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[RP]Genèse d'Hypérion


ereldak
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Hypérion, Mort et Vie d'un peuple

 

 

 

Chapitre 1: Impuissante immortalité

 

En des temps immémoriaux, bien avant notre ère, une race peuplait une des nombreuses forêts des terres vierges de ce monde. Ces créatures, graciles et raffinées, s'appelaient elles-même les elfes sylvains. Leur civilisation toute entière était basée sur le respect mutuel avec la nature, qui le leur rendait bien. Ils étaient dotés au naturel d’une vie très longue, ce qui leur avait permis de maîtriser l’alchimie et l’art d’une magie subtile aux vertus bienfaitrices. Grâce à toutes ces connaissances acquises pendant des centaines d’années, ils avaient trouvé, à force de recherches, le secret de la vie éternelle. Cette capacité donna à cette race une patience naturelle quasi-infinie, ainsi qu’une ténacité à l’épreuve du temps et des obstacles.

 

Cependant, cette immortalité acquise par la connaissance n’était pas du goût de tout le monde parmi les dieux présents sur cette terre. Elle outrepassait les lois naturelles qui conduisaient toutes les créatures de ce monde à disparaître lorsque leur heure était venue. Melaph, dieu de la mort et juge des âmes aspirant au repos éternel, ne voyait pas du meilleur œil que de simples créatures anciennement mortelles puissent voir naître et mourir des civilisations, et même des races complètes. Il lança donc sur les elfes ce qui sera plus tard appelé “la comédie mortuaire”.

 

Pour les avertir de son mécontentement, il envoya quelques-uns de ses sous-fifres morts-vivants pour décimer les rangs des elfes. Ces derniers virent arriver dans la lueur de la nuit des ombres difformes qui avançaient d’un pas lent mais déterminé . Ils tentèrent d’arrêter leur avancée en les criblant de flèches. Mais les ombres continuaient d’approcher comme si de rien n’était, ignorant la douleur des blessures infligées. Passant entre deux arbres, ils purent voir un visage complètement déformé, dénué d’émotions, n’exprimant qu’une faim insatiable pour tout ce qui vit. La première rencontre fut douloureuse pour les pauvres éclaireurs elfes car malgré leur attitude nonchalante, ces créatures de la nuit attaquaient terriblement vite, agrippant de leurs mains puissantes les malheureux qui se trouvaient à portée, pour ensuite dévorer leur âme devant leurs compagnons terrifiés. Les elfes durent reculer rapidement, laissant bon nombre des leurs à une mort certaine.

 

Mais Melaph avait l’âme si perverti par cette haine, que cela ne lui suffisait pas encore. Un soleil éclatant se levait à l’horizon. Les cohortes de la mort prirent spontanément feu. Certains elfes commencèrent à pousser des soupirs de soulagement, avant de s’apercevoir qu’il ne s’agissait nullement d’une aide providentielle car les flammes encerclaient petit à petit les elfes. Certains tentèrent de les traverser, leur âme passa rapidement devant Melaph lui-même. D’autres réussirent à éteindre le gigantesque brasier, mais à quel prix ? Leur belle forêt, qu’ils chérissaient tant, avait été dévastée en un jour sans fin.

 

Le seul espoir des elfes était désormais que Melaph serait repu du sang de ces derniers. Mais le dieu ne l’entendait pas ainsi. Il insuffla la folie, le trouble et le désarroi dans les esprits les plus faibles. Ceux-ci commencèrent alors à vouer un culte à ce dieu des abîmes, avide de sacrifices expiatoires. Ces sacrifices n’était pas du goût de tout le monde et rapidement, les avis divergèrent, la civilisation construite sur tant de siècles commençait à s’effriter de toute part, rongée par le doute et le désespoir. Il ne leur restait qu’une solution : l’exil, hors des terres souillées par le sang des leurs.

 

 

 

Chapitre 2: Une fuite vers les abîmes

 

La route qu’ils suivaient depuis maintenant plusieurs lunes longeait la mer. Le sel leur rongeait la peau, les vivres commençaient à manquer. Mais c’est dans les moments de grand désespoir que se distinguent les meneurs : Laëfir avait un charisme tel qu’il était capable de rassurer les autres par sa seule présence, et de redonner espoir malgré la situation précaire des pauvres voyageurs. Les maladies les guettaient, les rats étaient devenus leurs compagnons de route involontaires, et les corbeaux se mêlaient aux nuages planant au dessus de leurs têtes. Leur souverain finit par périr lui-même face à toutes ses maladies, la magie elle-même n’étant plus assez puissante pour les protéger. Malgré tout ces signes annonciateurs du plus grand malheur, les elfes refusèrent de se laisser mourir et atteignirent bientôt une forêt digne de leur ancien territoire, entourée d’une mer suffisante pour voir arriver de loin les malheurs qui les guettaient à chaque pas.

