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[Extension] La plaine de Birak-Heim - Fort Herobrine


Ghideon
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Mesdames et messieurs, habitants de l'empire et chers concitoyens,

 

Après près de sept années de bons et loyaux service auprès de notre cher Empire, la garnison de la Garde Volontaire se trouve un peu à l'étroit dans son petit désert de Fort Herobrine, au sud de Stendel. Ces dernières années, qui ont été riches et prolifiques tant en terme d'activité que de constructions, n'ont en effet pas manqué de combler chaque centicube carré de notre modeste terrain sablonneux, qui abritait jadis un petit fortin et qui est à présent lui même entouré de murailles.

 

Après avoir refait trois fois chaque bâtiment, et avoir sorti de terre l'imposante Prison de Terre-Morne; nous sollicitons à présent de l'Empire le droit de nous étendre à l'Est de notre position.

 

Pour ce qui est de décrire le projet, et en résumer un peu l'esprit RP :

Il s'agirait d'un champ de bataille (après la bataille) un peu comme ce qui a pu être fait, récemment, entre Aégis et Freiwald. Les combats y seraient cela dit plus récents et la zone porterait encore de nombreux stigmates des combats: réseaux de tranchées, canons, cimetières improvisés. La zone, une fois terraformée et meublée, sera garnie de PNJs de la garde en patrouille et de scénettes RP comme on peut en croiser quelques unes dans le territoire de FH à l'heure actuelle.

Sur le plan roleplay, l'extension est demandée afin de faire de ce terrain une zone tampon, prête à accueillir à nouveau n'importe quelle armée venant du Sud.

 

 

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Nom : Plaine de Birak-Heim (mais s'agissant d'une extension, le territoire sera toujours nommé Fort Herobrine).
Dimensions : Environ 300 blocs sur 300 blocs.
Hauteur : De la bedrock à une trentaine de blocs au dessus de la surface sans doute.
Zone de construction : Surface et un peu souterraine (mais les sous-sols devraient être assez peu exploités).
Objectif du Projet : 

 

  • Décoratif : Ce projet est l'occasion d'occuper la vaste plaine en bordure de Fort Herobrine. Malgré l'aspect champ de bataille, la zone restera verte sans être couverte d'infrastructures. Les zones d'ambiance et les pnj's qui y seront posés apporteront un aspect vivant.
  • Roleplay : Le roleplay a toujours eu une part majeure dans les projets de la Garde Volontaire. C'est le cas de cette extension, qui marque un tournant majeur. La bataille s'y déroulant est la plus conséquente qu'ait connue la Garde, en terme de moyens employés (matériels comme humains), d'enjeux, et de pertes humaines (presque la moitié des effectifs meurt dans cette bataille).

 

Localisation du projet : Au sud de Stendel, collé à Fort Herobrine (puisque son extension), sur la plaine comprise entre Coupebois, Guenet et Novi.

Plan du territoire :

 

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En rouge : Les frontières que nous convoitons pour l'extension.

En orange : Une forteresse insulaire jumelle de la forteresse d'artillerie, dans la continuité architecturale des murailles.

En noir : Le réseau de tranchées et les différentes structures défensives).

En violet : Un village en ruines, qui a été pillé par l'armée ennemie.

En vert : La colline (cf le Roleplay) enclavant la position d'arrière garde des ennemis.

En bleu cyan : La position d'arrière garde des ennemis.

En gris : Le cimetière militaire des pertes de la Garde Volontaire et des forces d'Asayaka (l'un en face de l'autre).

En bleu : diverses rivières qui circuleront sur la plaine

 

Notez que nous convoitons aussi un peu d'espace maritime, en vue d'y faire poser des navires de la Garde (un au Nord, l'autre au Sud).

 

Personnes responsables du projet : @Ghideon, @Thalkion, @Pencroff

 

 

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Les screens présentés ci-dessous sont tirés de maquettes faites sur FreeField, n'hésitez pas à aller voir sur place ! La parcelle est située en -377 102 -930.

 

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Porte menant à l'extension, muraille Est (à noter que cette porte sera sur le territoire actuel de FH, elle est ici pour introduire le reste du build et sera construite ig sous peu)

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Un des couloirs de la poudrière mentionnée dans le roleplay :

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Tranchées des forces de la Garde, et anciens cratères creusés par l'artillerie lors de la bataille :

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Falaises Nord, qui bordent la rivière qui longe la forteresse de l'extension (en laine, l'emplacement du pont menant à la dite forteresse) :

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- Les deux cimetières (ils se feront face) :

 

Partie centrale du cimetière de la Garde :

A noter que les tombes seront celles des gardes identifiés, des fosses communes seront également creusées pour les corps méconnaissables. 

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Entrée du cimetière des forces d'Asayaka :

Ici aussi, les tombes sont celles des soldats identifiés, des fosses communes seront creusées.

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Statue d'un grenadier à pieds de la Vieille Garde (entrée du cimetière de la Garde) :

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Statue d'un guerrier d'Asayaka (entrée du cimetière des forces d'Asayaka, en face de la statue du grenadier) :

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Village en ruine. D'autres screens viendront là dessus avec des variantes concernant la forme des maisons et un modèle ayant été incendié.

1er modèle de maison en ruine, avec à gauche sa version intacte.

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2e modèle de maison en ruine, avec à gauche sa version intacte.

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3e modèle de maison en ruines, plus grande, avec à gauche sa version intacte :

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Maison ayant été incendiée (le modèle intact est le 1er dans la liste des bâtiments) :

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Exemple de frégate de 74 positionnée sur Terre-Morne. Une frégate du genre sera construite au Nord de l'extension, peut-être accompagnée d'un aviso comme sur l'image ci-jointe :

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Exemple d'un brick de 28 positionné sur Terre-Morne. Pour l'extension, se sera un brick de 38 (les canons seront de 24-18 livres, là où ceux du screen sont uniquement de 18 livres) construit au Sud :

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Quelques screens s'ajouteront prochainement, notamment des maisons en plus pour le village, et la poudrière mentionnée dans le roleplay.

 

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Chapitre un : Branle-bas de combat

 

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18 Mériola de l'an 241.

L’écume aux lèvres, haletant, le destrier traversa le sous-bois au quintuple galop.

Juché sur son dos, tenant fermement la bride et enfonçant sans cesse ses éperons dans les flancs de sa monture ; le cavalier l’encourageait à continuer encore, et encore, sans fléchir et sans ralentir. 

Lancés comme une balle, ils quittèrent enfin le sous-bois et attaquèrent la dernière ligne droite qui devait les conduire vers Fort Herobrine.

Une herbe sèche se substitua bientôt aux verts pâturages, puis ce fut au sable de défiler sous les sabots du cheval, qui poursuivait sa course.

 

Ils passèrent le poste de garde sans s’arrêter, laissant derrière eux les deux sentinelles qui avaient reconnu, de loin, leur camarade et avaient précipitamment levé pour lui la lourde barrière.

Ils doublèrent les estafettes de ravitaillement et les pelotons de cavaliers qui leur faisaient obstacle, manquèrent de peu de bousculer plusieurs fantassins, et firent finalement irruption dans l’enceinte du Commandement ; ou le cheval freina finalement des quatre fers.

 

Sans attendre l’arrêt complet de sa monture, le cavalier sauta à terre ; laissant derrière lui son cheval épuisé. Il se lança en direction du bâtiment principal, celui de l’état-major général ; dans lequel il s’engouffra sans ralentir et ne glissant dans un souffle qu’un unique mot à l’attention des sentinelles : « priorité ».

Gravissant quatre par quatre les marches de l’escalier, il écarta de son chemin les aides-de-camp et autres ordonnances dont certains tombèrent à la renverse dans un nuage de papier et de documents divers. 

 

« Le commandant, ou est-il ? » Demanda-t-il au premier officier qui lui tombait sous la main.

« Qui ça, le général Zorn ? Le général Thalkion ? » 

« N’importe ! Accouche ! » 

« Ils sont tous les deux dans la salle stratégique mais… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, que déjà le cavalier lui filait entre les doigts, et s’élançait vers ladite salle.

 

Arrivé devant la grande porte de chêne qui en fermait l’accès, il se précipita à l’intérieur, arrachant presque le pauvre chambranle et brisant à moitié la poignée.

 

« Mon général ! Mon général ! On a un problème ! » Hurla-t-il sans autre forme d’introduction.

 

Les deux généraux, qui étaient visiblement en pleine discussion au moment de son arrivée, le fixaient avec un air confus. 

 

« De quoi diable parlez-vous ? » lui demanda le général Zorn.

« D’où est-ce que vous sortez ? » enchaina le général Thalkion.

 

Le cavalier, qui semblait en proie à un terrible mélange de peur et d’excitation, était également hors d’haleine. Il lui fallut quelques longues secondes pour reprendre son souffle et sa contenance. Se redressant vers les deux généraux, droit cette fois et d’un ton beaucoup plus calme, il délivra son message.

« Je suis le sergent Séraphin, du premier escadron de dragons du bataillon expéditionnaire. Le commandant m’envoie vous dire que nous avons repéré, au cours de notre patrouille, une importante force ennemie dont l’identité et les intentions sont inconnues. Nous n’avons pas établi de contact avec eux, aussi nous contentons-nous à les observer de loin. Le gros du bataillon s’est mis en retrait et seuls de petits groupes de cavaliers ont été chargés de les maintenir en vue. De plus amples informations vous parviendront aussi tôt que possible par l’intermédiaire d’autres messagers. Je dois prendre vos ordres, mon général ! ».

 

Les trois hommes marquèrent alors un court silence, pendant lequel les deux généraux se regardèrent.

 

« Quelle est la position de cette colonne ? Et qu’est-ce qui vous fait dire qu’il s’agit d’ennemis ? » demanda le général Zorn. 

 

Le sergent s’approcha d’une des cartes d’état-major et désigna du doigt la position en question.

« Ils sont ici, en bivouac. C’était un village de braves gens, on y passait parfois pour se ravitailler. Ces barbares ont mis le feu aux quelques maisons et en ont tué les habitants ».

Répondit-il.

 

« Et quelles sont nos positions ? » demanda le général Thalkion, qui s’approchait de la carte.

« Les troupes à pieds sont postées ici, et les troupes montées effectuent des rotations sur cet axe-là, mon général » répondit à nouveau le sergent, en montrant du doigt les différents points.

« A combien estimez-vous les forces adverses ? »

« Aucune idée précise encore, mais ils sont plus nombreux que nous… et il peut toujours s’agir d’une avant-garde… »

 

Un nouveau silence pesa sur la salle.

Le général Zorn, qui semblait pris dans ses pensées, se pencha vers un bureau. Au bout de quelques secondes, il se saisit d’une plume et commença à griffonner quelques mots à la hâte sur une feuille, qu’il tamponna. Puis, tendant la missive au sergent ;

 

« Vous donnerez ceci à votre commandant. Ce sont mes ordres, priorité. Prenez vous un nouveau cheval et cravachez le, vous arriverez avant demain soir avec un peu de chance. Disposez ! »

 

A ces mots, le sergent salua et se rua hors de la salle.

Le général Zorn se tourna alors vers son camarade, le général Thalkion.

 

« Je leur ait donné l’ordre de poursuivre les missions de reconnaissance et de m’envoyer un messager par jour minimum. J’ai également fait déployer l’infanterie en ordre de bataille, en retrait cependant. »

« Je vois… J’espère qu’il s’agit juste de mercenaires, et qu’ils ne sont pas plus nombreux que ça. On ne sait jamais trop à quoi s’attendre de ce côté de la frontière. Devrait-on faire mobiliser les troupes par sécurité ? »

« Je vais convoquer le général Jihair, le général Wendy et leurs états-majors respectifs. Faites prévenir l’amiral wariow également, et faites-lui savoir qu’il doit rapprocher une de ses flottes de la zone des opérations. Nous devons être prudents, et nous assurer de ne pas être pris au dépourvu… ».

« Bien. Je vais mettre en alerte les réserves également, et faire mettre le 1er régiment d’infanterie en ordre de bataille. Je vais envoyer une missive au commandant du 3e régiment d’infanterie pour qu’il prépare également ses hommes, et faire rappeler nos hussards, qui sont en patrouille. Doit-on en référer au QGQ ? »

« Je pense, ne serait-ce que par sécurité. Pour l’instant nous ne sommes pas immédiatement menacés, mais assurons nos arrières. » termina le général Zorn.

 

A ces mots, le général thalkion se saisit d’une feuille et d’une plume, et rédigea une autre courte lettre, qu’il referma soigneusement et sur le pli de laquelle il appliqua le sceau de la garde volontaire. Ceci fait, il héla un officier d’ordonnance, qui attendait au garde-à-vous devant la porte.

 

« Faites porter ceci au maréchal Pencroff, à Stendel, et vite ! priorité ! ».

Puis, ayant donné l’enveloppe au jeune officier qui dévalait déjà l’escalier, il referma la porte.

 

De toute la nuit, on ne vit aucun des deux généraux sortir ; et rien ne filtra de la salle ou ils s’étaient enfermés, sinon une forte odeur de tabac et de grands bruits papier que font les cartes quand on les déplie…

 

Le lendemain, l’état-major de la garde volontaire était en effervescence. Officiers d’ordonnance, chefs d’escadrons et de bataillons, colonels de tous poils et attachés militaires se bousculaient dans les couloirs. Les uns campaient au comptoir du carré des officiers, attendant fébrilement de recevoir des ordres, les autres faisaient des aller-retours incessants les bras chargés de cartes et de documents, et les derniers faisaient les cent-pas dans le long corridor de l’étage en fumant la pipe ou en parlant entre eux, attendant à tout moment de voir la porte de la salle stratégique s’ouvrir. 

