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Mémoires d'un Nain


Khazadur
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Bonjour à tous !

 

Je poste ici la première ébauche de mon RP dépouillé des candidatures. Je l'ai écris avant tout pour le plaisir, mais aussi parce que 20 ou 30 lignes pour exposer l'histoire de son personnage c'est bien trop court. 

 

Je suis très loin d'atteindre le niveau des RPs des pointures de ce forum alors ne vous attendez pas à quelque chose de transcendant. Je dois aussi souligner le fait que les lignes qui vont suivre sont violentes et le langage parfois assez cru.

 

Je compléterais cette histoire au fur et à mesure que j'écris et au fil de ma progression dans les terres Stendeliennes. S'il y a certaines fautes aberrantes ou incompréhensions, n'hésitez pas à me le signaler, je corrigerais ;).

 

Bref, sur ce, bonne lecture.... 

 

 

 

 

                -"Plus haut ! Lève ce foutu bouclier plus haut ! beugla Khazadur, en ponctuant sa phrase d'un coup de hache supplémentaire sur le pavois du pauvre Nain qui croulait sous les assauts de son instructeur.

Plus haut, barbichette !

 Le bleu se recroquevillait à présent derrière la rondache d'entrainement tandis qu'un autre impact l'ébranla un peu plus. D'un coup de pied, Khazadur l'envoya rouler au sol.

J'ai jamais vu une lopette pareille ! C'est tout ce que tu vaux ?! J'ai déjà vu des gobelins plus courageux, eux au moins ne se cachent pas derrière leur bouclier en chialant !

-Serg- tenta le jeune toujours affalé sur le terrain, mais son supérieur tyrannique ne le laissa pas finir

-Ferme-là ! Si je te dit de le lever alors tu le lève et tu fermes ta grande bouche ! C'est bien clair ?!

-Mais-

D'un revers de hache, Khazadur lui cingla le visage . Un craquement retentit.

-Si j'avais été un orque, c'est pas ton nez qui aurait craqué mais ton crâne ! Met toi bien ça dans la tête, et la prochaine je veux le voir plus haut !

Puis, s'adressant aux autres recrues qui s'exerçaient dans la cour autour d'eux,

 

Fin de l'entraînement ! Je n'ai jamais vu une bande de minables comme vous ! Je désespère de faire de vous de vrais Nains, parce que là tout ce que j'ai sous les yeux c'est un ramassis de cloportes incapables de tenir une hache ! C'est tout pour aujourd'hui ! Allez vous déséquipez à l'armurerie, je ne veux plus vous voir."

La troupe de recrues tombant de fatigue et percluse de bleus se détourna. Khazadur resta là à les regarder s'éloigner, conscient de leurs regards noirs et de leurs malédictions.

-"Eh bien, c'est un train d'enfer que tu leur impose là, dit-une une voix derrière lui.

-C'est le but Eirbar, plus difficile est l'entraînement, plus facile sera la guerre.

-C'est vrai, mais ils ne sont que des apprentis mineurs, maçons, forgerons ou joailliers. Ce ne sont que de jeunes Nains qui font leur formation militaire, ils ne prendront les armes que si Karak Izril est attaquée.  Ce n'est pas la peine d'être aussi dur avec eux non ?

-Hors de question. rétorqua l'instructeur. Il vaut mieux qu'ils apprennent maintenant ce que signifie être un vrai Nain, il en va de leur propre vie. Et me vouer une haine commune ne peut que les aider à se souder entre eux et à canaliser leur énergie et leur agressivité. J'ai soif, tu ne veux  pas  discuter de ça autour d'une bonne bière, cousin ?

-Avec plaisir"

 

 

                Les deux Nains, sirotaient leurs bières, attablés autour des restes de ce qui fut une énorme cuisse de sanglier des montagnes. Autour d'eux, dans la salle bondée de mineurs et de forgerons de retour du travail flottait une atmosphère chaleureuse et épaisse, alimentée par les humeurs de dizaines de Nains alcoolisés et d'autant de pipes.

-Et sinon, quand reprend-tu le service ? demanda Eirbar

-Après-demain. Ma blessure à l'œil est guérie depuis un certain temps déjà mais le médecin a tenu à me surveiller. J'ai accepté ce poste d'instructeur pour garder la forme et m'occuper mais je ne suis vraiment pas fait pour ça. Je n'en peux plus de perdre mon temps ici, alors que je pourrais être en bas, avec mes hommes ! Foutu médecin ! grogna Khazadur en reposant sa chope brutalement.

-Pourtant il a raison, nous avons trop peu de guerriers professionnels pour garder les accès inférieurs de la forteresse. On ne peut pas se permettre de perdre un brise-fer de ta trempe. Et je trouve que tu n'es pas si mauvais que ça, tu n'es pas plus acariâtre que le vieux Jhortrek ! Tu te rappelle la peau de vache qu'il était ! 

-Hahaha ! Et comment pourrais-je oublier, il nous en a fait baver celui-là !

Sur ces mots, les portes de la taverne s'ouvrirent brusquement et un page essoufflé entra, parcourant les tables du regard. Ses yeux se posèrent sur celle des deux cousins et s'approcha vivement.

-"Sergent Throndinson, Maître Ulisson. Le Thane Alriksson vous demande, il dit que c'est extrêmement urgent.

-Très bien, on te suit mon garçon. répondit Eirbar.

 

                Le trio sortit et prit le chemin du hall du clan Alriksson.

-Que se passe-t-il ?

-Je l'ignore Maître Ulisson, mais mon maître a insisté sur le caractère urgent."

Les couloirs de la cité, éclairés par la chaude lumière des braseros retentissaient encore de la rumeur de centaines de Nains affairés malgré l'heure avancée. On pouvait entendre la clameur de vingtaines de marteaux battant le métal et le chant des burins. Le groupe croisa une patrouille qui salua Khazadur lorsqu'ils franchirent un gigantesque pont enjambant une faille sans fond, ils dépassèrent les statues monumentales des seigneurs qui ont fait la grandeur de Karak Izril et se frayèrent un chemin à travers de nombreuses salles populeuses aux piliers colossaux. Le groupe passe devant les halls du clan Throndinsson, celui de Khazadur.

Les bas-reliefs et statues relatent l'histoire de cet antique clan guerriers, fiers de servir dans le corps des brise-fer. Les soldats professionnels chargés de veiller sur les salles inférieures des forteresses et de patrouiller dans le sombre dédale de galeries des mines qui s'étend sur des miles et des miles sous les racines des montagnes. L'armure de gromril est leur symbole, le courage et l'honneur leurs valeurs. Ils sont les guerriers de l'ombre des Nains, leur quotidien est d'affronter tout ce qui se terre dans les ténèbres des entrailles de la terre.

