jolie ma mie, me tient désolé jusqu’en bastaille. Il se mit à rire tel un démon, se balançant légèrement sur sa monture volante. Soudain, les nuages qui auparavant étaient petits et ne grandissaient que légèrement arrivèrent en masse, opaques, sombres. Le ciel éclairé par les astres de la nuit avait totalement disparu, et à sa place se tenait un plafond épais d’une brume noire. Des coups de vent subits vinrent faire leur apparition. Ils ne tardèrent pas à devenir violents. La pluie fit également son apparition. Notre ami n’en avait cure, et riait face au ciel.

 

-Les cieux se déchainent ! Allez les cieux ! Allez les cieux ! Criait-il. Plus fort Jean-Michel on t’entend pas ! Hurla-t-il sur l’oiseau qu’il venait de baptiser. Allez les cieux ! Allez les cieux ! Plus fort !

 

Une vive et courte lumière éblouit Gamwi et l’oiseau. Il fut quelques secondes après suivi d’un grondement de tonnerre. Gamwi s’agitait de plus en plus sur son transport, perturbant de plus en plus l’animal qui était craintif à cause de l’orage et devenait de plus en plus nerveux, poussant de plus en plus des cris de peur. Les éclairs allaient et venaient, le tonnerre résonnait de toute part d’horizon. L’oiseau commença alors à se débattre, et ne plus suivre sa trajectoire. N’ayant réellement conscience de ce qu’il se passait, l’ivre personnage s’énervait contre sa monture, qui ne répondait plus de rien. C’est alors que la foudre s’abattit au sol par un éclair qui passa au plus proche possible d’eux. L’intensité de la décharge fit que la lumière les aveugla tous les deux. Quant au tonnerre, il résonna comme une déchirure du son lui-même, ce qui assourdit notre héro, lui offrant une douleur interne également. Une douleur était née également au niveau de sa jambe, au même instant. Comme si quelque chose venait d’y pénétrer et de la traverser de façon transversale : comme la lame d‘une arme, ou encore une branche qui aurait eu le bout trop pointu et sur laquelle l‘on serait tombé. Le malheureux hurla sans s’entendre, des larmes coulant de ses yeux alors fermés. L’oiseau lui ne se débattait plus. Il ne criait plus. Il ne bougeait même plus : il était mort. Les deux chutèrent du ciel. Gamwi perdit connaissance. Ils furent très vite réceptionnés par la cime des arbres qui dansaient au gré du vent. Et le destin sépara les deux êtres inanimés, qui prirent deux chemins différents. Gamwi avait légèrement voyagé d’arbres en arbres, jusqu’au sol, sa chute étant à chaque fois amortie par des branches souples. Le spectacle de cet accident avait été vu, non en détail, par nos deux héros à terre. Il décidèrent très vite de partir à la recherche de cet inconnu qui avait atterri à plusieurs pas de leur camp alors devenu boueux, mais dont le feu survivait toujours aux intempéries. À défaut d’espérer de trouver une personne en vie, ils eurent la pensée d’offrir des funérailles descentes à l’infortuné. Ils finirent par le trouver. Leur arrivée fit fuir quelque chose dans le noir de la nuit. Shqnks imagina alors qu’il s’agissait d’un animal, chasseur ou charognard, qui par chance pour lui se trouvait dans les environs. Notre héro fut donc soulagé de sauver ce mystérieux malchanceux d’une fin si déshonorante. Lliliee se précipita vers le corps tandis que Shqnks surveillait les alentours. Se penchant sur ce corps aux odeurs de mer et d’alcool dans lequel des morceaux de verre cassé de ses bouteilles et bocaux étaient incrustés, et dont les blessures étaient multiples; et l’examinant rapidement, elle eu la conviction qu’il n’était pas mort, bien qu’elle ne sentait ni son pouls, ni son souffle.

 

-Il est en vie ! Lança-t-elle, le souffle haletant. C’est alors que de nouveaux branchages craquèrent et des feuilles se frottèrent jusqu’à ce que les bruits soient de plus en plus éloignés. Shqnks était inquiet. Il ressentait comme des présences autour d’eux, dans cette obscurité si proche. Prompt à réagir en cas d’attaque d’une quelconque bête sauvage, il ne se concentra sur Lliliee et sur l’inconnu qu’une fois ses bruits de pas de bête assez éloignés pour qu’il se sente en sécurité. À présent seules les gouttes de pluie tombant de leur nuage sur les branchages et feuillages de la forêt donnaient un spectacle auditif.

 

-Nous devons le ramener au campement. Il se meurt; nous devons faire quelque chose ! Annonça Lliliee quelque peu paniquée. Les deux aventuriers transportèrent alors le corps de cette personne plus morte que vivante jusqu’à leur camp. Ils le protégèrent de la tempête, qui ne finit par se calmer que tard dans la nuit. Ils firent un petit feu près de lui, le soignèrent et le couvrirent.

 

Ils ne dormirent que très peu cette nuit là, chacun leur tour tandis que l’autre gardait l’être inconscient, et ravivait les feux. Ainsi le joli cadre de leur aventure s’était dissipé. Durant plusieurs jours, ils restèrent à cet endroit, qu’ils aménagèrent pour le rendre plus habitable. Chaque jour Lliliee soignait cet inconnu dont le pouls et le souffle se fit sentir, utilisant ses outils de couture et ses tissus, ainsi que divers produits d’apothicaire qu’elle avait pris en cas de besoin. Shqnks s’occupait de l’aménagement de l’endroit, et partait chasser et pêcher pour garder un maximum de provisions. Et un jour Gamwi ouvrit les yeux. Il eut beaucoup de difficulté à parler mais s’exerça jusqu’à ce qu’un son audible sorte de sa bouche.

 

-Où… Où suis-je? Murmura-t-il presque. Shqnks et Lliliee, qui prenaient leur repas, vinrent alors près de lui.

 

-Vous êtes enfin réveillé ! C’est un vrai miracle ! Dit alors Lliliee. Vous vous souvenez de ce qui vous est arrivé?

 

-Que m’est-il arrivé? Demanda alors Gamwi. Que ce soit l’alcool qu’il avait ingéré ce soir là, ou le choc même de son accident, Il ne se souvenait de rien à propos de cette nuit tragique pour sa personne. Le dernier souvenir qu’il avait était le coucher de soleil sur cet oiseau, et sa bouteille de liqueur alors vidée au tiers.

 

Et la discussion débuta entre nos trois protagonistes. Ce fut également leur premier repas ensemble, bien que Gamwi ne mangea que très peu, et ne pu se lever. Ils firent donc connaissance. Et plus le temps passait, plus ils s’apprécièrent mutuellement. C’était du moins presque le cas : Shqnks, de nature méfiante, ne voyait pas cet inconnu sous un bon œil. Il l’avait pourtant sauvé. Mais il n’avait aucun espoir de trouver quelqu’un de vivant à ce moment là. Et le voilà à discuter avec un étranger, dont la façon de penser lui était trop méconnue pour être appréciée au premier abord. Lliliee quant à elle avait appris avec les épreuves du temps qu’il était plus sage d’apprendre à connaitre une personne avant de la juger. C’était une jeune femme qui était tournée vers les gens de manière générale. Et elle fut charmée par la personnalité de cette personne avec qui elle partageait des passions et centres d’intérêts. Gamwi, lui, appréciait ces deux personnes et leur était entièrement reconnaissant. Sans elles il serait mort et aurait certainement été dévoré par quelques animaux ayant pour régime alimentaire principal la viande.

 

Deux jours après il réussit à se lever dans la matinée. Il sortit de son abri. Le camp était déserté. Lliliee était partie à la recherche de plantes et Shqnks à la chasse. Encore quelque peu fragile, il entreprit néanmoins de faire un peu d’exercice physique. Sa jambe lui faisait encore mal. Elle aurait apparemment été transpercée par une branche durant sa chute dans les arbres. Il avait retrouvé néanmoins ses sens comme s’ils n’avaient jamais été mis à l’épreuve. Revenant bredouille de sa chasse, shqnks regardait d’un ton sévère Gamwi qui faisait des étirements. Ce dernier ne manqua pas de le remarquer et lui sourit.

 

-Tiens. Bon jour ! Vous allez bien? Demanda-t-il.

 

-Cela pourrait aller mieux. En tout cas ce soir nous allons devoir puiser dans nos réserves et nous contenter de viande sèche. Shqnks gardait un ton neutre, cependant il ne voulait pas s’attarder à discuter.

 

-Bien sûr. Je trouve la chasse à la lance et à l’épée plus difficile qu’à l’arc. Avança Gamwi. Je m’en sors toujours avec au moins un petit gibier.

 

-Vous voulez peut-être nous montrer de quoi vous êtes capable? Répondit Shqnks sur un ton agacé.

 

À ce même moment Lliliee arriva. Elle avait ramené avec elle des champignons frais cueillis, ainsi qu’un lapin. Elle examina la scène. Gamwi ne comprit pas la réaction de Shqnks. Voyant la jeune femme arriver les mains pleines, il esquissa un sourire. Puis il regarda Shqnks alors et dit :

 

-Je crois que nous avons notre repas d’aujourd’hui. Et si nous partions à la chasse tous deux demain?

 

-Oh oui ! Ce serait une excellente idée ! Dit Lliliee, alors qu‘elle regardait Shqnks dans l‘espoir de lire dans ses yeux le même enthousiasme. Puis ses yeux se posèrent sur Gamwi. Mais n’êtes-vous pas trop faible?

 

-Pour le plaisir et l’amusement, j’aurai toujours la force nécessaire ! Gamwi leur sourit alors à tous deux. Je vais chercher de quoi me construire un arc. À plus tard, chers amis. Et Gamwi de s’en aller du camps dans l’optique de se trouver un bois parfait. Il ne songea pas à un seul instant qu’il avait irrité Shqnks, et était persuadé être apprécié. Ce côté naïf lui était sûrement dû au fait que ces personnes lui avaient sauvé la vie.

 

Pendant ce temps Shqnks maugréait.

 

-Chers amis… Mais de quels amis parle-t-il?

 

-Il y a un problème, Shqnks? Demanda alors Lliliee qui était restée avec lui.

 

-Oui il y en a un ! Cet homme… On ne sait même pas qui il est vraiment ! On ne le connait pas, on ne sait pas ses intentions. Nous avions un objectif avant sa rencontre. Et nous voilà à présent à camper dans les bois, sans rien faire de plus ! Lança-t-il sur un ton énervé.

 

-Mais comment peux-tu dire une chose pareille? Tu sais comme moi qu’il est perdu, qu’il est encore faible. Et puis surtout qu’il n’a pas de quoi survivre à un voyage.

 

-Nous avons bien retrouvé des provisions sur lui, non?

 

-Tu manges plus que cela au cours d’une journée entière alors que tu es en forme. Et actuellement nous ne pouvons pas non plus nous séparer de toutes les provisions dont il aurait besoin pour rejoindre une ville.

 

-Donc nous sommes coincés?

 

Lliliee gloussa et esquissa un sourire.

 

-Je trouve personnellement cette situation amusante. Après tout : c’est ça l’aventure.

 

Shqnks ne répondit rien. Il ne pouvait continuer de la contredire, car il l’appréciait trop. Il s’éloigna un peu du camp pour s’occuper du lapin. Quelques heures plus tard, le repas était prêt et Gamwi n’était toujours pas rentré. C’est à la fin de la journée seulement qu’il réapparut, les bras chargés. Il s’excusa alors auprès de ses deux compagnons d’infortune et leur expliqua pourquoi il fut si long à revenir. Il avait longtemps erré dans la forêt avant de trouver un bois assez solide et assez souple pour faire un arc. Et puis, il se perdit à rechercher des cadeaux pour ses amis. C’est ainsi qu’il offrit à Shqnks une lance qu’il voulait équilibrée. Il assura d’ailleurs à ce dernier que lorsqu’ils chasseraient, il lui serait impossible de manquer ses proies. Puis il offrit un bouquet de fleurs cueillies à Lliliee, ainsi que de petits fruits sauvages qu’il avait trouvés après avoir fait une chute. Épuisé de sa journée, et n’ayant guère faim, il les salua et partit se reposer. Le lendemain matin Gamwi se leva aux aurores tandis que les deux autres aventuriers dormaient paisiblement. Il se confectionna la corde pour son arc à partir de boyaux de gibiers vidés en dehors du camps. Il prépara alors le repas dans l’espoir de faire plaisir aux deux dormeurs. Et c’est par la délicieuse odeur de cuisine qui vint effleurer leurs narines que ces derniers se réveillèrent et s’installèrent rapidement pour manger. Bien qu’il était tout autant charmé par le geste que son amie, qui avait alors développé une pleine confiance en Gamwi, Shqnks attendit qu’celui-ci n’eut fini la moitié de sa portion avant de commencer son repas. Gamwi avait laissé mijoter des fruits fraîchement cueillis avec d’autres fruits séchés créant ainsi une sorte de compotée. Il l’avait accompagnée de poisson fumé et des derniers pains qui restaient. Bien qu’ils avaient été conservés correctement, les pains étaient devenus rassis. Gamwi les avaient donc cuisinés de façon à ce qu’ils deviennent mangeables. Le repas improvisé lui fut délicieux, mais Shqnks ne regretta pas un instant sa méfiance envers le cuisinier. Ce jour là nos trois héros partirent chasser et récolter ensembles. La chasse fut bonne, la récolte aussi. Au soir il s’offrirent un festin digne de rois. Ils burent et chantèrent ensemble. Et vint le moment où Gamwi leur demanda pourquoi ils étaient là. Shqnks allait prendre la parole pour mettre un terme à la discussion à peine lancée qu'il fut devancé et surpassé en ton par Lliliee qui répondit avec franchise et expliqua leur histoire depuis le début. Curieux et intéressé, Gamwi demanda s’il pouvait lire ce livre qui semblait être à l’origine de cette histoire qui l’a sauvé d’une mort certaine. Shqnks restait là, impuissant, tandis que Lliliee et Gamwi lisaient le livre. Il ruminait, et s’impatientait. Gamwi apprit dans ce livre que cette cité avait une orfèvrerie de réputation et plus particulièrement des maîtres en bijouterie-joaillerie. Quant il le lisait, il avait comme une sensation de bien être, et se mettait à imaginer ce qui était écrit et décrit. C’est alors qu’il fut pris par l’envie de découvrir cette cité. Cette envie ne pouvait pas attendre : il avait toujours voulu faire une formation pour pouvoir devenir lui-même joaillier. Lliliee lui proposa naturellement de se joindre à eux dans cette aventure, puisqu’après tout, ils avaient la même destination, et que l’aventure n’en serait que plus plaisante. Il ne fut pas difficile à la jeune femme de convaincre son ami de faire la route à trois, même si ce dernier n’aimait pas la confiance qu’elle plaçait en Gamwi. Cependant il se jura qu’il garderait toujours un œil fixé sur lui, et qu’il serait prêt à agir au moindre problème. Notre trinôme leva le camps trois jours plus tard. Ils avaient entre temps refait le plein de provisions et étaient enfin prêts pour débuter leurs recherches. Ils marchèrent des heures sans s’arrêter. Gamwi ne voulait faire aucune pause, et Lliliee bien qu’elle en aurait rêvé restait du même avis, ce qui énervait Shqnks qui était plus fatigué que ses deux compagnons. Cependant la détermination de Gamwi allait payer, et en une demi-journée avaient-ils déjà effectué beaucoup de travail en éliminant des lieux. En milieu de l’après-midi, Shqnks et Lliliee réussirent à convaincre Gamwi de faire une pause. Et ce n’est qu’après s’être arrêté que ce dernier se rendit compte qu’il était épuisé. Il ne comprit pas ce qu’il avait. L’instant d’avant, il était comme enivré par son envie de découverte, et ne ressentait rien d’autre que le désir de trouver le portail. Nos héros s’installèrent ici et y restèrent jusqu’au lendemain matin, où ils reprirent leurs recherches. Shqnks se méfiait toujours de Gamwi, cependant il décida par besoin de se mettre légèrement en retrait de Lliliee et lui, afin méditer seul sur son aventure. Profitant de ce moment de solitude qu’il s’offrait, il fit le vide en lui, et respira à pleins poumons. Il s’arrêta et regarda un instant vers une horizon différente que la direction que prenaient nos deux autres protagonistes. Il admira alors le paysage : cette forêt était belle. Elle ne semblait pas inhospitalière, et pourtant seule la Nature y avait ses droits. Il songea un instant à l’idée de s’installer ici, loin de tout. Mais sa pensée fut troublée par la vision d’une silhouette au loin. Shqnks n’eut pas le temps de la distinguer que cette dite silhouette disparut, suivie d’un cri féminin. Notre aventurier courut alors dans la direction de la silhouette, tandis que Lliliee et Gamwi se coupèrent dans leur conversation et cherchaient la scène de leurs yeux, avant de voir leur ami courir dans une direction qui n’était pas la leur. Ils se mirent à le suivre. Quand Shqnks arriva là où il pensait avoir vu la silhouette, il n’y avait rien. Il regarda alors autour de lui et vit une femme à terre dans un trou. N’écoutant que son courage il la secourut en lui envoyant une corde avant que Lliliee et Gamwi n’arrivent sur place.

 

-Vous n’avez rien? Demanda alors Shqnks.

 

-Non. Je crois que je vais bien. Merci beaucoup ! Quel nom dois-je remettre à celui qui m’a sauvée? Osa alors la belle inconnue. Elle était de taille moyenne, brune avec les cheveux longs et légèrement ondulés. Ses yeux étaient d’un bleu que Shqnks n’avait encore jamais connu. Son regard était profond et expressif : il était déstabilisant.

 

-Je… Je m’appelle Shqnks. Et vous? Répondit alors le jeune homme, perturbé.

 

-Séreina. Enchantée. Je me suis perdue dans cette forêt. J’étais à la recherche de nouveaux paysages mais je crois que je vis une leçon d’humilité vis-à-vis de cette soif. Raconta-t-elle sur un ton enjoué.

