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Suljii, le chevalier balafré


Suljii
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Messages recommandés

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I. IRL

 

Wesh en vrai, toujours Jules, toujours tout ca, je suis aujourd'hui bartender et développeur (tout ca a la fois), ma vie a assez changé depuis ma dernière candidature mais j’ai pas spécialement envie d’en parler et ce n’est pas ce qui nous intéresse de toutes manières ! Je suis plutôt heureux et Minefield est toujours hyper cool donc c’est le plus important !

En jeu c’est toujours Suljii, toujours membre de la Garde Volontaire et toujours chef d’Arcahelm avec le frérot Jihair. Depuis peu chef total et sans limites de Cénaria, dont je vais parler un petit peu dans cette candidature !

 

II. MINEFIELD POUR MOI

 

Je suis arrivé sur Minefield pour la première fois en 2015 mais je préfère ne pas en parler, c'était une autre époque et personne ne s’en souvient de toutes manières. Je suis revenu en 2017, pour de vrai cette fois.

J’ai très vite rejoint Freiwald qui a l'époque m'ont honteusement utilisé pour creuser une mer (humour bien sûr, cc nono). J’ai aussi vite quitté le projet pour rejoindre la Garde Volontaire qui, à l'époque, n'était que le Fort Herobrine. La légende dit que j’aurai signé après avoir filé deux milles de mes pieces d’argent difficilement gagnés à Pencroff, directement a la suite d’une soirée un peu trop arrosée. 

 

Aujourd’hui beaucoup de choses ont changé, mais je suis resté à la Garde et la plupart des membres sont de très bons potes, de très bons amis, des frères. J’ai décidé d'être larmoyant aujourd’hui, c’est beau.

Je n’ai pas beaucoup construit pour la Garde, c’etait surtout du chantier de gros, notamment des apres midi entiers a detailler des murs du quartier residentiel du Fort Herobrine, j’ai pu travailler sur une forteresse et surtout sur Terre-Morne.

 

Ensuite, on a créé Arcahelm avec Jihair, un projet dont je suis plutôt fier même s'il avance à son rythme. J’ai réalisé (et je pense que Jihair pareil), que si ont devait bosser dessus quelques jours tous les six mois, bah c'était pas grave, j’ai pris beaucoup de plaisir à construire en 2023 sur le projet ET sur Cénaria!

Cénaria, je l’ai repris très récemment, je savais que je voudrais créer ou reprendre un projet au style greco-romano-azteco-antico du chaos. C’est maintenant chose faite et j’ai quasiment terminé la construction de l'extérieur du nouveau grand temple central de Cénaria.

 

Pour ce qui est des candidatures que je vais linker ci-dessous, sachez qu’il n’est pas la peine de prendre en compte leur RP, elles ne sont plus canon avec tout ce qui concerne mon personnage et son histoire.

 

https://www.minefield.fr/forum/topic/62184-présentation-de-suljii/ (bien nul)

https://www.minefield.fr/forum/topic/62232-accepté-candidature-villageoise-de-suljii/ (pas ouf en vrai)

https://www.minefield.fr/forum/topic/62486-accepté-candidature-à-la-citoyenneté-de-suljii/ (minable)

https://www.minefield.fr/forum/topic/63347-acceptémaçon-chaux-devant-suljii/ (affligeant)

 

III. IMAGES

 

En ce qui concerne mes constructions et mes participations sur Minefield, je vais me concentrer uniquement sur celles qui sont importantes, qui présentent un intérêt particulier et qui sont encore gravées dans ma mémoire. Comme tous les "vieux" joueurs du serveur, j'ai pris part à des milliard de petites sessions de construction avec différentes personnes. Cependant, je vais me focaliser sur mes projets personnels ainsi que sur d'autres petites participations qui ont une signification particulière à mes yeux.

 

Haute-Ville d'Arcahelm - https://www.behance.net/gallery/195810627/Arcahelm-Haute-ville

Pour ce qui est de la Haute-Ville d'Arcahelm, je me suis principalement occupé du design avec Jihair. Nous avons également reçu la participation de Pencroff et Thalkion, ainsi que de nombreux autres joueurs. Nous avions choisi d'utiliser des matériaux nobles et coûteux, ce que nous regrettons encore aujourd'hui malheureusement :p

 

Temple de Cénaria - https://www.behance.net/gallery/195810711/WIP-Nouveau-temple-de-Cnaria

J'ai repris Cénaria en mai 2023 et j'ai commencé les travaux presque immédiatement après. Une fois que j'ai obtenu les pleins pouvoirs sur le projet, j'ai fait raser le temple et en ai reconstruit un encore plus grand. Je m'occupe actuellement de terminer l'extérieur de celui-ci en rédigeant cette candidature. J'ai hâte de pouvoir travailler sur le reste du projet et je compte bien demander une extension !

 

Fort-Herobrine - https://www.behance.net/gallery/195810755/Participation-Fort-Herobrine

Ça fait des années que je n'ai pas travaillé sur le Fort-Herobrine, mais je pense que le pont présent sur le screenshot est la première construction que j'ai faite sur Minefield et qui demeure encore aujourd'hui. Je l'ai construit le jour où j'ai rencontré Jihair, et je m'en souviens comme si c'était hier. Le port sud mériterait un bon coup de polish... Je vais en parler à mes supérieurs ! :p

 

Terre-Morne - https://www.behance.net/gallery/195810767/Terraforming-Fondations-de-Terre-Morne

Pas grand-chose à dire ici. Je n'ai travaillé que sur les bases du terraforming de Terre-Morne. C'était un moment formidable car tout le monde était là. Ça me manque !


IV. MOTIVATIONS

 

Je veux un second home. En vérité, ce n'est pas si loin de la réalité. Je ne sais pas comment vous faites pour supporter d'avoir trente-six projets, mais moi, avec mes deux projets personnels et les projets de garde, je ne m'en sors plus. Tout cela me coûte une quantité énorme d'énergie, et Jihair commence à bouder... Plus sérieusement, je ne pense pas être original en disant que ce serait bien sûr un accomplissement d'obtenir ma chevalerie.

Je n'ai plus autant de temps qu'avant pour jouer, mais je prends toujours plaisir à être sur Minefield, que ce soit en jeu ou sur Discord. C'est une communauté qui a longtemps été essentielle pour moi, et je suis heureux d'en faire partie encore aujourd'hui.

 

Je voulais faire ma candidature chevalière il y a longtemps avec Jihair, mais c’est quand toute la bande l’a postée que je me suis dit qu’il était surement temps de m’y mettre. Je veux voir Minefield prospérer et avec toutes les choses qui arrivent, toutes les annonces et toutes les voix qui se font a nouveau entendre, j’ai ressenti l’envie de tenter ma chance pour devenir un chevalier. J’ai hâte de la suite et j’espère que tout ca ne fait que commencer, j’espère pouvoir créer d’autres choses sur le serveur, avec mes amis, la ou je me sens chez moi.

 

J'ai encore l'intention d'essayer de marquer le serveur, au delà de la communauté, j'ai plus d'idées de projets dans ma tête, et pour commencer, une extension de Cénaria ! J'espère sincèrement pouvoir devenir Chevalier pour tout ce que j'ai dit au dessus, mais c'est vrai que le second home serait un énorme plus :p

J'espère pouvoir avoir plus de temps dans les années a venir pour pouvoir participer a l'évolution du serveur, notamment via des services de scribes ou en développement, ce que j'avais promis de faire depuis trop longtemps, engagements que je n'ai malheureusement jamais pu tenir, a mon grand regret

 

(En vrai c’était larmoyant, mais je veux juste pas que Justin soit chevalier et moi non, je suis quelqu’un de jaloux)

 

V. ROLEPLAY

 

Chapitre premier : Une missive inattendue

 

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Les nuits, dans cette morne région du Nord Stendelien, rallongeaient à n’en plus finir. L’hiver avait depuis plusieurs semaines déjà étendu son emprise sur la région, chassant sur son passage les couleurs vives des plaines pour ne laisser à leur place que de vastes étendues blanches bordées d’arbres sombres, déplumés et squelettiques.

Au milieu de ce désolant paysage se tenait un manoir de riche apparence dans lequel le général Suljii avait établi son état-major temporaire. Envoyé avec son corps d’armée dans ces froides landes pour « endurcir ses troupes aux rigueurs de l’hiver », le brave général avait passé la semaine entière à faire manœuvrer ses régiments dans l’épais manteau neigeux ; avait donné congé à tous pour une poignée de jours. Les hommes avaient alors regagné leurs casernements temporaires dans les villes et villages alentour, et le brave général s’était retiré dans la demeure du seigneur local ; où il avait été chaleureusement invité avec ses plus proches officiers.