 

De temps à autre elle s’ouvrait d’ailleurs, et laissait échapper une ordonnance ou un coursier, qui passait en trombe au milieu de la foule. 

Dans l’entrebâillement de la porte on pouvait alors furtivement apercevoir les généraux Zorn, Thalkion, Jihair, Sulji et Wendy ainsi que l’amiral Wariow ; tous fiévreusement penchés sur la vaste carte d’état-major qui occupait tout le centre de la pièce et qui était couvertes de pions de bois et de navires miniatures. Un épais nuage de fumée âcre s’échappait alors dans une dernière bourrasque et la porte claquait, refermant la parenthèse et laissant les spectateurs impatients à leurs spéculations.

 

Il faut dire que depuis la veille au soir, la situation avait quelque peu changé. Au matin en effet, un autre messager s’était présenté au commandement et avait apporté aux généraux des nouvelles autrement plus inquiétantes que son premier camarade. La menace qui pesait sur le sud de Stendel s’était faite plus précise et on avait reçu les premières estimations des forces adverses, qui avaient d’ailleurs quitté leur bivouac et avaient pris la direction la plus redoutée : celles des territoires impériaux.

Les mesures prises la veille par le général Zorn et le général Thalkion avaient alors pris tout leur sens et avaient permis de gagner force temps : aussi si les ennemis ne se doutaient probablement pas encore qu’ils avaient été repérés, toute une armée se préparait déjà à les intercepter.

 

Dans la salle stratégique, on préparait justement le dispositif qui devait prendre le nom de « Opération Brise-lame » et qui allait être le premier volet de cette campagne pour la sauvegarde des terres du sud. 

Sur la base des informations qui avaient été reçues donc, on évaluait à 7 000 le nombre des troupes adverses qui composaient la colonne que suivait à distance le bataillon expéditionnaire. Cette colonne se trouvait à une distance d’une centaine kilocubes ce qui représente pour une armée en campagne, et ce même au pas redoublé, plusieurs jours de marche… six au moins. 

On estimait donc qu’en six jours il fallait avoir mis en place le dispositif défensif qui devait servir de comité d’accueil à cet ennemi impromptu. 

 

Plusieurs problématiques se posaient alors :

On ne savait pas encore vers où exactement il fallait mettre en place le dispositif, et on ne pouvait pas se permettre de creuser des tranchées pour qu’à la dernière minute l’ennemi change de destination. Il allait d’ailleurs falloir du temps pour déployer les troupes et articuler tout le dispositif en ordre de bataille, et il restait encore de nombreux soldats à faire converger vers le théâtre des opérations avec armes et matériel. Enfin, on avait bien fait prévenir les troupes impériales de l’arrivée imminente de cet agresseur importun, mais les colonnes de la garde impériale allaient prendre plusieurs jours pour se mobiliser, et surtout pour rallier dans ses rangs une partie des réservistes qui la composent.

 

Autant de points d’ombre qu’il fallait s’empresser d’éclaircir et auxquelles il allait falloir répondre vite et bien.

Le général Zorn, qui se tenait au milieu de la salle, pencha la tête vers la carte avec un air songeur. Le général Thalkion tapotait sur la table avec ses doigts en regardant fixement les pions de bois et l’amiral Wariow, qui s’était assis sur une des quelques chaises de la salle, achevait de consumer le tabac de sa pipe. Les généraux Jihair, suljii et wendy semblaient partager cette torpeur songeuse, et personne ne disait mot.

 

En dehors de la salle, le tumulte des officiers impatients cessa brusquement et fit place à un fort bruit de roulement sec : celui des bottes de cuir qui claquent et des bras qui viennent se ranger le long du corps. Un bruit de pas lourds se rapprocha de la salle et la porte s’ouvrit en grande cette fois ; ses deux battants tenus par des aides de camp.

Le Maréchal Pencroff entra dans la salle, le tricorne sous le bras.

 

Dans la salle, les généraux esquissèrent un bref garde-à-vous auxquels le maréchal répondit en esquissant un salut. Puis, le protocole ayant pris sa part, on passa aux choses sérieuses.

 

On fit alors un bref compte-rendu situationnel, tant pour mettre le maréchal au courant de l’avancement des préparatifs que pour rafraichir les faits dans toutes les mémoires. Puis on passa aux dernières nouvelles, qui accompagnaient l’arrivée du maréchal.

 

« Si nous n’avons que six jours devant nous, ne comptons pas sur les colonnes de l’empire. Elles doivent se mobilier, se mettre en ordre et rallier la frontière ; or cela lui prendrait au moins huit jours, dix peut-être. » commença le maréchal.

« Dans ce cas nous devons gagner du temps, car nous allons nous aussi avoir besoin d’un excédent de temps pour rallier toute notre infanterie » répondit le général Thalkion.

« Nous devons aussi identifier clairement la destination de nos adversaires… Ou leur forcer la main, mais cela reviendrait à nous compromettre sans doute… » lança le général Zorn.

 

Et les généraux reprirent leur réflexion. On se pencha sur la carte, sur laquelle figurait les 7 pions rouges qui symbolisaient l’équivalent de 7 régiments de 1 000 hommes ennemis. Près de ces 7 pions rouges, le pion bleu symbolisant les 650 hommes du bataillon expéditionnaire semblait bien isolé.

 

« Il faudra bien entrer en contact un jour » commença le maréchal.

« Si contact il doit y avoir, mieux vaut que nous en ayons l’initiative. Je vois que nous avons un bataillon qui est près de cette satanée colonne… Ces troupes sont-elles rapides ? » poursuivit-il.

 

« Il s’agit de troupes légères, et leur nombre bien plus faible que celui des forces adverses les rend bien plus mobiles. » répondit le général Zorn.

« Nous allons donc nous en servir d’appât. » reprit le maréchal.

« D’appât ? »

« Oui, ainsi nous pourrions du même coup gagner du temps et orienter leur course vers une destination de notre choix… pour peu qu’ils mordent à l’hameçon. »

« Et quel serait le plan ? »

« Vous avez de la cavalerie je vois, et bien envoyez ces dragons harceler leur avant-garde. Arrangez-vous pour qu’ils se replient et que l’ennemi les poursuivent. Harcelez-les ainsi régulièrement, et faites reculer nos troupes jusqu’en un point que nous aurons choisi. Là, notre bataillon ralliera nos lignes et l’ennemi n’aura plus d’autre choix que de nous affronter de front. » acheva le maréchal.

 

Un long silence pesa à nouveau sur la salle, ou tous les généraux avaient à présent les yeux rivés sur cet unique pion bleu. Envoyer cette unité se compromettre et se lancer dans une tactique de petite-guerre contre une force par dix fois supérieure était un pari risqué. Ces hommes pouvaient se faire encercler et être réduits à néant ; mais si le plan marchait ils pourraient en effet être le pivot décisif de cette campagne. L’ennemi, en grand nombre, ne pourrait pas être aussi rapide que les chasseurs et les voltigeurs qui composent le bataillon et qui sont justement formés au repli-déploiement. On pourrait également mieux reconnaître ses forces, évaluer sa capacité à s’organiser et peut-être commencer à comprendre ses tactiques. 

On ne savait d’ailleurs rien de cet ennemi, qui semblait venir de si loin. Et on avait encore fait aucun prisonnier qui aurait pu renseigner le commandement sur ses origines. 

 

« Je suis pour. Attendons le moment propice, trouvons un point de chute vers lequel conduire ces indésirables visiteurs et engageons le combat tant que l’on a l’avantage de la surprise ! » tonna l’amiral wariow.

« Nous n’avons pas beaucoup d’autres choix, j’en ai bien peur… Et nous n’avons pas le temps de faire mieux surtout ! » souffla le général Zorn.

 

De l’autre côté de la table, le général Thalkion se leva.

« Dans ce cas messieurs j’ai une demande à formuler ! » dit-il.

« Laquelle, général ? »

« Je veux rejoindre ce bataillon, pour y conduire moi-même les opérations. Je n’enverrai pas un seul de mes hommes faire quelque chose que je ne ferai pas moi-même, et s’ils doivent risquer leur peau il faudra d’abord que l’ennemi passe sur la mienne ! »

 

Le maréchal et le général Zorn se regardèrent, et acquiescèrent.

« Accordé, général Thalkion. » répondit le général zorn.

« Vous prendrez toutefois une escorte de 400 hommes, ce n’est pas une option. » conclut le maréchal.

 

Et ce dernier se rapprocha de la carte. Saisissant une craie, il tira une longue flèche partant de la position du bataillon et rejoignant Fort Herobrine.

« Si nous pouvons choisir pour eux leur destination, ne nous privons de rien ! Conduisons les droit sur nous ! Pas besoin de perdre du temps à acheminer nos troupes dans quelque plaine, si on peut tenir nos forteresses et nos murailles ! » déclara-t-il.

 

Les généraux se réunirent, et leurs regards convergèrent vers ce point unique sur la carte : Fort Herobrine, leur propre position.

On décida ensuite de la place de chaque chef, de chaque régiment, de chaque bataillon, de chaque canon… On décida des tranchées à creuser, des obstacles à poser, des redoutes à fortifier et des réserves à répartir… on mit méticuleusement en place chaque acte de ce qui devait être un ballet de troupes orchestré à la minute près.

Et lorsque la nuit tomba enfin sur le commandement, on fit ouvrir les portes de la salle stratégique.

 

Pendant toute la nuit, les officiers des différentes unités firent la queue pour venir chercher leurs ordres de déploiement. On vida les casernements, on équipa tous les soldats de leurs sacs de campagne, on fit poser des bivouacs dans la plaine de Birak-Haym aux pieds des murailles du fort et on se prépara à la bataille qui s’annonçait déjà meurtrière.

 

Au lever du jour, le commandement s’était presque entièrement vidé.

Le général Thalkion avait profité des quelques dernières heures de nuit pour dormir avant son départ, et le général Zorn fumait la pipe en relisant les ordres qu’il allait envoyer. Les généraux Jihair et Wendy avaient rejoint leurs troupes sur la ligne et supervisaient déjà le renforcement des défenses ; et l’amiral Wariow était reparti à bord de son vaisseau de commandement pour y réunir ses officiers.

Quant au Maréchal Pencroff, il s’était retiré pour rejoindre son propre régiment, qui s’était regroupé près de l’école militaire.

 

Chapitre deux : Les bataillonnaires 

 

Divulgacher

La monture s’immobilisa dans une petite plaine. L’officier, qui semblait chercher autour de lui, s’écria ce qui semblait être un mot de passe :

« Ombre ! »

Et un buisson lui répondit :

« Poussière ! »

À ces mots, deux sentinelles sortirent de leur cachette, et s’approchèrent.

L’un prit la bride de la monture, et l’autre aida l’officier à en descendre.

 

« Je suis le lieutenant Skykkou, j’ai un message de l’état-major pour le colonel Darkalne qui commande le bataillon » dit ce dernier.

« Suivez-nous mon lieutenant, le bataillon est en bivouac un peu plus loin, à l’abri des regards. » lui répondit la sentinelle.

Puis, emportant avec eux le cheval tenu par sa bride et sans perdre de temps à découvert, les trois hommes s’enfoncèrent dans le bois.

 

Il ne leur fallut que quelques minutes pour rejoindre ce qui semblait être une ancienne carrière de craie perdue en pleine forêt. Là, chasseurs et voltigeurs s’affairaient à démonter le camp, prêts déjà à quitter la position pour se redéployer.

Au milieu de ce tumulte, un homme semblait orchestrer les opérations à grands renforts de voix et de gestes, et les sentinelles conduirent vers lui le jeune lieutenant.

 

« Mes respects mon colonel ! J’ai une missive pour vous de la part du général thalkion ! »

« Bonjour lieutenant ! » répondit le colonel Darkalne en se saisissant du message.

Puis, entamant la lecture de son contenu, il ajouta :

« Bien, le général thalkion va venir nous renforcer avec quatre-cent hommes ! Excellente nouvelle, la meilleure de la journée sans doute… Tenez, j’ai des nouvelles moi aussi, moins bonnes cela dit… pour le général Zorn ! Priorité »

Et le colonel Darkalne tendit au jeune lieutenant une enveloppe, que ce dernier glissa immédiatement dans sa giberne.

 

Ceci fait, il salua et reprit la bride de sa monture, sortit du camp et repartit au galop en direction du Fort Herobrine.

Quand il fut parti, le colonel Darkalne retourna à ses préparatifs.

« On se bouge les miches messieurs ! On a deux colonnes en mouvement vers notre position, ça fait quatorze mille salopards pour ceux qui savent pas compter ! »

 

De retour au Fort Herobrine avec la lettre du colonel, le lieutenant skykkou se précipita vers la salle stratégique. Là, le général Zorn et le maréchal Pencroff achevaient les derniers préparatifs. Le général thalkion avait, lui, déjà commencé à rassembler ses troupes dans la cour pour partir à la rencontre du bataillon.

 

« Mon général, un message de la part du colonel Darkalne ! urgent ! »

S’écria le lieutenant skykkou en tendant l’enveloppe au général zorn.

Celui-ci s’empressa de déplier la lettre pour en lire le contenu. 

« Ah, nous avons un problème » s’écria-t-il.

« Quel genre de problème ? » s’enquit le maréchal.