 

Lliliee et Gamwi arrivèrent alors et les présentations se firent. Quand ils lui expliquèrent ce qu’ils cherchaient, Séreina eu l’air surprise. Elle avait en effet vu non loin de là dans la forêt, au milieu d’une grotte, quelque chose de magique et mystérieux pouvant être le portail tel que nos aventuriers lui avaient décrit. Le hasard faisait par fois de belles choses. Les chances pour rencontrer une personne dans cette forêt, qui en sus savait où se trouvait ce que nos héros voulaient, étaient infimes. Ils ne cachèrent pas leur enthousiasme et le groupe s’agrandit une nouvelle fois. Contrairement à Gamwi, Séreina fut acceptée par Shqnks. Sans doute était-ce parce qu’elle leur était une voie rapide pour atteindre leur destination, ou peut-être parce qu’il avait éprouvé une sensation étrange à son encontre, une sensation qu’il ne connaissait pas; et très certainement voulait-il comprendre cette sensation et lui donner un nom, et que le temps d’arriver au portail lui permettrait de déterminer cela. Toujours est-il que le groupe partit dans une nouvelle direction, faisant songer aux trois compagnons de départ qu’ils se seraient éloignés de leur but s’ils avaient continuer leur chemin ce jour là. Il leur fallut moins de deux heures et de trois pintes d’eau pour arriver à la grotte. Dès son entrée, un bruit étrange s’entendait. Il ne saurait être décrit avec exactitude. Cela ne faisait pas les bruits sourds habituels possibles des autres portails qu’avaient pu connaître nos héros. Ce bruit générait une angoisse d’approche, et amenait des sons reposants par la suite. Une petite lueur masquait l’obscurité de la caverne aussi. Les quatre compagnons arrivèrent au portail prestement, et furent émerveillés par le spectacle qui leur était offert. Ce portail n’était ni violet, ni noir : il était d’un mélange d’or et d’ivoire, translucide, avec de petites particules qui se diffusaient et disparaissaient dans l’air tout doucement, telle la neige poudreuse survolant le sol, entraînée par le vent. En son centre l’on y voyait comme un début de paysage. Tous restèrent un bon moment immobiles, à fixer cette chose. Gamwi fut le premier à lâcher le portail du regard, il regarda alors ses amis. Il voyait en eux de l’espoir, mais aussi de la crainte, et de la paisibleté; mais il perçut également quelque chose en plus chez Séreina; quelque chose qui ressemblait au plaisir : à l’assouvissement immédiat d’un désir. Il ne comprenait pas ce sentiment de la part de cette inconnue qui n’avait pour seul rapport avec ce portail que le fait de l’avoir vu et ne pas s’être attardée dessus. Il la fixait pour essayer de comprendre quel désir en elle aurait pu être assouvi par ce portail. C’est à ce moment qu’elle immergea de ses rêveries et le regarda à son tour, ayant sentit son regard qui dû être si intense qu’il était pesant. Notre héro détourna alors la direction de ses yeux puis secoua par la parole Shqnks et Lliliee qui étaient alors restés en admiration devant ce portail. Tous restèrent indécis. Personne n’osait faire quoique ce soit. Lliliee inspira fortement, et avança :

 

-Prêts?

 

-Prêt. répondirent à l’unisson Shqnks et Gamwi.

 

Notre jeune aventurière tendit alors la main vers le portail. Sa main était entièrement au centre du portail, mais rien ne se passait. Elle avait cependant la sensation que des vapeurs fraîches venaient lui caresser la peau. Cette perception lui était si douce qu‘elle restait là, à bouger sa main à l‘intérieur. Ce qu’il vous est décrit ne dura que très peu de temps : car très vite le portail se mit à briller, à étinceler et à émettre une certaine chaleur. Puis, telle une implosion, le portail grandit, emporta nos quatre personnages, et s’amenuisa jusqu’à ne plus être dans un son aspiré de téléportation. La lumière et le bruit avaient disparu, plus une seule particule ne flottait dans les airs à l‘endroit du portail. Le calme de la forêt était revenu au complet à cet endroit. Tout était comme si rien ne s’était passé, si ce n’est que nos héros n’étaient plus là.

 

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Rôle Play

 

Chapitre 2, première partie:

 

 

C’est dans un bref son proche du souffle du vent que nos héros apparurent à quelques pas de la terre ferme, dans une forêt. Ils rejoignirent rapidement le sol, non sans douleur due à l’atterrissage. Reprenant promptement leurs esprits, ils engagèrent alors des recherches pour savoir où avaient-ils pu atterrir. C’est alors que Lliliee leur fit remarquer l’entrée d’une grotte : la même grotte dans laquelle ils étaient rentrés et où ils avaient passé le portail.

 

-Alors quoi? Le portail nous a simplement téléportés au dessus de nos têtes? Et maintenant, c’est fini? Demanda Gamwi, d’un ton énervé.

 

-Je n’en sais rien. Répondit alors Shqnks, de façon posée. C’est peut-être une grotte qui ressemble à la nôtre?

 

-Peut-être? Peut-être? Et peut-être que c’est la nôtre et que ce maudit portail nous a tout simplement téléportés à cinq toises au dessus de ce souterrain?

 

-Tu as peut-être raison. Allons vérifier.

 

-Peut-être… Maugréa Gamwi.

 

Et de nos aventuriers d’aller examiner cette grotte, qui était, en effet, la même que celle qui avait accueilli le portail quelques instants plus tôt. Tout y était identique : au détail prêt que le portail n’était plus présent, et que les paroies semblaient davantage vieillies : sans doute le portail avait-il provoqué cela. Gamwi tint à rester calme d’apparence, bien qu’il était à la fois déçu et en colère. Mais la déception ne fut pas au rendez-vous que pour notre cher ami : tous affichèrent cette émotion. Leur espoir s’était envolé. Ils avaient rêvé, endormis ou éveillés, durant des jours, pouvoir découvrir cette ville. Et aujourd’hui tout s’effondrait. Mais il était une personne parmi ce petit groupe qui ne semblait point si désappointée que cela. C’était Séreina. Sûre d’elle, elle se plaça en face de nos trois héros, les regarda, leurs sourit timidement, et dit :

 

-Peut-être que ce portail nous a emmenés dans un endroit identique à celui que nous avons quitté. Peut-être la ville est-elle seulement proche de nous. Après tout un plan astral différent ne veut pas forcément dire que tout est différent, si? Ne perdons pas espoir, je vous en prie ! Levons-nous, et cherchons.

 

Ils la regardèrent dubitativement. Gamwi lâcha un léger soupire, puis répondit :

 

-Après tout… Nous n’avons aucun autre but. Et de plus nous ne savons où aller; nous sommes sans doute perdus. Allons-y…

 

Llillie répondit par la positive, et se leva avant même ses deux compagnons. Alors ils repartirent à l’aventure, l’espoir revenu discrètement, bien que la peur qu’il ne s’efface à jamais fut omniprésente en chacun d’eux. Mais très vite, il entendirent un bruit totalement différent que celui produit par la Nature et les êtres de la forêt : ce bruit qui se faisait entendre était celui de la vie civilisée. Gamwi, à l’ouïe fine, reconnut les pas sur des sols faits de pierres et graviers. Il entendit des gens parler : beaucoup de gens. Des enfants couraient, des objets s’échangeaient, d’autres étaient créés. Tout ce spectacle se passait au loin. Mais nos héros avançaient dans la direction du bruit qui devint audible alors pour tous. Ils accélèrent leur marche jusqu’au moment où ils arrivèrent à l’entrée d’une ville ouverte à la nature : L‘on ne pouvait savoir à première vue comment tous ces bâtiments avaient pu être construits tant étaient-ils en harmonie avec la forêt. Shqnks interpella alors un passant :

 

-Pardonnez-moi. Où sommes-nous?

 

-Lifdälinn mon sieur. Répondit alors ce dit passant qui était un elfe. Permettez-moi de vous souhaiter la bien venue, et de m’en retourner vaquer à mes occupations. La bonne journée à vous, tous.

 

L’elfe partit, laissant nos héros envahis par le sentiment de la joie. Ils avaient enfin réussi. Ils venaient de trouver cette cité qu’ils cherchaient tant. La cité leur était une des plus belles choses dont ils n’eurent jamais l’occasion de voir, si ce n’est la plus belle. D’ailleurs, la seule impression qu’ils avaient de cette cité était qu’elle semblait parfaite. Les seules choses que leurs yeux acceptaient de voir les confortaient dans cette idée : personne ne se bousculait, tout le monde semblait se connaître et chacun était courtois avec son prochain. Nos compagnons marchèrent ainsi dans la ville elfique, visitant ses rues. Ils arrivèrent à une place où un marché était installé. Les parfums des diverses produits envoûtèrent nos amis. Ils passaient ça et là devant les étalages, émerveillés de ce qu’ils pouvaient y voir. Sur cette même place se tenait sur un échafaudage un porte-parole qui résumait, à en juger ses mots, le compte-rendu du dernier conseil qui avec eu lieu la veille. Nos amis s’approchèrent alors et l’écoutèrent. À la fin de son discours, le héraut s’en alla. Une voix l’arrêta alors :

 

-Excusez-moi ! Pourriez-vous nous aider? Cette voix était celle Lliliee. Nous sommes étrangers, et… Et nous aimerions savoir où nous pourrions nous loger, ainsi que connaître si possible les règles de la cité.

 

-Ô gente dame même si vous ne l’aviez dit, je le savais que vous étiez étrangers, répondit l’elfe sur un ton amusé, souriant. Il montra alors le haut pointu de ses oreilles. Voyez-vous cette ville est peuplée principalement d’elfes et de semi-elfes. Ainsi nos amis les humains, qui sont toujours les bien venus, sont assez fréquemment étrangers à la ville. Mais pardonnez mon impolitesse je ne me suis présenté : Hillingar, modeste citoyen, conseiller de notre belle cité et professeur d’école à mes heures perdues. Se faisant, l’elfe s’inclina.

 

Charmée, Lliliee se présenta à son tour, et présenta ses trois compagnons d’aventure. Commencèrent alors les questions de renseignements. Assiégé de toute part par les interrogations de ces étrangers, l’elfe souriait. Bien entendu, il aurait pu répondre à la bonne majorité d’entre elles : mais le devoir l’appelait. C’est ainsi qu’il décida de les amener à un autre elfe qui saurait prendre le temps de combler ces personnages à la curiosité vaste. Il les invita donc à le suivre, et un moment plus tard, les présenta à un elfe qui semblait avoir été marqué par les sables du temps. Néanmoins l’apparence âgée de l’elfe n’en disait rien sur sa santé. Et c’est, avec la souplesse d’un humain de cinquante ans qu’il se leva et salua ces personnes. Il s’appelait Dumbledelf. C’était l’un des plus vieux et des plus sages des elfes de la ville. Aussi était-il respecté plus que d’autres, car il passait la majeure partie de son temps à chercher à accroître ses connaissances et sa sagesse. Il était lui aussi conseiller. Et à la question „qui sont les conseillers? Qui dirige la ville?” il répondit :

 

-Permettez-moi d’abord de vous faire une brève narration sur l’histoire de notre ville. Et je vous le dis : vous aurez votre réponse en conclusion. Notre cité fut fondée il est de cela environ deux milles années. À cette époque, trois humain vivaient à l’endroit même où je vous parle : ils avaient construit deux véritables maisons, dont le temps eut raison d’elles, dans ces arbres que vous voyez derrière vous, en hauteur. Le troisième avait sa maison à terre. Nous ignorons encore aujourd’hui pourquoi. Quoiqu’il en soit ces trois humains, deux hommes et une femme, accueillirent rapidement des elfes dans le besoin. Et très rapidement ce qui étaient trois habitations se transforma en un hameau avec sa propre administration. Ce hameau, qui au fil des années devint une véritable cité elfique, était dirigé par ses trois fondateurs jusqu’à leur mort respective. Quand il n’eut plus de fondateur, les conseillers du dernier, déclarèrent alors que personne d’autre que les fondateurs ne pouvait diriger seul la ville. Ainsi tout citoyen étant en âge de vivre dans la société et de s’intéresser à son fonctionnement est conseiller. Nous nous réunissons tous les jours, parfois le matin dès l’aube, parfois en fin d’après-midi jusqu’au coucher du soleil selon les obligations des participants. À chaque séance il y a environ une trentaine de conseillers de tout âge et de toute classe. Ainsi les avis divergent, les débats naissent et, dans le respect d’autrui, toute décision est faite de façon communautaire : ce système n’a, pour le moment, jamais connu la moindre faille; et nous vivons paisiblement dans cette vallée avec tous ces arbres. Adoncques toute personne que vous croiserez est conseiller de la cité. Mais permettez-moi, avant de vous présenter notre belle ville, de vous poser une seule question : que venez-vous chercher ici?

 

Alors nos héros lui racontèrent le but de leur visite ainsi que l’aventure qu’ils avaient déjà vécue non sans montrer à l’elfe ce livre manuscrit qui leur avait permis de connaître l’existence de la cité. Le vieil elfe le feuilleta très rapidement. Il percevait l’écriture d’un humain à chacune des lettres écrites : et pourtant ce livre semblait vouloir être fait par un elfe. Une chose qui l’interloqua était cette histoire de portail alors décrite dans le livre. À sa connaissance, il n’y eut jamais le moindre portail existant qui permettrait de téléporter quiconque à leur ville. Elle était comme toutes les autres villes communes des vastes terres alentours : accessible par un voyage ordinaire pour qui en était éloigné. Le sage garda ses pensées pour lui, non sans afficher une mine craintive. Il demanda alors à nos aventuriers s’il pouvait garder le livre, le temps de le lire plus en profondeur. Ces derniers acceptèrent : car ils n’en avaient plus besoin maintenant qu’ils étaient là. Puis la visite de la cité débuta. Elle se divisait en différents quartiers : le centre historique, le quartier communautaire, et le quartier commercial. Le centre historique était l’endroit où les fondateurs avaient élu domicile; la ville s’était construite autour. Aujourd’hui il s’agit principalement d’un quartier résidentiel où deux types de maisons y sont installées: il y avait tout d’abord les habitations au sol, majoritairement de pierres lisses et taillées faites. Les toits étaient fait en divers bois traités. Plus proches de l’architecture première de la ville, les maisons tenues par les arbres étaient principalement composées de bois que ce fut pour les murs ou bien les toits. Cependant des pierres étaient présentes dans le but de solidifier des endroits potentiellement fragiles. Des passerelles menaient d’une habitation à une autre, et des échelles étaient là pour y monter. Il existaient également un escalier fait en bois qui permettait la jointure entre la ville au sol et celle dans les arbres. Shqnks était admiratif des boiseries qu’il pouvait apercevoir. Il avait alors le souvenir des fenêtres du Refuge de Pan. Mais le travail qui était effectué là semblait être d’une qualité dont il n’avait encore jamais eu l’occasion de connaître. Ils apprirent alors que ce savoir était vieux de deux milles ans, et qu’il avait été donné à la ville par l’un des fondateurs, tout en évoluant avec le temps. Alors il fut proposé à Shqnks, s’il le voulait, de suivre une formation dans l’une des menuiseries de la ville. Sans hésiter notre héro répondit par la positive. Gamwi alors demanda sans attendre s’il pourrait acquérir leur savoir de joaillerie et le vieil elfe tint alors le même discours que précédemment, expliquant ainsi qu’un des fondateurs avait offert son savoir de joaillerie-orfèvrerie et que c’était l’un des arts les mieux pratiqués dans la ville. Il suffisait alors à chacun de nos protagonistes d’aller demander aux artisans directement une formation, ou passer via l‘école de chaque art. Amusé, l’elfe demanda alors aux deux femmes si elles ne voudraient pas une formation dans l’art des tissus et des vêtements, art qui avait été transmis par le troisième fondateur, qui était une femme. Lliliee lui répondit qu’elle était tisserande de formation. L’elfe fronça alors les sourcils, pensif, et puis attendit une réponse de Séreina qui avança simplement qu’elle cherchait l’aventure et l’image de nouveaux paysages. Ils arrivèrent alors au quartier communautaire qui regroupait principalement, comme son nom l’indiquait, des bâtiments utiles à la communauté tels des écoles de culture pour les plus jeunes, et de formation pour les jeunes adultes, ou encore une garnison où allait s’entraîner tout citoyen volontaire aux conditions physiques bonnes pour l’entretien de ce dernier. En deux milles ans d’existence, la ville n’avait jamais connu la guerre, mais la formation militaire restait rituelle et incontournable, bien que non obligatoire. Leur force se trouvait dans l’archerie, et leur meilleur entraînement était la chasse. Ils organisaient bien entendu des tournois de combats singuliers ou multiples avec diverses armes selon le thèmes. Il y avait à côté de la garnison des écuries. Elles étaient grandes, dignes d’un château. Bien qu’il y avait des chevaux ayant des propriétaires attitrés, un bon nombre des chevaux était à la communauté. C’est ainsi que moyennant quelques petites pièces n’importe quel citoyen pouvait emprunter un cheval pour aller se balader, ou s’améliorer en selle. Il y avait, à l’extrémité proche du centre historique, l’un des bâtiments les plus importants de la cité : le palais des fondateurs. Rénové des dizaines de fois au cours de ces derniers siècles, il n’a jamais été à proprement parlé modifié. C’était à cet endroit que les fondateurs entreprenaient leur travail de gestion de la ville, et c’est à cet endroit encore que le conseil des citoyens se réunissait chaque jour, que la justice se faisait : que l’administration vivait. Le reste des bâtiments était des habitations. Le quartier commercial était celui par lequel étaient rentrés nos amis, ainsi ils ne s’attardèrent que peu là, l’elfe Hillingar leur ayant parlé de choses et d’autres durant leur route vers Dumbledelf. Il ne restait plus que deux choses à présenter à ces voyageurs. Le groupe retourna au centre historique de la ville et allèrent vers un autel, caché de vue par certains arbres, derrière des habitations. Plus qu’un autel, c’était un temple et un lieu de méditation pour les habitants de la ville. Il n’était pas plus grand qu’une modeste habitation en surface. Les elfes de la ville l’appelaient Eldsaiun. Ouvert de toute part, en son centre brûlait un feu éternel, protégé par un toit de verre soutenu par des colonnes de pierres lisses et taillées. Dumbledelf leur expliqua alors que ce feu était le plus grand trésor de leur cité. Sa flamme était éternelle. Personne n’a jamais su son origine réelle : ils savaient seulement que les fondateurs l’avaient installé dans cet autel. Ce feu était à l’origine de la vie de la forêt : il la maintenait en équilibre. Sa magie était incomprise et les recherches dessus taboues. Le culte de ce feu était encore plus sacré que le feu en lui-même, et il maintenait la communauté soudée. Chaque année, la ville fêtait l’Eldsbereth, la fête du Feu, ou plus couramment nommée la fête des lumières, dûe aux nombreux chandeliers allumés pour l’occasion : chaque personne allait au temple allumer une bougie de sa flamme sacrée, et illuminait ainsi toute sa maison. De par son origine éternelle, la flamme des bougies restait allumée plusieurs jours avant de s’éteindre. Le premier jour, un grand feu de camp est allumé, et c’est l’occasion pour tous de se retrouver et festoyer ensemble, jusque tard dans la nuit. Plusieurs étrangers venaient également profiter de ce doux moment. C’est alors aussi l’occasion à chacun de méditer sur ses actes de l’année passée entre les deux fêtes. C’était sensiblement le seul culte de la ville. Dumbledelf annonça à nos amis que la fête allait avoir lieu dans moins de deux lunes et que, s’ils étaient encore là, ils auraient alors l’occasion d’y participer et de l’apprécier, assura-t-il. Le groupe partit de l’endroit et prit un chemin qui les mena vers une partie dense et inhospitalière de la forêt. Il était très difficile de s’y frayer un chemin et pourtant l’elfe ne ralentissait guère: comme s’il savait précisément où il pouvait marcher. Nos héros, eux, eurent moins de chances et il n’était pas rare que l’un d’eux tombe à cause de branches ou lianes ça et là sur le chemin. le parcours ne fut pas des plus long en terme de distance, mais l’hospitalité de l’endroit ralentissait la promenade offerte par le vieil elfe. Puis le petit groupe arriva dans un lieu enchanté, non loin du pied d’une montagne. En son centre et sur la quasi-totalité de son espace y régnait un arbre : le plus grand de tous. Il était lumineux, et les saisons ne semblaient avoir aucune influence sur lui car avait-il aussi bien des fruits mûrs que des bourgeons naissant sur ses branches. Tout autour de lui des fleurs vivaient en abondance. Cette sorte de clairière avait pour frontière un petit cour d’eau qui l’entourait. De l’autre côté de la rive la forêt était des plus impossibles à la survie de tout créatures non sauvages : et peut-être même de toute créature. Dumbledelf raconta qu’il s’agissait de l’arbre sacré de la ville, et qu’il était le plus vieux de toute la forêt. Ses fruits n’avaient aucun pouvoir mais ils étaient comestibles et consommables sous toute forme; toutefois étaient-ils réservés pour les pèlerins qui venaient par fois de très loin pour se ressourcer ici. Les plus vieux elfes de la cités comme Dumbledelf, lorsqu’ils n’étaient pas en ville pour participer aux conseils, se réfugiaient le plus souvent ici pour méditer. Le groupe s’en alla vite pour laisser paisible l’endroit.