Plusieurs heures avaient déjà passé depuis le crépuscule, et c’était devant une obscurité absolue, de l’autre côté de la fenêtre, que se tenait alors Suljii ; pensif. La mine sombre, les traits tirés par les longues heures de manœuvres, le regard obscur et fixe ; il restait debout sans mot dire et sans chercher la moindre compagnie. Ne trouvant pas le sommeil, il s’était habitué à passer ses insomnies posté ainsi devant la grande fenêtre de sa chambre, où dans le silence complet seulement il se sentait enfin loin des champs de bataille.

Ce soir cependant, une visite impromptue le tira de son étrange mais habituelle torpeur. Alors qu’il sentait enfin en lui un apaisement propice au sommeil et caressait l’idée d’aller se coucher, on frappa en effet à sa porte ; ce qui, vu l’heure, ne pouvait être de bonne augure.

Entrez, grommela-t-il simplement, déjà las.

L’aide de camp de garde ouvrit la porte et salua.

« Mon général, un messager pour vous. De l’état-major général. »

Faites entrer.

L’officier fit un pas en arrière, et laissa entrer dans la chambre un lieutenant emmitouflé dans une pelisse de hussard et couvert de neige.

« Lieutenant De Lescure, service des transmissions de l’état-major général de l’armée ! » Annonça le jeune messager, en saluant.

Repos. Allons mon garçon, rapprochez vous du feu. Répondit le général, indiquant d’un geste la cheminée de la chambre.

Le lieutenant ne se fit pas prier et se rapprocha du foyer, tout en sortant de sa sabretache une lettre cachetée.

Tenez mon général, c’est un message urgent du Premier Consul. Déclara-t-il, tendant le courrier d’une main tremblante.

Le général récupéra la lettre, dont il rompit le cachet pour la déplier. La signature et l’écriture étaient bien celles de son vieux camarade, aussi s’approcha-t-il à son tour de la cheminée pour lire le contenu à la lumière des flammes.

La lettre, concise et courte comme le sont toutes les missives du consul, disait simplement :

« Mon général, À la réception de cette lettre, vous laisserez à votre chef d’état-major le soin de terminer les exercices que j’ai confiés à votre corps d’armée, et vous veillerez à vous mettre en route au plus tôt pour Fort Herobrine. J’ai à vous confier une mission singulière et des plus pressantes. N’emportez avec vous que votre petit état-major, et ne faites point d’escales. Zorn. »

Si pareille missive eut pu paraître énigmatique pour le profane, le général Suljii n’y reconnut que le caractère méthodiquement pragmatique de son supérieur, et la marque d’une certaine urgence.

« Commandant Lunesle. » Appela le général, se tournant vers son aide de camp. « Faites réveiller le Colonel Chamerousse, le commandant Duvernois, le capitaine De Ronssac et le lieutenant Laloire. Qu’ils plient immédiatement leurs bagages et soient prêts à quitter la place sous deux heures. Et envoyez un des ordonnances quérir deux cochers et deux voitures de poste à quatre chevaux. » Poursuivit-il, en enfilant son habit d’uniforme.

Dois-je vous faire préparer une escorte, mon général ? Demanda l’aide de camp.

Sans doute… Il semble qu’il faille voyager léger, faites monter une escouade d’une dizaine de grenadiers d’honneur avec un sergent ; ça fera l’affaire.

À vos ordres ! Répondit l’aide de camp, avant de saluer et de se retirer prestement, suivi du messager.

Le général Suljii, de son côté, s’était tourné vers la grande malle militaire qui l’accompagnait dans ses voyages et s’affairait à y jeter en désordre le peu d’affaires qu’il en avait sorties pendant son séjour.

Deux heures plus tard, alors qu’une heure du matin sonnait aux pendules du manoir, la cour du riche édifice grouillait d’une activité effervescente. Le général avait déjà pris place dans une des deux calèches ; alors que ses officiers s’empressaient de sangler leurs malles à l’arrière des voitures. L’escorte, prévenue en toute hâte, arriva en trombe auprès du portail, et le cortège s’élança sans autre forme de cérémonie.

Le 4e corps d’armée, toujours en manœuvre, allait rester dans la région sous la garde du colonel Chamerousse. Le général Suljii, de son côté, emportait avec lui son premier aide de camp le commandant Duvernois, son second aide de camp le capitaine De Ronssac et son ordonnance le lieutenant Laloire. Fort de son escorte, de deux voitures et d’un total de huit chevaux ; il espérait pouvoir gagner Fort Herobrine sous huitaine, à condition de changer les montures à mi-chemin.

Et de fait, avec l’exactitude d’une horloge de Yorez, le cortège passa les murailles de Fort Herobrine au matin du huitième jour du voyage.

 

Chapitre second: Son excellence le consul

 

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Il fallut deux heures encore, depuis la muraille, pour gagner l’entrée du GQG. Les deux voitures s’arrêtèrent devant la grande porte menant à la cour intérieure, et le général Suljii s’en échappa d’un bond comme s'il n'avait passé que dix minutes à peine dans cette étroite calèche. Alors que ses officiers peinaient à se dégourdir les jambes, il s’élança d’une traite à travers le portail, ne laissant aux deux gardes en faction que le temps d’un battement de cil pour le reconnaître et présenter prestement les armes.

Il traversa les jardins et la place d’armes d’un pas, croisa encore quelques sentinelles de la vieille garde, et se fit conduire auprès du Consul par un officier d’ordonnance de l’état-major général qu’il héla d’un geste.

Moins de dix minutes après son arrivée devant le palais du GQG, le général Suljii se présenta au rapport, frais et prêt à servir. Le consul, le voyant arriver, congédia les officiers qui l’entouraient et avec qui il était en entretien, et fit mander le maréchal Pencroff et le général Jihair.

Enfin, les deux hommes se serrèrent la main.

"Général, je suis fort aise de vous voir si prestement," amorça le consul Zorn.

"Mon Consul, c’est qu’il me tardait de quitter ces landes de neige," répondit le général Suljii.

"Alors soyez rassuré: vous n’aurez pas à y retourner. Votre corps d’armée aura achevé ses manœuvres et sera retourné à ses casernes bien avant que vous ne terminiez la mission que j’ai à vous confier."

À ces mots, le général Suljii vint s’asseoir dans l'un des riches fauteuils de velours qui garnissaient la pièce, auprès d’une des grandes fenêtres. Il tira de sa poche une pipe, qu’il s’affaira à garnir de tabac.

"Vois-tu, mon bon Zorn, ça ne me rassure pas une seule seconde, au contraire. Dans quel diable de bourbier vas-tu encore m’envoyer trimer ?" répondit-il, d’un ton las.

"Cesse de geindre, veux-tu ? Ce que je te propose, à bien des égards, passerait pour des vacances pour la plupart d’entre nous," répondit le consul, amusé par la désinvolture de son camarade.

"Ghideon, tu es le genre d’homme à faire douze-cent lieues à marche forcée pour aller tuer des orcs et à revenir le sourire aux lèvres comme si tu revenais d’une cure thermale; et je me suis plus d’une fois retrouvé du voyage…"

"Puisque je te dis que ce sera une sinécure, bourrique. Pas de batailles, pas d’armée. Tu pars pour Arcahelm avec une compagnie de gendarmes. C’est une affaire de 'maintien de l’ordre public', autrement dit une formalité."

"Qu’est-ce que c’est que cette histoire, encore ? Je pensais que c’était Jihair qui était attaché aux troubles d’Arcahelm, et connaissant l’homme, je doute qu’il y ait fait de la mauvaise besogne…"

"Justement…"

À cet instant, la grande porte de la salle bailla brusquement. Deux silhouettes familières entrèrent d’un même pas, le bicorne sous le bras et le sabre en bélière. Le premier, la moustache fine et le visage croisé d’une ancienne balafre, n’était autre que le maréchal Pencroff. Le second, et non le moindre, était le général Jihair.

"Suljii ! Vieille carne ! Tu repasses à la maison et tu ne dis pas un mot ? Il a fallu que ce soit par un ordonnance que j’apprenne ton passage !" s’exclama l’extravagant maréchal, en serrant vivement la main de son ami sans même lui laisser le temps de se lever.

"On dirait que le froid ne t’as pas réussi, tu as une mine épouvantable !" renchérit le général Jihair, en saluant à son tour son vieux camarade.

Les quatre hommes prirent quelques minutes encore pour se saluer et se féliciter de se revoir; ce qui, par ces temps mouvementés, était devenu un luxe.

"Bien bien, messieurs, un peu de tenue. Concentrons-nous, voulez-vous ?" trancha finalement le consul Zorn d’un ton qui se voulait sérieux, mais n’effaçait pas son sourire.