 

Le trio atteint enfin les salles du clan Alriksson,

"Mon maître est dans ses appartements privés, il vous attend."

Le Thane Snorri Alriksson est le chef du clan éponyme, un des clans les plus anciens et vénérables de la cité. C'est un Nain sage et âgé, respecté de tous qui occupe le poste de patron de la corporation des prospecteurs de la cité. De fait, cela fait de lui l'un des personnages les plus influents de la forteresse, qui siège à la table de leur seigneur.

                Il fixa les deux cousins lorsqu'ils entrèrent. Malgré ses sept siècles, son regard n'a pas perdu de sa sévérité.

Les deux cousins saluèrent respectueusement l'ancien, qui congédia son page d'un signe de tête.

-"Bien, ne perdons pas de temps voulez-vous. Une de mes équipes de mineurs a disparue il y a de cela 2 semaines, et les hommes envoyés à leur recherche ne sont pas eux aussi revenus. Ce n'est pas la première qu'une équipe manque à l'appel, en général, cela veut dire qu'ils sont tombés sur un filon particulièrement riche.

-Alors tout va bien, Thane Alriksson ? demanda Eirbar

-Hélas ce n'est pas cela qui m'inquiète. Des bruits courent chez les mineurs, un malaise s'installe peu à peu.  Les équipes qui remontent ont toutes la nette impression d'être épiées, certains Nains ont cru percevoir des mouvements dans leur dos, d'entendre des pas furtifs. Cela, plus la récente disparition me fait craindre le pire, c'est pourquoi j'ai besoin Khazadur que vous partiez enquêter vous et vos guerriers.

-Ce sera fait Thane, répondit le sergent, en faisant le salut du guerrier, le poing sur la poitrine. Puis il sortit.

-Quant à vous Eirbar, enchaîna le vieux barbu, Nous avons à parler.

 

 

                Khazadur rentra directement chez lui, le page s'étant chargé de réunir ses guerriers. Il retira ses bottes, puis adressa une courte prière à ses ancêtres devant l'autel.

 

"Ô Grand guerrier, force du peuple nain. Nous honorons ici 
Tous ceux qui ont combattu en ton nom, mais dans les os
Gisent ailleurs. Puissent-ils vivre à jamais en ta demeure, suprême Grimnir".

 

Cela une fois fait, il était temps de se préparer. Il ôta ses habits et mit une tunique qui couvrait la totalité des membres, enfila son gambison matelassé. Il noua ses cheveux derrière sa nuque avant de se revêtir d' une cotte complète d'acier Nain.  Il se dirigea ensuite vers l'armurerie.

Son armure l'attendait. Forgée il y a de cela plusieurs millénaires c'est un chef d'œuvre de ferronnerie, un trésor de son clan. Sans aucun défaut, il s'agissait de ce qui se faisait de mieux dans tout le monde connu, chaque plaque de gromril rehaussée d'or et de gemmes luisantes s'articuleant parfaitement avec l'ensemble. Les runes gravées luisirent faiblement pendant qu'il l'enfilait comme si l'armure s'éveillait à la vie.  Khazadur saisit sa hache Zigil Tarak -Fureur d'Argent-, elle aussi savamment travaillée et gravée de runes et son bouclier, lui aussi en gromril.

                Il sortit, et se dirigea vers le puits où l'attendait son groupe. Les passants s'écartaient sur son chemin, pleins de respect. Ses hommes le saluèrent à son arrivée. Son second, Thorgrim prit la parole pour tout le groupe

"-Nous sommes ravis de vous revoir sur pied sergent ! Les gars et moi on se demandaient quand vous en auriez marre de jouer les nounous avec les jeunes ! Votre œil se remet sinon ?

-Très drôle Thorgrim ! Non, je ne verrai plus jamais rien avec cet œil, mais le troll qui m'a fait ça je ne l'ai pas raté !Bref, avez-vous tous été mis au courant sur la mission ? la troupe hocha la tête.

-La zone qu'était censée fouiller l'équipe disparue est à trois journées de marche. Au croisement 8C6 du 38ème niveau. reprit le second, d'une voix bien plus concentrée

-Alors en avant ! On a pas de temps à perdre ! lança Khazadur en ceignant son heaume. Il prit la tête de la troupe et s'enfonça dans les ténèbres des entrailles du monde.

 

 

 

                "-Nous devrions y être au prochain croisement sergent. indiqua Thorgrim d'un signe de la main.

Dans les galeries profondes, où règne un silence absolu on se sait jamais si on est en territoire ennemi ou non. Partant de ce fait, les patrouilles communiquent par des gestes de la main afin de dissimuler leur présence.

D'un mouvement de tête, Khazadur confirma puis d'une main ordonna à son régiment de se mettre en formation. Les 25 vétérans se mirent en rang de cinq guerriers. Ils avancèrent ainsi sur plusieurs miles, aux aguets, prêt à réagir à la moindre menace.

Soudain, levant son poing fermé, Jhortrek -le meilleur pisteur du groupe- signala l'arrêt de la troupe.

-"Sergent, d'après les traces sur le sol les mineurs sont bien passés par ici. Cependant on dirait qu'ils couraient. souffla-t-il

-Comment ça ?! Tu penses qu'ils étaient pourchassés ?

-Hmmm... Impossible à déter- Il s'arrêta d'un coup en fixant quelque chose dans le boyau, et s'approcha vivement puis posa un genou à terre.

-Qu'y a t-il ? demanda le second

Ce fut Khazadur qui répondit:

-Du sang. De Nain. A ce mot, les guerriers dégainèrent en même temps.

-En êtes-vous absolument sûr ? risqua un brise-fer

- Aussi sûr que l'or brille et que les elfes sont des traitres ! grogna le sergent

-D'après les traces dans la poussière, il a été attaqué juste ici, puis trainé plus loin. Par quoi je l'ignore. Il faudrait continuer plus en avant pour être fixé. poursuivi le pisteur.

La troupe se remit en rang serré, prête à parer à toute éventualité, suivant la piste laissé par les mineurs et leurs mystérieux agresseurs. L'odeur du sang se faisait de plus en plus présente.

-"Merde ! lâcha quelqu'un. Regardez les parois !

-Par la barbe de Grungni..., souffla un guerrier dans son dos. Ce tunnel n'a pas été creusé par nos mineurs !

Plus à fond dans la galerie, dans un coin de ténèbres plus sombres que le reste, fusa une flèche qui transperça l'orbite du soldat à sa gauche. Il tomba, raide mort.

-Gobelins ! hurla le chef, resserez les rangs ! Ne les laissez pas vous contournez !  

Les piaillements aigus de leurs ennemis de toujours retentirent soudain dans toute la galerie. Leurs ricanements éveillèrent la haine ancestrale que chaque Nain à dans son cœur, les runes de la hache de Khazadur lurent alors plus fort, comme s'il elle sentait le sang des peaux-vertes tout proches.