 

De retour à la cité, et maintenant la visite terminée, le vieil elfe les amena devant l’auberge où ils pourraient y vivre le temps qu’ils voudraient à condition d’avoir de quoi payer. C’est alors que nos héros commencèrent à parler de pièces d’or, de pièces d’argent et de pièces de cuivre. L’elfe demanda à en voir et Lliliee accéda rapidement à sa requête, laissant l’elfe satisfait tout en étant perplexe. Il rendit alors ses pièces à la demoiselle et, gêné, dit :

 

-Je suis désolé mais ces pièces ne sont plus d’usage depuis au moins dix-neuf siècles dans notre territoire. J’ignore comment vous avez pu en avoir d’aussi parfaitement conservées, mais Lifdälinn a son propre système monétaire.

 

-Je suis sûr qu’il y a une histoire derrière cela, dit alors Shqnks sur un ton amusé, sans avoir réellement saisi l‘ensemble des mots lancés précédemment.

 

-Vous ne croyez point si bien dire, rétorqua l’elfe.

 

-Dix-neuf siècles? J’ai payé des affaires avec cette monnaie il y a quelques jours ! Je ne sais pas où se trouve réellement Lifdälinn, mais à Stendel on paye avec cette monnaie. Répondit alors Gamwi, l’esprit confus.

 

-Oui nous aussi avant de nous mettre en chemin nous avons utilisé cette monnaie au Refuge; n’est-ce pas Shqnks? Demande Lliliee en regardant son ami qui semblait digérer avec lenteur la réponse que l’elfe lui avait donnée.

 

-Euh… Oui ! Répondit-il alors, pensif.

 

-Vous me parlez comme si vous veniez d’une autre époque, savez-vous? Stendel et son empire ne sont plus depuis bien des siècles, mes enfants. Le Nivem avait gagné en puissance durant le millénaire dernier. Mais son empire eut finit par s’effondrer également. Vos pièces sont prisées par les collectionneurs car elles sont le souvenir d’une ère. Quant au Refuge… Ce nom ne me dit rien.

 

-Bien sûr et bientôt vous allez nous dire que tous les quatre nous venons du passé et que le portail que nous avons emprunté -qui a d’ailleurs disparu- nous a amené dans le futur ! Cela n’a pas de sens ! Protesta Gamwi. Séreina posa alors une main sur l’épaule de Gamwi la plus proche et lorsque ce dernier se tourna vers elle, elle l’invita du regard à se calmer. C’était la première fois qu’il avait un contact physique avec elle, et il sentit une certaine froideur, mais également de la paisibleté. L’effet fut immédiat, et la jeune femme le lâcha avec un sourire. Shqnks, lui, bien qu’impatient de savoir comment ils allaient faire pour se loger demanda à l’elfe de leur raconter l’histoire de la monnaie de la ville. Le vieillard le gratifia d’un sourire et débuta :

 

-Aux environs de la cinquantième année de la ville, nos fondateurs étaient devenus âgés. Un jour un voyageur affamé arriva sur la place de notre marché et alors s’approcha d’une vendeuse pour lui demander de la nourriture. Le malheureux n’avait malheureusement plus rien sur lui pour payer la moindre once de nourriture. Cependant il possédait deux objets : une broche entièrement en or faite, fine, au dessin d’une feuille, ainsi qu’un lourd bracelet d’argent pur. Le troc étant quelque chose qui ne s’était vu depuis longtemps au sein de notre ville, la jeune vendeuse demanda alors de l’aide. Quelques minutes à peine plus tard les trois fondateurs étaient là pour étudier la question, car le monde s‘en remettaient à eux pour la moindre impasse. Alors Heillardî, la fondatrice, invita le jeune voyageur à la fonderie de la ville pour y faire évaluer ses objets. Le dirigeant de la fonderie, qui était l'un des fils de Canuin, le fondateur menuisier, examina les pièces, les pesa et fit bien d’autres choses pour connaître leur valeur réelle. Et il se trouva que cette broche d’or en forme de feuille avait la même masse et quantité d’or que deux cents trente-cinq et quarante-cinq pour mil d’une pièce d’or commune telle que celles que vous avez dans vos affaires. En outre il convertit sa valeur à vingt-trois pièces d’argent et cinquante-quatre pièces de cuivre et demi. Le bracelet lui pesa pour neuf pièces d’argent et soixante-et-une pièces de cuivre précisément. Et sans raison, le troisième fondateur, Manarquen, racheta au voyageur pour cent pièces d’argent ses bijoux transformés et déformés par les employés de la fonderie. Il fit faire une note à la marchande de tout ce que le voyageur choisirait dans son échoppe afin de payer lui seul. Ainsi les conseillers s’en allèrent retourner à leur travail. Notre voyageur, lui, gêné par le geste du dirigeant Manarquen, n’acheta que peu de choses. Il décida néanmoins de s’installer dans la ville où il y vécut jusqu’à ses derniers jours. Quant aux jours qui avaient suivi cet épisode, nos fondateurs se terrèrent dans leur palais à travailler. Personne ne les voyait réellement, et souvent le monde entendait des cris de colères. Après cela un décret fut appliqué : la cité adopterait sa propre monnaie courante, qui serait plus forte que la pièce d’argent. Et c’est ainsi que naquit la feuille d’or dont la valeur était la même que la broche proposée par le voyageur à la marchande. Il y eu aussi la feuille d’argent qui avait la même valeur que le bracelet. Une troisième pièce vue le jour. Elle était de moindre valeur, car il fallait bien garder des prix justes. Cette pièce prit le nom du voyageur qui fut à l’origine de ce changement économique : le mynt. Ainsi la cité vivait à présent avec la feuille d’or qui valait quarante-neuf mynts, et la feuille d’argent qui en valait vingt. Et pour ajuster les prix la cité avait des pièces de un, cinq, et dix mynts. Un mynt valait alors à l’époque environ quarante-huit pièces de cuivres. La ville eut donc de créer un atelier de monnayage, et un bureau de change pour les étrangers qui venaient. Et en prenant de légères commissions à chaque échange de monnaies, la ville s’enrichit très rapidement. En moins d’une demi-décennie une sphère économique s’était formée et protégeait la ville s’était formée autour d’elle. La première fonderie communautaire se convertit également en atelier de monnayage, tout en gardant sa spécialité de base, afin de satisfaire la demande et les besoins. Bien des monnaies courantes finissaient par perdre de leur valeur au cour des siècles passés. Et alors certaines communautés se mirent à adopter notre système qui est l'un des plus répandus de nos jours. Il reste inchangé si ce n’est que la pièce d’un mynt n’existe plus : il y a un siècle de cela son coût de fabrication valait quatre-vingt pour cent de plus que sa valeur monétaire. Nous avons réagis assez rapidement afin d’éviter toute mauvaise conséquence. Quoiqu’il en soit, si j’en lis dans vos yeux, ce système monétaire qui vous semble incompréhensible vous paraîtra bientôt évident, si tant est que vous restiez parmi nous un peu de temps. Je vous invite à me suivre à la fonderie historique de la ville. Le monnayeur, qui est le dernier descendant humain de nos fondateurs, et le seul humain de la ville, saura convertir votre monnaie sans le moindre surcoût je vous l’assure.

 

Ils allèrent ainsi à la fonderie où il rencontrèrent Nauranc, le monnayeur officiel de la cité. Ce dernier, voyant ce qu’avaient à lui donner nos héros, ne prit que le nécessaire pour qu’ils puissent subvenir au moindre de leurs besoins pour une semaine. Il refusa de fondre davantage de ces pièces dont les collectionneurs les plus passionnés vendraient tout pour s’en acquérir. Il leur acheta ainsi à titre personnel une pièce chacun ce qui fit vite quadrupler ce qu’ils possédaient déjà. Il les invita ce soir là à dîner et dormir chez lui. Sa maison était modeste, selon lui, mais le gîte et le couvert étaient gratuits : c’était son cadeau de bien venue. Les voyant entre de bonnes mains, Dumbledelf laissa les quatre compagnons pour vaquer à ses propres occupations. Le repas était bon pour chacun et pourtant aucun de nos héros n’eut l’impression de manger la même chose : les parfums étaient tant diverses que même Gamwi fut pris par cette illusion. Le plat principal était une soupe dont seul le brave Nauranc connaissait la recette et qu’il gardait non point par orgueil : mais pour offrir l’opportunité à quiconque voulait la goûter de se retrouver à sa table. Cet homme vivait seul depuis dix ans. Sa femme était morte en couche, et son fils, avait disparu alors qu’il n’avait que neuf ans, un soir où notre fondeur rentra plus tard. Les recherches avaient conclu à un enlèvement cependant ils ne trouvèrent jamais la moindre trace de l’enfant, et aucun signe de vie n’eut jamais été donné. Cette confession, l’homme la fit alors qu’il venait de boire plus qu’au demeurant. C’était un homme triste. Toute la ville le savait triste. Et tout le monde le respectait grandement car chaque jour il se levait et affichait un sourire qui se voulait vrai. Personne ne pouvait l’aider. D’aucuns avaient essayé, mais ce fut en vain. L’homme était éternellement inconsolable. Alors que la gêne s’installait face à la confession du presque ivre personnage, Gamwi dit alors, après de longues observations :

 

-C’est marrant mais Séreina et vous avez des expressions de visages et de gestes identiques. D’ailleurs Séreina, vous ne vous avez jamais réellement parlé de vous. D’où venez-vous? Qui sont vos parents? Demanda-t-il alors. Bien qu’il venait de créer un malaise avec ses questions, il semblait vouloir avoir à tout prix une réponse de la part de Séreina, qui avait sur elle fixés les yeux de tous alors.

 

-Ils sont morts. Répondit-elle sèchement en faisant voyager son regard. Elle partit se coucher sans plus qu’un mot ne sorte de sa bouche.

 

Alors les regards foudroyants de Lliliee et Shqnks s’abattirent sur Gamwi, qui les ignorant, se plongea dans de profondes réflexions, qu’il garda alors pour lui. L’artisan s’endormit à table, pensant à son éternel malheur, l’air coupable. Nos trois héros le soulevèrent et l’emmenèrent dans sa chambrée. Puis ils se quittèrent. La soirée s’arrêta là. Chacun parti dormir de son côté.

 

Le lendemain matin tous se parlèrent comme si le troublant épisode de la soirée précédente n’eut jamais eu lieu. Et c’est dès le lever du soleil qu’ils partirent afin de ne pas perdre le moindre temps tant pensaient-ils avoir de choses à faire, hâtifs qu‘ils étaient. Ils allèrent à l’auberge et réservèrent quatre chambre pour les sept jours à venir, puis se séparèrent en se donnant rendez-vous en ce lieu le soir même. Gamwi partit chercher une formation en joaillerie. Visitant ateliers et boutiques, il comprit rapidement que s’il voulait connaître un maximum de choses il allait devoir suivre plusieurs formations. Alors il se dirigea vers l’atelier le plus proche de son point de réflexion et fit la rencontre avec son chef. Ce dernier lui demanda alors une certaine somme que Gamwi ne comprit pas car pas encore initié avec la monnaie qu’ils devaient utiliser. Alors il présenta une pièce d’or de son monde et l’elfe accepta de le former sans demander plus. Moins de chance pour Shqnks, il du offrir une pièce d’or, une d’argent, et une de cuivre pour pouvoir faire sa formation en menuiserie. Lliliee et Séreina se séparèrent au marché. Lliliee partit à la bibliothèque pour s’instruire sur la ville et son histoire. Séreina quant à elle cherchait quelques petits travaux à effectuer pour gagner de quoi vivre. Le soir ils se retrouvèrent tous à l’auberge et dinèrent ensemble, avant d’aller se coucher. Et c’est ainsi que des jours et des jours passèrent. Ils étaient pratiquement tous identiques pour chacun : Gamwi et Shqnks partaient à leur formation tous les matins pour ne revenir que le soir. Gamwi passait de maître en maître à chaque fois que le dernier eut fini de lui enseigner tout ce qu’il savait. Shqnks n’en connut que deux au total qui lui permirent de maîtriser son nouveau savoir comme il l‘avait souhaité. Lliliee passait essentiellement ses journées à la bibliothèque à lire des ouvrages concernant la cité et ses elfes, ainsi que tout ce qui pouvait être en rapport de prêt ou de loin. Cette histoire de temps la perturbait énormément car quoiqu’elle pouvait lire, ils semblaient être arrivés, via le portail, dans le futur. Des recherches furent alors entreprises afin de comprendre le phénomène et d‘essayer de le réparer. Ce faisant, nos trois héros cherchaient néanmoins de leur côté un moyen de retourner chez eux, car ils savaient qu’ils ne pourraient rester éternellement ici, et surtout qu’ils avaient envie de revoir ce et ceux qu’ils avaient laissés. Mais ils étaient prévenus que la magie des portails étaient puissante et majoritairement incomprise. Les portails temporels étaient les plus puissants car le temps était de nature incontrôlable. D’aucuns des chercheurs disaient qu’il fallait un niveau de magie si puissant pour créer de tels portails que le sacrifice d’une ville entière voire même d’un dragon pouvaient être nécessaires. Séreina quant à elle était de plus en plus distante avec les trois amis. Elle devenait de plus en plus solitaire. Et, alors qu’ils dînaient tous ensemble et se racontaient leur journée, certains soirs restait-elle seule à écrire ce qu’il semblait être des lettres. Mais jamais rien n’était envoyé nulle part, ce qui était normal. Lliliee passait également énormément de temps avec les elfes de la cité afin de comprendre davantage leur façon de vivre. Elle fut véritablement adoptée par la communauté. Elle aimait surtout aller dans les écoles pour enfants car ces petits êtres lui étaient chers. Elle aimait jouer avec eux : plus qu’une grande sœur, elle était devenue comme une seconde mère pour certains d’entre eux. Un jour, alors qu’elle allait rentrer en classe pour assister à un cours de Hillingar, elle croisa Dumbledlef qu’elle n’avait pas vu depuis un bon moment. Ce dernier était en effet partit se retirer à l’arbre sacré afin d’en revenir refait. Elle prévint alors Hillingar et salua les enfants déçus de la voir partir. Puis notre héroïne s’approcha de lui, ils se saluèrent, demandèrent des nouvelles avant que la jeune femme n’en vienne au but initiale de son intervention :

 

-Et bien voilà, il est une chose que j’ai du mal à comprendre et dont aucun livre ne fait mention : les trois fondateurs étaient humains. Pourtant, à en juger les dates de décès, Manarquen serait mort quatre cents sept ans après la fondation de la ville alors que Canuin soixante ans après et Heillardî quatre-vingt-un ans. Et tous les textes sont identiques sur ces dates. Je ne comprends. Comment un humain peut-il vivre autant de temps?

 

-C’est une chose qui n’est pas écrite dans les textes officiels pour des raisons voulues, mais il s’agit avant tout d’un secret de famille dont la famille est cette ville toute entière. Manarquen était un semi-elfe. Il ne le savait pas. C’est au deux centième anniversaire de la mort de Heillardî qu’il entreprit des recherches sur lui-même et sur ce qu’il était. Avant cela il ne comprenait pas pourquoi le temps ne l’affectait pas, et pourquoi ses amis l’avaient quitté si tôt; mais il continuait d‘œuvrer pour la ville, créant un certain culte et un mysticisme autour de ses défunts amis fondateurs. Si d‘ailleurs aujourd‘hui certains puissent parler d‘eux comme s‘ils avaient un côté divin, ils doivent leurs pensées uniquement à l‘amitié qu‘il avait pour eux. Sa mère était une elfe de sang pur, et son père un humain. Un médecin s’était alors occupé de tailler ses oreilles pour qu’elles soient comme celles des hommes. Suite à cela, il a vécu avec des elfes qui le traitaient en humain qu’il semblait être. En sorte, son sang elfe lui avait toujours été caché. Les semi-elfes meurent en général entre cinq cent et cinq cent cinquante ans. Il mourut bien plus tôt des suites d’une maladie. La seule personne encore vivante à ce jour qui l’ait connu est son petit-fils, qui porte son nom, Manarquen. Son grand-père est mort alors qu’il n’était qu’un petit enfant de quarante ans. Actuellement en voyage, il entame son mil cinq cents quatre-vingt treize printemps et ce malgré son huitième de sang humain. Je fais moi-même plus vieux que lui, alors que près de six cent ans nous séparent. Songea-t-il alors, comme attristé. Je pense en avoir trop dit pour une étrangère. Néanmoins si vous voulez en savoir plus sur les secrets de ce fondateurs, parlez-en à son arrière-petit fils Hillingar, ou bien attendez le retour du père de ce dernier qui devrait arriver pour la fête des lumières. Je vous conseille cette option car les secrets de Manarquen semblent tabous pour Hillingar, alors que mon vieil ami les raconte comme s’il s’agissait de simples anecdotes ou souvenirs de famille.

 

La discussion continua encore un peu avant que les deux personnages ne se quittèrent, Dumbledelf devant rejoindre le conseil du jour, et Lliliee étant appelée par les enfants de l’école. Lorsqu’elle croisa son regard avec celui de Hillingar, elle comprit qu’il savait de quoi avait-elle principalement discuté avec Dumbledelf, et, bien que frustré, il lui sourit pour l’inviter à oublier ce moment. Ce soir là, Lliliee raconta en détail sa journée à ses amis, alors que ces derniers, buvant ses mots, allaient de surprise en surprise. Et le quotidien redevint alors comme il l’était depuis quelques temps. Mais pas un jour, nos héros ne trouvèrent de l’ennui : il leur manquait, à en juger ce qu’ils disaient, du temps pour pouvoir faire tout ce qu’ils voulaient faire en une seule journée. Et le temps filait, les décades défilaient.