 

Melaph ne se mit plus en travers de leur route pendant bon nombre d’années. Les elfes commencèrent à rebâtirent une cité dans les arbres, guidés par Laëfir, qui avait été proclamé dirigeant suite à la mort de leur chef bien aimé. Les maisons furent reconstruites, les plantations recréées, les monuments reproduits. Tout semblait aller pour le mieux sur cette nouvelle terre. Malheureusement il s’agissait du calme plat avant la terrible tempête.

 

Insidieux et perfide, Melaph avait envoyé le pire fléau possible : un mal incurable qu'on ne voyait pas arriver par delà l’immense mer. Des rats, qui avaient pourtant déserté la région suite à la chasse donnée par les elfes, revenaient en nombre. Et rapidement, les elfes comprirent qu’il s’agissait des envoyés de Melaph lui-même. Au début, quelques rats furent retrouvés morts dans les recoins de la ville, couverts de bubons noirs. Et rapidement, la maladie commença à se répandre chez les elfes. Les effets étaient foudroyants : ceux qui se levaient le matin avec une légère fièvre et des plaques mourraient invariablement dans les jours qui suivaient. La terreur de cette maladie cloisonna tous les habitants chez eux, mais les rats se faufilaient dans la moindre fissure, et continuait d’apporter la mort dans les foyers. Une véritable hécatombe face à laquelle Laëfir ne put rester de marbre. Il pleurait les morts avec leur famille, restait au chevet des mourants, faisait tout pour que tout un chacun ait une tombe convenable, n’hésitant pas à payer de sa personne s’il venait à enterrer le dernier membre d’une lignée désormais éteinte.

 

À rester toujours au contact avec la maladie, Laëfir finit par être atteint de cette terrible peste qui ravageait son peuple. Ignorant la fièvre qui le tenaillait et sa mort approchante, il continua à faire ce qu’il pouvait pour soulager le malheur des siens. La balance s’inversait : les elfes, autrefois puissants et bâtisseurs d’une civilisation florissante, était désormais au bord du gouffre, condamnés par les caprices d’un dieu cruel et sans pitié. L’ordre naturel des choses ayant été bouleversé par ce cataclysme divin, Kynar, déesse de la nature et de la vie, intervint pour sauver ce qui pouvait encore l’être.

 

 

 

Chapitre 3 : Une aide providentielle

 

Le troisième jour, alors que Laëfir savait qu‘il ne lui restait plus que très peu de temps à vivre, il entendit une voix qui lui demandait de se lever, et marcher en direction de la mer. C’est là, entre deux arbres, qu’il la vit. Superbe femme, enveloppée dans un nuage cotonneux, et auréolée de lumière, Laëfir sut immédiatement qu’il se trouvait en présence d’une divinité. Celle-ci lui proposa un pacte, afin de rétablir l’équilibre naturel de la vie et de la mort : elle lui offrait des pouvoirs suffisants, à lui et à lui seul, pour protéger son peuple, en échange de quoi les elfes devaient renoncer à l’immortalité qu’ils avaient acquise . Le choix fut à la fois simple et compliqué : simple parce que ne pas mourir de vieillesse ne servait à rien quand on succombait face à la maladie aussi rapidement qu’une feuille est emportée par le vent, compliqué parce que lui, simple elfe, avait-il le droit de décider de retirer à son peuple son plus grand trésor ? Il finit par accepter l’offre de la déesse qui lui confia un pouvoir suffisant pour guérir son peuple et éloigner la mort rampante.

 

Rentré au village, il se hâta de soigner tous ceux qui n’avaient pas encore succombé, et choisit un arbre au centre de la ville. Il lui insuffla une vie éclatante, si resplendissante de vitalité que sa simple présence suffisait à guérir toutes les maladies et à éloigner les menaces les plus dangereuses. Melaph tenta bien, en vain, de les faire flancher, rien n’y fit : Laëfir avait vaincu la Mort.