« Le genre de problème qui double les effectifs des troupes ennemies. Les hommes du colonel Darkalne, au bataillon expéditionnaire, ont repéré une seconde colonne. On a donc quatorze-mille gaziers sur le dos, et ce n’est pas tout ; leur nombre pourrait encore augmenter car il semble que les colonnes soient suivies par une estafette mêlant artillerie et soutien… »

« Ah… On va devoir mettre un coup de collier sur la mise en place du dispositif. Les 1e, 3e, 4e, et 5e régiments d’infanterie sont déjà en place, de même pour le 2e et le 3e de cavalerie et toutes les pièces d’artillerie de la garnison… On attend sous peu le renfort des 7e et 8e régiments de réserve ; faites passer leurs troupes au pas redoublé et on devrait gagner un peu de temps sur leur mise en place. Quant au 1er et 4e régiments de cavalerie, ils sont également en route et devraient venir compléter le dispositif d’ici cette nuit. »

« J’ai également fait mobiliser les bataillons d’infanterie et de cavalerie de la vieille garde, dont les troupes sont d’ores et déjà sur le pied de guerre. Je leur ai fait creuser leurs tranchées derrière les lignes pour les garder en réserve… » acheva le général Zorn.

 

Et en effet, sur la carte représentant le territoire du fort herobrine et plus spécifiquement la ligne défensive qui était en train d’être mise en place dans la plaine de Birak-Haym, les pions bleus symbolisant les troupes de la garde commençaient à s’accumuler. Mais il était prévu de ne recevoir que 7 000 ennemis, et non le double. La ligne défensive de la garde comptait 6 000 hommes pour l’instant, et pourrait bientôt en compter 10 à 12 000… Les combats risquaient de devenirs plus violents que prévu et leur issue en était d’autant plus incertaine.

 

Durant les heures qui suivirent, on fit un compte précis des troupes qui, en plus de celles initialement prévues, pouvaient venir s’ajouter au dispositif. On arriva, à grands renforts de marche forcée, à acheminer à temps les derniers fantassins qui étaient attendus et on mobilisa sur les crénaux le double des artilleurs qui avaient été appelés. On rassembla également les hommes du train qui, la bataille devant se dérouler directement sur Fort Herobrine, allaient avoir moins de travail et pouvaient donc rejoindre les troupes combattantes. Pour finir, on rassembla même un bataillon de gendarmes qui avait pour rôle de jouer les arrière-gardes : en somme on faisait feu de tout bois, mais l’ordre de bataille prenait forme.

 

Trois jours avant la bataille, tout était prêt, ou presque. En somme, le plan mis en place par le commandement de la garde était le suivant :

 

Composé de troupes légères, le bataillon expéditionnaire du Colonel darkalne avait été renforcé pour que son effectif se porte à 1000 hommes, commandés à présent par le général Thalkion. Ce bataillon avait pour mission de harceler les troupes ennemies pour provoquer de leur part une réaction de poursuite, qui devait les conduire vers Fort Herobrine. Le but de la manœuvre était de pousser les adversaires à tenter de passer la frontière en son point le mieux défendu, courant ainsi à leur perte.

Le bataillon expéditionnaire devait alors se replier sur Fort Herobrine de manière à ce que les ennemis étant à portée et se sachant découverts ; n’aient d’autre choix que de faire volte-face.

Sur place, ils étaient attendus par trois lignes de défenses en profondeur qui devaient absorber sans trop de mal un éventuel assaut. 

La première ligne était composée des 1e, 3e et 4e régiments d’infanterie, ainsi que d’éléments de l’artillerie de ligne et de sapeurs du génie. Cette première ligne prenait position dans un premier réseau de tranchées en dents de scie, devant lesquels on avait disposé des piques de contre-cavalerie.

La seconde ligne était composée des 5e, 6e et 7e régiments d’infanterie, ainsi que d’éléments de l’artillerie de ligne et d’un bataillon de gendarmes. La seconde ligne était également renforcée par le 3e et le 4e régiments de cavalerie qui devaient effectuer des contre-attaques sur la première ligne en cas de problème. Les troupes à pieds de cette seconde ligne prenaient place dans un réseau de tranchées situées aux pieds des murailles de Fort Herobrine, à 50 cubes derrière la première ligne et reliée à elle par différents boyaux de communication. 

La troisième ligne était, enfin, située sur les murailles elles-mêmes du fort et dans l’enceinte de ce dernier. Elle était composée des troupes de l’artillerie lourde, ainsi que de tous les hommes des régiments du train qui étaient libres et qui avaient pour mission de tirer au fusil depuis les murailles en cas de siège. A l’intérieur des murailles, prêts à bondir à l’extérieur dans le cas où l’ennemi s’en rapprocherait trop, la vieille garde jouait la réserve.

 

En plus de ce dispositif en trois lignes, les 1e et 2e régiments de cavalerie avaient été envoyés en retrait et avaient pour mission de prendre à revers les unités ennemis isolées ou les batteries de canon mal défendues. On comptait aussi sur ces quelques 2 000 cavaliers légers pour attaquer en temps voulu l’état-major ennemi. Pour finir, le régiment de dragons d’élite du maréchal pencroff, qui comptait 500 cavaliers, devait se déplacer durant la bataille pour accompagner le maréchal et intervenir là ou sa présence pouvait être nécessaire.

 

Quant au commandement de ce fabuleux ordre de campagne, il avait été réparti entre les officiers qui devaient tenir leur secteur, fut-ce au prix de leur propre vie. Le général thalkion dirigeait à présent le bataillon expéditionnaire, secondé par le colonel Darkalne. La première ligne serait, elle tenue par le général Zorn, comme le veut la tradition de la garde qui veut que le commandant mène sa troupe par l’avant. Il serait secondé dans sa mission par le général Thalkion, pour peux que ce dernier puisse rallier vivant les colonnes de la garde. La seconde ligne devait être tenue par le général Wendy, qui avait à sa charge les troupes à pieds ; et par le général Jihair qui commandait la réserve de cavalerie. Le Maréchal Pencroff, qui avait rejoint le dispositif, devait faire la jonction entre la première et seconde ligne avec son régiment et tenir jusqu’à anéantissement complet pour retenir l’ennemi dans ce qui était devenu le no man land de Birak’haym. Pour finir, la troisième ligne avait été confiée au général Suljii, qui avait reçu l’ordre formel de faire sauter toutes les poudrières du fort si les défenses venaient à tomber. 

 

Il ne restait plus que 72 heures avant que le bataillon expéditionnaire n’arrive avec les ennemis sur ses talons, aussi on ne traina pas. Ces dernières journées furent mises à profit pour ravitailler les tranchées en vivres et en munitions, écrire des lettres à destination des familles des soldats et ajuster les tirs des différentes batteries d’artillerie pour commander en temps voulu les feux qu’il faudrait sans faire d’erreur de hausse.

 

Chapitre trois : Les mirages

 

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Le bataillon expéditionnaire était fin-prêt. L’opération de harcèlement des troupes ennemies pouvait commencer, et le général thalkion salua les hommes de l’escadron de dragons qui avaient pour mission d’effectuer le premier assaut sur l’avant garde ennemie.

 

« Messieurs, tâchez de revenir en vie. Et à défaut de vous en tirer, essayez de ne pas mourir avant d’en avoir tué au moins quatre ou cinq ! » leur dit-il.

 

Et les dragons, saluant leur chef, partirent au trot en direction de la dernière position connue de leur cible. Le général thalkion, une fois les cavaliers partis, se tourna vers les fantassins qui composaient le gros du bataillon.

 

« Quant à nous, nous avons une heure pour nous préparer à les recevoir ! Déployez-vous en fourrageurs ! Que dok vous garde ! »

 

Puis il rejoignit la place qui lui avait été allouée dans le dispositif, pendant que les hommes se pressaient dans les halliers et les buissons depuis lesquels ils devaient tendre leur embuscade.

 

De leur côté, les dragons firent de leur mieux pour approcher aussi discrètement que possible les positions ennemies qui avaient été repérées durant la nuit. Les missions de reconnaissance nocturnes avaient été fort utiles et ils savaient parfaitement par ou arriver pour n’être repérés qu’au dernier moment ; aussi ils ralentirent le pas.

 

Quand ils furent en à portée d’oreille du bivouac, ils prirent quelques minutes se positionner en deux lignes face à lui, à l’abris d’épais buissons qui faisaient devant eux l’office d’un écran. L’ennemi de se doutait alors de rien, une épée de Damoclès pesait pourtant sur lui et allait bientôt s’abattre avec toute la force de la surprise.

 

Quand les deux lignes furent prêtes, les dragons échangèrent entre eux un dernier hochement de tête comme pour dire « bon courage », puis le capitaine dégaina son sabre, immédiatement imité par tout l’escadron.

 

De la perspective des ennemis, cela dût être terrible. Eux qui campaient tranquillement et se croyaient à l’abri, ne soupçonnant pas qu’ils avaient été épiés durant des jours et des nuits dans leur progression ; entendirent alors le bruyant sifflement métallique d’une centaine de sabre que l’on sortait de leurs fourreaux. 

A peine eurent-ils le temps de se lever que le camp plongea dans l’apocalypse. Les dragons, lancés au galop, émergèrent des halliers sabre au clair, au bruit du clairon qui sonnait la charge à pleins poumons. En un instant ils furent aux prises avec leurs adversaires à pieds dont la plupart étaient désarmés, et qui cédèrent presque immédiatement à la panique. Tous ceux qui n’avaient pas eu le réflexe de se jeter à terre ou dans quelque fossé furent sabrés. On mit le feu aux tentes, au foin, aux chariots. Les fuyards furent poursuivis et abattus, et les blessés furent laissés à leur sort. 

 

Lancés dans la charge, les dragons poursuivaient méticuleusement leur mortelle besogne. Ils y mirent du cœur, et beaucoup d’allant. On ne fit aucun prisonnier, d’abord parce que l’on aurait eu nulle part ou les retenir, et ensuite parce qu’il fallait impérativement attiser les foudres du gros des troupes ennemies pour qu’ils se lancent sans réfléchir à la poursuite du bataillon. Le massacre allait donc bon-train, et dura pendant plusieurs minutes.

 

Au bout d’un moment, et il fallait bien que cela arrive ; l’alerte générale fut donnée dans le camp des ennemis. Le puissant bruit d’une corne raisonna sur le bois et plusieurs autres lui firent bientôt écho : les renforts affluaient au secours de leur avant-poste.

 

« On continue les gars ! qu’ils nous voient faire ! On ne se repliera que si on est sûr qu’ils nous ont vu et qu’ils savent où nous suivre ! » cria le capitaine.

 

Et les dragons poursuivirent encore leur mission, en tâchant de ne pas trop s’étendre.

Bientôt, les premiers soldats apparurent dans les abords du camp, et les premiers coups de feu claquèrent. Ce fut alors une véritable fusillade qui partait de la lisière du bois, et les dragons commencèrent à se regrouper.

 

« Cette fois c’est bon, on décroche ! » 

 

Et les cavaliers repartirent au galop par là même où ils étaient arrivés, laissant dans l’herbe la piste du piétinement de leurs sabots. Quelques balles sifflèrent encore derrière eux, et surtout plusieurs hennissements se firent entendre : Une troupe de cavalerie ennemie se lançait à leur poursuite. Le plan se déroulait comme prévu.

 

La chasse dura quelques minutes, pendant lesquelles les dragons purent conserver sans mal l’avance qu’ils avaient prise. Les cavaliers ennemis se devaient évidemment d’être un peu plus prudents, et ils ne connaissaient pas aussi bien la forêt.

Bientôt, ces derniers se retrouvèrent seuls, les dragons du bataillon ayant disparus loin devant eux. Continuant de suivre les traces de sabots qui leurs faisaient office de piste, ils prirent donc le trot et s’avancèrent encore un peu plus dans le bois, s’éloignant peut-être trop de leur base arrière… Grand mal leur en fit : ils étaient arrivés exactement où on les attendait.

 

Un terrible fracas déchira l’air, alors qu’une centaine de fusils se déchargeaient sur eux. Un quart des cavaliers ennemis tombèrent au sol, mortellement frappés, au milieu des chevaux effrayés qui se mirent à ruer furieusement.

 

« Deuxième ligne ! Feu ! » Cria une voix dans les halliers.

 

Et un second bruit de tonnerre résonna, emportant à nouveau son lot de cavaliers ennemis. Les blessés gisaient au sol, parfois piégés sous le corps sans vie de leur lourde monture. Plusieurs cavaliers pris de panique s’enfuirent en tous sens, et d’autres furent désarçonnés et se retrouvèrent à pieds dans la fusillade.

 

« Feu ! » hurla à nouveau la voix.

 

Et une troisième salve vint faucher ce qu’il restait de cavaliers en selle. Au centre de l’action, celui qui semblait être le chef tomba finalement de cheval, et se retrouva à genoux dans la boue, au milieu de ses hommes blessés et morts. Il se releva, titubant, et esquissa un mouvement de repli vers un épais taillis ou il espérait pouvoir s’abriter.

 

Se tenant les côtes, il agrippa une branche de sa main libre et leva la tête ; et se retrouva nez-à-nez avec le canon d’un pistolet à silex.

 

« Atten... » cria-t-il, au moment où le coup partait.

 

Il tomba comme une masse, tué sur le coup.

Devant lui le général Thalkion rangea son arme dans son étui et se saisit de son épée qui pendait à son flanc.

« Messieurs, ne gaspillez pas vos balles. A la baïonnette s’il vous plait ! »

 

Le premier volet de l’opération était un succès. Une fois leur besogne accomplie, les hommes du bataillon se replièrent dans le bois, laissant derrière eux une terrible scène de désolation qui n’allait pas manquer de faire son effet sur les troupes ennemies.