 

Se promenant sur le marché de la cité un soir, Shqnks s’arrêta à un étalage. Ce n’était pas tant les marchandises qui le firent s’arrêter bien qu’il contemplait celles-ci avec un intérêt -d’apparence. En vérité, ce qui l’avait amené à s’arrêter à cet étalage n’était autre que cette vendeuse qui dès les premiers jours l’avait attiré. Cette dernière s’approcha de lui. Ils se regardèrent une fraction de seconde avant que notre héros ne lance :

 

-Combien pour cette fleur?

 

La vendeuse sourit, et, amusée, répondit :

 

-Oh ! Je ne vous la conseille pas. Je vous conseille plutôt celle qui se trouve juste à côté, la blanche. Continua-t-elle alors qu’aucun des deux ne lâcha l’autre du regard.

 

-Et… Combien pour cette fleur alors? Demanda notre héro.

 

La vendeuse gloussa doucement. Son rire était pour notre ami cristallin et envoutant.

 

-Vous devriez revenir demain pour demander cela à son vendeur. De mon côté, si vous regardez mes produits, je vends essentiellement des bijoux.

 

Shqnks était confus. Il aurait frémi à l’idée qu’il eut d’autres témoins que cette jeune elfe à sa sottise. Rougissant légèrement de honte, il prit un bracelet aux mêmes couleurs que le collier que portait la vendeuse ce soir là. Il le lui montra et demanda alors :

 

-Combien pour ce collier?

 

-Pour vous, répondit-elle, cela ne sera qu’un baiser. Elle tendit alors sa joue. Notre héro approcha ses lèvres prêtes à baiser cette joue tendue vers lui. Mais au moment de l’impact entre ces dites lèvres et la peau de la joue de la jeune elfe, elle entreprit une rotation de son visage et ainsi les deux jeunes gens s’embrassèrent. Elle lui murmura alors une invitation au creux de l’oreille.

 

Il ne resta plus qu’à Shqnks d’attendre la fermeture du marché, chose qu’il fit, en se posant sur un banc. Et c’est discrètement que notre jeune homme suivit l’elfe au moment venu. Ils marchèrent à quelques pas l’un de l’autre, silencieusement. Soudain, dans une rue, la voix d’un homme brisa le silence :

 

-Bonne soirée, Aelinda.

 

-Oh ! Bonne nuit à vous aussi, répondit alors la marchande qui se mit à presser le pas avant de disparaître dans l’obscurité.

 

Notre héro accéléra également la marche afin de ne pas la perdre de vue l’objet de sa convoitise cependant à chacun de ses pas une silhouette grandissait. Subitement fut-il violemment arrêté dans sa course par ce qui semblait être un coup de bâton. Ne comprenant immédiatement ce qui venait de lui arriver, Shqnks se leva et reprit sa marche avec frénésie. Cependant un nouveau coup l’arrêta. Alors la même voix qui avait souhaité une bonne soirée à la vendeuse disparue s’écria :

 

-Et où comptes-tu aller comme cela? Dis-moi, jeune aventurier?

 

-Ne le voyez-vous donc pas? J’ai une rencontre des plus courtoises.

 

-Je le vois bien ! Mais puis-je me permettre une certaine mais néanmoins pertinente réflexion? Demanda alors rhétoriquement le vieil elfe avant de poursuivre : Cette romance qui pourrait naître ne doit. Si l’on en croit les recherches effectuées pour vous ramener chez vous, tu viens du passé, d‘il y a deux milles années. Elle est de ton futur. Vos existences n’ont peut-être rien en commun néanmoins tu ne sais ce que pourrait causer pour ton propre avenir l’attachement que tu aurais à l’égard de cette jeune elfe. Tu es libre. Ton destin d’appartient. Tu décides pour toi-même. Mais prends garde aux conséquences de moindre de tes actes, et ce faisant, réfléchis donc : avant même de penser. Je te souhaite la bonne soirée. N’oublie pas avec tes amis qu’après-demain c’est la fête des lumières. La journée sera fériée, et le soir une fête sera organisée : tenue obligatoire. Dit alors l’elfe tout en s’éloignant de plus en plus.

 

-Bonne soirée, Dumbledelf. Répondit seulement Shqnks. Il rentra alors à l’auberge où ses amis l’avaient attendu toute la soirée pour manger. L’aventurier les salua et monta se coucher, le ventre vide. Ne comprenant ce qui lui arrivait, Lliliee et Gamwi n’insistèrent pas et se mirent à table tardivement. Ils furent silencieux durant tout le repas. Ils avaient déjà passé la soirée à discuter et se raconter leur journée, et l’état de leur ami les inquiétait.

 

Le lendemain nos quatre héros passèrent la journée ensemble. Lliliee avait finalement réussi à convaincre Séreina de venir avec eux. Elle n’aimait en effet pas la voir seule. Séreina lui semblait souvent triste et pensive, et elle voulait lui changer les idées. Le seul moment où le groupe n’était pas au complet fut quand ils partirent choisir leur costume pour la fête du lendemain. Les femmes abandonnèrent les hommes à la mi-journée sur la terrasse de l’auberge, après le repas. Ils ne se retrouvèrent que le soir pour souper ensemble. Séreina n’avait jamais semblé être si heureuse et épanouie qu’en ce jour. Lliliee était des plus ravies. Cependant Gamwi, lui, était moins enclin à la fête ce soir là. Quelque chose dans l’air le perturbait. Il ne savait ce que c’était, mais il percevait quelque chose qui était à l’opposé de toutes les émotions dégagées dans la salle de l’auberge ce soir là. Personne dans la ville ne se coucha tard.

 

Et vint enfin ce grand premier jour d’Eldsbereth. Hormis les professions nécessitant d’être au travail ce jour tel que les éleveurs ou encore les vendeurs, le reste de la ville se préparait à la fête qui serait donnée le soir. Dès l’aube de nombreuses personnes formaient une file indienne jusqu’à l’autel du Feu afin d’y allumer leur bougie. En fin de matinée tous les bâtiments brillaient de l’intérieur. Et bien que le soleil éclairait à la perfection ce jour là, les lumières sortant des fenêtres étaient parfois plus fortes. Les étrangers arrivèrent rapidement tout au long de la journée. Comme chaque année, l’auberge était comblée de monde. Shqnks et Gamwi eux étaient partis chasser avec les désignés du jour. Cette chasse donnait lieu également à un événement de moindre envergure : des jeux à la garnison et aux écuries surtout là pour amuser les familles ainsi qu’un départ en musique du convoi de chasseurs digne d’un défilé. Lliliee et Séreina, elles, étaient restées à la ville pour se rendre utiles ailleurs. Séreina avait la chasse en horreur. Quant à Llilliee, ce qu’elle répugnait était de tuer directement les animaux : construire des pièges et venir chercher le butin quelques jours après ne la dérangeait pas, mais voir un animal mourir devant elle, et ce de son propre fait était une idée qui lui était insupportable. Pour l’occasion il y avait un peu plus d’une quinzaine de chasseurs, contre à peine une demi-douzaine lors de jours habituels. Une fois enterrés dans la forêt, les chasseurs se séparèrent en groupe de trois à quatre personnes en se donnant un temps pour revenir. C’est alors que l’habituel concours débuta. Le but devint d’amener le plus de gibier. Ce n’était pas un réel concours : mais cela motivait les chasseurs pour pouvoir subvenir aux plus grands besoins des personnes présentes lors de la fête. Ce jour était si spécial que même des fruits de l’arbre sacrés étaient cueillis pour confectionner des plats spéciaux, préparés donc uniquement ce jour de l’année. La chasse fut bonne pour chaque groupe. Une fois tous retrouvés, les chasseurs prirent leur temps pour vider les gibiers de leurs entrailles qu’ils ne consommaient pas et raconter les anecdotes de leur chasse. Shqnks fut surnommé „le sanglier” pour avoir tué d’un seul coup de lance un sanglier qui chargeait un de ses compagnons de chasse. La bête était imposante pour son espèce, et nul doute qu’elle nourrirait un grand nombre de personnes. L’acte en lui-même n’avait rien d’impressionnant, mais chaque chasseur était vanté par les membres de son groupe. Gamwi lui n’eut pas de surnom, mais il avait reçu les félicitations bien basses des chasseurs de son groupe pour avoir tué au loin un daim qui courait. Dans son groupe seul lui l’avait senti, entendu, et presque vu. Le daim lui-même n’avait conscience de l’existence des chasseurs. C’est alors que notre héro décocha une flèche à travers les arbres. Le prenant tout d’abord pour un fou, ses compagnons restèrent surpris par la découverte de l’animal transpercé par la flèche. Ce fut pour eux une belle leçon de chasse. Tous les groupes ramenèrent entre deux et trois gros gibiers, et quelques petits gibiers égarés par ci et par là. Tous à l’exception d’un qui tardait à revenir. Ce dit groupe ramena alors un seul gibier : un ours. Ils expliquèrent que, traquant une biche, un ours se mit à les agresser pour avoir été sur son territoire. Ils s’en sortirent avec seulement un blessé, et décidèrent d’arrêter leur chasse là. Ce qui leur fit perdre beaucoup de temps a été, non pas de vider la bête, mais de la soulever pour la poser sur la charrette, et d’aider le cheval à tirer cette lourde charge. Et naturellement ce groupe fut en tête du convoi lorsqu’ils rentrèrent à la ville. Le butin fut très rapidement confié aux cuisiniers, et tous les chasseurs se saluèrent. Shqnks et Gamwi s’en allèrent hâtivement à leurs appartements pour se nettoyer et se préparer pour la fête qui allait commencer d’ici peu. Gamwi s’habilla d’une chemise au tissus léger et d’un bleu plutôt foncé. Les manches étaient larges tout le long des bras et se refermaient sur les poignets. Par-dessus il enfila un pourpoint sans manche dans les mêmes ton. Pour le bas avait-il choisi un simple pantalon de soie noir et des bottes en cuir toutes aussi noires. Shqnks, lui, portait une chemise blanche aux manches étroites ainsi qu’un gilet rouge et noir. Son pantalon était noir et ses bottes d’un beige plutôt doux. Enfin prêts, nos compagnons s’offrirent un verre avant de rejoindre la foule dehors, près de feu qui allait être allumé. Ils arrivèrent d’ailleurs sur place alors que les flammes atteignaient des hauteurs de cimes des arbres. Tous deux furent stupéfaits par ce spectacle. Les gens commençaient à chanter et danser. Certains buvaient, d’autres mangeaient : tout le monde festoyait. Mais alors qu’ils cherchaient leurs amies au loin, ces dernière apparurent devant eux; Et s’il était une chose auparavant qu’ils avaient pu trouver magnifique, cela n’était plus rien comparé aux deux belles femmes qui se présentèrent à eux. Elles portaient toutes les deux des robes sensiblement identiques : un tissu opaque et flottant entourait leur corps du haut de leur poitrine tel un léger bustier jusqu’à leurs genoux. Cette partie était alors cousue à de longues et larges manches qui pendaient au niveau des poignets et se rejoignaient, tel un châle, au niveau de leur dos. Le tissu des manches était alors des plus légers et transparent. Lliliee avait sa robe dans des tons bleus, et Séreina dans des tons verts. Cette dernière avait un chignon joliment dessiné maintenu par des fleurs tandis que Lliliee avait ses cheveux relâchés, ondulant à la perfection. Toutes deux portaient des couronnes faites de fleurs et en offrirent à nos deux amis qui les mirent : car tout le monde en portait. Mais ce qui envoûtait le plus nos deux compagnons était surtout le parfum que dégageait ces deux jeunes femmes. Gamwi reconnaissait chacun des composants des notes et notamment cette violette et cette rose en notes de cœur qui dominaient. Il sentait le cassis passé, comme la vanille à venir. En réalité Gamwi distillait plus ce parfum qu’il ne savait l’apprécier mais le savourait néanmoins posé ces deux jeunes femmes, au contraire de Shqnks qui ne voyait en elles plus que des fées. Il fallut un assez long moment pour sortir nos enivrés personnages de leur rêverie mais hélas, bien que revenus à eux, ils ne trouvèrent de mots pour exprimer la beauté qu’ils contemplaient. Gamwi réussit néanmoins un compliment en les disant magnifiques. Tentant de se remettre de leurs émotions, les deux hommes furent entraînés par leurs deux nymphes amies afin de profiter de la fête. Il y avait des quantités et apports de viandes et de boissons impressionnants, mais l’excès n’était pourtant pas au rendez-vous. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, nos héros se mirent à danser avec les elfes, et chanter avec eux. Les chants étaient tous en cette langue elfique que l’on retrouvait dans le livre que nos héros du départ avaient trouvé à la bibliothèque du Refuge de Pan. Cependant cette même langue était morte depuis des siècles, et seuls des mots d’usage courant et ces chants lui donnaient l’éternité. Une transcription facilitée d’un chant récurant au court de la soirée donnerait ceci :

 

Ah vokrug Eldinn, my linnja pesni

Noch er dyrmætur, thadh ne kemur en

I ir Eldurinn bremmur dil praha

Sijadh himininn, medh svoim elinn

 

Adorn in dol medh blómvenkami

Ah vokrug Eldinn, er svag adh tancje

Vaj tancje, linnja, er nasha líf

Ah vokrug Eldinn, mechty svífa

 

Et bien que nos amis ne comprenaient le moindre mot qu’ils chantaient pourtant, ils ressentaient et dégageaient cette même joie et cette même ferveur que les elfes qui les avaient accueillis. Lliliee et Gamwi apprécièrent tout au long de la soirée ce bonheur qui émanait de Séreina. C’était réellement la première fois qu’elle paraissait vraie et épanouie. Lliliee était heureuse de la voir ainsi, et espérait que cette soirée l’aurait changée. Quant à Gamwi, il ne percevait plus rien de troublé venant d’elle : il n’y avait plus rien de perturbant. C’était à croire qu’il avait fallu cette fête pour permettre à cette jeune femme d’oublier peut-être un passé lourd, ou un fardeau. Elle rayonnait : elle vivait. Shqnks, lui, avait son regard souvent dirigé vers la jeune elfe de l’autre soir. Il était tiraillé entre son désir et le discours de raison que lui avait offert Dumbledelf. C’est après quelques verres que sa fougue vint à lui, et qu’il décida d’aller la voir, cette elfe qu‘il avait voulue courtiser. On ne les revit plus de la fête. Il se faisait bientôt tard et la moitié des personnes était déjà partie. Le feu continuait de brûler, même si ses flammes avaient depuis le début grandement diminuées en taille. La fête pourtant était encore là, et le silence était aussi inexistant qu’à son début. Amoindrie de sa vigueur, Lliliee décida alors d’aller se coucher. Séreina et Gamwi en firent autant. Et nos trois amis s’en allèrent ensemble à l’auberge. Bien que le silence ne revint réellement que peu de temps avant l’aube, tous dormirent paisiblement. Le lendemain matin ils petit-déjeunèrent ensemble, Shqnks y compris, et la vie reprit son habitude.

 

Un soir, l’un des derniers de la fête des lumières, alors que déjà plusieurs bougies dans la ville étaient éteintes, quelqu’un entra chez le monnayeur de la cité. Le nuit était plus obscure qu’à l’accoutumée et régnait-il un calme des plus étranges. Ce soir là notre fondeur travaillait sur son établi dans son salon. Cet homme qui vivait seul depuis maintenant une décennie se vouait corps et âme à la tâche pour occuper son esprit tourmenté et oublier son passé.

 

-Qui êtes-vous, dit-il, que voulez-vous? Alors cette personne qui était auparavant entrée se décapuchonna. Oh c’est vous ! Que voulez-vous? Il est tard mon enfant.

 

-Mon enfant? Répondit alors la personne, à la fois surprise et emplie de sarcasme. N’aviez-vous point un fils jadis? Demanda-t-elle alors.

 

-Si mais–

 

-Ne mentez pas ! L’interrompit la personne en criant. Les deux protagonistes se regardèrent alors un moment ou le silence était à l’apogée de son règne. C’était une fille, n’est-il point?

 

-Qu… Co… qui vous a dit cela? Bafouillait le monnayeur.

 

-Il se trouve que je l’ai connue après son officielle disparition... Cette fille dont vous avez cachée le sexe à tous durant des années car vous ne souffriez de n’avoir aucun héritier mâle. Alors vous l’avez déguisée toutes ces années en garçon. Vous avez fait d’elle une chose qui était à l’opposé de ce qu’elle était.

 

Voyant alors la réaction de surprise et d’angoisse sur le visage de l’homme et aussi la profonde interrogation qui se lisait à la perfection dans ses yeux, elle continua :

 

-elle est morte. Oh ! Ne vous en faîtes pas : je ne l’ai pas tuée. Elle ne s’est pas même donnée la mort. Elle n’est pas même morte physiquement, la fille que vous avez abandonnée dès la naissance. Elle s’est transformée telle la larve forgeant autour d’elle une chrysalide et ne sortant qu’une fois finie en papillon. Au jour d’hui je suis là, devant vous.

 

-Athelas?!

 

-Il n’est plus d’Athelas ! Maintenant c’est Séreina. Je vous l’ai dit : votre fille est morte.

 

-Athelas si seulement tu pouvais me pardonner, sortit alors, tout fébrile, l’homme. Depuis que tu es partie, il n’est un jour qui passe sans que je songe à toi et que je regrette tout ce que je t’ai fait endurer.

 

-Il est trop tard pour se laver de ses erreurs, répondit alors Séreina de façon véhémente. Il n’y a plus de place pour le pardon.

 

-Athelas ! Poussa le monnayeur. Mais il n’eut le temps de finir sa phrase qu’une lame d’obsidienne faite vint alors le transpercer à plusieurs reprises. L’homme agonisa en silence, les yeux remplis des larmes qu’il n’eut jamais eues. Il regardait alors son assassin. Il tendit le bras vers son visage et du revers de ses extrêmes phalanges, lui caressa la joue. Il mourut rapidement non sans murmurer douloureusement un „pardonne-moi Athelas, je t‘aime” mais il s’effondra en douceur, le mouvement de la chute de son corps accompagné par la personne qui l’avait assassiné, qui semblait avoir eu un instant d’humanité, comme si la petite Athelas n’avait jamais réellement cessé d’exister et qu’elle voulait soutenir son père qu’elle aimait dans cette épreuve endolorie. Séreina ferma les yeux et baisa une joue du corps sans vie. Elle s’éloigna jusqu’à ce que sa silhouette disparaisse totalement dans la nuit obscure. Ce soir là, plus une seule lumière n’éclairait la maison.

