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Le RP de Kutzenbach !


TheGaudis
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Un coup de vent souleva un large nuage de poussière, qui aveugla Wilfried.

Le jeune homme se couvrit le visage du pan de sa cape. Le soleil couchant, qui embrasait le ciel de sa douce lueur cuivrée,était sur le point de passer derrière les collines qui brisaient l’horizon. Sans nuage pour calmer son ardeur, il était terriblement aveuglant, mais la beauté de la scène valait bien cet éblouissement.
Par chance, la journée n’avait pas été trop chaude : la température était donc idéale pour une marche soutenue. C’était justement la motivation qu’il fallait à Wilfried pour avaler la dernière lieue qui le séparait de sa destination.

Entre les collines, baignant dans la vaste plaine alentours, s’étendaient Oberkutzenbach et Niderkutzenbach, les villes jumelles. Resplendissante, l’énorme ville — appelée Kutzenbach — qu’elles formaient ensemble semblait dévorée par un gigantesque incendie. Il n’en était bien entendu rien : le soleil couchant faisait merveilleusement bien son office dans cet artifice.
À mesure que le jeune homme approchait, la compagnie sur la route se fit de plus en plus courante. Des paysans sortaient de la cité, où ils avaient terminé leurs affaires pour la journée, et retournaient dans leurs chaumières en périphérie d’Ober et Nider, comme on les appelait plus communément. Le reste des occupants du sentier étaient soit des marchands en quête d’une auberge où dormir avant de tirer parti de ce centre commercial florissant, soit de simples voyageurs comme Wilfried, en quête de ce lieu plein de promesses.
Bientôt, il put voir le fleuve effectuer un coude, et longer la route. D’ici peu, il entrerait dans la ville, la partageant en deux, et formant du même coup les deux jumelles.
Trépignant d’impatience, le garçon pressa le pas.
Le soleil avait presque entièrement disparu lorsqu’il atteint finalement les portes de la ville. Comme il venait de Stendel, il fit appel à ses souvenirs : il devait être du côté de Ober. De ce qu’il en savait, Ober et Nider étaient respectivement dirigées par ceux que l’on nommait Gaudis et Xaxi, leurs fondateurs et les deux Omaitr de la cité. Il n’y avait que quelques années que la première pierre avait été posée, mais leur cité était déjà l’un des pôles commercial et culturel les plus influents de cette région de l’Empire, et encore maintenant, une foule de jeunes gens — et presque autant d’hommes et de vieillards audacieux — en quête d’un emploi et de connaissances venaient de tous horizons pour en bénéficier.
Wilfried était de ceux-là. Il avait quitté la banlieue voilà presque quatre mois, laissant derrière-lui sa vie et ses parents, pour l’eldorado que représentait pour lui ce lieu si inespéré. On racontait qu’en l’espace de quelques semaines, on pouvait déjà devenir apprenti des plus grands maîtres charpentiers, potiers, ou même sculpteurs. En quelques mois, on était soi-même maître de chantier. Un peu plus tard, certains grimpaient encore et atteignait des postes prestigieux d’architecte en chef ou de superviseur. Non contente de déchaîner passions et rumeurs, ces villes jumelles offraient l’espoir d’une vie meilleure.

Lorsqu’il passa les portes, Wilfried revint à la réalité. Il n’était pour l’instant qu’un simple vagabond, et ses économies serviraient à se payer une chambre dans une auberge bon marché. N’ayant pas dégusté de véritable repas depuis des semaines, il ne tenait plus en place. Il demanda son chemin au premier homme venu, qui lui conseilla une taverne assez confortable pour son prix. Le jeune homme pressa donc le pas, impatient de retrouver un lit confortable et une assiette chaude. Se glissant dans les ruelles et entre les passants en suivant les instructions qui lui avait donné l’homme, il déboucha sous peu devant une enseigne en bois de sapin qui pendait nonchalamment au gré du vent. Le Poulet Fleuri était noté en lettres écarlates sur le panneau en forme de coq.
L’intérieur était en effet à la hauteur de sa réputation. Sans être extraordinaire, l’établissement avait le mérite d’être en bon état, accueillant, et bien fréquenté. L’aubergiste — un grand homme aux cheveux grisonnants et étonnamment musclé pour sa profession — l’accueillit lui-même. Sa sympathie étonna Wilfried. Pour quelques pièces, il eut droit au plat du jour — un ragoût de légumes qui le fit soupirer de bonheur — et à une chambre douillette et bien chauffée.
Ce soir-là, il s’allongea sur son lit en appréciant ses retrouvailles avec le moelleux d’un matelas. Le lendemain serait une journée essentielle, et il devait être en forme. Il s’endormit en un clin d’œil.