D'autres projectiles filèrent vers eux.

-Boucliers ! ordonna d'une voix posée le sergent. Comme un seul homme, les Nains dressèrent leur mur de bouclier et essuyèrent sans dommages les tirs. Tout à coup, la pluie cessa et les premiers gobelins émergèrent de la pénombre, brandissant leurs armes de fortune.

-Baruk Khazad ! beugla Khazadur

-Khazad aî-Menu ! finirent les autres guerriers.

                Le premier ennemi à atteindre les lignes des Nains mourut promptement, le crâne fendu par la lame de Khazadur, il repoussa le second d'un mouvement de bouclier avant de lui faucher les jambes, le gobelin s'écroula dans un hurlement de souffrance. Khazadur ne prit même pas la peine de l'achever que de la tranche de son pavois il broyait la gorge d'un troisième. S'ensuivit ensuite une mêlée sanglante. Du  coin de l'œil, il vit un gobelin être jeté en arrière, la tête enfoncée par un coup magistral de la masse de Thorgrim. Khazadur enfonça sa hache de la clavicule jusqu'à l'aine d'un autre peau-verte, le sang giclant de son corps dévasté. Plus loin, un gobelin à genou piailla sa douleur lorsqu'un bon pied d'acier émergea de sa poitrine. Un coup toucha l'armure de Khazadur, celui-ci sauta sur le coté et lança un puissant coup de pied dans la direction d'où provenait l'attaque. Sa botte heurta violemment le genou d'un gobelin, brisant l'articulation. Ce dernier, hurla et s'effondra, lâchant son arme pour agripper son genou broyé.

                Khazadur virevoltait dans tout les sens, frappant de sa hache et de son bouclier avec une férocité meurtrière. Chaque fois qu'il touchait, les os craquaient et les gobelins mourraient. La puanteur du sang et des boyaux qui se vidaient assaillit ses sens au moment où expirait le dernier ennemi. Ses épaules et son plastron étaient striés de sang. Il examina la pénombre, seuls les Nains étaient debout. Tout était calme.

-"Tout le monde est en vie ? demanda-t-il

-Nous n'avons que des blessures superficielles, répondit le second

-Parfait, rentrons immédiatement à la forteresse. Il faut absolument donner l'alerte. Les gobelins voudront savoir où est passée leur patrouille. Au pas de course, allez ! On emporte aussi le corps de Steg.

Les brise-fer ne mirent qu'une journée et demi à revenir.  Ils donnèrent l'alerte et bientôt les trompes d'alertes retentirent dans toute la forteresse, tout les Nains valides répondant à l'appel aux armes.

C'est la guerre. Karak Izril est attaquée.

 

 

 

                Khazadur expira un long filet de fumée, en passant lentement la pierre à aiguiser sur son braquemart. La courte lame était de section triangulaire, ses tranchants déjà affutés à l'extrême et conçu pour se glisser entre les côtes de la victime et les briser dans le même mouvement. C'était un outil pour tuer, rien de plus.

                Il savait pourtant qu'il n'aurait pas à s'inquiéter de son tranchant, mais faire cela l'aidait à ne pas penser au passé, quand les gobelins n'avaient pas encore osé foulé le territoire de ses ancêtres. Vingt ans déjà que la guerre avait éclaté.

                Ils avaient dû abandonner aux peaux-vertes les niveaux inférieurs et médians, ployant peu à peu sous le nombre, ils avaient beau en tuer des centaines de milliers, d'autres les remplaçaient sans cesse... Les effectifs de l'ennemi semblaient inépuisable, contrairement aux leurs qui s'amenuisaient peu à peu au fil des assauts des gobelins. Tant de ses proches sont tombés, le premier à partir fut Eirbar, broyé par un troll. Puis ce fut au tour du vieux Ralfnufsson, de Jhortrek, du prince Barbarin et de presque tout les autres.. Seul reste Thorgrim. 

                Parfois une lueur d'espoir surgissait en lui à l'annonce de la reprise d'une salle ou de la mort d'un lieutenant ennemi, mais elle s'étouffait à chaque fois bien vite. Dans un soupir rauque, il remis l'arme dans son fourreau à sa ceinture, puis ramassa sa hache et son bouclier. Il parcourut les salles désertes aux piliers abattus, jonchées de débris et de gravats. Passa devant les fières statues d'autrefois jetées à bas, dépassa les tombes sommaires de milliers de guerriers tombé au champ d'honneur, franchis un pont qui surplombait un lac souterrain, aux eaux jadis cristallines mais maintenant polluées par les cadavres qui y pourrissaient. Le chant des forges ne retentissait plus que de façon sporadique, à peine l'ombre du glorieux hymne d'antan... Il suivit le son, et entra. Les enclumes étaient désertes, les forges presque éteintes. Seuls quelques guerriers étaient là, occupés à réparer leur équipement usé par des décennies de combats incessants. Il s'arrêta devant la sépulture de son cousin, placée dans le lieu qu'il chérissait le plus.

                Khazadur resta là un long moment debout, en silence, à méditer et à ressasser le passé.  Puis, du bout des lèvres seulement, il se mit à fredonner l'un des airs favoris d'Eirbar:

 

Aujourd’hui les peaux vertes

Viennent se livrer à nos coups

Ami, verse-nous à boire

Et la victoire est à nous

Triples yeux ! remplis mon verre

La bière fait de bons guerriers,

Grimmir on te ressent t’es dans l’air

Arrose nos Boucliers.

 

Un assaut bougre nous menace

La colère est sur son front.

Crancé foutre, quelle audace !

Veut nous faire la leçon :

A nous, jour du Guerrier, j’enrage !

Nous le fléau des pervers,

Nous dont notre courage

Se foutrait de leur rage.

 

Les Nains présents joignirent leurs voix à la sienne

 

Verse donc cher camarade

De soif tu me fais languir ;

Verse encore une rasade,

Et je veux vaincre ou mourir.

J’en veux foutre cent par terre,

Et de sang tout inonder,

Oui je veux, dans la poussière,

Les rouler et les égorger.

 

Gobelins scélérats perfides,

Assassins de nain ;

Et toi orque nuisible,

L’horreur de la vie.

Ambitieux sanguinaires !

Les Brise-fers sont tous prêts :

Ils embrassent leurs frères,

Mais puniront vos forfaits.

 

Peut-être au sein de la gloire

Une foutue lame rouillée

M’enverra dans le noir, Gazul me conduira

Vers ce panthéon de Héros.

Content, je perdrai la vie,

Je m’en fous, j’aurai vaincu ;

Quand on meurt pour les siens,

N’a-t-on pas assez vécu ?