 

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Chapitre 2, seconde partie:

 

Le corps fut découvert le matin même. Nos quatre héros furent très vite accusés car en deux mille ans la ville n’avait jamais connu d’histoire de meurtre : et cela fut vérifié lorsque les enquêteurs fouillèrent les archives. Aucun habitant de la cité n’aurait jamais osé commettre le moindre petit délit en ces jours sacrés et ce, sans aucune crainte de quoi que ce fut : mais c’était une question de principe, vis-à-vis de leur culte. Et pour finir nos amis étaient les seuls étrangers alors en ville au moment des faits. Le jour même le conseil exceptionnel décida de les faire surveiller, et le lendemain ils furent arrêtés. On les amena au palais des fondateurs, les mains attachées derrière le dos, et on les jeta alors au sol devant les onze seuls conseillers plus expérimentés dans le domaine de la justice. Et c’est, sous cette forme, que leur procès eu lieu. Ils n’avaient aucun droit de parole, aucun droit de se justifier : seuls les témoins défilaient toute la journée afin de témoigner en faveur ou en défaveur de chacun d’entre les quatre. La plus vite acquittée fut Lliliee, qui était pour ainsi dire adoptée par tous, et dont bon nombre de personnes se portaient garantes d’elles. Ce fut au tour de Séreina d’être blanchie, car ce soir là avait-elle passé toute la soirée chez des elfes qui jurèrent ne pas l’avoir quittée jusqu’à l’accompagnée à l’auberge au petit matin. Et une demi-journée passa ainsi. Les témoins continuaient de défiler, et les deux hommes restaient là, immobiles, sans qu’aucune de leurs envies ne soit satisfaite, pas même celle de boire. Ils avaient, le soir du meurtre, passé la soirée ensemble à l’auberge avec Lliliee, comme presque tous les soirs. Ils étaient monté ensemble et avait légèrement veillé en jouant ensemble de l’argent aux cartes. Puis ils se couchèrent lorsque la fatigue était plus forte que leur volonté de gagner quelques feuilles d’or supplémentaires. Ainsi Shqnks se savait innocent, et savait que Gamwi l’était également. Cette idée que l’un deux soit coupable alors qu’un meurtrier vaquait dans la nature l’énervait. Et plus le temps passait, plus il bouillonnait; ce comportement n’échappa au regard de personne et, lié au fait qu’il était le moins intégré à la société, car il ne connut que ses deux maîtres et sa formation lui prenait tout son temps, il fut reconnu coupable de l’assassinat. À la prononciation du verdict, Shqnks éclata de fureur, devenant agressif et insultant. Son comportement le rendait de plus en plus coupable à l’évidence pour tous mais notre héro ne pouvait s’imaginer qu’une ville qui n’avait jamais connu la guerre puisse avoir une justice aussi mauvaise. Voyant alors que son ami se vouait à une sentence qui allait de mal en pis plus il parlait, Gamwi haussa le ton, couvrant ainsi les cris de Shqnks, et se déclara coupable du meurtre. Shqnks se tut et cessa de bouger. Il regardait alors Gamwi, stoïque, silencieux : presque de marbre. Sa transe lui avait fait perdre toute énergie et c’est intérieurement qu’il se dit un grand „non !”. Il le savait innocent, il savait que cela ne pouvait être lui, et il ne comprenait ce qu’il venait de faire : pourquoi avoir choisi de se sacrifier à sa place? Shqnks avait toujours été méfiant envers Gamwi. Même si au fil du temps où il avait appris à l’apprécier, il gardait toujours une certaine distance vis-à-vis de ce personnage tombé des cieux. Il prit conscience subitement que le seul recul qu’il avait pris était vis-à-vis de la réelle définition de l’amitié. Gamwi fut alors amené, enchaîné, à prouver sa culpabilité en faisant une reconstitution de l’acte. Cette dernière allait être alors comparée à ce que les enquêteurs avaient défini pour ainsi le juger coupable ou complice. Traîné jusqu’à la maison de Nauranc, Gamwi se remémorait leur premier soir dans cette maison, alors qu'ils venaient d'arriver en ville le jour même. Lorsqu’on lui présenta l’intérieur, il avait changé depuis. Le sol était maculé de sang, tout était sombre. Sa perception des choses permit à notre infortuné de raconter la scène du crime comme s’il en avait été spectateur par simple déduction en regardant ce qu’il y avait autour de lui. La seule chose qu’il ne su dire aura été le nombre exact de blessures infligées à l’homme. Mais son simple „à plusieurs reprises” fut assez convainquant. Une chose que Gamwi remarqua en sus, et qu’il ne fit remarquer à personne, était une odeur qui flottait dans les airs. Il s’agissait d’un parfum qu’il connaissait bien : celui de Séreina. Toute personne a une odeur corporelle. Mais cette odeur est de manière générale si fine que peu de nez arrivent à la sentir ou à la comprendre. Gamwi n’avait pas le nez le plus fin. Mais lorsqu’une personne se parfumait, alors les fragrances se mélangeaient avec celle de son corps, créant ainsi un parfum unique et, via l’alcool qui le composait, perceptible par le nez de notre ami. Gamwi put apprécier ce qu’il restait du parfum du soir de la fête : ces notes de fond qui perdurent dans le temps. Il sentit entre autre de l’iris, de la vanille, de la racine de vétiver, mélangés au parfum naturel de la jeune femme. Les notes étaient si effacées mais pourtant si proches qu’il ne pouvait que malheureusement comprendre qu’elle était là, ce soir là. Qu’elle fût coupable ou non : elle était là à discuter avec l’homme. Sortant de la maison, traîné, il put l’apercevoir et alors les deux échangèrent leur regard. Séreina le regarda avec désolation et regret, Gamwi la regarda comme pour lui dire qu‘il savait quelque chose, alors le regard de la jeune femme se changea en peur.

 

Gamwi fut jeté dans une geôle, ses chaînes ne lui avaient pas été retirées. Son sort serait décidé dès le lendemain dans l’après-midi au plus tard : mais la mort l’attendait à coup sûr. Quant à Llillie, Séreina et Shqnks, ils furent bannis à cause du comportement véhément de ce dernier. La peur parla et en avait ainsi décidé. Séreina partit de son côté, sans dire le moindre au revoir à quiconque. Lliliee et Shqnks eurent tout juste le temps de préparer leurs affaires avant d’être escortés par des elfes armés jusqu’à une lieue de la ville environ. Ils marchèrent jusqu’à la nuit tombée. Chose intéressante et néanmoins surprenante : l’endroit où ils s’installèrent était, au pied près, celui où ils avaient éluent campement au début de leur aventure, soit deux milles ans plus tôt selon les faits. Mais ce détail leur échappa totalement. Ils venaient de vivre une difficile épreuve, et ne savaient pas s’ils allaient un jour pouvoir retourner chez eux. De son côté Gamwi reçut une visite pour le moins inespérée : une personne de noir vêtue avait réussi à s’infiltrer dans les prisons de la ville et à assommer les gardes. Elle était là, devant lui. C’était un homme, qui semblait pressé.

 

-Je suis là de la part de Séreina, dit-il. Je viens vous libérer. Il n’y a pas un seul instant à perdre !

 

Et de l’inconnu de défaire Gamwi de ses chaînes afin de l’emmener vers la sortie. Gamwi était sans volonté. Pour lui, suivre un inconnu vers une possible liberté dont il ne saurait quoi faire, ou attendre patiemment la mort venir enchaîné étaient deux solutions égales. Alors l’homme pensait pour lui, et le commandait, et parfois même devait le tirer pour le faire bouger. Les deux hommes firent à peine quelques pas qu’un bruit sourd agressa les oreilles de Gamwi. Un objet à grande vitesse transperçait l’air et se dirigeait sur eux. Notre héro se coucha alors à terre avant d’être rejoint par son sauveur, mort, une flèche dans la tête. Cette action ne dura qu’une once de seconde et pourtant il pourrait en être des heures à raconter chacun des détails. Gamwi utilisa le cadavre pour se protéger d’éventuels nouveaux tirs avant de s’enfuir vers sa cellule. Une fois rentré dans les prisons, il lâcha le corps et courut le plus vite que ses dernières forces lui permettaient de faire. Arrivé dans sa cellule, il se recroquevilla dans un angle, et ferma les yeux. Il passa le reste de la nuit à se faire battre par les gardes à tour de rôle. Pour ce qui est de son sauveur, son corps fut rapidement examiné avant d’être brûlé au loin de la ville. Néanmoins ils retrouvèrent sur lui une lettre qu’ils confièrent à Dumbledelf, alors toujours présent en ville. Dans cette lettre il était demandé à l’homme de faire sortir Gamwi de prison avant de le tuer en dehors et d’aller par la suite assassiner ses amis. Il n’y avait aucune signature. Lorsque le vieil elfe demanda à Gamwi de parler, pour éventuellement savoir si l’assassin lui avait dit des choses, notre héro était trop mal en point pour répondre ou même écrire. Il resta néanmoins dans sa cellule, et une patrouille fut envoyée à la recherche de Lliliee et Shqnks. Ces derniers avaient repris leur route dès l’aube, en direction de ce qui était pour leur époque le Refuge de Pan. Ce n’est pas qu’ils étaient curieux de voir ce qu’il y avait en ce lieu, mais ils n’avaient nul part où aller. Ils croisèrent sur la route un vieil elfe qui répondait au nom de Manarquen, le petit fils du fondateur du même nom, et qui se dirigeait vers Lifdälinn. Les trois protagonistes discutèrent, nos deux aventuriers lui racontèrent alors leur histoire avec Gamwi. Semblant intéressé, l’elfe les invita de façon exigeante et avec éloquence à monter dans sa voiture et à faire la route avec lui. L’elfe avait comme une intuition et il préférait garder ces personnes sous sa protection un petit temps. Quelques heures plus tard, presque à mi-chemin entre leur point de rencontre et la ville, ils croisèrent la patrouille de gardes envoyée pour ramener nos deux héros. Sur leur route, les gardes interceptèrent un nouvel assassin avec une lettre cachetée du sceau de Brakhmor, la ville humaine au Nord des terres de Lifdälinn, demandant la mise à mort de nos trois compagnons, précisant où il pouvait les trouver, notamment notre pauvre Gamwi dans les prisons. La lettre ajoutait en sus de tuer quiconque avait été payé pour faire le même travail. Et c’est en véritable convoi armé que tous reprirent la route de la cité elfique, attentifs au moindre bruit, l’assassin prisonnier enfoui sous des tonneaux.

 

La suite se déroula rapidement : une fois arrivés à la ville, Gamwi fut libéré dans l’attente d’un nouveau jugement sur ordre du conseil mené par Manarquen. Après lecture des deux lettres, Lliliee reconnut l’écriture de son amie Séreina. Elle était la seule parmi tous à avoir passé le plus de temps avec elle, et avait notamment déjà pu apprendre sa calligraphie. Tout était mélangé, rien n’était évident. Pourtant l’hypothèse gardée au fil des heures était que Séreina semblait être derrière cette histoire, et que pour une raison qu’ils ignoraient, la cité de Brakhmor était son alliée. L’assassin quant à lui avait réussi à se donner la mort en s’étouffant avec ses jambes. Il avait retenu sa respiration et s’était recroquevillé sur lui-même pour se stranguler. Et même si dans un élan de lumière il avait voulu arrêter, son processus était infaillible. Et dans un bouleversement de situation théâtral, alors qu’il ne l’avait pas encore vu, Manarquen reconnut au premier regard son grand-père en Gamwi. Il était le seul être encore vivant qui avait connu un fondateur, ce dernier étant un membre de sa famille. Et bien qu’il était jeune à la mort de son grand-père, il le connut et le côtoya durant quarante années. Et même si son grand-père avait toujours eu l’apparence d’un humain de soixante-soixante dix ans, et que Gamwi était là vieux d'une vingtaine d’années, le vieil elfe savait qu’il s’agissait de la seule et même personne. Personne ne tarda à conclure que nos trois héros étaient les trois fondateurs de la ville : Lliliee était Heillardî, Shqnks Canuin, Et Gamwi Manarquen. Et au pourquoi ces noms différents, le vieil elfe raconta que son grand-père fondateur donna des surnoms elfiques à ses deux amis en fonction du souvenir qu’il avait d’eux. Ainsi Heillardî était pleine de grâce et Canuin plein de courage. Personne n’aurait pu prévoir à l’époque que la langue serait morte en ces jours, et que seuls les surnoms resteraient. Cependant notre elfe garda le mystère sur l’origine du nom de Manarquen car il considéra que cela serait une aventure obligatoire pour Gamwi que de partir, un jour, à la recherche de son passé et qu‘il en savait déjà assez, voire trop. Ce soir là, ainsi que pour tous les soirs où nos héros resteraient, ils furent logés chez le descendant de Gamwi. Le lendemain des excuses officielles furent faites et les recherches pour les ramener dans leur époques doublèrent. Dès lors qu’ils marchaient dans la rue, tout le monde leur offrait le même respect qu’aux plus vénérés d’entres eux, sans jamais toutefois tomber dans l’obséquiosité.

 

Seulement quelques jours passèrent paisiblement. Très vite des menaces de guerre officielles de la ville de Brakhmor firent leur apparition. La panique et la peur gagnèrent peu à peu la cité elfique qui ne savait comment gérer cette situation alors que la guerre était imminente. Nos trois héros décidèrent adoncques de prendre les choses en mains et convoquèrent pour une entrevue pacifiste la personne qu’ils pensaient être derrière tout cela : Séreina. La rencontre eu lieu au cœur de la forêt, à la tombée de la nuit. Et chacun des deux camps tint parole sur les conditions : seuls Séreina et nos trois amis devaient être présents. Ils ne se saluèrent pas. Ils se regardèrent un long moment dans un silence absolu. Alors Gamwi débuta la conversation par une question :

 

-Pourquoi? Pourquoi, Séreina?

 

-Pourquoi? Vous osez demander „pourquoi”? Tout cela est de votre faute, tout cela est de votre unique fait. Si vous n’aviez pas fondé cette cité je n’aurais probablement jamais existé, et je n’aurais probablement jamais vécu cette vie d’enfer. Répondit Séreina. Maintenant que vous êtes prisonniers de mon temps, j’ai la certitude que rien ne se passera.

 

-Et pourquoi n’as-tu pas voulu nous tuer plus tôt alors? Demanda alors Gamwi, sur un ton sérieux.

 

-J’ai essayé ! J’ai écrit ce livre qui vous a amenés au portail que j’ai créé. Ma magie n’étant pas assez puissante, je ne pouvais vous atteindre directement, coincée à votre époque. Et pourtant j’ai essayé. N’avez-vous pas souvenir d’une tempête des plus impossibles? Et toi, Gamwi, n’as-tu pas le souvenir d’une flèche qui tua ton stupide oiseau et te fit hurler plus fortement que le grondement du tonnerre? Penses-tu réellement qu’une branche puisse avoir la puissance d’une lame? Et toi Lliliee, ce petit coin d’eau qui t’endormit seulement une demi-journée? Si je n’avais pas été épuisée par la création de mon portail l’eau t’aurait gardée endormie pour l’éternité et ton ami ne se serait aperçu de rien ! Mais cessons de parler d’échec puisque ma plus grande réussite est là, devant moi. Vous avez traversé le portail, et vous voilà perdu dans un autre temps.

 

Lliliee rétorqua alors :

 

-Mais qui te dit qu’en restant coincés dans cette période l’histoire ne se répètera pas?

 

-Je le sais, répondit sèchement Séreina. On ne vit qu’une seule fois. Cela sera peut-être une autre moi, cela sera peut-être quelqu’un d’autre, cela ne sera peut-être pas : mais ce ne sera pas moi .

 

Lliliee s’approcha alors d’elle, l’air compatissant. Elle lui dit :

 

-Mais cela ne changera rien à ton passé et ne modifiera pas ton propre toi : cela ne modifiera pas ce que tu es et ce que tu as vécu.

 

-Peut-être, répondit Séreina, anxieuse, mais au moins assouvirai-je mon désir de vengeance et, ajouta-t-elle, vous ne risquerez pas de fonder cette ville. Ni ici, ni jamais. Car, voyez-vous, vous allez mourir. Peut-être pas par moi, peut-être par l’un des simples soldats, peut-être par l’un de ces esclaves à qui j’ai promis l’affranchissement et la liberté la plus totale et qui des moins équipés de mon armées pourraient vous abattre d’un seul coup. Quoiqu’il en soit vous allez mourir : vous mourrez, et ceci, avec ma promesse. Demain, mes armées dévasteront Lifdälinn, et la cité disparaîtra pour de bon.

 

La rencontre s'arrêta là. Nos trois amis furent abandonnés par leur ancienne amie, devenue ennemie.

 

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Rôle Play

 

Chapitre 3, final:

 

 

Les échos des conversations résonnèrent bien longtemps dans les têtes des trois jeunes aventuriers. Tellement de choses venaient d'être dites avant la disparition de Sereina dans les feuillages que nos trois héros n’eurent pensé à réagir, à la retenir ou même à la poursuivre. Ils restaient plantés là, tels des marionnettes, sans bouger, sans parler.„Demain, mes armées dévasteront Lifdälinn, et la cité disparaîtra pour de bon”. La déclaration de guerre lancée si brutalement par Sereina, prévue de surcroît pour le lendemain ne soufflait aucune ambiguïté. Demain, la cité serait attaquée par les armées de Brakhmor et le peuple Lifdäléen n'était pas préparé. C'est Lliliee qui réagit la première, se dressant face à ses amis, elle prit une grande respiration et déclara :

 

–Allons prévenir Dumbledelf, il saura quoi faire !

 

–D'accord. Répondirent en cœur les deux jeunes hommes.

 

Ils se retournèrent alors et entamèrent une course des plus effrénée afin de se rendre au palais des fondateurs pour prévenir le conseiller Dumbledelf de l'attaque du lendemain. Gamwi, Lliliee et Shqnks suivaient ainsi leur route a travers les arbres et bientôt, ils retrouvèrent le chemin qui menait à l'arbre sacré. Si ils le longeaient, ils tomberaient directement sur Lifdälinn. Cette route qui semblait si belle à Lliliee lorsqu'elle avait eu l'opportunité de visiter la ville ne devait absolument pas perdre son aspect harmonieux et reposant. C'est pourquoi la jeune fille se jura tout au long du trajet de ne pas échouer. Shqnks quant à lui se délectait intérieurement de la bataille à venir. Lui pour qui le courage et la témérité n'étaient pas un manque ne pensait pas au risque, mais à l'adrénaline que produirait une bataille au côtés des elfes, pour la cité qu'il avait bâti. Gamwi n'était pas vraiment pensif, il avait adopté cette faculté qui lui était propre et qui consistait à se vider l'esprit des sentiments non essentiels pour ne garder que son objectif en tête, ce qui lui permit de clarifier très vite la situation pour le moins périlleuse en quelques secondes : Le lendemain tout se jouera, la bataille qu'il faudra absolument gagner sera sans doute meurtrière pour les deux camps, mais les elfes avaient leur atout : c'était leur forêt. Les hommes de Brakhmor dirigés par le Roi Fou auraient sans doute la force du nombre. Le combat n'était pas perdu d'avance, mais ils devaient avoir une arme secrète, car Sereina connaissait parfaitement Lifdälinn, et si elle avait prévu d'entrer en guerre, la jeune femme déjantée aurait pris en compte la domination des elfes dans leur milieu naturel. Quel serait donc l'arme secrète, la force cachée qui pourrait alimenter tant de détermination à lancer un combat?