          —————

« De quel côté est-ce ?

— Par là. Suivez la rue et prenez sur la droite dès que possible, vous tomberez dessus. »

Wilfried s’élança dans la direction indiquée en remerciant l’homme de la main. Celui-ci sourit, amusé par son enthousiasme. La jeunesse était décidément pleine d’énergie.
Le jeune homme n’eut pas de mal à trouver son chemin. Au bout de la rue, sur la place centrale d’Ober et juste à côté de la grande église qui se dressait là, un grand rassemblement se créait peu à peu. Il se fondit à la foule, qui comme lui attendait les instructions. Un vieil homme à la moustache démesurée ne tarda pas à monter sur une petite estrade. Le silence ne tarda pas à planer au-dessus de l’assemblée. Après un discours de bienvenue que Wilfried n’écouta que d’une oreille tant il avait hâte de commencer, l’homme désigna plusieurs zones dans la place où devaient se répartir chacun selon ses compétences ou préférences.
Le jeune homme se dirigea d’un pas décidé vers un petit homme costaud et à l’air peu commode, qui accueillait le groupe de futurs charpentiers. Le père de Wilfried étant lui-même menuisier, son fils avait donc pu acquérir une certaine expérience du travail du bois durant ses jeunes années. Une fois le groupe assemblé, le petit homme se fendit d’un étonnant sourire — compte tenu de son expression naturelle peu accueillante — qui fit étinceler ses yeux de bonheur et de fierté.

« Mes amis, bienvenue ! s’écria-t-il. Pour vous, je serais monsieur Meyer. C’est pour moi un honneur de vous accueillir et de vous prendre en charge en tant que futurs charpentiers ! Dans les semaines à venir, vous apprendrez ou perfectionnerez cet art jusqu’à ce que le moindre de vos mouvements soit d’une précision millimétrique. La force de Kutzenbach est son organisation : une fois que je vous aurais formé, vous deviendrez Trailleur Charpentier, comme moi, et vous enseignerez à d’autres jeunes comme vous l’êtes aujourd’hui.
« Plus tard, vous pourrez tenter de prouver vos compétences à diriger et devenir Cataine, puis Bâtisseur. Et à mesure, vous deviendrez peut-être Seil, voire Pada. C’est en tout cas ce que je vous souhaite, car ici le désir d’apprendre et les compétences sont récompensés. À présent, je vais vous demander de vous organiser suivant votre expérience et votre connaissance du métier ou du bois en général. Nous pourrons ainsi constituer des groupes de travail et commencer dès aujourd’hui ! »

Une fois les groupes constitués, tous traversèrent Ober et arrivèrent près du fleuve qui traversait la ville. Ils passèrent le pont qui reliait cette partie de Kutzenbach à Nider. Ils rejoignirent ensuite une petite place en bordure de la cité, où attendait un nombre conséquent de blocs et bûches de bois de toutes tailles et de toutes formes. C’est ici qu’un long apprentissage allait se dérouler, où tous ces jeunes gens allaient apprendre l’art d’un charpentier.

 

         —————

« Applique-toi plus Jonathan ! Ce n’est pas un travail de gros ici, mais de précision ! Si ton poinçon n’est pas parfait, ton toit s’écroulera !

— Oui monsieur, pardon monsieur !