 

 

Toutes les montagnes nous contemplent,

Amis frappons-en plus fort ;

Au monde donnons l’exemple

Aux Orques donnons la mort.

Canonniers ! brûlez l’amorce ;

Redoublons tous nos efforts,

Faisons leur entrer par force

La vérité dans le corps.

 

La victoire et rancune barré,

Voilà le vœu de nos cœurs !

Pour cette muse chérie

Nous jurons d’être vainqueurs.

C’en est fait le canon gronde,

Nous ne voulons plus de paix,

Que tous les gobelins du monde

Soient à nos pieds, par ma barbe j’en gronde.

 

 

J’entends une canonnade :

Vite allons à l’ennemi !

Mais avant, une rasade

A la santé de Grungni ; et

Aux pieds de nos remparts, avec Grimmir

Son nom qu’annonce la gloire,

On est sûr de la victoire

Quand on combat avec lui.

 

                Et d'un seul geste, ils firent tous le salut martial, une cinquantaine de gantelets heurtant tout autant de plastrons.

                Khazadur se détourna, un feu vengeur brûlant à nouveau en lui.

                Il rejoignit son poste, prêt à recevoir le prochain assaut peaux-vertes comme il se doit. Thorgrim lui tendit un pain de pierre -ration de voyage Naine- . L'acceptant d'un signe de tête, il le mangea lentement en le faisant descendre avec le fond de bière de sa gourde. Il restât là des heures, à surveiller l'autre coté de la barricade. De temps à autres, Khazadur surprenait un mouvement au fond de la salle, parfois un raclement ou un ricanement perçait le silence. L'air était lourd et fétide car chargé de l'odeur des cadavres gobelins en décomposition. Il n'y avait plus assez de Nains disponibles pour brûler tout les corps. Sur sa dextre, Thorgrim tira sa pipe d'une poche de ceinture, la bourra et prit une longue inspiration, savourant l'arôme avant d'expirer lentement.

-"C'était ma dernière dose d'herbe à pipe. Cultivée par les halflings. Je l'avais gardée pour un jour faste, mais le destin en a décidé autrement.

Son sergent ne répondit rien, le regard toujours fixé sur l'obscurité.

Vous n'êtes pas bavard... D'habitude vous balancez un commentaire sur les jeunes d'aujourd'hui, qui sont fragiles ou qui n'ont aucune patience. Que c'était mieux avant ou je ne sais quoi. Thorgrim s'assit lourdement dans un fracas métallique, apparemment son armure avait un problème . Il remua le bras, sa spallière émit un grincement.

-Tu devrais aller faire retaper ça, tu va en avoir besoin très bientôt. dit finalement Khazadur

-Comment ça ? lui demanda son second, interrogateur. Il y a une expédition de prévue pour aller dénoyauter un olivâtre haut placé ?

-Pas exactement. J'était à la réunion du Conseil des Anciens. On évacue.

-Quoi ?! Le seigneur Ungrim a donné l'ordre d'abandonner la forteresse ? s'offusqua le plus jeune Je préfère périr que laisser notre foyer ancestral aux gobelins !

Les guerriers autour d'eux se rapprochèrent à ces mots, discutant vivement entre eux. Beaucoup étaient du même avis que Thorgrim.

-Je te rappelle qu'Ungrim Poing-de-Fer a plusieurs siècles d'expérience, jeunot ! grogna un vétéran à la barbe aussi longue que blanche. Il est le meilleur combattant et le meilleur stratège que je connaisse. S'il a ordonné d'évacuer c'est qu'il juge que nous n'avons plus aucune chance de gagner maintenant.

-Rassurez vous, ça ne sera que temporaire. Nous reconstituerons nos forces en sécurité puis nous reviendrons avec des renforts des autres royaumes Nains et nous bouterons ces enfoirés hors de la demeure de notre peuple ! termina Khazadur. Même si moi aussi j'aimerai mourir ici plutôt que m'enfuir en laissant la forteresse aux mains de nos ennemis, je ferais ce que m'ordonne mon roi car je lui ai fait serment d'allégeance. Nous scellerons chambres fortes et tombeaux puis nous sortirons par une sortie secrète, nous prendrons avec nous le maximum et de vivres et d'objets sans que cela ne nous ralentisse. Nous nous dirigerons ensuite vers l'Ouest vers Karak Varn, le roi Kazador nous accueillera. C'est pour ce soir."

 

                L'évacuation se déroulait sans accroc, les rangers envoyés en éclaireurs signalaient que les gobelins n'avaient pas pris la peine d'assiéger ce flanc de montagne. Comme prévu, de très nombreux Nains avaient émis des objections, arguant qu'ils voudraient mieux mourir en défendant les salles de leurs ancêtres dans un dernier carré héroïque mais un mot du roi avait coupé court  à toutes volontés de ce genre. Les barbus passaient par petits groupes  menés par un Thane ou un ancien. On avait attribué à chaque groupe un itinéraire différent dans le but  de ne pas mettre tout son or dans la même bourse, comme le dit le proverbe. Khazadur regardait partir l'une des dernières unités, avec Thorgrim à sa tête. Les brise-fer avaient été répartit entre les différents groupes par mesure de sûreté.

Bam.

Un coup de tambour s'éleva des profondeurs de la salle.

Bam.

Le seigneur Ungrim Poing de Fer, son immense marteau runique, Klad Brakak, en appui sur les épaules et engoncé dans une armure runique tel une incarnation du dieu Grungni résuma à voix haute ce que tout le monde craignait:

"-Les voilà. Ils ont vraiment pris leur temps.

Bam. Bam.

-Accélérez l'évacuation ! Je veux que tout le monde soit dehors au moment où ces salauds seront sur nous ! dit vivement

Khazadur pressa les Nains restants à travers le tunnel.

Bam. Bam. Bam.

 Les son se rapprochaient, et les ricanements des gobelins se joignaient à présent à ses battements. Les Nains de son groupe devenaient nerveux, les Marteliers -la garde prétorienne du Roi- raffermirent leur prise sur leurs massifs marteaux de gromril. Plus qu'un seul groupe.

Bam bam bam bam bam bam.

-Ils sont tout proches, souffla un jeune guerrier. A ces mots, le premier gobelin surgit  dans la salle chevauchant une araignée des cavernes. Il pointa sa lance primitive en direction des Nains et brailla quelque chose. Ses semblables, eux aussi juchés sur ces effroyables créatures de plusieurs pieds de hauts sortirent de l'ombre derrière lui.

-D'après leurs cris, ils sont au moins deux centaines monseigneur. grogna un martelier couturé de cicatrices.

Seul restait à présent Khazadur, son groupe et le roi et sa garde.

-Allez-y sergent, nous refermerons après vous.  Bonne chance à vous tous.