 

Gamwi fut donc le premier à frapper en trombe à la porte du palais des fondateurs pour annoncer la nouvelle, alors que les deux autres le rattrapèrent en quelques secondes, à bout de souffle. Dumbledelf ne tarda pas à leur ouvrir et Gamwi prit la parole de manière à être le plus bref possible sans perdre un soupçon de compréhension. Il entreprit :

 

–Dumbledelf, les troupes du Roi Fou seront ici à l'aube. Il faut se préparer à la guerre, et rassembler tous les elfes aptes au combat. Ils seront nombreux, bien armés et je pense qu'ils ont une arme secrète.

 

Dumbledelf ne répondit rien et réfléchit pendant quelques courtes secondes. Il semblait totalement pris au dépourvu, lui qui avait toujours l'air sûr de lui, et dont on pouvait penser qu'il anticipait chaque événement qui pouvait subvenir avait perdu son assurance. Il tourna les talons, se racla la gorge et déclara :

 

–Fondateur Gamwi, amenez Ælfyr, le chef des armées je vous prie. Fondatrice Lliliee, restez avec moi pour nous aider à élaborer les plans de défense. Fondateur Shqnks vous vous occuperez quant à vous de réunir les volontaires à la Garnison et de leur annoncer la nouvelle. Tâchez de leur donner la volonté nécessaire à la victoire. Fondateur Gamwi vous rejoindra et nous nous retrouverons tous là bas quand nous aurons décidé ici de la démarche à suivre avec Fondatrice Lliliee et Ælfyr. Des questions ?

 

–Comment je saurais qui sont les volontaires ? Tenta Shqnks

 

–Ils iront à la garnison d'eux même.

 

Personne ne bougea

 

–Alors allez !

 

Shqnks et Gamwi regardèrent Lliliee qui suivait le vieil Elfe à l'intérieur du palais, se regardèrent dans les yeux, comme pour se souhaiter bonne chance, et filèrent chacun dans une direction opposée. Gamwi avait la mission de trouver le chef des armées Ælfyr qui était, d'après ce qu'il savait, près du lac de la ville. A cette heure tardive, il serait sûrement chez lui et l'arrivée du jeune semi-elfe serait forcément dérangeante, mais étant donné les circonstance, Gamwi ne pouvait qu'espérer que le chef des armées qu'il n'avait encore jamais rencontré serait quelqu'un de brave et honorable. Lifdälinn aurait besoin de beaucoup de courage de la part de chacun de ses habitants et le chef des armées se devait d'être à l'image du soldat parfait, sans peur et empli de sagesse, fort et brave. Bientôt il arriva à la porte de cet elfe qui ouvrit rapidement suite à la trombe de coups que Gamwi offrit à la porte qu'il savait appartenant au chef des armées. Ælfyr comprit rapidement la gravité de la situation et ne se retourna même pas pour prendre quelque affaire avant de suivre le semi-elfe à travers les rues qui menaient au palais. De son côté, Shqnks hurlait dans les rues d'une voix absolument essoufflée:

 

–L'heure est grave, … Guerre... Demain... Garnison !

 

Les elfes se demandaient ce que le jeune homme avait à hurler de la sorte, mais ceux qui saisirent le message si difficilement compréhensible expliquèrent à leurs voisins qu'une guerre était en prévision et qu'elle aurait lieux le lendemain. Shqnks fut bien heureux, quand il se retourna, de voir l'animation se faire dans les rues, et de s’apercevoir que la direction que prenaient les elfes était celle de la garnison. Les enfants étaient cependant interdit de combat et malgré les dizaines d'années de vie et maturité qu'ils possédaient de plus que Shqnks, il devrait sans doute freiner les désirs braves de certains jeunes elfes.

 

Shqnks décida, une fois toute les rues parcourues et une fois être persuadé que le message avait été saisi par toute la communauté, de se diriger vers la garnison. Lui qui était toujours resté passif face à son destin avait enfin l'opportunité rêvée de s'affirmer et de s'armer de courage pour une cause. Ce fait si souvent décrit dans les livres d'histoires n'était que plus valorisant dans la vie réelle, et le jeune homme se sentit si fier de lui à ce moment là qu'il ne put se retenir de sourire malgré les circonstances désastreuses. Il poursuivit donc sa route à travers les rues de la cité et arriva enfin à la garnison. La foule était dense et la clameur harmonieuse qui s'élevait de l'assemblée s'éteignit subitement, sans fausse note. Shqnks trouva une place légèrement surélevée afin de dominer ses sujets et déclara après avoir repris son souffle :

 

–Mes amis, je me tiens devant vous ce soir pour vous faire part d'une nouvelle terrible. Séreina s'est alliée avec la cité de Brakhmor et a convaincu son roi d'entrer en guerre.

 

Aucun bruit. Pris au dépourvu par l'absence de réaction, Shqnks se racla la gorge pour se donner une contenance. Il s'attendait à ce qu'il y eut de la stupeur et des cris stridents qui s’élèveraient de la foule mais rien : les elfes étaient à l'écoute, sages et concentrés. Certains avaient perdu de leur assurance, mais la gravité de la situation avait un effet totalement inverse à celui qui se produisait chez les humains. La terreur et la guerre produisait chez les elfes une attitude droite et stricte qui s'opposait à la détresse et à la perte de contrôle que l'on peut retrouver chez les humains. Shqnks poursuivit :

 

–Les troupes d'Épicouros le fou nous atteindront demain à l'aube, et ils auront pour objectif de raser la cité ainsi que tous ses habitants. A cette heure-ci, Dumbledelf, Ælfyr et Lliliee sont en train d'élaborer une tactique et seront là d'une minute à l'autre. En attendant, préparez les armes. Que les plus hauts gradés de la ville se chargent du sous commandement. Lifdälinn compte sur vous chers elfes et chers sang-mêlés. Battez-vous pour ce que vous aimez !

 

Aussitôt, les chemins de chaque personne de l'assemblée se croisèrent, mais aucun elfe parmi la centaine qui était présente n'entra en collision. C'était un spectacle d'organisation incroyable qui s'offrit alors aux yeux de Shqnks qui resta bouche-bée face à la cour de la garnison, toujours posté sur son estrade de fortune.

 

Au palais des fondateurs, Lliliee, Dumbledelf et Ælfyr s'étaient réunis dans la salle du conseil afin d'envisager la stratégie à suivre pour la bataille. La démarche à suivre était inhabituelle pour tout citoyen de la cité enchantée. A Lifdälinn, le conseil comprenait chacun des habitants depuis la mort du dernier fondateur, et malgré la présence quasi-continue de Dumbledelf au siège de la société, il n'était en rien un dirigeant, et pouvait assister au conseil qui le désirait. Cependant, l'aspect non commun de cette réunion-ci était la préparation à une guerre. Cela n'était jamais arrivé à Lifdälinn et malgré les aptitudes certaines des elfes pour le combat et pour l'organisation de ce dernier, le conseil restreint était une bonne chose. Lliliee prit la parole en première alors que les deux hommes réfléchissaient chacun de leur côté :

 

–Messieurs, je vous suggère de me faire part de vos atouts. De vos forces et des meilleures défenses de la ville pour que je puisse poursuivre ce conseil en toute connaissance de cause.

 

–Tout à fait madame la fondatrice, répondit Ælfyr qui se racla la gorge avant de poursuivre. Tout d'abord nous formons d’excellents archers. Même étant un peuple pacifique, nous n'avons jamais cessé de nous entraîner. Nous sommes également beaucoup plus agiles et habiles dans les combats en forêt. Leurs mages ont une grande réputation, mais les nôtres se nourrissent de l'énergie naturelle et nous seront donc plus à même de les terrasser.

 

–Et si ils mettent le feu à la forêt ?

 

–Cette forêt est sacrée Fondatrice Lliliee, les flammes naturelles et celles des mages ne peuvent pas faire de dégât. Tant que les arbres vivront, la forêt ne pourra jamais prendre feu.

 

–Dans ce cas je ne vois pas comment nous pourrions perdre, ni même nous inquiéter, répondit Lliliee.

 

–C'est pour cela que la piste de l'arme secrète est la plus probable et qu'il nous faut rester très prudent, rétorqua Dumbledelf.

 

–Alors à quoi pensiez vous quant à la stratégie à adopter Dumbledelf ?

 

–Rester dans la forêt est une obligation. Nous ne pouvons pas nous en écarter sous peine de perdre un de nos précieux avantages. Donc je pensais à préparer des éclaireurs qui nous informeraient de l'avancée des troupes ennemies. Nous désignerions ces éclaireurs à la garnison. Ensuite, nous adopterons une stratégie basée sur le camouflage et l'utilisation de la forêt. Les archers seront donc perchés, terrés derrière des buissons et des bosquets. Ils seront en première ligne afin de réduire le nombre d’ennemis avant qu'ils n'atteignent notre ligne d'épéistes qui se terrera dans la forêt jusqu'à surprendre les armées d'Épicouros. Un groupe de furtifs sera également envoyé pour contourner les troupes et frapper par surprise, déclara Dumbledelf

 

–D'accord, et que faire si ils trouvent le moyen d'embraser la forêt ?

 

–Alors nous serons perdus.

 

Gamwi avait atteint Shqnks à la garnison. Les différents corps d'armes s'étaient déjà dessinés et l'on pouvait voir chacun et chacune s'armer de son arc et de sa dague, ou de son épée et de sa côte de mailles enchantées. Pas de boucliers pour les elfes qui étaient si agiles et habiles qu'un poids supplémentaire serait plus encombrant qu'utile. Les deux si jeunes personnages s'étaient retrouvés et Shqnks ne pouvait cacher sa joie quand il vit son ami approcher de lui. Lui qui était d'un naturel plutôt réservé avait eu beaucoup de mal à prendre sur lui pour donner les directives à son peuple. Ou son futur peuple en réalité. Le fait de voir Gamwi le rassura au plus haut point et quand ce dernier lui demanda ce qu'il s'était passé, il dit avec fierté :

 

–Je me suis chargé de notre peuple mon ami !

 

–Bien joué Shqnks. Pendant que Lliliee et les autres sont entrain de préparer la stratégie au conseil, ça te dit qu'on aille voir à s'armer nous aussi ?

 

–Et comment ! S'écria Shqnks qui était tout excité à l'idée de se choisir un équipement elfique.

 

Gamwi prit les devant et se dirigea directement à la place où l'on distribuait les arcs et les flèches. Shqnks le suivit sans vraiment être motivé par cette partie là de la garnison, mais il avait assez été seul parmi les elfes pour la journée, ou plutôt pour la nuit, et la présence d'un humain, même si Gamwi ne l'était qu'à moitié, n'était que bénéfique pour son moral. Gamwi quant à lui se sentait tout à fait à l'aise au milieu des elfes et c'est donc avec une certaine facilité qu'il se fraya un chemin vers le présentoir des arcs. Quand l'elfe se chargeant de la distribution des armes aperçut le fondateur, il l'invita a approcher avec un grand sourire, ce que Gamwi fit. L'elfe lui dit :

 

–Fondateur Gamwi, permettez moi de vous attribuer le Hvítt Ljós, l'arc du feu blanc. Il enflamme automatiquement les flèches qui en sont décochées et une fois ces dernières lancées, elles émettent une lumière éblouissante jusqu'à devenir aveuglante pour qui voudrait la fixer. Elles aveuglent uniquement ceux vers qui elles sont orientez donc ne vous en faites pas pour vos alliés.

 

–C'est avec un immense plaisir que j'accepte votre cadeau. J'en ferais bon usage, je vous le promets.

 

L'elfe sourit et fit un signe de tête approbateur avant de retourner à sa tâche et distribuer les arcs et carquois aux volontaires qui désiraient être archers pendant la bataille. La plupart des chasseurs avaient choisi ce poste ce qui semblait logique étant donné leurs prouesses et leurs précision. D'autres, plus forts et trapus s'orientaient vers le stand des épées et sabres. Chaque arme était différente, il n'y avait pas de travail à la chaîne dans la création d'épées et chacune avait sa propre force. Les elfes épéistes se voyaient attribuer une épée en fonction de leurs attributions physiques et psychologiques évaluées par l'enchanteur Merlain qui s'occupait du stand.

 

Gamwi saisit son arc et l'examina. Il y avait des dessins blancs lumineux qui s' échappaient du manche de l'arme quand il le touchait ce qui intrigua quelque peu le jeune demi-elfe. Il se rendait bien compte intérieurement de la puissance qui émanait de cette arme enchantée et des dégâts qu'elle pouvait produire, et qu'elle produirait. Il avait conscience de la souffrance qu'il causerait avec une telle arme. Mais il n'avait pas le choix. C'était la guerre, et même les esprits valeureux et pacifiques tels que celui de Gamwi devaient commettre des crimes. Gamwi attacha l'arc enchanté à son dos, à côté de son carquois remplis de flèches et se tourna vers Shqnks qui lui souriait.

 

–Tu as de l'allure comme ça ! Lui déclara-t-il.

 

Shqnks et Gamwi s'approchèrent de l'enchanteur Merlain qui était en pleine étude d'un volontaire afin de lui attribuer l'arme qui lui conviendrait. L'elfe avait l'air sage, et quand il désigna la lame et qu'il la tendit à celui à qui elle était attribuée, l'interpellé était plus que satisfait et se dirigea immédiatement vers les pantins de paille afin de s'entraîner. Quand l'enchanteur vit arriver les fondateurs, il les salua poliment avant de leur déclarer :

 

–Fondateurs Gamwi et Shqnks, c'est un réel plaisir pour moi de vous accueillir à mon stand. Vous désirez tous deux une épée ?

 

–Non mon ami, répondit Gamwi, je serai archer durant la bataille. C'est Shqnks qui aura besoin d'une épée ou d'un sabre, pouvez-vous l'examiner s'il vous plaît ?

 

–Bien entendue ! Fondateur Shqnks, je vous en prie, approchez !

 

Shqnks n'avait prononcé le moindre mot tellement il était obnubilé par le nombre de pommeaux qu'il voyait dépasser du bac dans lequel les épées étaient déposées. Cependant, l'enchanteur se retourna et saisit une boite de bois incrustée de lettres d'or. Les caractères inscrits sur la boite ne permirent ni à Gamwi, ni à Shqnks d'en saisir le message mais son contenu devait être des plus précieux. L'enchanteur tendit la boite à Shqnks sans un mot, comme pour veiller à l'aspect solennel de la scène. Le jeune homme la saisit et la déposa sur l'étalage de l'enchanteur afin de l'ouvrir. Ce qu'il y vit lui tira l'un des plus grands sourires dont il n'eut jamais eu l'occasion de faire. L'épée qui était déposée délicatement sur un tissu des plus fins que le jeune homme n'avait jamais vu était si belle qu'il n'osa pas la toucher. Elle était toute blanche du manche à la lame, dotée d'un halo bleuté. Il y avait des inscriptions elfiques sur la lame et l'aspect magnifique de cette épée aurait fait rougir tout pirate qui la trouverait. Shqnks avait enfin trouvé son trésor, et il fût interrompu dans ses rêveries par l'enchanteur qui lui dit :

 

–Fondateur Shqnks, cette épée est votre désormais. Elle a été forgée par Chuknoryz le puissant il y a de cela des siècles et n'a jamais été utilisée jusqu'à ce jour. Le conseil Lyfdäléen à préféré la laisser de côté car sa puissance meurtrière est indomptable pour quiconque ne serait pas entraîné à l'épée...

 

Shqnks pensa alors à dire à l'enchanteur que sa maîtrise de l'épée n'était pas forcément à la hauteur de ses attentes, mais il préféra le laisser continuer :

 

–Quelque soit la matière qui se trouvera face à Òreidhu, sa lame n'en fera qu'une bouchée. On raconte même dans certains livres de légendes qu'elle trancherait le feu et l'eau. Mais comme vous pouvez vous en douter, il ne s'agit que de légendes. Seul le tissu enchanté qui se trouve dans sa boîte peut contenir les effets destructeurs de la lame. Enroulez là dans ce tissus avant de la mettre dans votre étui, car elle risquerai de le détruire.

 

–Bien, je vous remercie Merlain l'enchanteur. Je ferais bon usage de cette lame sacrée.

 

–Je le sais Fondateur Shqnks, je le sais...

 

Et le vieil elfe retourna à ses occupations, examinant les volontaires qui se présentaient à lui, et leur attribuant des épées ou des sabres en fonction de ce qu'il pensait leur convenir le mieux. Aucun des volontaires qui se présentaient à lui ne contestaient l'un de ses choix tellement la confiance qui régnait dans ce peuple était totale. Shqnks et Gamwi s'étaient retirés de la foule, l'un avec son épée dont la puissance dépassait l'entendement, l'autre avec son arc enchanté majestueusement meurtrier. Ils s'étaient tous deux assis sur un banc proche d'un des murs de la garnison et grignotaient un plat cuisiné spécialement pour rassasier les volontaires avant le combat quand ils aperçurent Lliliee, Dumbledelf et Ælfyr qui approchaient à grands pas. Lliliee s'approcha de ses deux amis et leur sourit en déclarant :

 

–Même dans un moment pareil, vous ne pouvez vous empêcher de penser à votre estomac !

 

Ce qui ne manqua pas de faire rire les deux intéressés. Ils présentèrent chacun leur tour leur arme à la jeune femme qui leur fit part de son enthousiasme pour la bataille. Pour Lliliee, les armes et la guerre étaient répugnantes. Mais en période de conflits, la jeune femme savait qu'il était temps de faire une concession pour une cause qui lui semblait juste. Ainsi, elle réfléchissait au rôle qu'elle pourrait tenir pendant le combat. Lliliee se promenait entre les étalages d'armes et d'équipements sans réellement trouver ce qui pourrait lui convenir quand elle vit le coin réservé aux mages. L'elfe qui en avait la charge sourit immédiatement à la jeune femme quand il la vit s'approcher et l'invita à étudier ce qu'il proposait :

 

–Fondatrice Lliliee, je vous souhaite le bonsoir. Seriez-vous intéressée par une initiation aux potions enchanteresses ?

 

–Et bien ma foi, c'est la seule option qui ne me déplaît pas pour la bataille.

 

–Je comprends bien votre point de vue Fondatrice, et je vous invite à examiner ces potions : il y a les fioles dites de hradha qui confèrent la vitesse de mouvements et l'agilité. Elles sont rares et précieuses et prennent toute leur puissance quand l'incantation „hradha ayir” est prononcée pendant que celui qui doit bénéficier des effets l'ingère. Il y a également les fioles de líf qui confèrent une régénération de l'état physique des volontaires et dont la formule à prononcer est :„líf nù”. Étant donné leur rareté, ces deux potions seront réservées aux plus grands mages de Lifdälinn, mais je vous offre un exemplaire de ces deux précieuses fioles, et je souhaite de tout cœur que vous en fassiez le meilleur usage possible. Connaissant votre réputation, ce sera sûrement le cas.

 

–Je ne sais que dire, monsieur ?

 

–Je me nommes Elhrond.

 

–Monsieur Elhrond, c'est un réel honneur d'avoir l'opportunité d'utiliser votre magie. Merci.