— Wilfried, essaie de tenir ton rabot plus fermement. Il a tendance à dévier. Autrement, c’est parfait !

— Tout de suite monsieur ! Et merci. »

Fier de lui, Wilfried poursuivit le rabotage de son entrait de plus belle. Il avait fait de gros progrès ces dernières semaines, et voyait la fin de sa formation approcher. Meyer appréciait et reconnaissait le travail bien fait, et l’avait prit en affection en observant son ardeur à la tâche. Le jeune homme avait pu se louer une petite chambre pour un prix raisonnable, et il était à présent parfaitement à l’aise. Les us et coutumes des gens de Kutzenbach étaient étranges, mais au final assez conviviaux. Wilfried avait entre autre appris que la ville comptait une religion, mais deux églises distinctes. Les habitants célébraient également une fête presque chaque semaine en l’honneur d’un plat étrange mais pas spécialement mauvais nommé « Schoukhr-Ouhte ». Si l’on omettait ces étranges habitudes, les habitants étaient amicaux et pleins de joie de vivre.
Le jeune homme avait également eu l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire profonde de la cité, là où il n’avait jusqu’à présent entendu que des rumeurs. Il avait en fin de compte suivit le même chemin que Xaxi et Gaudis longtemps auparavant. Animés de l’envie de fonder un projet pour tous, où chacun puisse apprendre et s’améliorer dans ses compétences, les deux fondateurs de Kutzenbach avaient longtemps voyagé pour trouver le lieu idéal à leur colossal projet. Chacun des deux associés étaient jeunes et ignorants. Aussi ne prirent-ils pas la peine de décider d’une direction. Le hasard voulut qu’ils partent du côté du Saint Royaume Névain. Se dirigeant toujours au nord-est, ils traversèrent le gigantesque territoire de Nevah, ne manquant pas d’enrichir leurs connaissances auprès d’un des plus grand et réputé répertoire d’architecture de tous les mondes de Minefield. Lors de cette partie du voyage, ils apprirent beaucoup de ce royaume, ne manquant pas d’y ajouter leurs propres idées.
L’extrémité de cet immense territoire fut pour eux l’occasion de quelques détours. En effet, à quelques miles au sud se trouvait la célèbre citadelle du Dominion. Bien que cette célèbre alliance soit à présent dissoute et inexistante, la citadelle — merveille d’architecture et de gigantisme — et quelques cités membres avaient survécu. Ils ne manquèrent donc sous aucun prétexte cette occasion unique d’admirer l’une des plus grandes merveille de la région. Ils s’offrirent également un petit voyage vers le nord, où Amateratsu, bien que désertée, resplendissait tel un improbable îlot oriental au milieu de ces contrées emplies de mystères et de magie.
À l’issue de ces quelques visites touristiques, ils cherchèrent donc un endroit où s’installer enfin. Après tant d’épuisantes et fastidieuses lieues derrière eux, la motivation ne leur manquait pas. Ils avaient hâte d’en finir au plus vite. Finalement, un petit redressement de leur parcours vers le nord-est leur permit de déboucher sur une vaste plaine bosselée de collines verdoyantes. Aucune ville n’était en vue, et seules se démarquaient au loin les statues de la Porte des Rois, vestiges d’une ancienne et aujourd’hui disparue civilisation orque. Le lieu était bien situé, et idéal. Bien vite, ils s’installèrent et bâtirent de leurs mains ce qui serait la première maison de Kutzenbach, une petite cabane sommaire.
D’étranges rumeurs racontent également que quelques semaines plus tard, alors qu’ils entamaient un nouveau bâtiment, une étrange procession de fourmis géantes les était venue à leur rencontre, et leur aurait offert protection…

Mais pour l’heure, le jeune Wilfried avait d’autres préoccupations. Il s’appliquait à son travail comme s’il taillait une poupée de verre. Bientôt, s’il était à la hauteur, Meyer le nommerait Trailleur…

          —————

« Thomas, il faut que tu ailles faire plus de ciment pour l’arche, ils ne peuvent pas s’en occuper eux-mêmes pour le moment. Jim, essaie d’aller voir ce que font tes camarades à la forge. On va bientôt manquer de clous pour la charpente si ça n’arrive pas bientôt. Je suis sûr que tu n’as pas envie que tout s’écroule sur nos têtes.