Tous, à cet appel, se rapprochèrent de la table centrale et vinrent prendre place comme s'il s'agissait d’un conseil de guerre.

"Mes amis, si je vous ai fait mander aujourd’hui et si, surtout, j’ai fait rappeler le général Suljii, c’est parce que nous avons depuis plusieurs mois une épine dans le pied que je ne parviens pas à extraire. Pas de guerre, comme je l’expliquais à Suljii, mais une mission plus pénible et non moins importante," amorça le consul.

"Depuis plusieurs années, la cité d’Arcahelm est le théâtre de crimes et de rapines en série qui, malgré tous les efforts des autorités locales, plongent la région dans un émoi et un chaos permanents. Si la haute ville parvient, à grands renforts de troupes, à se maintenir en paix; il n’en va pas de même de la basse-ville qui est depuis longtemps devenue une véritable jungle. Il y a peu, vous le savez, le général Jihair s’est rendu sur place et a pu démanteler une cellule criminelle parmi les plus influentes; ce qui a permis d’assainir la situation sur place. Malgré cela, la basse ville semble toujours en proie à quelque tourmente dont nous ne parvenons pas à dénicher la source," continua-t-il.

Le général Jihair, singulièrement concerné par le sort d’Arcahelm, prit alors la parole.

"Lors de mon passage sur place, nous avons mis hors d’état de nuire la pègre locale. Le nombre de vols, de meurtres et le racket des commerces dans la basse-ville ont à présent drastiquement diminué. Mais pour une raison obscure, il semble que nous n’ayons pas réussi à endiguer les enlèvements et les disparitions. Aujourd’hui encore, des habitants des quartiers pauvres disparaissent sans laisser de traces, malgré nos recherches et, plus inquiétant encore, nos opérations de contrôle aux portes de la ville."

"Tu penses que les disparus en question ne quittent donc pas les frontières de la ville ? Comment c’est possible ?" demanda le général Suljii.

"Je n’en ai malheureusement pas la moindre idée. Quand j’étais sur place, j’étais trop occupé à besogner les mafieux pour m’occuper d’autre chose. Ces histoires de disparition ne faisaient que peu de bruit dans cette population si habituée aux drames, aussi n’en ai-je vraiment entendu parler qu’à la fin de ma mission…" répondit le général Jihair.

Le consul, sur cela, reprit la parole.

"Le général Jihair a découvert que sa famille était liée, pour diverses raisons, à l’histoire de la ville. Pour d’évidentes raisons, il a demandé à prendre quelques permissions pour suivre le fil de sa propre histoire, et a insisté de lui-même pour que tu prennes la suite de sa mission. Nous connaissons tous la finesse de ton raisonnement et de ton esprit d’analyse, aussi m’a-t-il semblé que tu étais le meilleur choix possible."

"Je tâcherai, mon consul, de ne pas démériter de vos louanges."

"Je n’ai pas de doutes à ce sujet. Tu sais bien, Suljii, que la vie de chacun de nos compatriotes impériaux nous est précieuse. Riches savants ou vagabonds miséreux, tous ont le même droit de recours à notre bouclier. Tu protègeras les faibles, et abattras sur les mauvais la forte épée de la justice."

La réunion se poursuivit quelques minutes encore, pendant lesquelles on informa le général Suljii des moyens mis à sa disposition. Comme l’avait mentionné plus avant le consul, il allait pouvoir compter sur une compagnie de Gendarmerie Consulaire; mais également sur son petit état-major et sur un détachement de dix gendarmes d’élite et de quatre grenadiers d’honneur du 3e régiment de la moyenne garde faisant office d’escorte.

Ceci fait, le consul congédia la petite assemblée, laissant au général le soin d’aller regrouper sa petite troupe avant de prendre la route.

 

Chapitre troisième: La basse-ville

 

Divulgacher

La colonne, forte de quelques cent-trente hommes seulement, approchait à grands pas des murailles d’Arcahelm. Depuis Fort Herobrine, il avait suffi d’une poignée de jours pour que le détachement, entièrement monté, gagne sa destination.

Il fallut, pour gagner ses quartiers, que la troupe du général Suljii passe par les portes de la basse-ville, traversant les faubourgs les plus pauvres avant de rejoindre, sur la grande colline du Pilatus, les riches arrondissements qui surplombaient la cité.

Les bas quartiers, en se dévoilant au général, ne déméritèrent pas de leur réputation. Marché noir, rapines et larcins commis en plein jour et à la vue de tous semblaient monnaie courante ; à peine refrénés par la vue des soldats. Plusieurs fois, à quelques pas seulement de la colonne de cavaliers, l’œil attentif du général Suljii aperçut des tire-ficelle à l’œuvre ; et plusieurs silhouettes douteuses disparurent dans les ruelles au dernier instant.

Malgré cela, le général pressa le pas, désireux d’établir ses quartiers avant d’organiser quelque opération que ce fut. Son ambition, pourtant, allait être contrariée par un acte odieux qu’il n’allait pouvoir ignorer.

Alors qu’au bout de l’avenue, les fortes murailles de la haute-ville se dévoilaient enfin à la vue des hommes, un cri d’effroi résonna dans la foule ; et tira Suljii de ses pensées.

Devant eux, aux pieds des marches de quelque établissement douteux, une femme en guenilles tomba brutalement au sol ; poussée du pied par une sorte de bourgeois dont le surtout de velours dénotait avec la pauvreté du décor.

À la grande stupéfaction des gardes, les ignorant absolument, l’homme descendit les quelques marches, fixant toujours la malheureuse qui se relevait avec douleur, et lui asséna un violent coup de pied dans les côtes.

Le général Suljii, indigné, posa la main sur le pommeau de son sabre ; mais un gendarme de l’escorte lui damait le pion.

"Hola le drôle ! Recule, Faraud !" cria le brave soldat, qui se portait au trot près de la scène et avant de démonter de cheval.

Le bourgeois, remarquant enfin la troupe, ne se démonta pas.

"Qu’est-ce que tu veux, le biffin ? Mêles-toi de tes affaires," rétorqua-t-il, alors que plusieurs hommes d’allure peu recommandable se joignaient déjà à lui.

"Eh bien maroufle, on grogne ? On récalcitre ? Trouble à l’ordre public, agression ; Je vais te faire revenir dans le droit chemin moi, butor," répondit le gendarme, qui portait la main à l’épée.

"Imbécile, sais-tu qui je suis ? Soldat ou non, si tu ne fais pas demi-tour sur le champ, tu vas tâter du bâton, chien !"

Le gendarme, à cette insulte, dégaina son sabre et se tourna vers Suljii.

"Permission, mon général ?"

"Fais ton affaire, gendarme," répondit Suljii, en souriant.

Le brave ne se fit pas prier. Faisant face à ses adversaires, il se lança d’un pas lourd vers l’insolent muscadin ; qui déjà se défilait derrière ses gardes du corps.

Un des molosses, s’interposant, voulut entraver le militaire. Une estafilade au visage lui fit passer cette idée ; et il s’effondra à genoux, la face couverte de sang.

Profitant de la confusion, et visiblement décontenancé par l’indifférence du gendarme à ses menaces, le bourgeois se replia en hâte dans son établissement avec ses autres sbires, fermant la porte derrière eux.

Le gendarme porta alors son attention vers la jeune femme, que l’on découvrit dans un état second, visiblement commotionnée.

Plusieurs gardes, dont le général Suljii, démontèrent alors et se portèrent auprès d’elle ; au milieu d’une foule qui grossissait à vue d’œil.

Alors qu’ils prodiguaient les premiers soins à la pauvre victime, plusieurs murmures naquirent autour d’eux. Quelque pouvait être la raison de l’altercation, il sembla rapidement évident que ce déplaisant bourgeois devait être d’une certaine importance dans les bas quartiers. L’impunité avec laquelle il avait agi en présence des militaires laissait entendre, de plus, qu’il était habitué à se jouer des autorités.

Le gendarme, le sabre toujours en main, s’approcha alors de Suljii.

"Dois-je aller débusquer ce maraud, mon général ?"

"Ma foi, ne nous privons pas d’une démonstration de force. Si ce pitre est important, autant marquer le coup. Prends quelques grenadiers avec toi, forcez la porte de leur bouge ; et faites-en sortir toute cette racaille."

Sous les yeux du public, et sans autre forme de cérémonie, plusieurs gardes enfoncèrent alors les portes et prirent d’assaut ce qui, à y regarder de plus près, semblait être une maison close. Plusieurs coups de pistolet claquèrent à l’intérieur, quelques cris, quelques protestations ; et ce fut bientôt au tour du maquereau et ses gros-bras de se faire jeter au bas des marches avec pertes et fracas.