Le soir même, les 14 000 soldats qui composaient cette mystérieuse armée dévièrent de leur cap initial et passèrent par les lieux de l’embuscade ou gisaient encore les corps de leurs camarades. Comme prévu, l’esprit de vengeance semblait l’emporter sur la prudence.

 

La nouvelle de ce premier succès et du changement d’itinéraire des ennemis fit son chemin jusqu’à fort herobrine. On estimait alors qu’ils se trouvaient à encore une journée de marche des lignes défensives, et le plan semblait se dérouler comme prévu.

Dans la salle stratégique, le général Zorn et le maréchal Pencroff mettaient à jour en conséquence la carte stratégique.

 

« D’après nos éclaireurs, le bataillon de thalkion s’en sort formidablement bien. Nous n’avons encore eu presque aucune perte et les ennemis forcent le pas pour nous rattraper, ce que nous n’allons pas leur laisser l’occasion de faire » commença le général Zorn.

« Avec leur première colonne de 7 000 hommes en tête ici et la seconde du même effectif qui rebrousse chemin pour la rallier, il ne faudrait cependant pas qu’ils nous mettent la main dessus. » poursuivit le maréchal.

« Je vais faire passer l’ordre à thalkion de replier ses troupes sur nos lignes sans attendre. Il les a assez énervés comme ça, ne jouons pas avec le feu ! » conclut le général Zorn, en écrivant l’ordre sur le coin de la table.

 

Ceci fait, les deux hommes quittèrent la salle pour la dernière fois de la campagne. En effet, pour d’évidentes raisons pratiques, un poste de commandement temporaire avait été aménagé dans la forteresse d’infanterie et les opérations allaient être conduites depuis le terrain même de la bataille.

On ne laissa à l’état-major de la garde que quelques officiers et ordonnances à qui on donna l’ordre, en cas de défaite, d’incendier le bâtiment et ses archives, et d’en faire sauter la poudrière.

 

Du côté du bataillon, qui se trouvait donc aux avant-gardes, le général thalkion avait déjà anticipé les ordres de repli. Il avait, de plus, observé que les ennemis mettaient du cœur à tenter de les rattraper et il ne comptait pas se laisser prendre facilement.

Il fit donc donner le pas redoublé, et ordonna que l’on marche de nuit pour conserver autant que possible son avance. Au lendemain, les hommes étaient exténués, mais ils n’étaient plus qu’à six heures de marche de Fort Herobrine.  Une armée en campagne, surtout une troupe d’infanterie, se déplace terriblement lentement, mais il fallait tout faire pour ne pas être pris. 

 

En effet les deux colonnes ennemies, qui suivaient la trace du bataillon, avançaient maintenant en deux lignes parallèles et semblaient vouloir dépasser leur proie pour l’encercler. Plus inquiétant encore, ces deux colonnes étaient devancées par de la cavalerie, qui pouvait à tout moment forcer le pas pour prendre le bataillon de vitesse.

 

Depuis l’avant des troupes, le général Thalkion s’inquiétait donc de faire couvrir ses flancs, et il dut faire le choix de ralentir la cadence pour maintenir son groupe en formation, afin de pouvoir se déployer plus facilement en un tapis de carrés par compagnie en cas d’attaque de cavalerie. De fait le bataillon allait nécessairement en être considérablement ralenti, mais il était également moins vulnérable.

 

Plusieurs heures passèrent, durant lesquelles les hommes épuisèrent presque leurs réserves d’eau. Plus terrible encore : alors qu’ils entamaient la dernière partie de leur périple qui leur faisait traverser de grandes plaines et collines en direction de Fort Herobrine, ils purent alors pour la première fois apercevoir clairement les deux colonnes sur leurs talons, à quelques kilocubes derrière eux seulement. Le soleil éclairait de ses rayons les vastes landes nues et le terrain n’offrait aucune couverture : le bataillon voyait tout, mais était également vu de tous. Il restait deux heures de marche.

 

« Nous aurions dû revenir en longeant la côte, l’amiral Wariow aurait alors pu nous couvrir avec ses bâtiments, voire même nous embarquer » dit le général Thalkion.

« Ils nous auraient coupé la route avant ça mon général. Nous avons pris le chemin le plus sûr et le plus court. Il ne nous reste que peu de route, et nous pouvons compter sur un renfort de notre cavalerie. » répondit le Colonel Darkalne.

 

A cet instant, une flèche vint se planter entre les chevaux des deux hommes.

 

« J’imagine que vous êtes venu sans parapluie mon général ? » demanda le Colonel darkalne

« Merde. » lui répondit simplement le général Thalkion.

Et un déluge de flèches tomba sur le bataillon.

 

Chapitre quatre : L'approche

 

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Un aigle noir, qui survolait la plaine, fut fauché par le rideau de flèches qui partait du sol. 

La gravité fit son œuvre, et tous les projectiles retombèrent en pluie sur les soldats du bataillon. Cette première salve cloua littéralement la troupe au sol, stoppant net son mouvement. Le terrain était jonché de corps et de blessés, et parsemé de flèches. Les soldats qui avaient été épargnés tentaient de se mettre à l’abris comme ils pouvaient, et la panique menaçait déjà de conduire toute l’unité à la déroute. 

 

Dans le tumulte, le général thalkion chercha du regard d’où provenaient les flèches. Il eut sa réponse quand un nouveau rideau noir s’éleva dans le ciel depuis une colline à l’arrière gauche du bataillon.

 

« Planquez-vous ! Planquez-vous ! » hurla-t-il à ses hommes.

Près de lui, un jeune soldat, qui semblait tétanisé, restait debout à découvert.

« Mets-toi à couvert espèce de couillon ! » Lui cria le général.

Mais l’homme, sans aucune autre forme de réaction, fut immédiatement criblé de flèches.

Le général thalkion eut un mouvement de recul, qui lui évita d’être lui-même tué roide par un projectile qui vint de ficher à ses pieds.

« Ne restez pas immobiles ! Mouvement tout le monde ! Au pas de course, de l’espace entre chaque homme ! mouvement ! » hurla-t-il à pleins poumons, en commençant lui-même à courir. Poursuivant sa course, il agrippa un de ses hommes par la manche pour l’entrainer avec lui. Mais ce dernier fut presque immédiatement tué à son tour, bientôt suivi d’un autre, puis d’un autre. Le général Thalkion courut de plus belle, entre les flèches qui sifflaient en tombant pour venir se planter autour de lui, chaque fois un peu plus près.

 

Soudain, un éclat de voix lui fit tourner la tête. Le colonel Darkalne, monté à cheval, avait rassemblé avec lui quelques-uns des dragons survivants.

 

« Mon général ! Conduisez les fantassins vers le fort ! On va s’occuper des archers ! »

Lui lança le colonel, avant de se lancer au galop vers l’endroit d’où les flèches semblaient partir.

 

Profitant du sacrifice de ce qui restait de la cavalerie, Thalkion et les soldats restants poursuivirent donc leur fuite en avant en direction des lignes de la garde. De temps à autres, il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour voir les dragons progresser vers la colline, puis il les vit finalement disparaître derrière son sommet, et les flèches cessèrent de tomber.

 

Au loin, les colonnes avançaient vers eux, au pas cadencé… ils ne cherchaient plus à les rattraper. Les survivants du bataillon avaient gagné un peu de répit.

 

A l’arrière de la colline, les dragons du colonel darkalne tombèrent nez à nez avec un escadron d’archers à cheval sur lesquels ils fondirent sans trêve.

En effet, cette cavalerie d’archers n’était presque plus efficace au corps à corps et les dragons savaient que le contact direct était leur seul moyen de prendre l’avantage, ils chargèrent donc à brides abattues.

Quelques minutes de combat suffirent en effet à mettre en fuite les archers, mais toute poursuite était impossible. A ce moment des combats, il ne restait autour du colonel que vingt-sept dragons en état de se battre ; et il fallut donc ordonner le repli.

 

Les dragons prirent donc également le chemin des lignes de la garde.

Derrière eux, les colonnes avaient ralenti.

 

Lorsque le bataillon du général Thalkion et du colonel darkalne arriva à la première ligne du dispositif de la garde volontaire, dans la plaine de Birak-Haym ; il ne lui restait plus que la moitié de ses troupes. 

 

Les hommes, exténués, se laissèrent littéralement tomber dans la tranchée. Le général thalkion, qui n’avait rien mangé et rien bu depuis la veille, tituba vers le parapet : il était sauvé. Du moins, pour l’instant.

 

Accompagné du colonel Darkalne, il se fraya un chemin vers le boyau de communication. Les soldats, équipés de leur sac et l’arme au pied, laissaient passer les deux officiers comme deux morts-vivants qui sortiraient d’une tombe. En une minute, ils arrivèrent au poste de commandement de la première ligne ou le général Zorn et le maréchal pencroff les attendaient.

 

« Rapport de situation ? » demanda simplement Zorn.

« On en a pris plein la gueule » répondit Thalkion.

« Les colonnes ennemies ont dû repérer notre dispositif. Ils ont ralenti, sans doute pour se mettre en ordre de bataille. Nous avons presque perdu la moitié des effectifs dans la plaine, à cause de leurs archers… Pas des débutants, ce sont des troupes d’élite ; mon général ! » reprit le colonel Darkalne.

 

Le maréchal Pencroff, qui n’avait rien dit encore, sortir sa lunette de la sacoche et la déplia d’un geste. Puis, la portant à son œil, il scruta la ligne d’horizon.

« Si vous dites vrai, et que ce sont bien des troupes entrainées ; ils ne vont pas se montrer aujourd’hui. Ils ne se déploieront qu’à la faveur de la nuit, pour que nous ne découvrions leur dispositif qu’aux dernières minutes » dit-il, en repliant sa lunette.

« C’est un mal pour un bien, ça nous laisse le temps de finir nos préparations » répondit le général Thalkion.

« Elles sont déjà terminées, nous n’attendons que le coup de feu. Cependant, ça vous laisse au moins le temps de vous restaurer et de dormir. » lui répondit le général Zorn.

 

A ces mots, le général thalkion ne se fit pas prier et prit place sur un inconfortable tambour qui faisait office de chaise, et s’endormit. Le colonel Darkalne, qui avait été légèrement blessé durant l’escarmouche, fut envoyé à l’ambulance. 

 

Comme on l’avait supposé, la nuit tomba sans autre signes de vie de la part des assaillants. On ordonna cependant d’éteindre tous les feux et de moucher toutes les torches dans les tranchées pour ne pas faciliter d’éventuels repérages de l’ennemi… Les premières heures d’obscurité passèrent dans le calme, et nombre de soldats en profitèrent pour se reposer et prendre des forces.

 

La situation connut alors sa première évolution vers une heure du matin. Une puissante clameur résonna dans la nuit, et plusieurs soldats bondirent au parapet, tirés du sommeil par les appels des sentinelles. Devant eux, à moins d’une demi-lieue, quatorze-mille torches dessinaient sur la plaine une ligne immense. Les ennemis, qui s’étaient en effet déployés en profitant de l’obscurité, défiaient maintenant les défenseurs par le gigantesque brasier de leurs torches et de puissants cris de guerre.

Le vent portait les échos de cette terrible chorale, et les flammes des torches brillaient dans les pupilles des soldats comme autant de mauvais présages.

 

Le général Zorn, que les sentinelles avaient réveillé, regardait avec ses hommes ce spectacle terrifiant. Il resta muet, impassible, pendant une minute ; puis se mit en marche vers une des batteries de campagne qui était disposée le long de la ligne.

Il s’approcha d’un des canons, en ajusta grossièrement la hausse, et alluma la mèche.

 

Le coup de tonnerre secoua toute la tranchée, achevant de réveiller ceux qui ne l’étaient pas déjà. Le boulet fila dans le noir, et à l’horizon, une dizaine de points de lumière s’éteignirent d’un coup. La clameur s’arrêta net, et on moucha toutes les torches dans le camp des assaillants. En une minute, tout était redevenu silence et nuit.

 

« Qu’on ne me dérange plus avant le lever du jour » dit-il simplement à son aide de camp, avant de retourner à son poste.

 

La nuit passa sans autre incident.

Vers cinq heures du matin, le clairon sonna le réveil. Avec les premières lueurs du jour, on pouvait enfin voir les lignes ennemies, et un assaut semblait imminent.

 

Le général Zorn et le général Thalkion, qui tenaient la première ligne, serrèrent la main du maréchal Pencroff, avant que ce dernier ne rejoigne sa cavalerie entre la première et la seconde ligne.

 

« Bon courage messieurs, et vive l’empire » leur dit-il.

Et les trois hommes se séparèrent.

Un aide de camp vint trouver le général Zorn, les ennemis étaient en train de faire mouvement.

 

Chapitre cinq : On ne passe pas !

 

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Les ennemis avaient formé plusieurs colonnes d’assaut, dont on estimait l’effectif à celui d’une compagnie, soit une centaine d’hommes par colonne. Le gros de la ligne semblait être tenu par une infanterie classique armée de sorte d’arquebuses assez élaborées, mais finalement assez semblables aux mousquets de série de la garde. Aux côtés de ces unités de base se trouvaient d’autres soldats qui semblaient être équipés de sortes de tromblons et gros mousquetons, ainsi que d’armes blanches diverses. Enfin, de plus petits groupes semblaient compléter ce dispositif et se démarquaient par le port d’armures et d’armes blanches disparates : c’était de toute évidence une unité d’élite.