 

— À vos ordres m’sieur Will ! »

C’était le cinquième mois. Peut-être le dernier si le chantier avançait assez, ce qui serait un record.
Du coin de l’œil, Wilfried observa les deux hommes qui hochaient la tête d’un air entendu, un peu à l’écart. Depuis le début des travaux, ils se relayaient chaque jour pour en observer le déroulement. Se savoir épié avait beaucoup perturbé le jeune homme les premiers jours. Ils s’y était finalement fait. Il le fallait bien. À l’issue de cet observatoire quotidien, il aurait peut-être la chance de devenir Bâtisseur. Après avoir appris les rudiments des autres métiers de la construction, il avait pu devenir Cataine. À présent, des mois de dur labeur allaient lui ouvrir les portes vers l’étage suivant.
Sans plus attendre, il sortit de ses quelques secondes de rêverie et courut aboyer de nouveaux ordres. Plus que quelques poignées de jours…

 

               —————

« Wilfried ? »

Wilfried regardait inlassablement les copies de ses plans, sans prêter attention au monde extérieur. Ce n’est que lorsque le tapotement retentit à nouveau dans la pièce qu’il s’aperçut enfin qu’on frappait à sa porte.

« Entrez ! »

Meyer entra, et posa immédiatement les yeux sur les documents épars sur le bureau.

« Encore à revoir ces maudits plans ? Je t’ai pourtant dit que tu n’avais pas de soucis à te faire, et que te torturer l’esprit n’y changerais rien.

— Je sais monsieur Meyer, pardon. J’ai juste peur d’avoir oublié quelque chose… Ça me traquasse depuis la semaine dernière.

— Arrête un peu ces « monsieur Meyer » enfin ! Je ne suis plus ton suppérieur, et en tant qu’amis tu peux bien m’appeler par mon prénom.

— Oui, pardon Stephan, l’habitude, rectifia Wilfried avec un petit sourire entendu. »

Le visage du vieil homme s’éclaira à cette appellation. Toujours souriant, il prit son jeune ami par l’épaule :

« De toute manière, je pense que tu peux arrêter de te préoccuper de tout ça.

 

— Comment ça ? s’enquit le jeune homme, soudain très intéressé.

— Tu devrais vite aller te changer : les Omaitr eux-mêmes te demandent aussi vite que possible dans leur bureau ! annonça-t-il avec un grand sourire. »

La bouche grande ouverte, et sans trouver de commentaire, le jeune homme fonça enfiler ses plus beaux vêtements tout en échafaudant les théories les plus folles concernant cette soudaine convocation.
:air: :air: Il sortit de chez lui au pas de course.

              —————

Wilfried se gratta la barbe, nerveux.
Il patientait tranquillement dans une salle d’attente d’un luxe et d’un goût auquel il n’était pas habitué. Le seul tapis devait valoir plus que le petit appartement qu’il louait depuis les sept années qu’il vivait ici. Et dans quelques minutes, il allait entrer dans le bureau des Omaitr…

Près de lui était assis un jeune homme aux vêtements d’une richesse peu commune. Blond, affublé d’une barde de trois jours, il était enveloppé d’une longue cape blanche où se dessinaient d’étranges armories — un blason séparé en trois parties où étaient respectivement représentées un arbre, une fourmi et une bougie. Un petit carnet et une plume dans les mains, il lisait attentivement, écrivant de temps à autre, et ne prêtait pas un seul regard alentours, malgré les regards insistants et curieux de la secrétaire.

Dans la pièce voisine, quelques pas retentirent sur le plancher. L’inconnu se leva et glissa le carnet dans une petite sacoche de ceinture avant de se diriger vers la porte. Sa cape vola sous son pas vif, et révéla une tenue d’apparat noire et rouge, ainsi que le cliquetis caractéristique d’une épée. Deux hommes sortirent du bureau, et regardèrent avec étonnement le jeune homme debout devant eux. Wilfried observait la scène avec appréhension et intérêt.