Couverts de boue et de contusions, les gendarmes les ficelèrent ensemble, faisant taire les injurieux marauds à force de lourdes claques.

Finalement, le général Suljii, le bicorne sous le bras, vint se présenter aux tristes sires.

"Agression, proxénétisme, rébellion, outrage ; voilà messieurs qui n’augure pas un avenir radieux pour vous ! Si vous aviez eu un peu d’esprit, vous auriez su qu’il est de bien mauvais ton de contrevenir à l’ordre public sur les terres de l’empire."

"Vous commettez une grave erreur, j’ai le bras très long ! Un mot de moi et les juges de cette foutue ville me…"

Un violent coup de botte fit taire l'impertinent.

"C’est moi le juge maintenant. J’ai droit de vie ou de mort sur toi, et crois-moi ribaud je ne vais pas m’en priver," amorça Suljii, jaugeant la grappe de canailles qui grognait à ses pieds.

"Qui est cette femme, et pourquoi la molester de la sorte ?" poursuivit-il d’un ton inquisiteur.

"Elle travaille pour moi, enfin, elle travaillait ! Elle est tombée malade, cette quiche. Une gagneuse qui tousse, ça fait fuir les clients !"

"Et bien voilà un bel esprit, est-ce une raison pour la tourmenter ?"

"Elle voulait de l’argent, la bougresse. L’insolente pensait que j’allais lui faire l'aumône parce que c’est en travaillant chez moi qu’elle serait tombée malade ! Qu’elle aille au diable !" répondit le maquereau, en crachant par terre.

Le général, le visage marqué par le dégoût et le dédain, tourna les talons et marcha en direction de son cheval. Arrivant près de sa monture, il s’arrêta, et se tourna vers un officier de gendarmerie.

"Lieutenant ?"

"Oui, mon général ?"

"Faites conduire la femme dans une auberge. Que mon chirurgien se rende à son chevet séance-tenante."

"Bien, mon général. Et pour les prisonniers ?"

Suljii, à ces mots, se tourna brièvement et jeta sur eux un dernier regard.

"Pendez-les."

 

Chapitre quatrième: La haute-ville

 

Divulgacher

L’incident de la basse-ville n’avait pas manqué, au premier jour de sa mission, de mettre le général Suljii d’une humeur massacrante. Quand la colonne de soldats arriva dans la haute-ville, le chaleureux accueil que firent les notables aux hommes de la garde ne fit qu’ajouter à son agacement.

Parmi les nobles, les savants et les riches négociants ; le général compta également de nombreux soldats de la garde locale, qui à en juger par la propreté de leurs bottes ne devaient pas souvent arpenter les rues de la chaotique basse-ville. Si les uns, au bas des collines, étaient livrés à eux-mêmes ; les habitants de la haute-ville semblaient jouir du luxe d’être bien gardés.

Sans mot dire, le général Suljii se contenta de saluer la foule sans conviction, avant de se faire conduire à l’hôtel de ville où les hauts dignitaires d’Arcahelm l’attendaient en grande pompe.

Là-bas, encore, un cérémonieux accueil éroda sa patience ; qui ne manqua de céder que de peu. Les portes du bureau du surintendant, enfin, se fermèrent derrière lui. Le général, qui se trouvait alors seul avec le dirigeant de la ville et son petit état-major, soupira à s’en rompre les poumons.

"Misère… voilà un bien fameux foutoir que votre jolie ville, monsieur le surintendant. En l’espace d’une heure j’ai baigné dans deux des choses que je tiens le plus en horreur : l’insupportable misère qui ronge les bonnes gens, et l’opulence indécente de riches parvenus qui dansent pendant que les premiers crèvent la faim à leurs pieds," grogna-t-il, la mine sombre, sans même chercher à masquer son mépris.

Le Surintendant, sur cette déplaisante remarque, masqua sa gêne par un sourire forcé. S'il lui était bien désagréable de se faire sermonner par un nouveau venu, il n’avait guère envie de se mettre en porte-à-faux avec un général de la première armée du monde connu ; d’autant plus que la réputation taciturne de ce dernier l’avait précédé.

"Monsieur le général, je vous prie de croire que le vieil homme que je suis s’efforce de restaurer les liens qui unissent la haute et la basse-ville. J’ai cru, longtemps, qu’il serait aisé à des érudits tels que nous sommes de créer un Eden où chacun pourrait vivre à son bon plaisir. Mais à penser que nos bonnes intentions suffiraient, nous avons commis une grave erreur que nous payons aujourd’hui…" expliqua-t-il, d’un air faussement penaud, le surintendant.

"Épargnez-moi vos facéties, vieil homme. À en juger par l’opulence dans laquelle vous et vos camarades savants vivez, je peine à croire que le sort de vos semblables vous importe le moins du monde. Je serais même surpris que ce marché noir qui se développe sous vos fenêtres ne vous profite point d’une manière ou d’une autre."

Cette accusation, brute et sans détours, estomaqua le vieillard qui s’emporta.

"Je vous demande pardon, général ? Vous êtes ici, je vous le rappelle, sur nos terres et à ma demande ! Que vous manquiez de la plus élémentaire des éducations passe encore, mais je ne permets pas que…"

Le général Suljii, d’un geste, coupa court.

"Je suis ici par la seule volonté du Consul. Je ne réponds que devant lui, qui a eu la bonté de prêter nos services à la bande d’incapables que vous êtes, dans l’unique objectif de ramener la paix et l’ordre aux bonnes gens que votre gestion calamiteuse de cette cité a menés à la ruine. Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous et ne vous dois que le respect que vous aurez mérité," commença-t-il, se rapprochant de son interlocuteur.

"Je… Vous regretterez ces paroles, je vous ferai payer votre insolence !" répondit le surintendant, hors de lui.

Mais le général Suljii, qui n’était plus qu’à quelques centimètres, posa sur son épaule une lourde et ferme main qui tomba sur le vieil homme comme un gant de fonte. Toisant l’aîné, le regard fixe et la mine sombre, sans hausser le ton ; il répondit simplement.

"Il est rare, monsieur, que l’on me menace de la sorte ; et ceux qui s’y risquent ont généralement plusieurs têtes de plus que vous. Je pardonne volontiers cet excès de confiance de par votre grand âge, et mettrai votre impudence sur le compte de la sénilité… Mais je dois vous prévenir, citoyen : menacez-moi encore une fois, et je jure devant Dieu que je vous tâterai de ma botte."

Le surintendant, le souffle coupé, se replia sur lui-même. Son regard se tourna vers la porte en quête d’une issue, mais n’y trouva que deux gendarmes à l’air chafouin. Le choc passé, il se redressa, et tâcha de se ressaisir.

"C’est assez pour ce soir, général… je crois que nous nous sommes tout dit. Faites-en à votre idée, mais n’attendez pas de moi que je vous apporte la moindre assistance. Puisque ma présence vous est désagréable, ne vous sentez pas contraint de venir reparaître chez moi !"

Le général Suljii lâcha l’épaule du vieillard, l’air satisfait. Sans s’encombrer d’un inutile salut, il se retourna vers la porte, les mains dans le dos. Les gendarmes, à son passage, ouvrirent en grand les deux battants. Avant de disparaître dans le couloir, Suljii jeta cependant un dernier regard par-dessus son épaule, en direction du maître des lieux.

"Si j’apprends que vous êtes lié au désordre dont souffre cette cité, nous nous reverrons. Priez pour que votre nom ou ceux de vos amis ne ressortent pas dans nos enquêtes. J’ai eu pour consigne de ne pas tenir compte du rang social des contrevenants, et de ne pas ménager la guillotine."

Sur ce, il reprit sa marche, et quitta le palais.

 

Chapitre cinquième: La semaine rouge

 

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Dans les jours qui suivirent cette rencontre, le général Suljii et ses hommes se mirent au travail avec la force et le zèle qui sont les principales caractéristiques de la Garde. Partout où la plus fine odeur de crime et de rapine se faisait sentir, on enfonçait les portes, on fouillait les caves et les greniers, et on interrogeait les intrigants à mine louche.

Quand les gendarmes et les grenadiers trouvaient de la contrebande, elle était saisie. Quand ils trouvaient des armes, elles étaient confisquées. Quand ils trouvaient de l’argent sale, il était brûlé. Et quand ils trouvaient, complotant dans les caves et les ruelles sombres, les canailles et leurs sbires qui empoisonnaient la vie des habitants, ils étaient fusillés, pendus ou guillotinés selon le moyen disponible.

Parcourant les rues à cheval, conduisant nombre des interrogatoires et dirigeant les fouilles, le général Suljii accomplissait inlassablement la mission qui lui avait été confiée et qui portait peu à peu ses fruits. À mesure que les corps des gredins s’empilaient dans les charrettes, le nombre de vols, d’agressions et de rixes diminuait d’autant plus. Partout, les honnêtes gens semblaient plus enclins à sortir de chez eux, et l’on revoyait naître le sourire à leurs lèvres.