 

Derrière l’infanterie, on remarquait deux types d’unités de cavalerie : Une sorte de cavalerie lourde, équipée d’armures et de longs sabres aux allures exotique ; et une cavalerie légère, armée de lances et de sabres courbes. A ces deux unités, on savait également que s’ajoutaient les archers à cheval qui avaient attaqué le bataillon la veille.

 

Pour finir plusieurs grosses pièces d’artillerie avaient été mises en batterie sur le flanc d’une colline, et menaçaient de leur calibre les murailles de la troisième ligne de défense.

 

Voilà à peu près comment était articulée cette armée d’assaillants, dont les lignes s’étaient déjà mises en ordre de bataille.

 

Le général Zorn, qui avait pris le temps de marquer les positions de l’ennemi sur une carte ; sortit de son abri. Il donna quelques ordres et quelques derniers documents à son ordonnance, qui fila dans la tranchée ; et il entreprit de passer en revue ses hommes.

Au garde à vous, l’arme au pied et faisant face à l’ennemi ; les fantassins laissèrent passer leur chef, qui les observait avec attention. Il marchait d’un pas lent, posant son regard sur chaque homme et leur rendant leurs saluts. Quand il fut arrivé au bout de la tranchée il fit demi-tour, consulta sa montre de poche, et rajusta son tricorne.

 

« Messieurs, préparez-vous à recevoir ! baïonnette au canon ! » ordonna-t-il.

Et d’un seul geste, tous les fantassins tirèrent leurs lames qu’ils fixèrent au bout de leurs mousquets. Parmi les troupes, un jeune lieutenant semblait attendre le général, qui s’approcha de lui.

 

« Lieutenant Thomas, à l’étendard s’il vous plait ! Faites-le flotter, et ne le quittez pas sans lui laisser votre vie ! Pour l’empire ! » 

Et le lieutenant, s’exécutant, libéra de sa housse l’étendard de la garde volontaire, dans lequel le vent s’engouffra immédiatement.

Le clairon sonna « veillons au salut de l’empire », les troupes étaient prêtes.

 

L’attente ne fut pas longue, car au clairon répondit une sorte de corne de brume, dont la longue plainte devait probablement signaler le début de la bataille. Six heures sonnèrent à la montre du général Zorn.

 

Les premiers coups de canon claquèrent des deux côtés. Une salve de boulets vint s’écraser sur la première ligne, mais les tranchées en protégèrent les hommes qui s’en sortirent sans mal. A l’inverse, les boulets tirés en direction des assaillants, qui évoluaient à découvert, firent mouche à plusieurs reprises en laissèrent dans la ligne de grands trous qui se comblaient presque instantanément. La canonnade continua de plus belle, et il semble que les ennemis, disposant d’obusiers, commencèrent à dangereusement resserrer leurs tirs. Un obus explosif, qui avait été parfaitement ajusté, tomba directement sur l’abri ou se trouvait le général Zorn quelques minutes auparavant. Ce dernier, sachant qu’il devait faire taire au plus vite les canons ennemis, ordonna à ses propres batteries de les prendre pour cible. Les ennemis en firent de même, si bien que bientôt plus aucun boulet de tomba sur les fantassins des deux camps.

 

« Ça valait bien la peine d’acheter si cher toute cette inutile quincaillerie » railla le général Zorn, les dents serrées.

Devant lui, les colonnes ennemies avançaient à grands pas.

 

« Ne tirez pas avant d’être certains de tuer ! Ménagez vos coups ! » ordonna-t-il.

La première ligne des assaillants se mit alors à ralentir, et les hommes s’espacèrent, puis se mirent en position de tir.

Les gardes tirèrent les premiers, et la salve vint tuer une partie des assaillants, qui fut immédiatement remplacée, et qui répondit au feu par le feu. Les balles sifflèrent sur la tranchée, fauchant plusieurs hommes qui tombèrent sans un souffle. Les gardes qui avaient tiré rechargèrent leurs fusils tandis que d’autres se mirent en position, et rendirent coup pour coup à l’ennemi, qui lui rendit à nouveau la politesse.

 

Dans les deux camps les rangs souffraient de cette fusillade, mais évidemment les assaillants, qui avaient le désavantage d’être à découvert, perdaient plus de monde.

 

« Ne tirez plus, rechargez tous et tenez-vous prêts, ils vont attaquer ! » cria le général Zorn, qui tenait son pistolet dans une main et son épée dans l’autre.

Et les hommes, obéissants, conservèrent leur cartouche pour la première colonne d’assaut qui viendrait sur eux.

 

Dans la plaine, les rangs des fantassins firent feu une dernière fois, puis s’ouvrirent en deux dans un ordre parfait, laissant apparaître les colonnes de troupes de choc.

 

« Ils arrivent ! préparez-vous à défendre vos vies ! » cria le général Thalkion.

Et face à eux, la colonne d’assaut se rua sur la tranchée.

 

Une vive fusillade éclata, au cours de laquelle un grand nombre d’assaillants tombèrent. Mais le flux ne cessa pas sa progression et les ennemis furent en un rien de temps sur le haut du parapet. Les batteries de canons, qui avaient été averties, vidèrent sur eux plusieurs kilos de mitraille, qui criblèrent encore plusieurs assaillants. Mais leur progression ne s’enraya pas si facilement, et ils continuèrent d’affluer en colonne vers la tranchée, couverts par leurs lignes de feu qui maintenaient la pression sur les défenseurs.

 

Soudain, un des assaillants sauta dans la tranchée. Un coup de baïonnette dans la poitrine lui enleva la vie mais il fut immédiatement suivi par un autre, puis un autre, puis un autre. Les fantassins ennemis, qui avaient abandonné leurs arquebuses, rejoignirent la mêlée, armés de dagues et de poignards. La confusion régnait dans les rangs, mais les soldats de la garde vendaient cher leurs vies. Dans ces combats au corps à corps, la baïonnette et les coups de crosse valent bien des armes blanches, et les fantassins de la garde excellaient à cette discipline. Les grenadiers, qui étaient mêlés aux autres troupes de la ligne, étaient d’ailleurs passés maitres dans ces terribles combats d’homme à homme, et on en vit quelques-uns s’illustrer dans ce premier acte de la bataille.

 

Au milieu du chaos, le général thalkion se frayait un chemin à coups d’épée vers ce qui avait servi d’abri. Il tua un des ennemis qui en bloquait l’accès, poussa le corps à l’intérieur ; et s’empara d’une sacoche qui contenait ses documents personnels.

Un peu plus loin, le général zorn, qui avait brisé son épée dans les côtes d’un de ses assaillants, s’affairait à briser le crane de l’un d’entre eux vers la crosse d’un mousquet. Un colosse de l’armée adverse le mit en joue avec une sorte de tromblon, mais un voltigeur s’interposa entre lui et son général à la place duquel il reçut le coup fatal. Le lieutenant thomas, qui tenait la bannière de l’un de ses bras, tira son unique balle dans la tête de l’assaillant qui tomba raide sur une pile de corps.

 

Dans la plaine, les renforts affluaient vers la tranchée, et pour chaque soldat ennemi qui était abattu il semblait que trois autres entraient dans la danse. Les rangs de la garde, eux, baissaient à vue d’œil. Les canons de campagne tiraient presque dans la tranchée tant les ennemis étaient nombreux au bord du parapet, et la seconde ligne se préparait déjà à recevoir à son tour les assauts ennemis. 

 

Un sergent, blessé au visage, cria à l’attention du général Zorn ;

« Mon général ! une unité toute entière a péri ! » 

 

Et le général Zorn, voyant que l’ennemi n’avait pas encore engagé la moitié de ses forces ; comprit que le moment était venu de commander un premier soutien. Il ordonna alors au clairon de faire donner la cavalerie sur sa ligne, pour enrayer la progression de l’ennemi et tenter des figer sur la première ligne de défense.

 

A l’arrière, le quatrième régiment de cavalerie, qui se tenait en réserve, se mit alors en mouvement. Au trot d’abord, puis au galop ; les cuirassiers donnèrent la charge sur la première ligne. Un terrible grondement secoua la terre, et dans la poussière on vit apparaître deux lignes de cinq-cents cavaliers chacune, portant la cuirasse et le casque minerve et levant de grands sabres latte en direction des ennemis. 

 

A la tête de cette colonne, le général Jihair chargeait en tête, dans la plus pure tradition de la cavalerie. Quand les cuirassiers arrivèrent à la tranchée, les gardes qui s’y trouvaient baissèrent la tête, et les chevaux bondirent par-dessus l’obstacle pour aller cueillir les ennemis qui affluaient dans la plaine.

Immédiatement la pression sur la tranchée se relâcha, et les ennemis qui s’y trouvaient furent coupés de leur soutien. Les grenadiers s’en débarrassèrent sans mal, et tous les fantassins rechargèrent leurs armes pour repousser un éventuel prochain assaut de masse.

 

Le général jihair, toisant la mêlée du haut de sa monture, renversa plusieurs fantassins ennemis sur son passage. Il sabra ceux qui étaient à se portée, écrasant les blessés sous les sabots de son cheval et déchargeant les pistolets de ses fontes sur les imprudents qui tentaient, en vain, de le désarçonner. Autour de lui, les cuirassiers firent un massacre. Mais le flot d’ennemis ne s’arrêta pas pour autant, et s’ils avaient réussi à libérer la première ligne de tranchées de l’entreinte des ennemis, les cavaliers se retrouvaient maintenant à découvert et vulnérables.

 

« Je vous interdit de mourir avant d’en avoir tué dix au moins ! c’est un ordre ! » hurla le général Jihair par-dessus la clameur des cuirassiers, qui s’encourageaient entre eux.

 

Puis, les pistolets de ses fontes étant vides, il les jeta sur les ennemis qui l’encerclaient. Il leur jeta également sa poire à poudre, et donna aux plus proches de lui de violents coups de bottes et d’épée. Les cuirassiers, voyant leur général aux prises avec de nombreux assaillants, le rallièrent et firent bloc avec lui. Leur nombre diminuait, mais ils étaient encore assez nombreux pour offrir aux ennemis une résistance farouche et bloquer presque complètement leur assaut.

 

Derrière les rangs des assaillants, sur la colline qui dominait le champ de bataille, un groupe d’hommes en armures de plaques colorées semblaient observer le déroulement des combats. Au centre, celui qui semblait être le chef appela un de ses adjoints d’un signe de la main. Il lui donna quelques courtes instructions dans une langue qui nous est inconnue, et lui fit signe de partir.

 

L’adjoint en question, qui devait être un des généraux de l’armée ennemie, se rapprocha des troupes d’assaut en attente, et plus particulièrement de ceux que les gardes avaient identifiés comme des troupes d’élite. Il descendit de sa monture et se joignit à eux.

Puis, s’armant d’un long sabre à deux-mains, il mena vers les lignes sa colonne d’hommes en armure, au pas.

 

Arrivé dans la plaine, il ordonna à ses fantassins de maintenir la pression sur les cuirassiers, afin de pouvoir passer avec son groupe sans être ralenti. Obéissant sans réfléchir, les hommes de la piétaille se jetèrent de plus belle sur les cavaliers en difficulté qui, pourtant, faisaient encore de terribles dégâts dans ce qui devenait le premier no man land.

 

Le général Jihair, voyant qu’un mouvement de contournement s’opérait, tenta de se défaire de ses propres assaillants. Il fit ruer son cheval dont les puissants coups de sabots envoyèrent valser deux soldats ennemis et firent reculer les autres. Puis, ayant gagné une seconde de répit, il tenta de faire prendre un peu de vitesse à sa monture.

 

« Cavalerie ! En avant ! La victoire ou la mort ! » Hurla jihair à ses hommes, qui s’empressèrent de suivre son mouvement.

 

Les cuirassiers, qui luttaient pour se mouvoir au milieu de la marée d’hommes qui se pressaient autour d’eux, avançaient tant bien que mal vers la colonne d’élite qui se rapprochait dangereusement de la première ligne. Ils purent cependant gagner un peu de vitesse, les puissantes montures de la cavalerie lourde n’étant pas faciles à arrêter une fois qu’elles étaient lancées. 

 

Mais alors que les cuirassiers se rapprochaient dangereusement de la colonne s’assaut du général ennemi, ils furent stoppés net par une manœuvre désespérée : L’artillerie ennemie ouvrit le feu à mitraille sur eux, sans le moindre égard pour la vie de leurs propres hommes. Plusieurs cavaliers tombèrent, fauchés, au milieu des fantassins ennemis criblés par leurs propres alliés. La charge était anéantie.

 

Dans la tranchée, on observait la scène avec effroi. Le général Thalkion et le général Zorn scrutaient le terrain à la lunette, à la recherche du général Jihair, que l’on ne voyait plus.

Puis, comprenant qu’ils allaient devoir contenir un nouvel assaut, ils firent préparer leurs hommes.

 

Dans la plaine, un épais nuage de fumée grise couvrait une partie du déploiement ennemi ; et une grande partie des troupes disparut du champ de vision des gardes.

 

« Ils se regroupent ! » dit le général Zorn.

« On les attend ! » répondit le général Thalkion.

 

Le vent, qui soufflait sur la plaine depuis le début de la bataille, repoussa la fumée sur la ligne de tranchées.

« Ah parfait, comme ça on n’y voit plus rien en plus » dit le colonel Darkalne, qui avait rejoint la tranchée.

 

Et les soldats de la garde, qui ne pouvaient plus voir à plus de quinze pas, se déployèrent le long de la ligne, l’arme en joue. Un long silence se fit, marquant un court temps de répit durant lequel on évacua ce qui restait de blessés. Toujours en première ligne, le général Zorn ramassa l’épée d’un lieutenant, qui était tombé mort près de lui.