 

L’arbre, qu’il nomma Hypérion, grandit rapidement et son ombre bienfaitrice finit par recouvrir une grande partie de la forêt elfique. Ses feuillages abritaient des maisons, desquelles on pouvait voir jusqu’à l’horizon, par delà mer et montagnes. La vie reprenait, sous la tutelle du bienveillant Laëfir, sauveur du peuple sylvain, créateur de l’arbre gardien. Les elfes avaient repris leurs droits sur la nature et la nature avait repris ses propre droits. Même privés de leur vie éternelle, les elfes jouissaient encore d’une vie très longue. Ce peuple revint rapidement à ses heures de gloire.

 

La vie avait repris son cours sous les feuilles de l’Hypérion. Les générations se succédèrent, tous mouraient désormais dignement, après un siècle d’existence environ. Tous, à l’exception de Laëfir qui, protégé par le don de la déesse, continuait à prendre soin de ses égaux et de leur descendance, Au fil des siècles, les larmes s’effacèrent, l’histoire devint une légende, la légende devint un mythe, et l’on oublia les tenants et aboutissants de la construction d’Hypérion.

 

Toutes les histoires ont cependant une fin. Et celle de Laëfir se termina longtemps après ses frères, après presque un millénaire d’existence, il s’éteignit, paisible et heureux du monde qu’il avait créé, comme on souffle une bougie de chevet avant d’aller s’endormir après une longue et dure journée. Le peuple des elfes, avec sa sagesse ancestrale, fit son deuil, mais ne considéra pas sa perte comme un désastre. Il avait été leur chef des siècles durant, un autre se devait de reprendre le flambeau. Les funérailles qui furent organisées était à son image, simples, mais belles. Il fut enterré au pied de l’Hyperion, dans une cavité creusée dans le tronc qui repoussa, scellant sa dépouille à tout jamais. L’histoire de Laëfir étant devenue un mythe, ils oublièrent que le pouvoir qui les protégeait depuis plus d’un millénaire s’en était allé avec lui.

 

 

 

Chapitre 4 : Renaissance

 

Les elfes, de nature curieuse et sur demande de leur nouveau chef, partirent explorer le monde alentour, afin de voir les changements apportés pendant le dernier millénaire de réclusion. Tout avait beaucoup évolué, la race des hommes était née et s’était étendue à une vitesse incroyable. Les elfes, bien que différents, furent bien acceptés dans cette société cosmopolite. Certains décidèrent donc de s’installer parmi les humains. D’autres, après maints voyages, créèrent de nouveaux villages. Mais on n’endort jamais vraiment le mal, qui lui a une patience autrement plus grande que celle légendaire des elfes sylvains.

 

Melaph, depuis l’humiliation infligée par Laëfir et Kynar, attendait son heure, tranquillement tapi dans ses abysses. Dès que le peuple sylvain commença à se séparer, il bougea ses propres pions. Des êtres noirs comme la nuit vinrent prêcher des cultes obscures pour le salut du monde, et faisaient pleuvoir des pluies de calamités sur les pauvres peuples. Ceux-ci, bien que vivants, désespérèrent rapidement. Ils firent tous le voyage retour vers l’Hypérion, leur gardien. Or, sur place, privées du pouvoir de son créateur, les feuilles avaient fini par tomber, l’arbre avait dépéri. Les elfes pleurèrent amèrement la mort de ce protecteur, qui les avait si longtemps tenus éloignés de ce mal perfide et vicieux. Ils retournèrent donc dans le monde, chaque fois ailleurs, abandonnant leurs villages dévastés, transformés en terres brûlées les uns après les autres. Chaque année ils se rassemblaient autour des vestiges de l’Hypérion, et ils pleuraient leur chef, l’imploraient de leur revenir en aide comme dans la légende. Mais pendant des années, cette aide ne vint pas.

 

Jusqu’à ce qu’un jour, lors du voyage annuel devenu un rituel, les elfes furent incapables de reconnaître l’endroit. En effet, les racines de l’Hypérion, baignées des larmes imprégnées de magie du peuple elfique, avaient redonné à l’arbre une vigueur insoupçonnée. À la place de l’ancien Hypérion se dressait un arbre immense, dont la cime se mêlait aux nuages.. Sous l’Hypérion, les racines enfoncées jusque dans les entrailles de la terre, baignaient paresseusement dans une mer d’eau douce. Ses feuillages permirent aux elfes de s’installer dans l’arbre lui-même. De ce jour, le peuple de Laëfir ne s’éloigna plus jamais de l’arbre protecteur et plus jamais on n’oublia l’histoire de l’Hyperion et de son créateur. La tombe de Laëfir ne fut quant à elle, jamais retrouvée...

 

 

Auteur : Balmora35 et Ereldak

Avec l'aimable participation de Louvinette, que l'on remercie du fond du cœur pour les corrections.

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