En outre, aux missions d’ordre public purement punitives, les gardes mirent également en place diverses mesures "d’assainissement" suivant la volonté du Consul et qui visaient à rendre la ville plus vivable à ses habitants. Parmi ces mesures, l’établissement d’un dispensaire et d’un orphelinat avait été singulièrement bien accueilli par la population, qui ne manqua pas d’en faire usage ; tant et si bien qu’il fallut faire venir des médecins militaires de Tolwhig pour renforcer le dispositif qui était pris d’assaut.

Ce fut d’ailleurs dans ce dispensaire que l’on installa, après l’avoir brièvement traitée dans une chambre d’auberge, la jeune femme que la colonne de la Garde sauva à son arrivée dans la basse-ville. Soucieux du devenir de cette première victime qui avait croisé sa route, le général Suljii avait chargé son propre chirurgien de traiter ses blessures, ce que le médecin avait fait avec zèle. Mais malgré les bons soins du praticien, et bien que les plaies et les contusions de la jeune femme semblaient se résorber de jour en jour, son état ne fit que s’empirer.

Peu après son transfert au dispensaire, la malheureuse fut prise de fortes fièvres, qui la laissèrent dans un état de demi-conscience. Ne revenant que brièvement à elle avant que la fièvre ne la contraigne à nouveau à un douloureux mutisme, elle n’eut que le temps de confier au chirurgien l’adresse à laquelle elle vivait avec ses enfants. Sur ordre du médecin, on envoya alors des gendarmes à l’endroit indiqué pour y trouver les deux marmots et les amener auprès de leur mère.

Quand le général Suljii, à la fin de cette première semaine, se présenta au chevet de l’inconnue pour s’enquérir de son état, il la trouva donc farouchement gardée par les deux enfants, un jeune garçon et une jeune fille, qui couvaient de leurs maigres silhouettes la pauvre malade. Des haillons qui habillaient leurs corps faméliques, on devinait sans mal la misère et le dénuement dans lequel les deux pauvres créatures avaient vécu jusqu’alors. Le général Suljii, qui avait vu bien des tragédies dans sa longue carrière, s’en trouva très ébranlé. Dans les cernes qui bordaient les yeux creux et demi-vides de ces trop jeunes victimes, une certaine injustice brute le révoltait. Un sentiment d’impuissance, de dégoût, et de compassion. Et pourtant, il n’était encore point au bout de ses peines.

Peu après son arrivée, son chirurgien le rejoignit dans la chambre isolée où la malade et ses enfants se trouvaient sous bonne garde. Sans un mot, la mine sombre, le médecin lui fit signe de le rejoindre à l’écart, hors de la pièce ; loin des oreilles innocentes des enfants.

"Vous avez mauvaise mine, docteur", amorça le général, à voix basse.

"Mon général, c’est que j’ai de mauvaises nouvelles pour vous…"

"Soyez direct, ne me déguisez rien."

"Je crains que la fièvre de cette malheureuse soit incurable. J’ai remarqué, sur sa peau, plusieurs ulcères et plusieurs décolorations qui, s’ils ne m’ont pas permis d’établir un diagnostic, me laissent penser que l’atteinte est grave et d’ores et déjà généralisée…"

"Diable… Vu l’insalubrité des lieux, serait-ce le Choléra ? Le Typhus ?"

"Non mon général, rien de ce que nous n’ayons déjà connu… et rien que mes remèdes n’aient pu guérir pour l’instant. J’ai fait venir un herboriste et un mage à son chevet, mais aucun d’eux n’a pu faire évoluer positivement son état. Nous traitons sa fièvre autant que possible, mais la patiente ne s’est que très peu alimentée, et elle ne supporte presque plus les liquides."

"N’y a-t-il rien à faire ?"

"Sans connaître le mal qui la ronge, impossible… Et quand bien même, je doute qu’elle ait les forces de se remettre. L’épuisement aura bientôt raison d’elle."

"Combien de temps ?"

"Elle ne passera pas la nuit, mon général."

Une chape de plomb tomba sur les épaules de Suljii. Bien qu’elle ne fut, pour lui, qu’une parfaite inconnue ; il sentit monter en lui une insondable tristesse. Qu’avait fait cette femme pour mériter pareil sort ? Et ses pauvres enfants ? Il ne connaissait ni son nom, ni ceux de ses petits, et pourtant leur détresse l’étouffait. L’obscurité du piteux couloir du dispensaire lui sembla insupportable… le tablier tâché de sang du chirurgien, l’odeur des remèdes, le bruit des pas autour d’eux lui donnèrent le vertige, la nausée, la colère.

"Ordonnance !", cria le général, d’une voix déraillante.

Un capitaine, qui l’avait accompagné, se rapprocha de lui.

"Prenez dans mes fonds, et faites acheter des vêtements neufs à cette femme et à ses enfants. Que la malheureuse porte une jolie robe sur son linceul, et que ses gosses n’aient plus jamais à porter de guenilles", ordonna-t-il, réprimant d’autres déraillements de voix.

"Ce sera fait, mon général. Autre chose ?"

"Oui. Faites savoir au Consul que la Garde vient d’adopter deux enfants."

Le capitaine salua, et s’en alla exécuter ses ordres.

Le général, de son côté, s’élança vers la porte de la cour intérieure, suivi par le médecin. L’air frais du crépuscule, porté par les vents marins, soulagea quelque peu ses nausées, sans rien changer à sa profonde mélancolie.

"Il y a autre chose, mon général", amorça à nouveau le médecin, qui l’avait rejoint.

"De grâce, ne tergiversez pas, docteur", soupira Suljii.

"Je crains que cette femme ne soit pas notre seule malade… Après avoir remarqué ses symptômes, je les ai retrouvés chez plusieurs autres patients qui couchent chez nous…"

"Et cela vous inquiète, docteur ?"

"Non, cela me terrifie."

 

Chapitre sixième: Bourg-la-peste

 

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Comme l’avait prédit le chirurgien, la malheureuse inconnue succomba peu avant l’aube, veillée par ses deux enfants et quelques militaires. Le général Suljii, pour sa part, n’eut ni la force ni l’envie d’assister à ce drame ; il n’en eut de toutes façons pas le temps.

Guidé par le médecin, il constata lui-même que les symptômes de son inconnue étaient étrangement répandus parmi les patients du dispensaire. La jeune femme n’en fut d’ailleurs pas la seule victime, car on compta cette nuit-là la mort d’un autre malade.

Peu avant le jour, bien qu’il fût trop tard sans doute pour prévenir la contagion, le chirurgien-major qui commandait le poste ordonna la mise en quarantaine de tous ceux qui se présentaient avec des symptômes semblables ou qui faisaient déjà partie des admis. On organisa également, à l’initiative du général Suljii, des rondes sanitaires dans les bas-quartiers pour y recenser les malades qui ne pouvaient pas se déplacer et qui mouraient chez eux. Et la situation, bien vite, devint préoccupante.

Si la maladie ne semblait pas d’une contagiosité singulièrement agressive, elle paraissait s’être déjà bien répandue. Son vecteur de transmission, de plus, restait un mystère que l’on ne parvenait pas à déceler, ce qui compliquait fort l’approche des patients. En outre, un fléau en amenant souvent un autre, le général Suljii se trouva rapidement convoqué au manoir du surintendant pour s’y expliquer sur le remue-ménage qui avait été remarqué depuis la haute-ville. L’invitation ne pouvait pas moins bien tomber, mais le général décida de saisir l’occasion pour alerter le vieux régent sur la situation de la basse-ville, et obtenir de sa part l’assistance des sages d’Arcahelm parmi lesquels figuraient de nombreux médecins de renom.

Quand il franchit, encadré de son état-major, les portes de la haute-ville pour la seconde fois de son séjour, il n’y trouva plus l’accueil pompeux qui lui avait été réservé à son arrivée. Ayant entendu, sans doute, parler de cette étrange maladie, les sages avaient fait garder l’accès à leur quartier par la milice locale qui ne s'écarta que péniblement pour laisser passer les Gardes. Les sages, malgré leurs vertus et leur bonne volonté, n’avaient vraisemblablement aucune envie de voir des miséreux malades ramper sur le pas de leur porte.

Quand le général entra dans la salle du conseil où il était attendu, il y trouva d’ailleurs le surintendant entouré par plusieurs vieillards aux robes et aux manteaux richement ornés, qui ne pouvaient être que les plus éminents des érudits de la ville et, à n’en pas douter, son gouvernement. Derrière leurs grands airs, leurs longues barbes et sous leur apparente sérénité, Suljii ne tarda pas à remarquer les signes d’un autre mal qu’il avait appris à bien connaître et qui guidait souvent les hommes dans les plus sombres dessins : la peur.