 

Et dans la plaine, à travers l’épaisse brume à l’odeur de poudre ; un puissant cri de guerre se fit à nouveau entendre. Il fut immédiatement suivi de coups de canons, dont les boulets vinrent à nouveau s’écraser sur les abords de la tranchée sans faire de victimes.

Les pièces de la garde, qui ne pouvaient plus ajuster de cibles à cause de la fumée, semblaient encore hésiter à faire feu.

 

Le lieutenant Pimoussy, qui avait été affectée comme officier de tir en remplacement d’un des lieutenants d’artillerie qui avait été tué, se décida finalement devant l’imminence de la menace à donner l’ordre du feu.

« Artilleurs ! Tir à débouché Zero ! Toutes les pièces ! » Cria-t-elle aux servants de canons, dont la face était déjà noire de suie.

 

Et la redoute de bouches-à-feu se remit à vomir, à l’horizontale, ses lourds boulets de plomb. Ce tir de barrage, bien qu’aveugle, fut salutaire. En effet, profitants du rideau de fumée qui obstruait la vision des défenseurs, les assaillants s’étaient dangereusement rapprochés et étaient presque déjà sur la ligne. Les boulets vinrent les cueillir juste avant leur assaut et cela eu pour effet de semer un peu de désordre dans l’attaque, qui se fit donc à l’improviste. Des dizaines de silhouettes sortirent du nuage de fumée, et le combat reprit.

 

Les premiers arrivés portaient la même tenue et le même armement que les fantassins qui avaient tenté la précédente attaque. Une salve de mousquets en faucha une bonne partie, bientôt suivie d’une autre salve. De toute évidence, les ennemis comptaient faire cracher leurs munitions aux gardes avant de jeter sur eux leurs troupes de choc, une fois les cartouches brulées. Évidemment, cela ne manqua pas.

 

Les fantassins ennemis qui avaient été sacrifiés furent donc abattus sans mal. Mais les défenseurs avaient usé leurs deux lignes de feu et leurs assaillants n’allaient pas leur laisser le temps de recharger : l’assaut fut presque immédiat.

 

Sortant de la brume comme un torrent, protégés par des armures de plaques d’un rouge vif et armés de sabres et de lances richement décorés, les ennemis se jetèrent sur la tranchée. Les fusiliers, voltigeurs et grenadiers ne se laissèrent pas impressionner par ces fous furieux en armures colorées, et ils se débâtèrent avec rage. Ils répondirent aux coups de sabre par des coups de baïonnette, et aux coups de lance par des coups de crosse. Certains, ayant brisé leurs mousquets en combattant ainsi, entreprirent de se battre à main nue, assénant coups de poings et coups de pieds, étranglant ceux qu’ils pouvaient et hurlant comme des démons.

 

Le colonel Darkalne, qui n’avait plus d’arme, se jeta au cou d’un des assaillants et le renversa au sol, ou il le roua de coups. Le général Thalkion, l’épée au poing, tenait en respect deux assaillants armées de sabres, avant de tuer l’un d’eux d’un violent coup d’estoc. Le général Zorn, quant à lui, attrapa par la jambe d’un des ennemis qui tentait de quitter la tranchée pour attaquer la seconde ligne et, le refaisant tomber au fond du fossé, il lui enfonça sa lame entre les côtes.

 

Mais d’autres suivirent bientôt son exemple, et les assaillants ennemis, ne s’attardant plus sur cette première ligne qu’ils tenaient presque déjà, foncèrent droit vers la seconde ligne de défense. Plusieurs dizaines d’entre eux parcouraient déjà le no-man-land entre les deux tranchées, et leurs renforts ne s’arrêtaient même plus dans cette première ligne ou les quelques survivants, impuissants, les regardaient passer en ne pouvant en arrêter qu’un sur quatre tout au plus. 

La tranchée était débordée.

 

Le général zorn, comprenant qu’il était temps d’utiliser son deuxième renfort, se hâta de trouver un clairon. Cheminant dans la tranchée, il en trouva un assis par terre, blême ; à moitié mort. 

« Fait donner la cavalerie ! Maintenant ! » lui ordonna le général.

Et le clairon, portant sa trompette à ses lèvres et usant de ses dernières forces, fit sonner la charge de cavalerie. Quand ce fut fait, il expira, et acheva de mourir.

 

L’écho de cette sonnerie désespérée raisonna dans la plaine de birak-haym, et arriva jusqu’aux rangs du 3erégiment de cavalerie et du régiment de Maréchal-dragons, qui étaient tous deux restés sous le commandement du Maréchal Pencroff, en soutien.

 

« Messieurs, la récréation est terminée. Allons faire quelques veuves ! » Cria le maréchal aux quelques mille-cinq-cents cavaliers qui se groupaient derrière lui. 

Puis, partant en tête, il donna la charge.

 

Lorsque les deux régiments de cavalerie arrivèrent dans le no-man-land qui séparait les deux tranchées, ils y trouvèrent les soldats ennemis qui avaient, visiblement, percé la première ligne. Les cavaliers se déployèrent alors en un large filet et entamèrent la chasse aux fantassins, qui furent impuissants. En effet, progressant à pieds et de manière désordonnée, ils ne pouvaient pas se prémunir contre les assauts de dragons. Pire, certains d’entre eux n’étaient armés que d’épées, et ils furent très vite renversés.

L’ennemi avait trop précipité l’attaque de la seconde ligne, et on fit rapidement la ménage ; Mais le temps pressait : la première ligne était noyée sous le flot des assaillants et allait succomber d’un instant à l’autre.

 

Maintenant le galop et sabrant au passage tous ceux qui se présentaient, les dragons s’empressèrent de rejoindre la première ligne. Ils arrivèrent rapidement devant le fossé, qui semblait presque entièrement occupé par les ennemis et qui déversait déjà sur eux de mortelles salves d’arquebuses. Les dragons, loin de se démonter, répondirent à la fusillade par un tir nourri de mousquetons, et plusieurs quittèrent même leurs montures pour aller reprendre la tranchée au combat d’infanterie. 

 

Le maréchal Pencroff, arrivant devant le fossé, sauta de son cheval et empoigna le court fusil qui était attaché à sa selle. Puis, se jetant dans la tranchée, il le déchargea sur le premier ennemi qu’il y trouva, et partit à la recherche de ses subordonnés.

Avançant dans la tranchée à coups de sabre à présent, et appuyé par plusieurs de ses dragons qui faisaient le ménage derrière lui, il chercha parmi les survivants les visages de ses généraux. Au-dessus de leurs têtes, encore montés et en ligne du coté allié du parapet, les dragons repoussaient les quelques assaillants qui continuaient d’arriver à coups de mousquetons ; mais le gros de l’assaut semblait passé et l’ennemi se regroupait à nouveau.

 

Le général Zorn, qui avait été à demi enseveli sous divers cadavres, s’extrait alors de ses entraves en vint à la rencontre du maréchal. Le général thalkion, qui avait été blessé à l’arcade par un coup de crosse, les rejoignit.

 

« La situation messieurs ? » demanda le maréchal.

« Nous avons perdu la plupart des effectifs, morts ou blessés. Le colonel darkalne a reçu une balle, nous l’avons fait évacuer, et nous n’avons plus de nouvelles du général Jihair. » répondit thalkion.

« La tranchée est maintenant intenable, nous allons nous replier sur la deuxième ligne et faire sauter celle-ci. Le lieutenant Pimoussy et le lieutenant Thomas ont été chargés d’acheminer les batteries d’artillerie encore en état vers cette seconde ligne. » poursuivit Zorn.

 

Le maréchal tira sur sa moustache.

« Évacuez la tranchée, nous allons tâcher de gagner du temps. » ordonna-t-il.

Puis, regardant autour de lui,

« Ils sont en train de se regrouper… Nous allons les cueillir avant qu’ils puissent conclure. Je vais les attaquer de front avec les dragons, allez mettre en place une double redoute avec l’artillerie qu’il nous reste ! »

 

Et les trois hommes se serrèrent la main, avant de se séparer à nouveau.

 

Le général thalkion et le général zorn, accompagnés des derniers survivants de la tranchée, quittèrent la position. Le maréchal Pencroff, de son coté, rassembla ses dragons. Une fois que ses officiers furent autour de lui, pour leur donner leurs ordres.

 

« Le 3e de cavalerie va couvrir la retraite des survivants. Tenez la zone de démarcation entre les deux tranchées et nettoyez là de tous les salopards qui restent. Mes dragons, avec moi ! Nous allons chercher ce qui reste du 4e de cavalerie dans le no-man-land et mettre une dérouillée à tous ceux qui nous tomberons nous la main » leur dit-il.

 

Puis, donnant à sa monture un coup d’étriers ;

« Et souvenez-vous messieurs, la retraite c’est nul ! Tâchez de partir avec panache ! » Et les deux régiments se mirent en marche.

 

Les dragons du 3e régiment de cavalerie rallièrent le général Zorn et le général Thalkion, qu’ils couvrirent jusqu’à leur descente dans la seconde tranchée. Le général Wendy les y accueillit, et ils se mirent tous trois en position.

 

Les dragons du régiment du maréchal Pencroff le suivirent hors du dispositif de défense, dans le no-man-land qui avait été partiellement déserté par les ennemis. En effet, ces derniers s’étant repliés derrière la colline pour se regrouper et préparer leur prochain assaut, la voie était presque libre pour les cinq-cents cavaliers qui se déployèrent sur le terrain.

 

Dans les restes du nuage de fumée qui se dissipait lentement, ils tombèrent sur les corps de plusieurs cuirassiers et de leurs montures. Quelques blessés, ayant survécu aux frappes de l’artillerie ennemie, se repliaient comme ils pouvaient vers les lignes de la garde. Au milieu du champ de bataille dévasté, incliné genou à terre près d’un corps sans vie, on retrouva le général jihair.

 

Lorsqu’il eut fermé les paupières de son camarade, et qu’il eut pris soin de ramasser la gourmette qu’il portait au poignet ; il se releva puis se dirigea vers les dragons qui venaient à sa rencontre. Le maréchal pencroff, soulagé de retrouver son camarade, mit pied à terre.

 

« On a bien cru que vous vous étiez fait tuer général » souffla le maréchal.

« Ce n’est pas dans mes coutumes » lui répondit simplement jihair.

« Combien de cavaliers vous reste-t-il ? »

« La moitié, mais presque plus de chevaux, et pas de fusil. »

« Je vois… ressemblez vos troupes et repliez-vous sur la seconde ligne. Le général Zorn vous fournira en armes et en munitions, vous y combattrez démontés. »

« À vos ordres ! » conclut simplement le général Jihair.

 

Il salua, et se retira aux cotés des quelques hommes qui lui restait. Le maréchal pencroff remonta en selle. Près de lui, les cinq capitaines chef d’escadron du régiment vinrent se disposer en cercle. Il fallait faire vite : le maréchal distribua alors les rôles.

 

« Le premier et le deuxième escadron, avec moi sur la colline ; nous allons tenter de percer vers leur état-major. Le troisième escadron va attaquer la batterie ennemie sur notre flanc droit pour faire baisser la pression sur nos lignes. Le quatrième escadron contournera la colline par l’est et attendra que les premier et second escadron aient atteint les lignes ennemies pour passer à l’assaut sur le flanc. Le cinquième escadron jouera l’arrière garde et viendra à notre secours en cas de pépin. Reçu ? 

« Reçu ! » répondirent en chœur les cinq hommes.

« Alors allons-y » conclut le maréchal.

Et les cinq escadrons se remirent en marche.

 

Les deux premiers escadrons, menés par le maréchal pencroff, gravirent donc la colline.

 

Du coté des ennemis, on se préparait déjà à repasser à l’assaut. Le chef suprême de l’armée des assaillants, qui avait délaissé sa position en hauteur pour rallier ses troupes, était au milieu de ses hommes. A sa droite se trouvait un homme sombre, muet, qui semblait être son second. Devant lui, en tête de toutes les troupes, se tenaient les deux chefs des colonnes, dont l’un avait déjà participé aux assauts sur la première ligne. Tous semblaient absorbés par leurs préparatifs.

 

« Vous avez bien travaillé. Nos adversaires ont emporté beaucoup des nôtres, mais cela leur a couté leur première ligne. Nos assauts répétés ont eu raison de leur résistance et nous ne tarderons pas à toucher au but, et ce contretemps sera définitivement derrière nous. » dit-il à ses soldats. Puis, se tournant vers les deux chefs de colonnes :

« Vous mènerez tous les deux vos troupes, en première ligne. Je compte sur votre bravoure pour inspirer vos hommes. Vous ne reviendrez à moi que victorieux ou morts ! ».

Et les deux hommes s’inclinèrent en avant avec respect, avant de se retourner vers leurs hommes. Tous les soldats ramassèrent alors leurs armes, arquebuses et épées et se mirent en marche vers la colline qui les séparait des lignes de la garde volontaire.

 

Un grondement sourd naquit derrière l’horizon. 

 

Puis, sur la colline, une vague de cavaliers fit son apparition. Les dragons, arrivés au sommet, fondirent alors au galop dans la descente, en direction des ennemis qui n’avaient encore gravi que la moitié du relief.

Officiers en tête et bannière battant furieusement dans le vent, entrainés par la sonnerie incessante du clairon, la cavalerie dévala la pente en ligne, sabre au clair et botte-à-botte.