Mais de rien Fondatrice. Je vous invite désormais à prendre les autres potions, dont les effets sont plus modérés, mais qui seront cependant essentielles pendant la bataille. Tenez, voici la potion Owls qui confère la vision du hiboux dans la pénombre, la potion Eldur qui permet de se protéger face aux dégâts du feu. On raconte même que le feu des dragons serait contenu par cette potion, mais là, seules les rumeurs peuvent nous renseigner.

 

–Très bien... Dit Lliliee en remplissant son escarcelle des potions en les disposant soigneusement de manière à éviter que les flacons ne se brisent.

 

–Pour finir, Fondatrice Lliliee, je vous présente daudhur, la potion de la souffrance. Elle inflige des blessures physiques intenses à la personne sur laquelle le flacon se brise et peut le conduire à la mort. J'ose espérer que vous en preniez quelques unes afin de vous défendre.

 

–J'accepte. Je ne pense pas que je ne m'en servirais, mais cela sera le seul moyen que j'aurais pour me défendre. Je vous remercie, Mage Elhrond. Vos instructions me seront précieuses et essentielles durant la bataille.

 

Lliliee salua le mage et retourna auprès de ses deux compagnons d'aventure. Les deux hommes furent surpris de la voir revenir auprès d'eux sans armes, mais lorsqu'elle leur expliqua son choix de spécialisation dans le soutient plutôt que dans le combat, ils furent satisfaits. En effet, Shqnks ne voulait pas voir Lliliee au front car son amie ne s'était que rarement entraînée à l'épée et qu'elle ne saurait sans doute pas faire face à un groupe d'hommes armés jusqu'au coup. Non pas que Lliliee, dite la „tigresse” était faible, loin de là, mais elle n'était pas très attirée par les combats armés. Pour Gamwi, c'était tout a fait naturel que la charmante Lliliee préfère les enchantements aux armes.

 

L'heure était désormais bien avancée dans la nuit, et nos trois amis armés et équipés attendaient à la frontière nord de la ville, là où l'on attendait les troupes de Sereina. Les archers étaient déjà en place, dissimulés dans les arbres de la forêt, ou encore dans les buissons. Les épéistes étaient en rang, leurs lames fines et blanches produisaient une lumière faible, mais enchanteresse qui éclairait les alentours. Lliliee, Gamwi et Shqnks étaient plantés là, à regarder les troupes elfiques déjà positionnées, prêtes pour l’assaut. Ils étaient solennels et aucun d'eux n'osa prononcer le moindre mot pour ne pas briser ce moment de méditation intense qui emplissait le cœur des guerriers avant la bataille. Il avait été convenu d'avance que Lliliee serait en soutient, derrière les épéistes, que Gamwi serait tapis dans la forêt avec les archers et que Shqnks serait au front. Les trois amis se regardèrent comme pour se dire bonne chance. Ce fut Lliliee qui prit la parole :

 

–Mes amis, il est temps de prendre chacun notre poste. Les troupes de Sereina et du roi ne doivent plus être bien loin. Les éclaireurs les ont repérés aux marrais il y a de cela une heure. Ce qui signifie que nous n'avons pas plus d'une demi heure avant le début des hostilités...

 

–Bonne chance mes amis, dit Gamwi.

 

–Courage à vous deux, on vaincra, ne vous en faites pas, répondit Shqnks.

 

Lliliee fit un pas en avant vers ses deux amis, et les pris dans ses bras. Elle les étreignit tout deux de toute ses forces et l'on put sentir un sanglot parcourir les membres de la jeune femme qui semblait au bord des larmes. Gamwi et Shqnks lui rendirent l'amicale et significative étreinte, puis, sans un mot ajouté, chacun se dirigea vers son poste. Lliliee resta en arrière des soldats, avec les autres mages de soutient qui la saluèrent respectueusement à son arrivée. Elle ne semblait plus du tout fébrile, mais déterminée. On sentait la sagesse revenue en cette jeune femme d'esprit et le courage emplissait désormais son cœur. Il fallait se battre, elle était prête. Shqnks fut le second à atteindre son poste. Il se positionna face à la forêt noire d'où devraient surgir les troupes ennemies et mis sa main au pommeau de son épée. Il était prêt. Gamwi arriva enfin dans un coin sombre où il lui serait aisé de se camoufler. Il saisit son arc, prit une flèche et après avoir ingéré sa potion Owls, il arma son outil meurtrier. Il était prêt.

 

Les premiers cris des brakhmors retentirent au bout de quelques minutes qui paraissaient une éternité. Les chants de guerre se rapprochaient à une vitesse incroyable, les archers prêts a décocher leurs flèches attendaient le signal, et déjà, les plus avancés d'entre eux avaient une cible en vue. Le signal avait été clarifié avant la bataille par Dumbledelf qui avait interdit aux archers de ne décocher une flèche avant que Shqnks ne l'ait stipulé ouvertement.

 

Sereina apparût devant le front. Seule et désarmée. Elle ne semblait pas du tout effrayée et avait un rictus satisfait sur les lèvres. Shqnks qui était en avant des lignes de combat fit signe de ne pas attaquer et s'approcha de la jeune femme. Arrivé à son niveau, il ne prononça mot et la laissa commencer :

 

–Bonjour Shqnks, as-tu passé une bonne nuit ?

 

–Qu'est ce que tu as a me dire ?

 

–Une seule chose : tu ne sortiras pas vivant de cette bataille alors rendez-vous. Les Lifdäléens périront de toute manière alors il vaut mieux le faire sans perdre de temps avec une guerre ouverte !

 

–Tu espérais vraiment que j’accepte ?

 

–Non, mais ça m'aura fait plaisir de te parler une dernière fois avant ta mort. Tu salueras Lliliee et Gamwi dans l'au-delà. Adieu.

 

A peine eut-elle fini sa phrase qu'elle disparut à travers les broussailles. Shqnks était anéantis par la stupidité de cette femme qu'il avait pourtant apprécié il fut un temps. Il retournait auprès des volontaires Lifdäléens quand un cri strident masculin le fit se retourner rapidement et avant même qu'il n'eut le temps de s'armer, l'homme qui l'avait chargé abattit son épée sur Shqnks qui était totalement pris au dépourvus. Mais l'homme s'effondra aux pieds de Shqnks avant de le frapper. Il avait une flèche plantée dans le crâne. Le jeune fondateur de Lifdälinn se reprit et hurla de toute ses force :

 

–Archers, Tirez !

 

La bataille commença. Les cris retentirent de plus en plus fort dans la forêt. Les sifflements de flèches qui fusaient en tous sens fut soudain et surprenant pour quiconque n'aurait jamais vécu de guerre. Seulement, le courage des défenseurs des elfes était sans faille et lorsque les hommes vêtus de noir sortirent des bosquets en chargeant les Lifdäléens, Shqnks sortit son épée et hurla :

 

–Pour Lifdälinn !

 

Un écho de sa phrase retranscrit par chaque bouche de l'assistance donna un son dantesque. Et chaque elfe fonça en direction des premiers adversaires. Les premiers bruits d'épées qui s'entrechoquaient ne tardèrent pas à retentir et les premiers cadavres commençaient déjà à joncher le sol.

 

De son côté, Gamwi enchaînait les flèches à une vitesse vertigineuse. Il avait pris un couloir de broussailles qu'empruntaient les hommes de Sereina pour cible, et chaque flèche touchait sa cible à l'endroit voulu. La précision de l'archer était tout à fait surprenante, même pour un demi-elfe, mais l'effet aveuglant que produisaient les flèches qu'il décochait était sans nul doute dévastateur. Les hommes se cognaient en se frottant les yeux et devenaient des cibles aisées pour quiconque aurait la volonté meurtrière nécessaire pour achever un ennemi. Sa potion Owls lui permit d'atteindre un niveau de vision à travers la forêt tellement net, qu'il eut l'impression que le jour s'était levé. D'ailleurs, le jour se leva bientôt sur la Vallée Aliban.

 

Lliliee, quant à elle, s'occupait de soigner les blessés. Pour le moment, l'utilisation de sa fiole de Lìf ne fut pas nécessaire. Aucun blessé qui lui était rapporté n'était mourant et l'utilisation de quelques plantes médicinales qu'elle avait récupéré auprès d'autres enchanteurs lui permit de subvenir aux besoins de l'immédiat. Étant dans leur environnement naturel, les elfes de Lifdälinn ne subissaient pas vraiment de dommages et les rares coups qui atteignirent les soldats que Lliliee examinait n'était que non mortels, voir superficiels. Certains mages brakhmors envoyaient des sorts incendiaires qui, étant trop faibles pour faire céder le charme qui maintenait la forêt enchantée dans son état inébranlable, finissaient en fumée au sol. Lliliee était rassurée, la bataille semblait se dérouler plus ou moins comme elle l'avait envisagé la veille au soir avec Dumbledelf. Sur la centaine d'elfes présents, un seul avait été blessé brièvement et ce fut le mage Elhrond qui usa une potion Lìf pour le rétablir.

 

Shqnks se battait sans relâche, mais aucune arme ne s'opposait à son épée sans se briser, ce qui agaçait le jeune homme. Lui qui voulait combattre était doté d'une épée briseuse d'épées. Chaque adversaire qui se présenta à lui fut donc voué à une mort certaine face à un homme dont on ne pouvait parer les coups. Au début de la bataille, Shqnks trouvait cela jouissif d'avoir en sa possession l'arme ultime, mais finalement, la puissance de cette lame était bien trop élevée pour son goût et quand il aperçut l'enchanteur Merlain se battre un peu plus loin, il le rejoignit en évitant les duels qui jonchaient son chemin.

 

–Je ne peux pas me battre avec cette épée Merlain ! Je tues sans combat ! C'est pas ça, la guerre !

 

–Fondateur Shqnks, c'est le Fondateur Gamwi qui m'a dit qu'il valait mieux veiller à votre sécurité donc je n'ai fais qu'écouter ses dires en vous offrant la pire arme de destruction que nous possédons !

 

–La prochaine fois, prévenez-moi !

 

Shqnks était désormais enragé contre Gamwi. Il se dit à lui même que quand il attraperait le demi-elfe, il lui ferait sans doute la peau. En attendant, il rengaina Òreidhu et saisit une épée au sol. Il examina la belle arme et chargea les soldats Brakhmors qui étaient proches de lui. Il utiliserait Òreidhu  quand il en aurait besoin, en attendant, l'ancien pirate désirait vivre des combats d'hommes à hommes.

 

Gamwi avait décimé à lui seul un nombre incroyable de soldats noirs sur le sentier qu'il avait pris pour cible, mais là, il n'y avait plus personne à viser et il décida de changer de position. Gamwi traversa un bosquet, sauta sur un arbre pour prendre de la hauteur et aperçut enfin le véritable champ de bataille. D'ici, il voyait la domination quasi totale des elfes sur les humains. C'était d'ailleurs fort étrange qu'il n'y ait pas Sereina qui avait pourtant jurer être présente lors de la bataille. Mais là n'était pas la question, pensa Gamwi qui se saisit de son arc et qui visa, tira, tua. À chaque flèche qu'il décochait, le jeune demi-elfe tâchait de faire bien attention à n'éblouir aucun de ses alliés ce qui signifiait que chaque des projectiles avait une trajectoire bien calculée à l'avance.

 

Pourtant, la vitesse à laquelle Gamwi enchaînait les flèches était des plus déconcertantes. Malgré toute la finesse de ses tirs, le débit était si intense que l'on aurait pu croire qu'il avait fait cela toute sa vie. La bataille se passait pour le mieux pour Gamwi qui jetait de temps en temps un œil par dessus son épaule afin de veiller à une attaque surprise. Rien. Il semblait que tout se déroulait là, sous ses yeux, et que l'issue du combat était proche.

 

Lliliee enchaînait les pansements et guérisons de futiles. Elle ne pensait pas que cela se déroulerait ainsi, mais ça la rendit satisfaite. Pour le moment, un nombre infime d'elfes étaient hors de combat pour une nombre élevé d'humains. Certains avaient d'ailleurs pris la fuite, comprenant que lors sort en était jeté. La jeune femme était entrain de soigner quelques blessés quand une main lui saisit l'épaule en douceur. Elle sursauta d'abord en se retournant, la main dans son sac prête à décocher une potion daudhur pour se défendre quand elle s’aperçut qu'il s'agissait en réalité de Dumbledelf.

 

–Vous m'avez fait une de ces peurs Dumbledelf !

 

–Je vous prie de m'excuser, Fondatrice Lliliee. Je voulais simplement savoir comment les combats se passaient de vôtre côté.

 

–Et bien ma fois ça...

 

Lliliee fut interrompue par un bruit sourd qui fit trembler l'air et la terre. Cette assourdissement soudain mit fin aux combats. Un sifflement se produisit aux oreilles des humains présents sur le champ de bataille et nos trois compères se bouchèrent les oreilles. Un deuxième bruit sourd se fit entendre et Gamwi perdit l'équilibre sur sa branche. Le demi-elfe se rattrapa cependant du bout des doigts et se hissa de nouveau au sommet de l'arbre sur lequel il était perché afin de savoir d'où et surtout, de quoi pouvait provenir ce son. Ce qu'il aperçut alors le laissa sans voix et manqua de le faire chuter de nouveau de son arbre. A quelques centaines de mètres du champ de bataille, à mi hauteur entre le sol et le ciel, luisant de noirceur tel le néant lui même, volait un dragon. Gamwi descendit immédiatement de son arbre et fonça droit vers le champ de bataille afin de prévenir ses amis et son peuple. Il fonça à travers les arbres et ne se soucia guerre des hommes de Brakhmor qu'il croisa en chemin, qui fuyaient en sens inverse vers les bois plus denses. Un troisième bruit sourd survint et Gamwi faillit chuter, mais se rattrapa et atteignit enfin le champ de bataille déserté des hommes en noir. Il n'y avait plus que des elfes, des demi-elfes et... Ses amis. Gamwi les aperçut. Il fut si heureux de voir qu'ils allaient bien qu'il en oublia le temps d'une fraction de seconde l'alerte qu'il devait donner. Il hurla :

 

–Un Dragon !

 

A ces mots, un quatrième bruit sourd, bien plus puissant et assourdissant que les précédents retentit. Selon les oreilles sifflantes de Gamwi, la source de cet impact d'une violence incroyable était toute proche, et quand il se retourna, il aperçut la bête qui venait de se poser au sol, face à lui. A côté du dragon, il y avait une femme, elle semblait jubiler.

 

–Alors Gamwi, que penses tu de ça ? As-tu entendu parler de la légende des dompteurs de dragons ?

 

Gamwi ne répondit pas à Sereina et entreprit sa fuite vers ses amis qui se trouvaient à quelques mètres de lui. Tout le monde commençait d'ailleurs à fuir après être resté quelques instants immobiles, hébétés face à la créature maléfique qui était apparue sous leurs yeux. Shqnks hurla l'ordre à tout le monde de fuir. Les derniers elfes immobiles se hâtèrent de se replier vers Lifdälinn quand le dragon cracha son souffle de mort. Le feu noirâtre qui s’échappa de la gueule du monstre embrasa les arbres et dévasta la parcelle de forêt qu'il atteignit, immolant quelques malheureux elfes qui se trouvaient sur sa trajectoire. Le monstre avança pas à pas vers la cité elfique dont pleuvaient des sorts visant à tenir le dragon à distance. Gamwi retrouva ses amis à l'entrée de la ville et c'est essoufflé qu'il déclara :

 

–C'était pas vraiment prévu ça...

 

–Oh mon dieu ! On a eu tellement peur pour toi Gamwi, déclara Lliliee

 

–Un Dragon ! Tu te rends compte ? Sereina a un Dragon ! On est foutu !

 

Le monstre cracha un nouveau souffle de flamme qui dévasta encore un pan de forêt. Le bruit assourdissant que produisait ses ailes détruisait littéralement les tympans des protagonistes, et quand il avançait, le sol semblait se briser tellement les tremblements de ce derniers étaient intenses. Lliliee s'écria alors :

 

–Il faut l'aréter ! Et tout de suite, ou alors Lifdälinn sera perdue !

 

–T'es drôle toi, répondit Shqnks, comment veux-tu arrêter un dragon ?

 

–Tu as toujours ton épée qui tranche tout? Demanda Gamwi.

 

–Heu oui, mais ne comptes pas sur moi pour m'aventurer face à un dragon !

 

–Je crois que j’ai un plan. Dit alors Lliliee.

 

–Nous t'écoutons.

 

–Ce sera difficile, mais il faut que ça marche. Nous n'avons pas le choix après tout. Gamwi,tu vas devoir aveugler cette bête. Les elfes s'occupent de la défense interne et des barricades magiques de Lifdälinn, il ne reste que nous. Gamwi, tu vises ses yeux et l'aveugle. Shqnks, je vais te faire bénéficier de mes potions enchanteresses. Tu seras plus rapide, plus agile et plus souple pendant quelques secondes donc ne perds pas de temps. Je vais également te faire un enchantement d'invulnérabilité au feu, mais je ne peux rien te garantir face aux flammes de dragon donc ne te tentes pas d'essayer de passer au travers.

 

–Lliliee, je ne suis pas un héros de la sorte. Battre quelques faibles soldats, il n'y a pas de soucis, mais un dragon ce n'est pas la même chose...

 

–On a pas le temps de bavarder, c'est la seule solution que nous ayons. Tu vas le faire pour notre survie, et pour notre peuple.

 

Personne ne répondit. La tension était palpable. Un nouveau bruit de pas du dragon se fit ressentir et les trois jeunes protagonistes perdirent l'équilibre. Ils se redressèrent et Lliliee, après un léger sourire, déclara :

 

–J'ai confiance en vous mes amis. Vous êtes prêts ?

 

–Oui !

 

Tout s'enchaîna alors très vite. Gamwi se saisit de son arc et visa le dragon qui venait d'apparaître devant eux. Le monstre commença à écarter ses mâchoires gigantesques. Gamwi soupira, puis se concentra, visa et décocha deux flèches en un tir. Les flèches s'illuminèrent immédiatement, comme si la volonté du jeune demi-elfe s'était imprégnée dans les projectiles qu'il avait envoyés au visage du monstre.

 

De son côté, Lliliee sortit de sa sacoche les potions qu'elle comptait utiliser sur Shqnks pour lui donner la force nécessaire à un tel combat. Shqnks ingéra les potions sans poser de question, docilement, et quand Lliliee prononça la formule „hradha ayir”, le jeune homme ressentit quelque chose qui ressemblait fortement à de l’excitation monter en lui. Il attrapa Òreidhu et chargea. Les flèches tirées par Gamwi avaient atteint le dragon directement dans les yeux. Le souffle qu'il s’apprêtait à cracher sur Lifdälinn se perdit ainsi dans les airs et d'après ce qu'on pouvait en voir, une bonne partie de la ville aurait été embrasée par un tel souffle de flammes. Gamwi continuait à tirer des flèches dans les endroits qu'il estimait être les points vitaux du dragon. L'aveugle gronda, hurla de colère et produisit par la même occasion un nouveau tremblement de terre qui fit chuter quelques arbres alentours. Sereina s'interposa devant le dragon et hurla :

 

–Mais qu'avez-vous fait?