Plus de doute, la nouvelle de l’épidémie avait déjà atteint la haute-ville, et ses notables si indifférents au sort de leurs voisins se trouvaient malgré eux mêlés à leur sort. Le général, sensible à l’ironie de la situation, décida de prendre la parole en premier.

"Je vois, monsieur le surintendant, que vous avez finalement décidé de prendre à bras-le-corps la situation de la basse-ville et que vous avez enfin mobilisé autour de vous tous vos adjoints les plus érudits pour nous aider dans notre noble tâche ! Moi qui pensais, ce matin encore, que le sort de vos pauvres voisins vous rendait absolument indifférent !"

"Cessez vos pitreries, général, l’heure est grave. Le bruit court que vos gendarmes brancardent des malades à travers toute la ville, et que votre dispensaire s’est mis en quarantaine. Est-ce qu’une épidémie se serait déclarée dans les faubourgs ?"

"Je vois mal, monsieur le surintendant, ce que cela pourrait bien vous foutre", répondit sèchement le général.

"Ce que ça peut me… seriez-vous stupide ? Avez-vous la moindre idée des dégâts que pourrait provoquer une épidémie sur notre population ?"

"Laquelle ? Parce que si je ne me trompe point, monsieur le surintendant, vous ne faisiez pas grand cas des dégâts causés par la pègre, le brigandage et la misère sur la population de la basse-ville ; alors pourquoi vous inquiéter d’une maladie ?"

La réponse était claire, et bien présente dans tous les esprits. Contrairement aux voleurs et aux proxénètes, les virus n’avaient que faire des gardes et des murailles ; et si le sort de la basse-ville importait peu aux yeux des notables, le fait que la haute-ville puisse être atteinte changeait tout à fait la donne.

"Ne feignez pas la naïveté, général. Vous savez que la vie des grands sages et des érudits de la haute-ville est extrêmement précieuse ! Bien plus, et j’ose le dire, que celles de quelques remplaçables grouillots. Notre savoir est un patrimoine, vous avez le devoir de nous protéger !", rétorqua le surintendant, masquant à peine sa peur.

"Mesdames, messieurs, je vous prie de croire que la Garde fait tout ce qu’il est possible de faire pour endiguer ce mal, soigner ses victimes et limiter sa propagation. Je suis, d’ailleurs, venu quérir auprès de vous l’assistance des sages qui auraient fait de la médecine leur domaine d’étude ; et dont l’aide nous serait sans doute salutaire", reprit Suljii.

Les érudits, surpris par la demande, se regardèrent interloqués.

"Vous voulez que nous descendions dans la basse-ville ?"

"Ma foi, pourquoi pas, à moins que vous ne préfériez que ce soient les malades qui viennent à vous ? J’ai cru comprendre que l'hôpital de la haute-ville était fameusement reconnu."

"Enfin vous n’y pensez pas ? Soyez réaliste, général. Il faut absolument mettre la basse-ville en quarantaine, et faire évacuer la haute-ville le temps que l’épidémie s’essouffle ! Nous devrions pouvoir gagner assez de temps pour…", commença un des sages.

Mais le général, d’un geste, lui coupa la parole.

"J’ai déjà donné l’ordre de placer la ville toute entière en quarantaine. Jusqu’à nouvel ordre, plus personne ne sort ou ne rentre, ni vous ni qui que ce soit d’autre."

Un cri d’effroi, unanime, s’échappa de toutes les poitrines.

"Mais vous êtes complètement fou ? Avez-vous perdu la raison ? Vous nous condamnez à mort !", hurla un des sages.

"Vous n’avez pas le droit ! C’est un coup d'État, un scandale !", cria un autre.

"Vous allez tous nous tuer ! Vous n’avez pas le droit de nous retenir contre notre volonté, nous sortirons de gré ou de force !", renchérit un troisième.

Mais le général, impassible, se contenta de lever la main. Sur ce simple geste, les gendarmes qui l’accompagnaient mirent l’arme au bras, la main sur le chien de leur mousquet ; ce qui eut pour effet immédiat de faire taire tous les importuns. Le calme revenu, le général reprit la parole.

"Mon devoir premier est, dans le cas présent, de limiter la propagation de l’épidémie. Il est hors de question de risquer que cette maladie quitte l’enceinte de cette ville, aussi j’insiste : plus personne, ni vous ni moi, ne sortira tant qu’un remède ne sera pas trouvé. Si vous voulez tenter de fuir, sachez que mes grenadiers se sont d’ores et déjà postés sur tous les points de passages, et que leurs balles vous tueront bien plus vite et bien plus certainement que n’importe quelle maladie."

Enfin, sur cette déclaration qui laissa l’assistance muette, il s’avança d’un pas lent vers le surintendant d’Arcahelm, qu’il toisa de toute sa hauteur.

"Au vu des récents développements de la situation, je vous relève de vos fonctions avec effet immédiat. Le Consul me reprochera certainement cet acte quelque peu cavalier, mais il me semble que vous n’êtes pas en mesure de diriger ce navire dans la tempête qui nous approche. Est-ce clair ?"

Sur ces mots, on consigna le surintendant à ses quartiers, et la séance fut levée.

 

Chapitre septième: Les sacrements

 

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La prise de pouvoir, temporaire et contrainte, du général Suljii lui permit d’élargir considérablement son champ d’action dans la gestion de la crise.

De force plus que de gré, il réquisitionna les médecins de la haute-ville et ordonna la création d’un dispensaire de quarantaine plus grand et mieux équipé dans la zone du port. Pour éviter toute fuite des notables par la mer, il fit également couler les navires qui se trouvaient à quai, du plus gros trois-mâts à la plus petite chaloupe.

Ensuite, mesure la moins populaire de toutes sans doute, il fit réquisitionner tous les stocks d’alcool fort de la ville afin, espérait-il, d’en exploiter les propriétés antiseptiques pour nettoyer tout ce qui ne pouvait pas être bouilli.

Enfin, pour prévenir d’une sur-épidémie de choléra, il fit mettre en place de larges foyers dans un terrain vague excentré de la basse-ville pour y faire incinérer les nombreuses dépouilles ; que l’on avait ni la place ni le temps d’enterrer avant qu’elles n’entrent en putréfaction.

Si ces mesures n’avaient pas vocation à prévenir du mal, elles permirent rapidement de canaliser les dommages et d’en limiter les proportions. Elles furent, à ce titre, bien accueillies par la population de la basse ville, qui observa avec résilience et sang-froid le régime imposé par la quarantaine. En outre, les mesures du général Suljii furent d’autant mieux acceptées grâce à la conduite de ce dernier qui, ne cherchant jamais à se soustraire au danger, visitait lui-même les malades et supervisait en personne le transport des corps. On ne pouvait donc lui reprocher d’imposer par la force des contraintes et des périls qu’il ne s’imposait pas lui-même, et les mauvaises langues durent bien reconnaître que le brave faisait de son mieux.

Douze jours passèrent ainsi, lentement, charriant dans leur longues traines leur lot de morts supplémentaires et de drames intimes. Douze jours à ralentir l’épidémie, mais sans réussir à la maîtriser ou à l’endiguer… Ce qui ne manqua pas d’alerter quelques médecins.

Un matin où Suljii visitait à nouveau le premier dispensaire de la basse-ville, son chirurgien lui en fit justement l’observation.

"Mon général, auriez-vous une minute ?"

"Parlez, docteur."

"En consultant, ce matin, le registre des malades ; j’ai remarqué quelques anomalies… Peut-être rien mais… j’ai cru devoir vous en parler, à tout hasard."

"Des anomalies ? De quelle nature exactement ?"

"Et bien, voyez-vous, nous consignons dans les registres les adresses et les heures d’arrivée des malades, ainsi que la date à laquelle ils déclarent avoir présenté les premiers symptômes et les noms des personnes avec qui ils ont été en contact… Je me trompe peut-être, mais j’ai l’impression que certains foyers ne correspondent pas à ce que l’on observe habituellement…"

"Soyez plus clair, docteur."

"Et bien, certains foyers nouveaux apparaissent comme spontanément, sans avoir été infectés par un patient déjà malade. Dans des quartiers isolés et reclus depuis la quarantaine, alors même qu’il n’y a plus de passage, des nouveaux malades se déclarent sans avoir été en contact avec qui que ce soit depuis plusieurs jours…"

"Ventre-saint-gris… Aurait-on manqué un vecteur de transmission ?"