Ce dernier salua, et s'exclama, prenant conscience de ce que son suzerain allait faire:

-Monseigneur ! Ce fut un honneur ! Puissiez vous rejoindre vos ancêtres. Nous chanterons votre saga !

-Marteliers, avec moi ! s'exclama le roi.

Il entonna son chant de mort et s'élança à la rencontre des gobelins qui courraient vers eux, avalant la distance les séparant en un rien de temps. Puis ce fut le choc, un immense fracas retentit quand les Nains percutèrent la ligne des peaux-vertes. Les têtes éclataient, les poitrines étaient enfoncés et des corps désarticulés volaient en tout sens sous les coups des barbus, dans un vacarme tel les chants des forges durant leur âge d'or. Ungrim Poing de Fer volait à travers les rangs des gobelins, ponctuant chacun de ses coups d'un mot, prenant plusieurs vie à chaque horion meurtrier, galvanisant ses hommes qui combattraient jusqu'à leur dernier souffle. Ce fut la dernière vision qu'emporta Khazadur du Seigneur Ungrim Poing de Fer, dernier Roi de Karak Izril, avant que le mur ne se referme.

 

 

               

                Ils marchaient depuis une semaine en direction de Karak Varn, franchissant les cols et les précipices les séparant de leur salut. Un blizzard infernal s'était levé le matin du troisième jour et soufflait depuis à n'en plus finir. Même si les Nains sont un peuple robuste, cette tempête gênait nettement leur progression mais au moins elle effaçait leurs traces. Ils ne s'arrêtaient que pour de très courtes pauses, s'arrêter était synonyme de mort par hypothermie et décuplait les risques de se faire rattraper par leurs poursuivants.

                -"Il faut que l'on traverse le Col des Crocs avant la nuit ! cria Khazadur à travers les hurlements du vent. Après nous pourrons nous reposer un peu au Mont Plat !"

                Le Mont Plat est une montagne située après le Col des Crocs, dominée par trois pics vertigineux: les Crocs. Elle a pour particularité d'avoir un sommet entièrement plat, vestige d'une ancienne époque où les dieux marchaient parmi les mortels, sur lequel se dressent les ruines d'une ville autrefois un des fleurons d'un vieil empire. Les érudits ignorent la raison de sa chute, et les superstitieux racontent que ces vestiges sont hantés. Tout cela Khazadur le relègue au second plan car les ruines pourront leur fournir un abri contre les éléments déchaînés, et si les gobelins craignent eux aussi ce lieu alors tant mieux.

                Péniblement, la troupe continua sa progression. Enfin, la pente commença à s'infléchir: ils avaient franchi le Col. Le Mont n'est plus qu'à quelques heures ! Cette idée réconforta les Nains exténués et meurtris par cette tempête qui n'en finit plus, ils accélérèrent le pas, et bientôt ils franchirent une immense arche de pierre symbolisant l'entrée de la ville. Le groupe s'abrita dans un bâtiment un peu moins délabré que les autres. Presque tous s'effondrèrent sur le sol, certain parmi eux sortirent leurs rations. Khazadur posa son sac et donna ses consignes:

                "-Bien. Nous resterons ici jusqu'aux premières lueurs du jour, je veux des sentinelles en permanence et surtout aucun feu ni bruit. Je prend le premier quart avec -Khazadur parcourut l'assemblée de Nains du regard, et choisis les deux encore debout- Gotrek et Morgrim. Les autres vous pouvez vous reposer."

 

                Ugrek observa les Nains entrer dans les ruines aux fantômes. Plusieurs jours qu'il suivait ces satanés nabots à travers la tempête. Certains de ses Nez Cassés avaient voulu se tirer pour aller écraser des barbus dans la vallée mais Ugrek leur avait bouffé la cervelle pour l'exemple. Le Nain cuirassé de tête avait quelque chose qu'il voulait, une hache magique qui brille dans le noir. Quand il aura écrabouillé le nabot et prit l'arme de ses mains, tout les orques de la région sauront qu'il est le plus grand chef de tout les temps et du monde mondial !

                Khazadur s'éveilla lorsqu'une main lui secoua l'épaule. Il releva la tête, l'aube pointait à travers les cimes des montagnes. L'heure de lever le camp est arrivée. Il se releva, plein de courbatures, et ceignit son heaume puis jeta son sac sur les épaules. Dehors, le blizzard avait cessé de souffler, seuls quelques flocons tombaient. Heureusement que c'était la belle saison, ils n'auraient pas tenu deux jours s'ils avaient dû fuir en hiver. Il prit la tête de la troupe.

                A peine eurent-ils franchis l'arche qu'un Nain s'effondra, une flèche dans la poitrine, un autre poussa un grognement lorsqu'un trait lui perça la cuisse.

-"Embuscade ! beugla Khazadur. Ses guerriers se mirent en position, formant un mur de boucliers les protégeant pendant que d'autres flèches se plantaient autour d'eux. Khazadur saisit Zigil Tarak, les runes gravées à sa surface brillante d'une lueur féroce.  D'autres dards s'écrasèrent contre leurs pavois, inoffensifs. La pluie cessa et un cri de guerre tribal retentit devant eux.

-Des maraudeurs orques ! cria quelqu'un. Khazadur aperçut leurs agresseurs qui fonçaient vers eux.

                Les maraudeurs orques sont le cauchemar des voyageurs, ils se déplacent par petites bandes et se livrent au pillage des caravanes et des communautés peu défendues. Plus d'un personnage important a disparu par leur faute, et les éradiquer est une entreprise toujours couteuse en temps et en vies. Ils figurent parmi les plus forts des orques, dépassant la plupart d'une bonne tête et sont encore plus brutaux et cruels que leurs semblables. Ceux là ne faisaient pas exception à la règle, le corps musculeux, hauts de plus de huit pieds, des bras aussi épais que des rondins, des mains tordues faîtes pour casser des choses et de petits yeux noirs et cruels. Leur équipement est disparate, constitué en grande partie de matériel récupéré et leur armes sommaires mais non moins meurtrières car les orques ont le don de transformer n'importe quoi en instrument létal. Chacun de ces monstres était monté sur un Ouargue des montagnes, une créature ressemblant vaguement à une hyène de six pieds de haut qui rivalise avec son cavalier en sauvagerie et soif de sang. Ils étaient une trentaine, menés par un orque tatoué encore plus énorme.