 

Le choc fut terrible, et les premiers fantassins, qui n’avait pas eu le temps de se garder, furent renversés par les chevaux et piétinés. Le maréchal, qui menait l’assaut en tête, passa à travers la masse compacte des ennemis, suivi de ses deux escadrons. On sabra tout ce qui dépassait du sol, tranchant et émondant ; ne laissant dans le sillage des chevaux que des corps et des traces de sabots ensanglantés.

 

De l’arrière de ses troupes, le général ennemi, voyant son assaut compromis ; fit replier son état-major sur son arrière garde. Mais lui-même, ainsi que son second, se portèrent au galop vers les deux chefs des colonnes, qui semblaient en proie à la panique.

Arrivant à leur hauteur, et alors que les dragons se rapprochaient d’eux au pas de charge, il lança à ses subordonnés :

« Avez-vous perdu toute bravoure ?! Continuez l’assaut, ils ne peuvent pas tous vous tuer ! C’est une manœuvre de désespoir, poussez en avant, dépassez-les ! Maintenez l’attaque et si vous ne parvenez pas à passer, faites-vous tuer ! »

Et les deux hommes, qui visiblement craignaient leur chef plus que la mort, se jetèrent dans la bataille.

 

La cavalerie des ennemis, un temps ébahie par cet assaut surprise, se reprit et organisa une contre-attaque. Les cavaliers s’opposèrent alors aux cavaliers, et la charge des dragons fut stoppée à quelques dizaines de pas du chef suprême des colonnes. Le maréchal Pencroff, qui voyait pour la première fois son adversaire, le toisa du regard. Pendant un court instant, les deux hommes se fixèrent. Mais dans la mêlée, le maréchal dût se concentrer sur les ennemis qui l’assaillaient en nombre, et il le perdit de vue.

 

Le chef ennemi, qui n’avait pas quitté son adversaire des yeux ; se tourna vers son second.

« C’est leur chef. Tues le, et retrouve moi aux canons. » ordonna-t-il.

Et son adjoint, esquissant un salut, piqua sa monture et se porta dans la bataille.

 

Les fantassins ennemis, libérés de la pression par la charge de leur cavalerie lourde ; reprirent leur progression vers les lignes de tranchées de la garde volontaire. Menés par leurs deux chefs, les deux colonnes se reformèrent en désordre, mais leur force de frappe n’en avait qu’un peu été amoindrie. Ils arrivèrent bientôt au sommet de la colline, en vue des troupes du général Zorn.

 

Ne restait donc derrière la colline que les dragons du maréchal Pencroff, l’arrière-garde ennemie et leur grosse cavalerie, sorte de cuirassiers en armures de plaques noires et rouges et portant un étrange casque coloré.

Les dragons du maréchal commencèrent à éprouver des difficultés face à leurs adversaires qui affluaient en surnombre, mais ils reçurent à point un renfort salutaire : les deux escadrons du maréchal furent en effet ralliés par les deux escadrons de bataille et par l’escadron de réserve. Le combat revint alors à leur avantage, et le régiment entreprit alors l’anéantissement de la base arrière ennemie.

 

Dans la plaine, les fantassins assaillants s’avançaient vers les tranchées, plus nombreux qu’ils ne l’avaient jamais été. A leur tête, la présence des deux généraux galvanisait les troupes. Les deux hommes étaient entourés par les mystérieux fantassins en armure de plaques disparates qui devaient faire office de troupe d’élite et dont la seule présence semblait également donner du cœur aux hommes. Derrière ce terrifiant fer-de-lance, les quelques milliers de fantassins restants marchaient en bon ordre.

 

Les colonnes ennemies, qui s’avançaient au pas redoublé, passèrent ainsi la première ligne qui avait été désertée. Ils y établirent plusieurs compagnies d’arquebusiers en arrière garde, qui se disposèrent tout le long de la tranchée. Puis, sans perdre leur allure, les troupes de choc se répartirent sur le front et s’avancèrent vers la seconde ligne, ou les troupes de la garde les attendaient de pied ferme.

 

Le général Zorn, qui avait suivi leurs mouvements à la lunette depuis leur réapparition sur le champ de bataille, acheva de répartir ses forces le long de sa tranchée. Ainsi, dans ce dernier boyau de terre creusé aux pieds des murailles de Fort Herobrine, on pouvait apercevoir un large panel de soldats d’unités différentes qui avaient été sollicités pour la défense de la forteresse. Grenadiers, Voltigueurs, fusiliers, chasseurs ; mais aussi artilleurs, équipages du train et sapeurs se pressaient au coude à coude, le mousquet au pied. Derrière eux, on avait rassemblé en puissantes batteries toutes les bouches à feu que l’on avait pu acheminer, et qui étaient appuyées par les lourds canons de 32 livres qui armaient les murailles.

 

Le flanc droit du dispositif allait être tenu par le général Jihair qui, bien que blessé, avait refusé l’évacuation. Le flanc gauche du dispositif allait être tenu par le général Thalkion, et le centre du dispositif devait être tenu, comme l’appelait la tradition, par le général Zorn. Le général Wendy, qui avait été en charge de la préparation de la seconde ligne, assistait le général Zorn sur le centre. Derrière eux, le général suljii et le Colonel Darkalne devaient tenir les murailles et procéder aux repérages pour l’artillerie. En somme, la garde engageait dans cette batailles toutes les forces qui lui restait.

Dans la plaine, avançant entre les deux tranchées, les ennemis firent de même.

 

Quand ils furent assez près de la seconde ligne, mais trop loin encore pour les mousquets ; on fit donner l’artillerie.

 

« Toutes les pièces, tir de barrage » cria le général suljii, commandant de l’artillerie.

Et toutes les bouches-à-feu, allumées comme une seul, déversèrent sur la colonne ennemie un déluge de boulets de tous calibres.

 

Plusieurs ennemis, sans même avoir le temps de combattre, furent emportés, renversés comme des quilles. La terre se souleva par endroits dans de grands nuages de poussière, et les rangs des assaillants manquèrent de céder à la panique.

Mais leurs deux généraux, menant cette fois l’assaut depuis l’avant, encouragèrent les hommes à poursuivre la lutte. Malgré le déluge de flammes et de boulets, la vague d’assaut continua sa marche.

Bientôt, ils arrivèrent à portée de mousquets, et reçurent un second coup terrible. Tous les soldats de la garde firent feu comme un seul homme, et les balles virent faucher tous les ennemis se trouvant face à la tranchée sur une profondeur de deux rangs. Leurs généraux, passant miraculeusement entre les balles de plomb, continuèrent de galvaniser leurs troupes. La vague, battue par le feu et la poudre, refusait de s’arrêter.

 

Le général Zorn, voyant que l’ennemi n’était plus qu’à quelques dizaines de pas, fit ordonner le feu à volonté. Les soldats de la garde brulèrent alors toutes leurs cartouches, vidant leurs gibernes enfumant toute la tranchée. Devant eux, les rangs des assaillants ne cessaient de se clairsemer, pour se resserrer de suite, et toujours sans ralentir.

 

Le lieutenant Dorsenne, aide de camp du général Zorn, se tourna vers son supérieur entre deux coups de pistolet.

« On en a tué combien à votre avis » lui demanda-t-il.

« Tuez les tous » répondit simplement le général zorn, dont le visage était couvert de suie et de poudre.

Et la fusillade continua, arrachant à chaque coup un combattant à l’ennemi, qui poursuivait sa marche. 

 

Quand ils furent assez près de la ligne de tranchée, les deux généraux assaillants firent donner l’assaut, et tous les soldats de ruèrent vers la ligne de la garde. Sans regard pour leur propre vie, les troupes de choc sautèrent à pieds joints dans le fossé et entreprirent de massacrer tout ce qu’il s’y trouvait. De violents combats au corps-à-corps éclatèrent en tous points de la tranchée, qui fut presque immédiatement débordée. 

 

Depuis les murailles, sur la troisième ligne, les soldats observaient presque impuissants la terrible lutte qui s’engageait à leurs pieds. Ils ne pouvaient pas faire feu sur les ennemis qui se trouvaient aux prises avec leurs camarades sans risquer de faire des dommages collatéraux, et devaient se contenter de tirer au canon sur la masse d’ennemis qui affluait dans la plaine. Le général Suljii, dernier officier général à ne pas être directement engagé dans la lutte, savait qu’il lui revenait de faire sauter la zone en cas de chute des dernières défenses. Sentant que tout le dispositif était en péril, il se saisit d’une torche et s’enferma dans la poudrière, d’où il tacha de suivre l’avancement des combats par une étroite meurtrière. Le colonel Darkalne, qui avait également pris place sur la 3e ligne des murailles, restait alors en charge de l’artillerie. Passant d’une pièce à l’autre, volant de batterie en batterie, il n’avait de cesse de faire rajuster les tirs pour décimer autant que possible les soldats ennemis qui avançaient vers la seconde ligne.

 

Dans la tranchée, le général Thalkion fut plusieurs fois visé par des tirs d’arquebuse, qu’il évita de justesse. Il n’avait plus pour se défendre que son sabre, ses pistolets ayant déjà tiré leurs coups. Mais à l’instant où il ordonnait à ses grenadiers de se replacer, une compagnie entière de soldats d’élite de l’armée ennemie déboucha par son flanc gauche, et il fut contraint de reculer.

 

« Ils nous débordent par la gauche ! » cria-t-il, avant d’être frappé au crane par un violent coup de crosse.

 

Le général Wendy, qui avait entendu l’appel de son camarade, tenta de se porter à son secours avec une poignée de grenadiers qu’elle avait ralliée autour d’elle. Mais, arrivant au contact avec les troupes ennemies, ils furent contraints de s’arrêter tant la pression sur eux était forte. Enragée par l’impuissance de son groupe à soutenir son camarade, le général wendy poussa ses soldats vers l’avant.

« Grenadiers ! Avez-vous perdu toute bravoure ?! » Leur lança-t-elle.

 

Et les grenadiers, piqués au vif et sachant qu’ils seraient déshonorés s’ils venaient à faiblir devant l’ennemi, poussèrent violemment vers l’avant en renversant les troupes de choc de leurs adversaires. Leur progression, bien que lente, permit bientôt au général Wendy de récupérer le général thalkion, que peinait à reprendre ses esprits. Tirant son camarade par le bras, elle le poussa vers un creux du terrain ou l’on avait entreposé les boulets d’une des batteries ; et retourna tenir la position.

 

Le général Zorn, apprenant que son flanc gauche était enfoncé, et sachant que devant le surnombre des ennemis, il ne pourrait plus tenir très longtemps ; il fit appeler son clairon.

« Il est mort, mon général » lui répondit un sergent de voltigeurs, la face couverte de sang.

« Le général Jihair est blessé, le flanc droit est écrasé mon général ! » Lui dit alors le lieutenant Thomas, qui n’avait plus d’arme.

« Le général thalkion est blessé ! Le général wendy tient le flanc gauche avec ses grenadiers mais ils sont épuisés ; ils vont succomber ! » cria le lieutenant skykkou, à bout de souffle.

 

Le général Zorn, voyant à sa droite et à sa gauche les ennemis affluer, et voyant que le centre même de la tranchée n’allait plus tenir bien longtemps ; attrapa le lieutenant thomas par le bras. 

« Faites donner la vieille garde ! Immédiatement » lui cria-t-il.

Et le lieutenant, saluant, se rua hors de la tranchée pour atteindre les murailles.

 

De l’autre côté de la colline, les combats faisaient toujours rage entre les dragons du maréchal et la base arrière ennemie. On repoussa non sans difficultés les cavaliers qui avaient pendant un temps ralenti la charge, mais le chef suprême de l’armée assaillante avait disparu. Entourés par les fantassins d’élite qui étaient restés en réserve, les dragons tentèrent alors de se rapprocher des batteries de canons qui avaient été vues et qui devait être le point de repli des assaillants.

 

Mais alors que le régiment, débarrassé de sa première entrave, se lança vers la colline qui abritait les canons, il se retrouva nez à nez avec une autre unité de cavalerie adverse qui déboucha de derrière un repli. A leur tête, le bras droit de l’armée adverse menait les troupes.

 

Feignant la surprise, le Maréchal Pencroff se tourna vers ses dragons.

« Il en sort de partout ! Interdiction de mourir avant d’en avoir tué 10 chacun ! » leur cria-t-il.

 

Puis, levant son sabre, il donna la charge sur ces nouveaux adversaires importuns. 

 

Encore une fois, le choc fut terrible. Les cavaliers qui s’opposaient au maréchal Pencroff semblaient être des troupes d’élite, et ils étaient menés par un cavalier hors-pair. Autour de leur chef, les dragons serraient les rangs pour tenir. Les chevaux se heurtèrent aux chevaux, et on se massacra à bras raccourcis, de monture à monture. Le commandant en second de l’armée ennemie, qui s’était gardé de prendre la première ligne, apparut bientôt près du maréchal. Il semblait évident qu’un duel à mort entre les deux hommes allait s’engager, au milieu de la bataille et des cris.

 

Quand ils furent à portée l’un de l’autre, ils se fixèrent ; comme pour se jauger.

Puisqu’il était chez lui, le maréchal Pencroff entreprit donc de se présenter. Portant son sabre devant lui, il salua et, s’adressa à son adversaire en ces termes :

« Je suis le Maréchal Pencroff, gouverneur d’empire. »

Ce à quoi son adversaire lui répondit :

« Je suis le Rikugun-Taishō Shirayuki, descendant des protrecteurs d’Asayaka. »

Et il salua à son tour.

 

Enfin, pour la première fois depuis le début de ce jeu de massacre, on pouvait mettre un nom sur un de ces étranges assaillants, qu’on tuait beaucoup mais qu’on connaissait peu.