« Dom, quelle surprise ! s’exclama l’un des deux hommes. Nous ne t’attendions pas ! Que nous vaut une visite si imprévue de ta part ?

— Je venais prendre quelques nouvelles, répliqua Dom, tout sourire en empoignant l’avant-bras de son interlocuteur. Et j’en profite pour renouveler les engagements de la Cité Fourmi de Bel-O-Kube envers Kutzenbach. Un peu en avance, certes, mais j’ai jugé bon de m’en occuper.

— Tu as bien fait ! lança l’autre homme avant de se tourner vers Wilfried. Néanmoins...nous attendions ce jeune homme pour nous entretenir avec lui. Tu es Wilfried n’est-ce pas ?

— Euh… Oui, c’est bien moi, répondit le jeune homme, rouge jusqu’aux oreilles.

— Nous t’attentions avec impatience ! s’exclama-t-il. Mais quel rustre je suis ! Je m’appelle Xaxicouzoulou — mais Xaxi va très bien en règle générale — et voici mon collègue Gaudis. Je pense que tu sais très bien qui nous sommes, il serait inutile de nous attarder là-dessus. Donc… Comme je sais que ton temps est précieux mon cher Dom, je te propose de venir avec notre ami Wilfried dans notre bureau, nous pourrons discuter calmement. Enfin, si votre temps vous le permet, bien sûr, ajouta-t-il en plongeant un regard interrogatif sur le pauvre Wilfried. »

Ce dernier se contenta de hocher la tête, un peu dépassé par les évènements. Le dénommé Dom sourit et emboita le pas aux Omaitr. Il avait dit être de Bel-O-Kube, la cité fourmi du sud-ouest… Ce qui ferait de lui le représentant des fameuses fourmis géantes ayant abordé les fondateurs aux prémices de Kutzenbach !
Le Bel-O-Kubien s’assit bien confortablement sur l’un des fauteuils disposés autour d’une petite table.

« Bien ! Quelles sont les nouvelles par ici ? Mes fonctions m’ont malgré moi empêché de revenir plus tôt, ce que je regrette, et j’ai donc du retard dans les évènements je présume… Toujours aucun problème avec le Bund ?

— Non, et grâce à vous ! Malgré le repaire de malfrats qu’est leur Undercity, la protection que vos mages ont lancé sur la forêt de Ferbo'tenn reste toujours aussi efficace. Toujours rien à signaler !

— Fort bien… Je passerais faire le tour de tous nos postes de garde de la forêt pour annoncer la relève à nos guerrières de la Déferlante.

— Tu as dit que tu venais aussi renouveler nos accords ? s’enquit Gaudis.

— Tout à fait ! Je viens en tant que Sexué Femelle de Bel-O-Kube en charge de la diplomatie m’assurer que nos accords commerciaux tiennent toujours, afin que je puisse confirmer à la Reine Arthur que nous continuons bien à maintenir le protectorat que nous vous offrons.

 

— Bien entendu ! Du bois, des champignons et du sucre pour les ressources principales comme d’habitude je suppose ?

— Tout à fait ! Nos ouvrières seront ravies de pouvoir apprécier de nouveau de la Gorgeraide à flot ! Marché conclu alors, et avec plaisir comme toujours ! J’ai pris la liberté de préparer les papiers pour nous faire gagner du temps, allons à un de vos bureaux. »