 

                Les Nains disposant d'armes à distance ouvrirent le feu, Khazadur lança une hache de lancer, deux Orques vidèrent les étriers, l'un un trou béant à la place du crâne et l'autre une hache planté dans la poitrine, mais cela n'empêcha pas leurs montures de continuer. Un Ouargue s'effondra, touché à mort, son cavalier se dégagea de sous sa carcasse et continua à pied.  Les maraudeurs atteignirent le petit groupe. Et ce fut un carnage. Les orques enfoncèrent la formation, brisant les boucliers, fauchant les Nains comme du blé, circulant à travers eux en tranchant têtes et membres. Khazadur vit un Ouargue refermer ses mâchoires sur le bras d'un de ses guerriers, entendant les os craquer, un autre se repaitre des entrailles d'un mort pendant que son maître empalait un Nain sur sa lance. Mais certains tinrent bon, un vieux guerrier grisonnant trancha les pattes d'un monstrueux canidé avant d'achever l'orque. Gotrek planta son bec-de-corbin dans la boite crânienne d'un Ouargue sans cavalier, la pointe pénétrant par l'œil avant d'en ressortir de l'autre coté dans une gerbe de sang. Un orque à pied tenta de pourfendre Khazadur, qui dévia la lance avec son bouclier puis avant d'abattre sa hache sur le bras qui tenait l'arme. Le membre tomba au sol, coupé net. L'orque saisit son moignon sanguinolent en hurlant, Khazadur tournoya sur lui même puis trancha le genou de son adversaire. Il éventra un Ouargue trop distrait par la carcasse d'un Nain, puis esquiva l'estramaçon d'un peau verte qui passa à moins de deux pouces de son visage. L'orque releva son arme et faucha en direction du barbu cuirassé, découpant un de ses congénères au passage. Khazadur se baissa, la lame siffla au dessus de sa tête puis passa sous la garde l'orque qui reçut la tranche de son bouclier dans la mâchoire. Ce dernier tituba en arrière, sonné. Le sergent l'envoya rouler d'une charge d'épaule puis lui fendit le crâne lorsqu'il tente de se relever. Khazadur tourna la tête, contemplant le champ de bataille. La plupart des Nains gisaient au sol, morts ou blessés, seule une poignée pouvait encore combattre. Les Orques ne s'en sortaient pas mieux, une fois le choc de leur charge initial passé, ils se sont retrouvé empêtrés dans un corps à corps statique à l'avantage des barbus.

                Ugrek cracha sur le corps du Nain qu'il venait de tuer. Il avait attendu, il avait patienté, il avait réfléchi et ces crétins de Nez Cassés ont fait capoté son plan se jetant dans la bataille comme un gobelin à sa première baston. Il ferait sauter quelques têtes et boufferait quelques cervelles une fois cette affaire réglée. Heureusement, par la tournure des évènements, ses troupes prendront finalement le dessus sur les barbus. Il grogna un ordre à ses guerriers, il allait arracher cette hache des mains de ce maudit nabot mort et il lui mangerait les doigts.

                Khazadur se rua vers un orque sur Ouargue boiteux dont les crocs dégoulinaient de bave. Le Nain esquiva l'attaque de la bête, plongea sous son ventre et attaqua vers le haut. Le ouargue hurla et s'effondra subitement sur lui même et Khazadur eut tout juste le temps de rouler sur le coté. L'orque fut jeté au sol et Khazadur n'attendit même pas de se relever pour lui décocher un terrible coup de hache. Son attaque manqua cependant de précision et l'orque parvint à éviter le coup. Il ne chercha cependant pas à riposter et préféra prendre ses jambes à son coup. Le fuyard n'eut pas le temps de faire vingt pas que le gigantesque orque lui sépara la tête des épaules.

                Ugrek était enfin confronté à ce Nain avec sa hache. Parfait. Voilà qui lui éviterait de courir après ce nabot. Il hurla de défi et foudroya le Nain du regard, mais, à sa grande surprise, celui-ci ne sembla pas s'en émouvoir plus que ça. C'était la toute première fois qu'Ugrek se retrouvait face à un bipède qui ne reculait pas d'un pouce face à lui. Cela le perturba un peu. Qu'importe ! Il faisait deux fois la taille du Nain et facilement trois fois son poids. Il était l'orque le plus imposant de toute la création et il n'allait faire qu'une bouchée de cet arrogant nabot. Il frappa de son couperet, mais le Nain n'était déjà plus là. Étrange. Ugrek se croyait pourtant l'orque le plus rapide de la région. Personne n'a jamais pu esquiver l'un de ses coups. Le Nain riposta, mais c'était aussi bien, car Ugrek aimait que son repas se débatte un peu. Ca rendait la vie un peu moins morose.

                Les étincelles volèrent lorsque les deux lames se heurtèrent. La violence de l'impact fut telle qu'elle surprit Ugrek, qui dut même reculer sous l'impact. Hum... Ce Nain était tout de même balaise. Mais tant mieux, toute cette force lui reviendrait lorsqu'il lui dévorerait le cœur. Le chef orque contre-attaqua d'un coup de hache, mais le Nain lui plongea entre les jambes et lui asséna au passage un coup qui l'atteignit derrière les genoux. Ugrek se retourna et frappa à nouveau, des deux armes en même temps cette fois-ci. Le Nain ne pouvait pas se défiler, c'était certain.  Et le Nain n'essaya même pas. A la place, il leva son bouclier et bloqua net les deux armes de l'orque. Le choc le projeta pourtant à genoux mais il effectua une roulade arrière et se releva. Ugrek commençait à s'amuser. Ce Nain avait déjà tenu bien plus longtemps que n'importe lequel des ennemis qu'il avait eu l'occasion d'affronter, et il ne semblait pas sur le point de succomber. L'énorme orque avais toujours eu le sentiment que c'était à la force de ses ennemis que l'on pouvait mesurer la grandeur d'un chef et lorsque qu'il en aurait fini avec ce brise-fer, tous les orques du monde sauraient qu'il était vraiment le plus fort de tous. Une pensé qui lui réchauffa le cœur.

                Mais il n'eut pas le temps de profiter de cette satisfaction car le Nain se jetait sur lui et entreprit de le bombarder d'une série de coups, chacun plus puissant que le précédent. Ugrek dut parer les uns après les autres, de plus en plus difficilement, et il comprit soudain que le Nain avait jusque là fait semblant de se battre. Tant mieux lui aussi. Il devait bien admettre que le nabot était d'une valeur presque égale à la sienne, ce qui rendait le combat encore plus intéressant, plus encore que la simple perspective de dévorer le cœur de son ennemi. Il commençait à avoir mal aux bras à force de contrer les attaques du Nain. Jamais il n'avais éprouvé une telle sensation dans les poignets. C'était tout à fait nouveau pour lui. Jamais un adversaire ne lui avait fait endurer cela. Le barbu porta une nouvelle attaque et Ugrek leva son couperet pour la bloquer, mais il se rendit compte que son arme n'était plus là, pas plus d'ailleurs que la main censée la tenir. Cette sensation qu'il avait ressentit dans le poignet était tout simplement de la douleur. Par les dieux, que cette hache était tranchante, il lui la fallait vraiment.

