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[Mémoire] Le Cataclysme


Ctrofun
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Un petit journal de voyage qui se trouve au coin d'une table, le dernier lecteur n'ayant pas pris la peine de le remettre à sa place.

 

On parlait du dernier jour depuis des semaines, c’était difficile à croire. Cependant les Medy’a –augures de la région- relayaient beaucoup d’informations que les mages donnaient en Stendel, notre capitale. Le jour noir approchait, c’était un fait. Certains n’y croyaient pas, d’autres sombrèrent dans l’angoisse la plus folle en achetant des kits de secours inutiles, personnellement je restais agnostique et je prenais soin de relater les événements sur papier, juste au cas où. Bref, le monde de Stendel tout entier était en effervescence et ma région n’y échappait pas. C’est quelques semaines -que je ne saurais dénombrer, un mois peut-être- avant ce jour terrifiant que se produit cet évènement si particulier.

 

Je me souviens de ce jour comme si c’était hier, je jetai un œil par la fenêtre et aperçu une activité anormale, ce n’était pourtant pas l’heure d’apparition des Medy’a. Je me rendis néanmoins sur la place avec les autres. Je découvris alors dans le ciel une apparition mystérieuse, fantomatique, qui découpait les nuages gris d’entre saisons. La représentation était étrange, je n’avais jusqu’à ce jour jamais vu de créature pareille. C’était… Un dragon, non ! Cinq dragons. Ou plutôt un serpent, avec des pattes et une tête dorée. Je me rendis rapidement compte que les cinq têtes étaient reliées à un seul et même corps. J’appris par la suite que ce monstre se nommait « Hydre ».

 

Les évènements étranges se succédèrent, j’eus une vision, une représentation de cette créature face à une sorte d’Eden. Je ne fus visiblement pas le seul à voir ce présage, de nombreuses personnes se tenaient la tête comme moi. Le fantôme disparu et quelques-uns d’entre nous se mirent à marcher en direction du sud. Je ne m’explique toujours pas ce geste, c’était comme si je n’avais plus été maître de mes mouvements ni même de mes pensées car, à aucun moment, je ne pris conscience de l’absurdité de l’acte que je faisais. Une poignée d’entre nous formait un bloc compact marchant droit vers le midi.

 

Le voyage fut très long, nous marchions au pas, nos horloges biologiques étant comme toutes réglées de la même façon. Tous les matins nous nous levions tous à la même heure pour reprendre notre marche, le soir nous nous arrêtions tous d’un coup, sans nous concerter, afin de passer la nuit là où nous étions arrivés. Nous traversâmes plaines et montagnes en ligne droite sans prendre le temps d’admirer les étendues sauvages que nous écumions. Arrivés à Stendel nous accélérâmes le pas, nous sentions que la fin de ce périple était proche si bien que nous ne nous arrêtâmes pas pour passer la nuit ce soir-là. La capitale fut rapidement derrière nous et à la tombée de la nuit nous sommes arrivés sur les berges d’un océan. Nous avons alors trouvé quelques embarcations et nous naviguâmes de nuit.

 

Nous avons finalement trouvé sommeil bien plus tard alors que nous nous laissions dériver. Le lendemain, je fus témoin d’une vision incroyable que je vais, avec peine, tenter de décrire ici. Nous nous sommes tous réveillés au même instant, nous étions alors bien plus que la veille en nous endormant car, en passant un œil par-dessus la rambarde, je vis des dizaines de navires de toutes formes converger vers une île étrange d’où semblait se lever le soleil –bien que celui-ci ne se lève pas au sud-. Il se reflétait sur les vagues et m’aveuglait partiellement, j’eus donc du mal à quantifier le nombre d’embarcations présentes sur la mer. Il n’y avait aucune terre en vue si ce n’est cette île artificielle vers laquelle nous nous dirigions tous. Une lumière verte émanait de son centre, je compris plus tard qu’elle venait d’un cristal lumineux extrêmement puissant.