"Et bien, naturellement j’ai pensé à l’eau mais… les puits des quartiers ne sont pas reliés entre eux, et nous conseillons aux habitants de faire bouillir leur eau. Quant à la nourriture, elle est systématiquement bouillie aussi…"

"Bigre, quoi d’autre ? Nous devons manquer quelque chose d’important."

"Et si… et si il y avait là la marque de quelque malveillance ? Je me trompe sans doute, mais j’ai l’impression que ces nouveaux cas se déclarent au compte-goutte, et que les quartiers épargnés sont spécifiquement visés. Le développement lui-même de cette maladie n’est pas normal…"

"Vous pensez que quelqu’un voudrait se débarrasser des habitants de la basse-ville ? Ne me dites pas que vous soupçonnez ces vieux baluchards de sages d’empoisonner leur voisins, si ?"

"Non, connaissant ces vieux bougres, ils sont trop effrayés à l’idée d’être infectés à leur tour, et certains sont même déjà morts ou malades. En outre, je les vois mal affliger leurs voisins d’un mal dont eux-même n’ont pas le remède."

Cette entrevue laissa le général songeur. L'intuition de son médecin faisait écho, étrangement, à un sentiment qu’il avait eu lui-même. Il y avait quelque chose de louche, d’anormal, de suspect dans la propagation de ce mal incurable.

Mais pour enquêter sur ces anomalies, Suljii se trouvait bien dépourvu. Tous ses hommes étaient déjà trop occupés à maintenir la quarantaine et à porter secours aux malades pour enquêter, et certains avaient même d’ores et déjà contracté la maladie. Ne restait plus alors que Suljii lui-même qui restait relativement libre de ses mouvements, et les derniers officiers de son petit état-major qui n’étaient pas encore malades ou réquisitionnés aux hôpitaux.

En somme, autour du général se tenaient encore le commandant Duvernois, le lieutenant Laloire, l’adjudant Mahuzard et le sergent Augagneur. Fort de cette maigre équipe, le général leur détailla les craintes du médecin, les anomalies observées dans le développement de la maladie, et les chargea de sillonner les rues de la ville, la nuit, pour tenter d’y surprendre quelque mauvais monde.

Ne sachant pas exactement ce à quoi ils avaient affaire, ils allaient devoir se fier à leur instinct et se remettre au hasard, en espérant ne pas manquer de temps… Car sans remède, il était devenu clair dans tous les esprits que sous un mois, la grande cité d’Arcahelm ne serait plus qu’une ville fantôme.

 

Chapitre huitième: Ombres de lune

 

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Chaque soir, après le crépuscule, les hommes du petit groupe se séparaient pour fouiller discrètement les rues et les allées de la basse-ville. Avec la quarantaine et la maladie, l’activité nocturne autrefois bouillonnante avait laissé place à une torpeur pesante, et la solitude plus que toute autre chose accueillait les gardes rue après rue.

Au premier soir, malgré plusieurs heures de recherches, ils ne décelèrent rien qui puisse sembler suspect de près ou de loin. Au second soir, poussant leurs rondes et tendant des guet-apens à quiconque transiterait dans telle ou telle ruelle, ils rentrèrent de nouveau bredouilles.

Le troisième soir, à l’instar des deux premiers, s’engagea de la plus décourageante des façons. Une heure, deux heures, trois heures passèrent sans qu’aucun des cinq hommes ne fasse la moindre observation.

Le général Suljii, las de ne point progresser dans cette affaire, se décida finalement à faire une première pause sur une petite place où, assis sur une charrette abandonnée, il dégaina un long sandwich jambon-rosette de son grand manteau. S’abandonnant à la fatigue le temps de cette courte pause, il s’affaissa contre la banquette du chariot en mâchant.

Perdu dans ses pensées, luttant contre le sommeil, avalant bouchées après bouchées son maigre repas ; il songea un instant au soleil de Fort Herobrine, à ses camarades de l’état-major général, au retour à la maison… Un coup de feu, au loin, le tira de ses pensées.

À l’oreille du militaire, pareil bruit ne pouvait pas être confondu. Encore moins à cette heure, encore moins en ce lieu. Là, tout près, dans une des rues voisines, quelqu’un venait de tirer sur quelque chose.

Le général sauta de la charrette, tomba sur ses pieds, et accourut en direction du bruit. Il était compliqué, après un seul coup, de déterminer l’endroit exact de sa provenance, aussi fallut-il quelques minutes pour que Suljii ne finisse par y parvenir. Ce qu’il y trouva, malheureusement, fut à la hauteur de ses pires angoisses.

Gisant au milieu d’une des rues, couché sur le flanc dans une mare obscure, un homme en uniforme hoquetait de douleur. Le général, l’arme en main, se rua auprès de lui. C’était le jeune lieutenant Laloire, mourant, qui expira sans un mot dans les bras de son chef. Dans la main du malheureux, son pistolet à silex, encore fumant, laissait entendre qu’il avait tenté de se défendre.

En quelques minutes, le commandant Duvernois, l’adjudant Mahuzard et le sergent Augagneur accoururent à leur tour. Tous arrivèrent trop tard, et s’en désolèrent. Le jeune lieutenant avait visiblement croisé la route d’un intriguant, et ce dernier l’avait mortellement blessé de ce que l’on devinait être une arme blanche.

Le général, assis près du corps, était en proie à un flot de colère, de tristesse et de rage. Fouiller seuls les rues avait été un choix imprudent. Il eut fallu, pensa-t-il, faire des binômes, ou solliciter des gendarmes. Et si lui et Laloire avaient échangé leurs chemins de ronde ? Et si il ne s’était pas arrêté pour prendre cette pause ?

La voix du commandant Duvernois, derrière lui, vint rompre ce tumulte de questions.

"Mon général, il y a du sang par ici !"

Suljii se leva d’un bond, et se porta auprès de son camarade qui lui désignait, à la lueur de la lune, une série de projections et de gouttelettes pourpres qui luisaient sur les pavés.

"On dirait que Laloire l’a touché le salaud ! Le goret, j’éspère qu’il va signer à blanc !"

Renchérit Duvernois, lui-même en proie aux mêmes sentiments que son général.

Suljii, de son côté, illumina les traces de sa lanterne. Si les projections semblaient désigner l’endroit où l’agresseur avait été touché, une série de plus petites gouttelettes s’en éloignait en désordre, montrant sans doute la direction que le blessé avait prise en fuyant.

"Duvernois, va chercher des gendarmes et occupez-vous du corps de Laloire. Fais aussi fouiller le quartier, et renforce la garde des portes ! Le salopard ne doit pas être bien loin, si il a du plomb dans l’aile, on peut le suivre à la trace ! Mahuzard, Augagneur, avec moi !"
Ordonna-t-il.

Sans attendre de réponse, il s’élança sur la piste sanglante, suivi par l’adjudant et le sergent. Le commandant, de son côté, s’en alla dans la direction inverse pour y quérir les gendarmes de la garnison.

Dans la pénombre des ruelles où la lune et les lanternes, seules, éclairaient la voie ; il devint rapidement difficile pour les trois gardes de suivre la maigre piste des gouttelettes de sang. Une fois éloigné du lieu de son crime, le coupable avait sûrement pris quelques instants pour couvrir sa plaie, limitant les traces…

Il en laissa néanmoins assez pour guider la petite troupe jusqu’à une portion reculée de la ville qui se trouvait sur sa portion méridionale, et même jusqu’à la côte. Dans ce quartier aux bâtisses à demi abandonnées, de nombreuses ruines sillonnaient le rivage, témoins muettes d’une époque où la basse-ville avait dû être plus florissante. Ce fut devant une de ces ruines, justement, que la piste sembla s’arrêter. Levant les yeux, jaugeant l’immense bâtisse qui se trouvait devant lui, le général Suljii put lire à la lumière de la lune les grandes lettres qui trônaient par dessus la grande porte: “Sanatorium de Lazare”.

 

Chapitre neuvième: Les ruines de Lazare

 

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Malgré l'atmosphère lugubre des lieux, les trois hommes ne perdirent pas de temps. Le sabre au poing et la lanterne guidant leurs pas, ils s'aventurèrent dans la grande bâtisse qui, autrefois, avait probablement servi à mettre en quarantaine les malades débarqués dans le port.

Marchant silencieusement sur le parquet vermoulu, tendant l'oreille, le groupe s'enfonça dans les vastes couloirs bordés de portes et de chambres. Au rez-de-chaussée, ils ne trouvèrent que des rats, des insectes et des chats errants, avant de parvenir à un grand escalier qu'ils gravirent avec peine, l'ouvrage étant endommagé.

Explorant ensuite le premier étage, ils découvrirent des chambres qui semblaient avoir été récemment habitées par des indigents, mais le second étage se révéla plus prometteur.