                Ce fut la dernière pensée qui traversa l'esprit de l'énorme peau-verte avant que ladite hache ne s'abatte et que les ténèbres ne l'engloutissent à jamais.            

 

                Le grand chef orque s'effondra silencieusement, un rictus aux lèvres. Constatant la mort de leur chef, les autres prirent leurs jambes à leur cou sous les quolibets des Nains. Khazadur haletant, épuisé et complètement trempé de sang et de sueur s'assit lourdement.  Les orques ont pu être repoussés mais à quel prix ? Sa troupe était décimée, il n'y avait que très peu de survivants et la plupart d'entre eux étaient bien trop blessés pour pouvoir continuer leur périple. Le sol était jonché de cadavres, autant orques que Nains, ses guerriers encore valides achevaient les ennemis agonisants et accordaient les derniers honneurs aux défunts et mourants de la troupe. L'odeur du carnage le prit à la gorge malgré le froid et l'épaisse couche de neige, il eut des hauts de cœur et sentit un gout de bile remonter dans sa bouche. Khazadur ôta son heaume. Ses cheveux dénoués et crasseux cascadèrent sur ses épaules. Il lui fallait prendre une décision, maintenant. Les orques allaient revenir avec des renforts et le fracas des armes n'aura pas manqué d'attirer toutes les créatures à des lieues à la ronde. Devaient-ils partir en emmenant avec eux les blessés ou non, sachant que ces derniers les ralentiraient. Une faible voix le tira de sa réflexion.

 

                C'était Grimme, le plus agé des Nains de la troupe. Il était allongé contre l'arche de pierre, cinq cadavres d'orques disposés en cercle autour de lui. Une lance dépassait de sa poitrine et sa barbe était imbibée de sang.

-"Il faut que je te parle... souffla-t-il d'un timbre de voix que la souffrance rendait méconnaissable.

Khazadur approcha rapidement du mourant, s'agenouilla à ses cotés et posa une main sur son épaule.

-C'est bien moi.

-Ils étaient trop nombreux... dit Grimme en tentant de se redresser. Du sang afflua à une profonde blessure à sa tempe, et il s'effondra de nouveau.

-Tu t'es battu avec vaillance, mais c'était là ton dernier combat.

-Ce n'est pas de ça que je voulait te parler. J'ai arraché ça à la ceinture d'un de ces enfoirés. Il ouvrit faiblement le poing. Une pièce de tissu était froissée dans le creux de sa paume. Khazadur la saisit, et la déplia. C'était un riche brocart vert émeraude brodé d'une montagne stylisée au fil d'or. Des runes de filigranes dorés composaient deux mots. Un nom. Karak Varn. Et le sergent comprit l'importance de la prise du vieux guerrier. Un tel tissu provenait du vêtement d'un membre du clan noble de Karak Varn, il a été arraché à la dépouille d'un Nain de sang royal comme trophée. Cela signifiait que Karak Varn était attaquée, peut être même déjà tombée pendant que leur propre forteresse était en état de siège, coupée du monde.

Il n'y a plus rien qui nous attend là-bas, reprit le Nain agonisant. Il leva la main et serra le poignet de Khazadur. Réunis les survivants et partez dans l'Ouest, ensuite faites ce que vous voudrez. Mais n'oubliez jamais la vengeance ! Ils doivent payer ! Fais m'en le serment Khazadur ! Du sang coula de ses lèvres. Son regard, toujours fixé sur le brise-fer se voila.

-Je te le jure. Ne jamais oublier"... répondit-il, même si Grimme n'entendit jamais la réponse.

                Khazadur se releva. Le silence régnait autour d'eux, même le vent s'était tut. Les Nains encore valides le regardaient. Visiblement ils avaient tout entendu. Il prit la direction de l'Ouest, vers les terres des hommes.

 

 

                Je pousse la porte de la taverne la plus connue des Terres Stendeliennes et me dirige vers le comptoir. L'odeur amère de la boisson mêlée à celle de tant d'Hommes me prend au nez. Je me fraie un chemin droit vers le comptoir, en évitant de croiser le regard aviné des ivrognes que je bouscule. Le tenancier, en sueur, m'indique une table vers laquelle m'installer, avant d'aller s'occuper de quatre chevaliers arrogants en tabards rouges.

                Je prend donc la direction de la table indiquée et remarque qu'elle est déjà occupée, l'individu en question est un Nain à l'air peu engageant. Je retourne au bar pour commander une bière , tout en détaillant du coin de l'œil le barbu installé à ma table. Sa barbe et ses cheveux sont de couleur brune, décorés de riches anneaux d'or. Son visage, quant à lui, est marqué par une vie de combat. En effet, de longues balafres lui couturent la peau, son nez et sa mâchoire semblent avoir été cassés de nombreuses fois. Son expression est relativement commune à celle de son espèce, dure, déterminée, antipathique et résignée. Une fois servi, je retourne à la table, en m'approchant je remarque que ses yeux ont un éclat métallique indéfinissables et qu'un feu vengeur brûle à l'intérieur. Je détaille ses vêtements, ils sont humides par le temps de dehors, rendus sales par des années de voyages, délavés par les intempéries mais en dessous j'aperçois une lourde armure richement décorée, gravée de runes, incrustée de métaux précieux et de gemmes brillantes. Un reflet métallique surnaturel attire mon regard vers une hache posée sur la table, sa lame est elle aussi gravée de runes qui luisent doucement dans la pénombre de l'établissement tandis qu'une étrange aura s'en échappe, son manche est richement ouvragé d'or et d'argent. Non loin de là, appuyé contre la table se trouve un pesant bouclier, orné de la même façon que le reste de l'équipement. 

Je m'approche doucement de mon compagnon de tablée, en prenant note qu'à la moindre provocation de ma part, mon intégrité physique risque d'être sérieusement diminuée... Une fois assis, le barbu lève les yeux vers moi et de son haleine alcoolisée le dit:
"Salut mon pote, qu'est ce que tu fous à ma table ?" Un peu inquiet, je lui répond d'une seule traite:

-"Je me suis assis là où le tenancier m'a dit de m'asseoir, maître Nain..."
-"Nan nan pas de ça avec moi mon pote, pas de maître Nain, juste Khazadur, du clan Throndin. C'est comme ça que les gens qui ne sont pas de ma race m'appellent." J'en reste interloqué le temps de me rappeler que les Nains ont un nom dans leur langue qu'il cachent aux autres races et un nom dans la Langue Commune.
-"Comme vous voudrez Khazadur. " Puis, m'enhardissant, je lui demande un peu brusquement: "Mais que peux bien faire un Nain aussi loin des montagnes Galéors ?"
-Là tu vois mon pote c'est une longue histoire, et si tu désire l'entendre, prend ta chope et cale bien ton cul sur ce banc car j'aime pas qu'on m'interrompt.