Tous trois se dirigèrent vers l’une des tables installées dans la pièce, laissant Wilfried seul, assis et n’osant esquisser un geste. En revanche, si l’immobilité ne le quittait pas, il ne cessait de ressasser la conversation qui avait eu lieu devant lui. Ainsi, les rumeurs avaient raison. Le Vampire Bund, ville voisine, était en effet une menace non négligeable pour un peuple d’humains comme celui de Kutzenbach. Certes, leur fameux Stigma limitait les éventuelles attaques, mais elles n’étaient pas non plus impossibles. Xaxi et Gaudis, lors de leur arrivée, étaient loin de se douter qu’un tel peuple était leur voisin. Les fourmis de Bel-O-Kube étaient bel et bien venues à la rencontre de leurs nouveaux voisins, et leur ont offert une protection contre le Bund. Même dans la campagne d’où était originaire Wilfried, la réputation de la terrible Déferlante Noire de Bel-O-Kube et les compétences des mages de la Colonie du Kubnigera avaient fait route et n’étaient pas inconnues pour grand monde…
Un accord vénal et amical d’une dangereuse simplicité, mais qui faisait son office depuis bien des années déjà…

À l’autre bout de la pièce, les trois hommes discutaient en signant une pile considérables de documents. Ils eurent bientôt finis, et les Omaitr raccompagnèrent leur invité vers la sortie.

« Messieurs, ce fut un plaisir ! lança Dom en s’inclinant légèrement. Et promis, j’essaierais de passer vous voir et vous aider plus souvent. Aussi souvent que me le permettront mes postes à Bel-O-Kube et au Kubnigera en tout cas.

— Ce sera toujours avec plaisir, sire Fulmen, le remercia Gaudis avec un grand sourire. Notre porte te sera toujours ouverte ! »

Le jeune homme inclina respectueusement la tête à chacun des trois hommes de la pièce, et sortit à grands pas, ses bottes claquant contre le plancher. Les deux fondateurs de Kutzenbach se tournèrent vers Wilfried et s’approchèrent.

« Bien, c’est enfin à nous ! lança Xaxi. Je peux te servir quelque chose à boire ? »

Sans même attendre sa réponse, il prit trois verres, une bouteille, et Wilfried se retrouva bientôt avec un verre empli d’une étrange liqueur en face de lui, posé sur la petite table basse qui trônait entre les fauteuils.

« Dis-nous Wilfried, est-ce que tu connais l’histoire d’Ober et Nider ? s’enquit Xaxi.

— Bien entendu ! Qui ne la connaît pas ? annonça fièrement le jeune homme, oubliant sa timidité. La volonté que vous aviez de construire une ville pour tous, que les habitants puissent s’enseigner l’un à l’autrre le savoir de leur profession, et que tous aient une chance de monter à la force de leurs bras pour avoir une vie meilleure… C’est votre histoire qui m’a fait venir ici il y a sept ans, et qui m’a fait arriver là où j’en suis !

— Bien, acquiescèrent-ils en cœur. Vois-tu, ajouta l’Omaitr Gaudis, c’est exactement pour cela que nous t’avons fait venir. Tu représentes tout ce que nous souhaitions pour cette cité. En partant de rien, tu es venu et demeuré ici pendant de longues années. Grâce à ton travail studieux, tu as appris les plus obscurs secrets de ton domaine d’expertise, et tu es devenu l’un des meilleurs.

— Et parce que tu es l’un des meilleurs, poursuivit son collègue, tu as pu apprendre les rudiments d’autres professions pour t’améliorer et diriger ton équipe, jusqu’à monter encore et encore pour en arriver là où tu es. C’est ton histoire qui représente exactement ce que nous voulions en posant la première pierre de Kutzenbach. Ainsi, nous voulions t’adresser personnellement nos félicitations pour ton remarquable travail…

 

— Oh… Je… Ce n’est pas la peine vous savez, je n’ai fait que…

— … et t’annoncer nous-mêmes ta promotion.

— Pardon ?

— Notre Pada nous a appris qu’il comptait te nommer parmis ses Seil. Vu ton remarquable travail, nous tenions à t’annoncer la bonne nouvelle en personne. À partir de demain, tu deviendras donc l’un des architectes officiels de Kutzenbach ! »

Wilfried en resta sans voix.
Un rêve.
Oui, ce devait être un rêve, il n’y avait pas d’autre explication.

Mais, après tout, c’était bien la réputation d’Ober et Nider, les cités jumelles, que de réaliser les rêves…

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