À l'approche de l'escalier, un bruit de pas rapides retentit dans le couloir, indiquant que l'endroit n'était pas désert. Convaincus qu'il s'agissait probablement de l'assassin du lieutenant Laloire, les trois hommes se lancèrent à sa poursuite, traversant le grand corridor sans parvenir à le rattraper, le fugitif semblant s'être évaporé.

Un nouveau bruit provenant d'une des chambres voisines les fit se précipiter. Le général Suljii, fonçant sur la porte, l'enfonça d'un coup d'épaule. Malgré l'obscurité de la pièce, celle-ci semblait vide, à l'exception d'une large brèche dans le mur la reliant à la pièce suivante.

Suljii découvrit avec horreur que de nombreuses chambres de l'étage étaient connectées de la même manière. Se demandant pourquoi le suspect aurait choisi de passer par là, il fut interrompu par un craquement terrifiant suivi d'un cri étouffé alors que le sol cédait sous le sergent Augagneur.

Maintenant seuls au deuxième étage, le général et l'adjudant Mahuzard se précipitèrent près de la brèche, inquiets pour leur camarade. Après un bref échange, Suljii décida de rester à l'étage tandis que Mahuzard descendait pour vérifier.

Les deux hommes se séparèrent, et Suljii inspecta les chambres suivantes avec prudence, gardant son sabre à portée de main. Il remarqua que les portes donnant sur le couloir principal étaient barricadées, ce qui compliquait les déplacements.

Face à ces obstacles, Suljii hésita : devaient-ils rebrousser chemin et attendre les renforts ou continuer à traquer le suspect ? La dernière chambre ne devait plus être loin, il décida donc de poursuivre.

Il fouilla la pièce vide, déçut par cette perte de temps, puis entreprit de déverrouiller la porte barricadée. Avant qu'il ne puisse agir, un bruit derrière la porte attira son attention : une lueur révéla la présence de quelqu'un de l'autre côté.

Après quelques échanges sans réponse, Suljii fut alarmé par l'écoulement d'un liquide sous la porte. Reconnaissant l'odeur d'huile, il réalisa trop tard le danger. Une flamme jaillit et embrasa la pièce en un instant.

Paniqué, Suljii rebroussa chemin à travers les chambres en flammes, réalisant que l'incendie se propageait rapidement. Bloqué à l'étage supérieur, il retourna vers le trou dans le plancher par lequel le sergent était tombé.

Sans hésitation, il se glissa à travers l'ouverture et atterrit au premier étage. À son soulagement, il constata que ni le sergent ni l'adjudant n'étaient là. Se frayant un chemin à travers les couloirs, il entendit le crépitement du feu s'intensifier, signe que le bâtiment était sur le point de s'effondrer.

Déterminé à s'échapper avant que cela n'arrive, Suljii se dirigea vers le grand escalier pour quitter la bâtisse en flammes.

 

 

VI. REMERCIEMENTS

 

Quand on a lancé Arcahelm avec Justin en 2018, c'était chouette. Ça fait tellement longtemps et les choses ont changé depuis, mais j'aime toujours autant m'y balader.

 

Il se sera bientôt passé plus de temps entre les fondations du projet et le présent qu'entre la fondation de Minefield et mon retour en 2017, ce qui me rend nostalgique. Je suis tellement nostalgique de mon arrivée en jeu (pourtant le serveur avait des lags, c'était injouable).

Je me suis récemment rendu compte à quel point j'aimais juste me connecter sur Minefield pour aller visiter des choses. C’est pour moi plus qu’un serveur, c’est une expérience. C’est une atmosphère et un monde Minecraftien unique, je veux qu’il vive et je veux le faire vivre.

 

Je souhaite remercier les personnes qui se reconnaîtront, je n'ai pas besoin de les citer ici, elles savent qui elles sont. (même toi Wariow :p)

 

 

 

Pour le meilleur et pour l'Empire.

 

Cheers, suljii

Modifié par Suljii
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  • Suljii a changé le titre en Suljii, le chevalier balafré

Eeeeeeeh ! 

 

Joie ! Joie de voir cette candidature enfin postée !

Bien évidemment que je viens soutenir mon pote, mon ami, mon frère dans sa candidature à la chevalerie.

Suljii est un joueur connu de tous pour son humour, son soutien indéfectible au serveur et son aide pour aiguiller nos nouveaux joueurs.

 

Suljii, c'est un peu comme le soleil de Stendel. Toujours là pour illuminer nos journées et soirées de ses blagues et de son enthousiasme contagieux.

Parlons de son engagement envers notre serveur. Suljii, c'est un roc sur lequel on peut toujours compter. Que ce soit pour organiser des événements, pour aider à résoudre des conflits ou simplement pour animer les discussions sur le chat, il est là, présent, prêt à donner de son temps et de son énergie pour que notre communauté soit ce qu'elle est aujourd'hui.

 

Mais ce qui rend Suljii vraiment spécial, c'est sa générosité envers les nouveaux arrivants. Il accueille les novices avec autant d'enthousiasme que s'ils étaient des membres de sa propre famille. Toujours prêt à donner un coup de main, à les guider dans leurs premiers pas sur le serveur.

 

Alors oui, je soutiens de tout cœur la candidature de Suljii à la chevalerie. Parce que derrière son pseudo se cache un véritable chevalier, prêt à défendre les valeurs de l'amitié, de l'entraide et de la bonne humeur. Quand il sera admis à la Chevalerie, je suis sûr qu'il portera haut et fier cet étendard.

 

Bisous, Jihair

 

"Sur les terres de Stendel avec son destrier, vit Suljii, grand architecte, général de fierté. Son génie rivalise avec les cieux étoilés, Mais hélas, son visage est de l'herpès marqué.

Malgré son mal, il mène les troupes avec brio, Ses plans de bataille sont comme des feux d'artifice dans le noir. Mais quand il parle, ses lèvres font peur, c'est certain, Les soldats se demandent s'il va les infecter d'un seul baiser malin.

Pourtant, Suljii reste stoïque, imperturbable, Tout en construisant des murailles, des ponts imprenables. Certains disent que son herpès a un don mystique, Qu'il suffit d'un regard pour que les ennemis paniquent.

Ainsi va la légende de Suljii, architecte génial, Dont le seul défaut est ce mal facial. Mais dans le royaume de Minecraft, il est respecté de tous, Même si son herpès fait fuir les moustiques, c'est fou !"

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Bien le bonsoir, 

 

Me voici ici pour soutenir le brave Sulji

  • Sérieux
  • Utopique
  • Libre
  • Juste
  • Incroyable

 

Voici bien des mots qui peuvent définir Sulji tant par sa gentillesse son travail acharné, son humour, sa liberté et son unicité. Je souhaite dire que c'est un joueur qui est bien connu et impliqué de la communauté, il a fondé son projet avec Jihair, il a repris un projet et su le rénover et le rendre encore plus beau, c'est également un membre important de la Garde. Je pense que tout cela montre bien son implication sur le serveur. 

Par ailleurs, pour avoir passé pas mal de soirée sur discord avec la garde il ne manque de rajouter son brin d'humour mais il est également capable de parler sérieusement de sujets importants. 

 

 

PS : Tu fais un très bon café

PPS

PPPS : Je te prend 1v1 valo quand tu veux tabernacle

Modifié par Lugnasad
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Hellooooo,

 

Je vais pas reprendre la métaphore qu'il a utilisé sur son +1 pour moi mais je la trouve tout de même très a propos, en gros trainer avec lui c'est incroyable mais pas trop souvent sinon on finirait pas s'entretuer si on est que tous les 2.

Fin bon je viens évidemment et avec plaisir soutenir le poto pour qu'il devienne chevalier. Je vais pas revenir sur son implication il y juste a regarder le travail qu'il a monté dans sa candid pour voir que c'est juste dingue par ailleurs je trouve que les potes au dessus l'on assez bien décrit. Donc pour moi c'est un gros +1.

 

Bref tu as tout mon soutien l'ami,

 

Sky

 

Bienvenue dans la futur fournée de chevalier btw 

 

 

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S'il y a bien un joueur qui manquait à cette fournée de chevalier, c'est bien Suljii.

Un guide inspirant, il répand la joie et la bonne humeur autour de lui avec ses blagues parfois... douteuses, mais dont je suis client.

Lumineux par sa présence, peu de joueurs n'ont, je pense, pas croisé sa route.

Joueur infatigable, il ne manque pas de motivation pour mener à bien ses projets : je pense à Arcahelm, ou ses différentes participations aux projets de la Garde Volontaire, et plus récemment la reprise de Cénaria. 

Il offre également son aide avec générosité à d'autres entreprises.

Il mérite donc amplement son grade de Chevalier.

 

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