 

Sur l’île, trois hommes nous attendaient. Nous débarquâmes tous et ils s’adressèrent à nous. Ils nous expliquèrent que cette île serait capable de résister au Cataclysme qui aura bel et bien lieu, libre à nous de le croire ou non, nous avons été élu pour survivre, nous sommes le futur et nous ne pouvons échapper à notre destin. Nous nous sommes donc retrouvés pris en otages dans ce lieu inconnu. C’est à ce moment que je retrouvai maîtrise de moi-même. Les trois personnes reprirent leur discours en nous expliquant que trois quartiers étaient mis à notre disposition et que la partie centrale, submergée, leur était réservée. Ils quittèrent ensuite notre champ de vision, sans même rester pour nous surveiller, ils nous confirent leur île.

 

Quelques hommes ont marché jusqu’au centre de la structure et ont commencé à proposer des solutions d’avenir, développer leur philosophie, etc. À terme d’un débat de plusieurs heures, nous nous mîmes plus ou moins tous d’accord pour créer trois divisions. Les réfractaires, ceux ne croyant pas à la survie de notre espèce, ont décidé de profiter de leur vie jusqu’aux derniers instants, nous les nommâmes « épicuriens ». Ensuite, viennent leurs opposants, des hommes et des femmes prêts à s’élancer dans l’avenir, ils croyaient en cette arche et décidèrent de commencer à préparer leur futur dès leur arrivée sur les lieux, ils s’autoproclamèrent « précurseurs ». Je rejoins les troisièmes, loin de cette guerre ridicule, les stoïciens –puisque nous nous appelâmes ainsi- ont choisi la voie de la sagesse, de scribe. Remerciant chaque seconde les dæmons qui leur ont sauvé la vie et les priant de leur accorder miséricorde quelques jours de plus.

 

Pendant un mois environ chaque groupe construisit son quartier avec plus ou moins d’application. Les épicuriens ne s’y attardèrent guère et firent la fête dès que possible, les précurseurs manquèrent de temps pour construire tous leurs projets, quant à nous, nous construisîmes un quartier semblable à une abbaye, ceci fait, nous commençâmes nos cycles de prières et d’écriture. Les trois hommes, les maîtres du temps, nous avaient avertis de l’arrivée du Cataclysme précisément 30 jours après la nôtre sur l’île. La ponctualité était, cette fois encore, au rendez-vous.

 

Le jour noir porte bien son nom. La journée fut extrêmement sombre, la mer et le ciel étaient déchaînés. De grandes vagues, véritables raz-de-marée, venaient se fracasser sur les flancs de l’île qui ne bougeait pas d’un cube, les vagues ricochaient alors dans un éclat de gouttelettes d’eau. Les ouragans, cyclones et autres tempêtes ne suffirent pas à faire plier notre structure, nous étions tous dehors, trempés mais sains, aucune trace de vent ne nous parvenait, seule la pluie filtrait sur l’île Yppade. Alors que le Cataclysme redoublait d’intensité, le cristal central faisait de même. Les flots se déchaînèrent, la terre se craquela au fond des océans, mais Yppade tenait bon. Le ciel se scia finalement de rouge et dans un détonement assourdissant, il laissa place à une lumière blanche immaculée. Quelques secondes plus tard, il faisait denouveau beau, ensoleillé et étrangement calme. Seule la faille, encore aujourd’hui sous l’île, peut témoigner de ce qui s’est passé ce jour-là.

Le Cataclysme passé, nous nous mîmes tous à crier, rire et applaudir. Les jours suivants marquèrent le début d’une nouvelle ère. Les épicuriens ne changèrent pas et continuèrent de faire la fête au plus grand dam des précurseurs qui, plus motivés que jamais, explorèrent de nouvelles pistes de développement. Quant à nous, nous reprîmes nos prières et remerciements de plus belle, quémandant un peu de protection supplémentaire.

Tout va bien pour l’instant mais qui sait combien de temps cela durera ?

 

Un stoïcien anonyme.

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