 

Shqnks était déjà partit. Lui-même était surpris par la vitesse de sa course vers le dragon et ne sentait désormais plus aucune peur, mais uniquement de la détermination et du courage. Le monstre se débattait de douleur et crachait désormais du feu dans tous les sens, aveugle qu'il était. Shqnks évita de prêt une déflagration qui embrasa quelques arbres derrière lui et atteignit bien vite une aile du monstre qui touchait alors le sol. Il grimpa. De son côté, Lliliee ne pouvait plus contenir le stress qu'elle ressentait et des larmes coulaient de ses yeux, elle priait intérieurement pour la réussite de cette opération ultime. Gamwi était rouge de colère et hurlait à chaque flèche qu'il décochait. Shqnks grimpait désormais le long de la colonne vertébrale du monstre, en direction de sa tête. Le fait que ce dernier se débatte ne gêna en rien la course du jeune homme qui se sentait léger comme une plume, capable de tout. Il dégaina Òreidhu alors qu'il atteignait la tête du monstre. Brandit son épée vers le ciel et l’abattit d'un coup sec sur le crane du dragon qui lança alors un râle de détresse et qui s'effondra dans la seconde qui s'ensuivit.

 

Sereina qui était jusque là restée immobile au sol, bouche-bée par ce qui se déroulait sous ses yeux pris alors la fuite à travers la forêt. Gamwi, l'ayant aperçut, ne chercha pas de justification à la laisser s’échapper. Il saisit une flèche, prononça le mot „Adieu” et tira. La flèche fila droit vers Sereina qui eut juste le temps de se retourner pour voir sa mort lui foncer dessus avant de s'écrouler à terre, inanimée.

 

Lliliee et Gamwi s'approchèrent de Shqnks qui descendait de la carcasse du monstre de feu. Il semblait essoufflé de l'effort qu'il venait d'effectuer et s'écroula au sol. Gamwi le saisit et le maintint debout.

 

–Nous avons réussi !

 

–Ça va Shqnks ? Demanda Lliliee.

 

–Oui, je suis juste... épuisé... j'ai l'impression que ta potion d'agilité m'as détruit les muscles.

 

–Il se pourrait bien que les effets soient ressentis après coup en réalité. Mais le résultat est là : Le dragon est mort, et Sereina est à terre là bas.

 

–Allons la voir. Dit Shqnks.

 

Gamwi qui soutenait Shqnks se dirigea vers Sereina. Les deux jeunes hommes étaient suivis de près par Lliliee qui tremblait encore des suites de l'adrénaline qui venait d’emplir son cœur. Arrivée à la hauteur du corps de la jeune femme, elle prononça :

 

–Vous avez ce que vous désiriez maintenant.

 

–Nous ne désirions pas ta mort Sereina, mais elle est nécessaire, dit Gamwi.

 

Les yeux de la jeune femme se fermèrent lentement, et elle procéda a son dernier souffle sous les yeux de nos trois héros.

 

De retour à Lifdälinn, tout le monde acclama Lliliee, Gamwi et Shqnks qui étaient alors tout sourires. Certains elfes venaient faire part de leur joie, de leur bonheur et de leur reconnaissance auprès des jeunes fondateurs qui répondaient avec plaisir à ces marques d'affections. Les trois personnages se souriaient entre eux tellement le bonheur qui était présent était intense. Et lorsqu'on indiqua le banquet qui serait organisé le soir même au centre ville de Lifdälinn, personne ne put s'empêcher de crier un „hourra” de satisfaction.

 

Ce soir là, au banquet, les Fondateurs furent souvent sollicités par des elfes venant leur témoigner leur joie quant à la victoire. Cela rendit nos trois amis tellement timides qu'ils n'osaient même plus se lever de leurs sièges. Dumbledelf fit alors son apparition en compagnie de Manarquen et la soirée débuta. Il y avait tellement de monde que l'on pourrait penser à infernale clameur. Mais cela prouverait une méconnaissance du peuple enchanté. En effet, chez les elfes, soir de banquet rimait avec soir de musique, et c'est ce qui se produisit. On chantait les faits de la journée, on chantait la victoire, et par dessus tout, on chantait la grandeur de Lifdälinn. Gamwi et Shqnks dévoraient chaque plat qui passait à portée de leurs mains et trouvèrent tout délicieux. Lliliee discutait de son côté avec Dumbledelf du moyen de revenir chez eux, et le vieil elfe lui déclara qu'il faudrait en discuter le lendemain matin, afin de laisser la soirée terminer comme elle avait commencé : dans la joie et l'insouciance avant de traiter les sujets importants. La soirée se déroula donc dans les meilleures conditions qui soient et l'on se coucha tard.

 

Le lendemain matin, Lliliee invita ses amis à se rendre au palais des fondateurs afin de retrouver Dumbledelf qui les attendait. Le sage avait en effet convié les trois fondateurs à son bureau pour leur indiquer le moyen de rentrer chez eux, et quand ils arrivèrent, le vieil elfe était en compagnie d'une femme qui se présenta comme étant une scientifique, Illiana qui prit la parole une fois les salutations faites :

 

–Je tiens à vous dire toutes mes félicitations quant à la bataille d'hier. C'était sans doute l'acte le plus impressionnant que j'aurai vu de mon existence.

 

–Merci beaucoup. Répondirent les trois fondateurs en cœur.

 

–J'ai demandé à Dumbledelf de vous réunir ce matin afin de vous parler de votre retour chez vous.

 

–En effet, il est impératif de fixer certains points dès maintenant.

 

–Nous vous écoutons. Répondit Gamwi.

 

–Et bien voilà, nous avons trouvé un moyen de créer un portail de retour. Nous y travaillons depuis quelques jours et il ne nous manquait plus qu'une relique de puissance. Cette relique, vous nous l'avez fournie hier en tuant le dragon. Ce sera donc son cœur.

 

–C'est super ! S'écria Shqnks.

 

–Cependant, une grande mission vous attends. Un jour passé dans notre temps équivaut à une journée dans le votre, c'est à dire que depuis que vous êtes ici, le temps s'écoule là bas et que vous ne pouvez pas retourner dans le passé à n'importe quelle date. Les gens vous verront alors comme des disparus revenus. Certains vous croiront morts. À l'heure où nous parlons, mes confrères bâtissent le portail dans la cours arrière du palais, il devrait être opérationnel dans quelques minutes. Mais je veux que vous sachiez ce qu'il se produirait si vous ne construisez pas notre ville.

 

–Que se passera-t-il ? Demanda Gamwi perplexe.

 

–Lifdälinn disparaîtra dans notre temps, et ce sera comme si nous n'avions jamais existé. L'histoire ne se déroulera pas et rien de ce que vous avez vu depuis votre arrivée serait réel.

 

–Nous n'avons pas une minute a perdre alors. Lliliee, Gamwi, on rentre à la maison ! Déclara Shqnks.

 

-Il me reste une dernière chose à faire avant votre départ, et il faut pour cela nous rendre à l'autel Eldür. Répondit Dumbledelf

 

-Et quel est cette chose?

 

-Il me faut vous transmettre le feu sacré, afin que vous puissiez le construire à votre tour l'autel. Sachez que ce feu n'est rien d'autre qu'un feu banal maintenu par de la magie. Ce qui est de plus important dans ce feu n'est pas son existence à proprement parlé : mais la communauté qu'il a créée et maintenue toutes ces années, tous ces siècles. Vous l'aurez compris, le Feu sacré est votre symbole, celui qui vous permettra de réellement fonder la ville et sa communauté. Voyez le simple culte qui a été créé à partir de cette simple flamme. Le fait qu'il contrôle la vie a donc un sens réel quelque part : de part son origine il peut bien contrôler notre existence actuelle. Vous avez compris votre charge je pense.

 

Le chemin se fit rapidement, la destination n'était pas loin et une fois rendu devant la flamme sacrée, Dumbledelf sortit un objet étrange de sa poche. Fâce aux regards interrogateurs que lui adressaient les trois fondateurs, Dumbledelf s'expliqua:

 

-Il s'agit d'un gobeur de feu, il vous permettra de transporter une flamme vive sans vous encombrer et sera très utile pour votre voyage. Surtout : ne jouez pas avec le Feu, les prévint pour conclure Dumbledelf.

 

Le vieil elfe saisit l'objet et délicatement, préleva avec une sorte de cuillère en pierre une braise du feu sacré. Il tendit ensuite le gobeur de feu à Lliliee qui l'examina, intriguée, avant de le mettre dans sa sacoche. Shqnks était de son côté pressé de retourner à son époque, dans son monde pour entreprendre le gros travail qu'ils avaient à faire. C'est donc en toute hâte que les trois amis se dirigèrent vers le palais des fondateurs pour retourner dans le passé.

 

Le passage à travers le portail se fit dans la plus grande discrétion. Gamwi eut simplement le temps de saluer une dernière fois son petit fils, ce qui semblait ironique étant donné qu'il le reverrait dans quelques centaines d'années. Shqnks et Lliliee saluèrent de tout cœur Dumbledelf et Manarquen, puis, ils se tournèrent vers le grand portail violet qui ressemblait en tout points à celui qu'ils avaient empruntés pour venir à Lifdälinn. Les trois jeunes et éternels amis se regardèrent droit dans les yeux et passèrent le portail qui les menèrent vers leur monde d'origine.

 

A peine arrivés à Stendel, les trois jeunes gens se hâtèrent de se remettre de leurs émotions, eux qui étaient des héros il y a quelques minutes, mais qui n'étaient plus que de vulgaires aventuriers désormais. Ils prirent en commun la décision de se diriger immédiatement vers la capitale, vers Stendel afin de faire part aux gouverneurs de leur projet. Lliliee, Shqnks et Gamwi prirent tous trois leurs affaires et décampèrent de la forêt qui semblait si vide. La route qui menait à Stendel était toute tracée et Gamwi interpella une charrette d'un paysan se rendant à la capitale afin d'aller plus vite avec ses amis. Ils arrivèrent ainsi à Stendel le soir même.

 

Leur démarche dans la capitale était déterminée et tout portait à croire que la mission qui leur avait été confiée était désormais une obsession à leurs yeux. Leur direction était claire: le château impérial, et les bureaux où l'on déposait les demandes d'obtention de territoire. Cette forêt où ils avaient vécu tant d'aventures ne devait pas leur échaper, sous peine d'anéantissement de Lifdälinn, et de tout ce qu'ils avaient eu l'occasion de voir au cours des derniers jours. Les trois jeunes aventuriers pénétrèrent dans le château, déambulairent dans quelques couloirs à la recherche des bureaux qu'ils cherchaient et enfin, les trouvèrent.

 

Lliliee frappa trois coups à la porte, et c'est une femme qui se présenta à eux. Et les invita à entrer. Le bureau dans lequel ils pénétrèrent était sobre et sombre. La femme les invita à s’asseoir face à elle et se présenta. Elle s’appelait Floriana et s'occupait de la réception des demandes d'installations et d'acquisition de territoire. Floriana demanda à Lliliee, Gamwi et Shqnks de leur expliquer les raisons de leur souhait d'acquérir cette forêt, et les trois amis lui contèrent l'histoire qu'ils venaient de vivre.

 

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Hmmm les amateurs de RP vont adorer :)

bref, connaissant Shqnks et Mr Gamwi je ne peux que plussoyer ce projet.

je suis sur qu'ils sauront le mener a bien et l'architecture parait originale ( a mes yeux)

gros +1 pour cette équipe de joyeux lurons.

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Mais mais mais c'est absolument fantastique! Un grand GG à vous tous! Les screen sont fabuleux (mais il me semblent non acceptable auprès de la modération car pas pris avec le texture pack de base). Concernant le rp....rien à dire, l'histoire me plait beaucoup et a sus me tenir en extase de bout en bout!

Je ne vous connais pas particulièrement mais j'ai entendu quelques ressortis fort prometteur à vôtre sujet!

Ce sera donc un immense +1 de ma part ainsi qu'une "sans doute" participation au projet si besoin ;).

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Bonsoir messieurs :)

 

Vos messages font très plaisirs et sont très encourageants. C'est vraiment une joie de voir que notre travail est apprécié par les joueurs.

 

Pour les screens, ils sont seulement pris avec les shaders d'optifine, et non avec un pack de texture. Donc au besoin je les reprendrais avec le pack de base, mais c'est juste des jeux de lumière rajoutés.

 

En tout cas Piokatra, ton aide sera sans doute fort précieuse à notre projet et ce serait un réel plaisir de t'accueillir parmi nous. A l'occasion, je t'invite à venir discuter avec nous sur mumble, nous sommes pratiquement toujours connectés :)

 

En tout cas a très bientôt!

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Bonjour ,

 

Je surtout une personne qui regarde l'architecture ... mais sur ce projet , je n'ai rien à dire .

Candidature compléte , je connais shqnks est cette personne est juste ... génial bon en bref ,

un gros soutien pour son projet .

Je serrais pour , me procurer une maison dès le projet accepté

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Je plussoye ce projet pour son originalité ainsi que son style d'architecture en rapport avec le thème elfique ( malgré que je n'aime pas les elfes :) ).

La présentation est très structurée et bien organisée ( vidéo explicative,... ).

+1

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Merci à tous, ça fait très plaisir! Lyoriu, il faudra voir à t'attribuer la citoyenneté Lifdäléenne alors :P

En tout cas tous ces messages de soutient font chaud au cœur, et je parle au nom des trois fondateurs du projet ^^

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Ben dis donc, sa faisait longtemps que je ne m'étais pas autant régaler, que ce soit les screens ou le Rp. Vraiment bravo, on voit le travail investi derrière et je ne peut que vous souhaitez bonne chance. Habituellement, je donne des conseils pour améliorer vos demandes mais il est vrai que là, il n'y a rien à redire.

 

+1

 

Chafoins, Hornant de Cerve

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Je plussoie fortement la candidature de ce projet.

 

J'ai une entière confiance en Mr Shqnks et Miss Lliliee (j'ai du faire une faute quelquepart), pour réaliser quelque chose de fantastique.Je ne connais pas trop Mr Gamwi mais je pense qu'il saura se montrer à la hauteur, vu le fabuleux RP qu'il nous a pondu.

 

Je donne bien entendu mon accord pour qu'ils s'installent a coté du refuge, et j'ai hate que le projet soit accepté pour qu'ils puissent démarrer la construction.

 

Et n'hésitez pas à repasser au refuge régulièrement :P

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Merci Chafoins et Bukm0r pour vos mots et merci à aux autres également de venir lire et commenter notre projet. Cela fait plaisir de voir que notre projet plaît déjà à certains d'entre vous en cet état de dossier. Nous espérons que, si le dossier parvenait à être accepté, le rendu pratique soit davantage appréciable que ce que l'on a déjà pu vous faire apercevoir :)

 

Mais nous attendons aussi toute idée qui pourrait venir à quelconque personne, afin d'améliorer notre projet, si besoin est.

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Merci beaucoup tout le monde pour vos messages, c'est vraiment très apprécié.

 

Sinon Bukm0r, tu n'as pas fait de faute dans mon nom, je te félicite et ne t'inquiète pas le Refuge reste dans mes coups de cœur comme endroit ou vivre. C'est certain que vous ne vous débarrasserai pas de moi aussi facilement ;) .

 

Enfin bref, avec tous ces encouragements, ca me donne encore plus hâte de commencer à construire la ville.

 

Au plaisir de vous y voir à votre tour lorsque le projet sera accepté :)

 

Lliliee

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Bonsoir,

 

Je soutiens cette candidature de projet. Je suis sûr que ce projet va avoir beaucoup d'avenir et sera actif. Les joueurs qui sont responsables de la réalisation de ce projet sont grandement motivés, on peut en être certain, vu la qualité de la candidature, les screens et l'architecture originale, et le très long RP. Ce projet mérite de voir le jour! Bonne chance à vous!

 

Loc

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Le Rp est long et agréable à lire, l'architecture est sympathique mais je pense que vous devriez agrandirent le territoire qui me semble très réduit et sans possibilité d'extension si le projet prend de l'ampleur, ce n'est pas la place qui manque sur Stendel.

 

En tout cas, bonne chance pour l'acceptation de votre projet, j'ai hâte de le visiter.

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Un gros +1 pour cette belle ville que Shqnks, Lliliee et Gamwi qui je pense vont faire très gros.

Sujet complet avec un RP de Shqnks comme d'habitude très long, j'en suis même jaloux :)

J'ai vraiment hâte de visiter cette ville !

Bonne chance à vous deux

 

Cordialement Alyar

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Merci pour votre soutien et vos commentaires. Kraume c'est vrai que le territoire n'est pas grand, surtout si on le compare aux deux grands projets qui l'encadrent. Cependant nous n'avons pas tant que cela la vocation de faire prendre au projet une ampleur telle qu'il faille quelque chose de conséquemment plus grand que ce que nous avons choisi comme surface. De plus nous avons beaucoup voyagé et cherché avec les cartes et pas un endroit ne nous a parut aussi magnifique que celui que nous convoitons et proposons pour ce projet. Le cadre nous a été idéal. Alors bien entendu il ne nous sera pas possible d'avoir autant d'habitations que bon nombre de projets, mais notre but premier est surtout d'avoir une communauté active. Alors à cinq, dix, voire vingt personnes (on peut toujours rêver ^^) ce territoire est suffisant et le travail ne manquera jamais :)

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Quoi ?! Un projet Elfe ! Mais c'est une honte !

Grr, bon, c'est vrai, j'admets que pour des bouffeurs de salades vous vous débrouillez plutôt bien, mais quand même, des Elfes quoi..

 

A part ça, de grandes félicitations à vous, c'est un projet tout simplement magnifique :D , et le travail derrière est [barrer]géant[/barrer] immense ! Vous n'pouvez que reçevoir un énorme

default.aspx?text=Alexas%27%0D%0ASeal%0D%0Aof%0D%0AApproval&title=Approbation++%21&color=black&bottom=darkkhaki&fontsize=36&move2=0&move=0&font=20th&back=orangered&titcolor=black&titsize=50&titmove2=&titmove=&titfont=signage&allow=161&top=&pic=seal-of-approval-certificat

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Bonjour,

 

Wouuuah, ce projet est juste magnifique O_o ! Franchement les maisons sont très belles, Rp sympathique, belle présentation avec une vidéo en plus ;) !

 

Je vais faire court car la je suis crevé, mais en tout cas je donne mon +1 !

 

Cordialement, Antonin.

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Bonsoir.

 

Comment pourrais t'on refuser un projet pareille ? Vous avez-vu ce rp... mon dieu qu'il est long :cookie:

Il s'agit vraisemblablement d'un projet qui à été fortement travailler avant la candidature... pas ou presque de choses à redire au niveau de l'architecture des bâtiments... car de nos jours, il existe des projets qui était moche lors de leurs présentation ! :book:

 

Et puis bon, vous avez vu les dirigeants du projet ?! Que des personnes sérieuse et qui aime ce qu'il font ! Donc pour moi c'est un grand +1 !

 

Et si jamais, vous avez besoin de quelques choses, dit-le moi ;)

 

Bonne soirée.

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