C'était ya pas si longtemps qu'ça, environ trois de vos décennies..."

Modifié par Khazadur
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Tagazok !

 

Nouvelle chronique !

 

                 On frappait avec insistance. Vaguement réveillé par le vacarme, Khazadur avait le crâne en feu, la bouche comme une sortie d'égout, il avait même l'impression qu'un rat était venu y crever pendant son sommeil de plomb, et l'estomac en capilotade. Affalé sur les couvertures de sa couche, débraillé et couvert de farine. La chambre empestait la bière à plein nez. Ignorant le martèlement insistant, qui était sûrement le fait d'une migraine carabinée, il roula sur lui-même et se retrouva nez à nez avec une assiette de frites couronnée d'une saucisse à demi croquée. Souverainement agacé par le boucan, il se fourra la tête sous l'oreiller.

 

                -Chiotte ! grommela-t-il.

 

                On l'appelait mais il fit la sourde oreille, fort peu désireux d'aggraver son mal de crâne. Enterrer sa vie de garçon avec Chopine, qui avait tout organisé ? Il avait pourtant su d'entrée de jeu que s'y prêter serait une grave erreur qu'il regretterait amèrement.

 

                Comme maintenant.

 

                Les plans de Chopine avaient été la simplicité même: déguiser Khazadur et faire la tournée des grands ducs... de taverne en taverne. Chopine avait pris un malin plaisir à lui teindre la barbe et, au moyen d'un rouge à joues judicieusement appliqué, fard obtenue auprès d'une noble dame Nevah lors d'un marché louche, il lui avait foncé la peau de façon à lui donner des allures de vieux mineur sur le retour.

 

                Avec quelques autres joyeux lurons, dont Alexas et son cousin Ferginal, ils avaient passé la nuit à bambocher dans les nombreux débits de boisson de la cité. "Déchu" pour rire de sa dignité de Thane, Khazadur avait pu se lâcher tout son soûl, et boire comme jamais. Mais voilà, le réveil n'était guère glorieux, évidemment.

 

                Une main se posa sur son épaule. Il se dégagea, les yeux obstinément fermés contre l'éclat d'une lanterne tenue à proximité.

 

                -Fiche-moi la paix, si tu ne veux pas que je t'exile ! grogna-t-il.

 

                L'estomac en pleine révolte, il se redressa en sursaut, les yeux grands ouverts. Ecartant sans ménagement celui qui venait l'importuner jusque dans son lit, il se précipita vers l'âtre froid et dégobilla tripes et boyaux. Ensuite, se sentant un peu mieux, il but l'eau qu'on lui tendait.

 

                S'aspergeant, il se redressa, et vacilla sur ses jambes. Il retomba lourdement sur sa couche, lâchant la coupe d'eau. Ses doigts lui faisaient l'effet de grosses saucisses bien grasses. L'œil vitreux, il discerna les vagues contours d'une pierre plus ou moins conique, adossée au mur, dans un coin de la pièce. Y couraient des runes ciselées, en rouge et en blanc. Une sorte de heaume couronnait l'ensemble.

 

                -C'est quoi ? grommela-t-il, intrigué par l'insolite apparition.

 

                -Une pierre d'avertissement en usage chez les mineurs, répondit une voix familière. Elle sert à obstruer les passages dangereux ou coursives en cours de construction. Au sommet, il s'agit je pense d'un heaume de garde royal.

 

                Se retournant, Khazadur avisa Polichaud, l'intendant de la cité. Près de lui se tenait Alexas, à peine plus frais.

 

                 -Et qu'est ce que ça fait dans ma chambre?

 

                  -Eh bien, hier soir, tu as pensé que cette Gardepierre ferait un cadeau idéal pour ta promise, expliqua Alexas. Le heaume, ça, c'était l'idée de Chopine, un truc d'enterrement de vie de garçon. Une chance que toute la bière avait fini par ôter le fard de ton visage et la teinture de ta barbe, ou le garde à qui tu as enlevé son casque t'aurais volontiers estourbi, s'il n'avait su qu'il avait affaire à un Thane en personne ! Et encore... laisse-moi te dire qu'il a hésité !

 

                -J'ai mal aux côtes, gémit Khazadur.

 

                -Ca, c'est sans doute dû à ta compétition avec Chopine, quand vous vous êtes mis à vous bourrer le ventre de coup de poings, histoire de voir lequel de vous deux avait des abdos d'acier ! répondit Alexas en grimaçant. Tu as insisté parce qu'il venait de te battre à plates coutures à un concours improvisé de braillements !

 

                -Rien de mal à un petit accrochage amical entre ivrognes. Khazadur enfouit la tête. Mais par les sept pics de Trollthingaz, que me voulez-vous à cette heure-ci ? Ca ne peut pas attendre demain ?

 

                -On est demain ! s'exclama Alexas. On a essayé de te réveiller hier, mais tu as flanqué un coquard à Chopine sans même rouvrir l'œil !

 

                -Oh...

 

                Il agita une main toute molle en direction d'Alexas. Qui sut très bien interpréter le geste vague à sa juste mesure. Comme seul le pouvait quelqu'un étant passé par les mêmes affres la veille... Il remplit de nouveau un pot d'eau, qu'il tendit au guerrier en train de décuver. Lequel but encore une petite gorgée, qu'il faillit régurgiter aussitôt. Il vida le restant par-dessus son épaule, sous sa chemise. Et poussa un petit cri, tout à fait réveiller cette fois.

 

                Il tourna son attention vers Polichaud.

 

                -Alors, que fais-tu là ?

 

                -Il y a autre chose... répondit l'intéressé en jetant un coup d'œil vers Alexas. Qui le rassura d'un signe de tête. Khazadur plissa le front.

 

                -Comment ça, "autre chose" ?

 

Polichaud posa un parchemin sur un coin de table.

 

                -Tu as signé ça, alors que tu étais ivre mort. Il sortit de la pièce, accompagné d'Alexas.

 

Khazadur se leva doucement, la tête lui tourna quand il passa en position debout. Il attrapa la feuille et lit difficilement, son regard ne parvenant pas à se concentrer sur les runes:

 

Contrat d'acquisition d'une propriété en capitale

 

                -Chiotte !

 

 

 

Au départ, ce texte était le point de départ de ma candidature citoyenne. Mais à cause de mon IRL hasardeuse, je n'ai jamais pu la terminer, c'est pourquoi je le laisse ici.

C'est surtout que je suis très content de ce passage et que j'ai pas envie qu'il tombe dans l'oubli !

Modifié par Khazadur
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