 

Les deux hommes se firent face, et se lancèrent l’un sur l’autre ; au dos de leurs destriers. Leurs lames se croisèrent une première fois dans une gerbe d’étincelles, mais la passe fut manquée. Un deuxième coup fut également paré, puis un troisième… décidément, ils avaient bien du mal à s’entretuer. 

Puisqu’il avait l’avantage du nombre, il était clair que le le Rikugun-Taishō Shirayuki voulait gagner du temps pour que ses troupes viennent à bout des dragons. Le maréchal Pencroff, au contraire, devait finir ce duel aussi vite que possible pour priver ses ennemis de leur chef, ce qui n’allait pas être de tout repos. Dragons et cavaliers d’Asayaka tombaient les uns après les autres, à tel point qu’il devenait difficile de se battre au milieu des corps, sur lesquels les chevaux trébuchaient.

Le maréchal commença alors à s’impatienter. Il se remit en position, serrant la poignée de son sabre dans une main et la bride de sa monture de l’autre. Cette fois, il observa les mouvements de son adversaire, qui semblait également plus confiant que jamais. Les Dragons étaient en effet en bien fâcheuse posture, et il en fallut de peu qu’ils ne succombent tous. 

 

Se voyant déjà vainqueur, le Rikugun-Taishō Shirayuki s’élança donc furieusement vers le maréchal ; qui ne bougea pas. Puis, à la dernière seconde, ce dernier fit bondir sa monture, et frappa de toutes ses forces en direction de son adversaire. Évitant de justesse un coup de lame fatal, celui-ci n’en fut pas moins désarçonné et se retrouva dans la boue, entouré de corps. Il se releva péniblement, mais était à présent à pieds au milieu d’une véritable cavalcade. Pataugeant dans la terre ensanglantée, il tenant de rejoindre sa monture.

Alors qu’il en attrapait la bride ; un coup de pistolet effraya le destrier qui rua furieusement. 

 

Sur la colline, celle-là même d’où avaient chargé les dragons du maréchal ; les hussards du premier régiment de cavalerie rejoignaient la bataille, menés par le Colonel lepic. Comme un essaim d’abeilles, galopant la plume au tricorne et la pelisse à l’épaule, les hussards fondirent sur leurs adversaires, renversant encore une fois le cours de la bataille. Forts de leur grande mobilité et de leur légèreté, ils encerclèrent les lourds cavaliers en armure de l’armée d’Asayaka et entamèrent une valse mortelle autour d’eux, sauvant ainsi les rares dragons survivants ; qui se regroupèrent autour du maréchal. 

 

Encerclé, acculé, voyant ses troupes décimées par ce renfort inattendu, le Rikugun-Taishō Shirayuki cria de rage. Ramassant son épée dans la boue, il se rua ; couvert de boue et de sang, vers le maréchal Pencroff. 

Un coup de sabre, dont le fil lui entailla profondément les côtes, le mit hors combat.  

Il tomba lourdement, inanimé, au milieu des cadavres. Ses hommes, à bouts de souffle, furent pris de panique et se replièrent en désordre vers leurs canons.

 

« Devons-nous les poursuivre maréchal ? » Demanda le colonel Lepic.

« Pas tout de suite. Ils doivent avoir bien renforcé leur arrière garde, et ils s’attendant à nous voir arriver, emportés par un excès de confiance. Regroupons-nous ! »

 

Le clairon sonna le rassemblement, et les quelques dragons survivants vinrent se ranger près des hussards. Avisant un cavalier, le maréchal ordonna que l’on aille chercher le renfort du 2e régiment de cavalerie ; qui tenait toujours la réserve.

 

Puis, se tournant vers le colonel Lepic :

« Hors de question de nous lancer dans une attaque suicide qui nous couterait nos dernières troupes montées. Les 1er et 2e régiments de cavalerie sont nos dernières ressources à cheval ; si nous les perdons la bataille est finie. Je vais prendre avec moi les lanciers du 2. Vous et vos hussards, vous allez attaquer l’infanterie ennemie qui est au contact avec nos troupes. Libérez notre infanterie de l’emprise des fantassins d’Asayaka et faites savoir au général Zorn que si il a avec lui des hommes en capacité de marcher, je les attend ici pour le dernier acte ! »

 

« A vos ordres ! » répondit le colonel.

 

Chapitre six : Dans le sang et dans la poudre

 

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Les fantassins ennemis submergeaient maintenant la tranchée. Dans l’étroit boyeau de terre, on se massacrait à coups de baïonnette, de crosse, de pelle, de sabre et à mains nues. Dans la mêlée, couverts de sang et de boue, égalements recouverts de la noble poussière des guerriers, généraux et soldats combattaient pêle-mêle, vendant très cher leurs peaux.

 

Malgré leur hardiesse et leur bravoure, le nombre des défenseurs ne cessait de décroitre. On mourrait noblement, sans bruit, sans un soupire, tombant simplement sur le dos et les bras en croix, la poitrine percée par une lame. Sur le champ de bataille, on entendait plus aucun coup de feu : les deux camps avaient depuis longtemps épuisé leur poudre et leurs munitions.

 

Le général Zorn et le général Thalkion, respectivement armés d’un fusil à la crosse brisée et d’une pioche de sapeur ; rugissaient à pleins poumons et emportant tous les malheureux qui se présentaient à leur portée. Le général Jihair, dont la cuirasse était à présent lardée d’encoches et de rayures, se battait avec son sabre brisé, s’en servant comme d’un poignard. Le général Wendy, isolée au milieu des corps de ses grenadiers tenait un tonnelet de poudre dans une main et une torche dans l’autre ; menaçant quiconque l’approcherait de faire sauter toute la tranchée.

 

Malgré cela, nul ne pensait à la défaite. Tous avaient été élevés et formés à se battre jusqu’à la mort. La mort avant la défaite. La mort ou la victoire. Tous se battaient non pas avec la force du désespoir, mais avec la volonté de faire honneur à leur empire. Et puis, après tout, ils étaient déjà tous morts quelque part, au fond.

 

Le fracas des combats tendait à se réduire petit à petit, et les cris se faisaient moins nombreux. Le nombre des morts dépassait de loin celui des vivants, on se croyait alors au crépuscule de la bataille…

Un roulement de caisse résonna autour d’eux.

 

Un bruit de pas, lourd, cadencé, ferme, lui fit echo. Dans la plaine, l’arme au bras, la vieille garde venait de faire son entrée.

 

En rangs serrés, baïonnette au canon, les grenadiers avançaient résolument vers la ligne de front. Leurs visages impassibles, ornés de barbes et de moustaches hirsutes et de balafres d’anciens combats, semblaient toiser les ennemis comme autant d’insectes nuisibles. Puis, arrivant à leur but, sans un cri et sans précipitation ; ils entrèrent dans la mêlée.

 

Le cours de la bataille changea alors du tout au tout. La vieille garde, conservée en réserve jusqu’à cette heure fatidique, eut sur les troupes de la garde deux bontés salutaires :

La première, c’est qu’il s’agissait d’une force d’élite reconnue dans les rangs comme étant presque invincible, sinon immortelle. La simple vue de leurs uniformes à parements rouges suffisait seule à redonner du cœur au plus désespéré des soldats. Avec eux dans la bataille, rien ne semblait plus impossible.

La seconde, et de taille celle-ci, c’est qu’à l’inverse des autres unités la vieille garde n’avait pas encore combattu, et que ses hommes étaient donc encore frais. 

Les guerriers d’asayaka, exténués par les terribles combats qu’ils avaient traversés jusqu’alors, et se croyants presque victorieux après tant d’efforts, pensant toucher du doigt la victoire, vinrent fondre sur eux ces mastodontes à l’allure de golems, et à la marche immuable. Avant même que les grenadiers d’élite ne fussent entrés au contact, ils avaient remporté leur première victoire, psychologique celle-ci : un vent de terreur et de désespoir souffla sur les guerriers d’Asayaka.

 

La suite fut terrible. Fidèle à leur réputation, les grenadiers de la garde s’illustrèrent par leur hardiesse et leur vigueur au combat. Ni les coups de sabre, de pics ou d’arquebuses ne semblaient pouvoir arrêter leur progression. Ils reprirent le terrain mètre par mètre, gravillon par gravillon. Tout céda devant eux. Ceux que ne tombaient pas sous leurs coups succombaient à la peur et reculaient, effrayés. 

A mesure qu’ils avançaient, les grenadiers étaient rejoints par les survivants de l’infanterie de ligne. Il semblait alors que les morts se relevaient, quand aux rangs se joignirent des blessés valides, couverts de sang et d’estafilades.

 

Pamis eux, le général wendy se plaça devant la ligne, bientôt rejointe par le général Jihair. Puis, alors que la vieille garde se rapprochait de leur position, les généraux Thalkion et Zorn gagnèrent à leur tour cette colonne d’enfer ; dont les rangs étaient parsemés d’autant de grenadiers que de survivants des autres armes, formidable troupe aux uniformes disparates réduits en haillons par la mitraille.

 

La peur avait changé de camp, tout comme le sens de la marche. Avant qu’ils ne s’en rendirent compte, les gardes volontaires, menés par leurs chefs et prenant le rythme de la vieille garde ; avaient dépassé leurs propres tranchées. Lentement mais à pas sûr, ils avançaient dans la plaine, enjambant les cadavres et poursuivant les troupes d’Asayaka dont les soldats n’en finissaient plus de refluer.

 

Bientôt, l’ennemi fut repoussé aux abords de la colline ou, quelques heures plus tôt, leur état-major se tenait. Croyant trouver quelques renforts derrière ce repli de terrain, les soldats d’asayaka entreprirent alors de passer cet ultime obstacle ; dans l’espoir d’un répit.

Les blessés et les plus veules entamèrent donc l’ascension, tournant dos aux soldats de la garde, pendant que leurs derniers camarades valides faisaient face pour couvrir leur retraite.

 

Haletant, dégoulinant de sang et de sueur, un premier soldat d’Asayaka arriva au sommet de la colline. Exténué, se croyant enfin à l’abris ; il se laissa tomber sur les genoux et prit une grande inspiration. Un bruit de sabots semblait s’approcher depuis l’autre flanc de la colline, les renforts sans doute. L’idée d’être secouru par l’arrivée de ses alliés lui réchauffa le cœur et ralluma en lui une lueur d’espoir… La désillusion fut terrible.

 

Des cavaliers arrivèrent en effet depuis l’autre saillant du relief, mais ceux qu’il avait pris un instant pour des renforts n’étaient autres que les hussards du Colonel Lepic, venus renforcer l’infanterie de la Garde comme leur avait ordonné le Maréchal. A ce moment de la bataille, le sort des rares survivants de l’assaut était joué. Pris en étau entre les fantassins et les cavaliers de la Garde Volontaire, acculés et à court de munitions, blessés pour la plupart ; ils étaient faits.

 

Derrière le soldat agenouillé au sommet de la colline, quelques cris étouffés et bruits de métal lui firent comprendre que les derniers braves valides avaient été anéantis par leurs poursuivants. Il ne restait, autour de lui, qu’une trentaine de blessés ; rampants ou boitant, et presque tous désarmés. Isolés au sommet de la colline comme des naufragés sur une ile déserte. Ils étaient encerclés ; et perdus.

 

Les hussards se déployèrent sur les flancs pour achever de les isoler. Au même instant, depuis le coté de la colline qui faisait face au Fort Herobrine, le général Zorn et l’infanterie de la garde arrivèrent au sommet. Autour de lui, les généraux Thalkion, Jihair, Wendy ainsi que le colonel Darkalne se regroupèrent, armés de mousquets pris sur les cadavres de la première ligne. Les grenadiers de la vieille garde, les fantassins de la ligne, les chasseurs et voltigeurs qui avaient survécu se tenaient également au coude à coude, en rang serré, interdisant toute fuite.

 

Une longue minute passa pendant laquelle le silence se fit. Les soldats attendaient leurs ordres, tandis que les blessés de l’armée d’Asayaka attendaient que le couperet ne tombe sur eux. Le général Zorn s’avança alors.

 

« Braves soldats. Vous avez commis une terrible erreur en passant les frontières de l’empire avec des intentions belliqueuses. Déposez les armes, et nous consentirons à vous laisser la vie sauve, par respect pour votre courage. Toute résistance est inutile, nous massacrerons tous ceux qui poursuivront le combat. » déclara-t-il.

 

A ces mots, les grenadiers se mirent en rang, et remirent l’arme au bras ; présentant à leurs ennemis leurs baïonnettes couvertes de sang.

 

« Nous n’avons pas de temps à vous accorder. Rendez-vous maintenant et vous serez traités en prisonniers. Manquez de répondre, et nous sèmeront vos cadavres sur les flancs de cette colline en allant achever votre arrière garde » renchérit le général Thalkion.  

 

De toute évidence, les guerriers d’Asayaka comprenaient très mal le Stendelien. Mais nul besoin d’être un érudit pour saisir ce que l’on attendait d’eux. Ils n’avaient plus la force de se battre, leur défaite était consumée, la reddition était évidente. Tous posèrent le genou à terre et jetèrent leurs armes. Un premier chapitre de cette bataille s’achevait.

 

Le général Zorn poussa un long soupir. Puis, se tournant vers le lieutenant Thomas :

 

« Lieutenant, prenez avec vous les soldats du train et les artilleurs, et escortez les prisonniers aux pieds de la muraille. Confiez-les au général Suljii, et dites-lui de les surveiller de près. »

 

A ces mots, le jeune officier salua son chef, et entreprit de rassembler les prisonniers.

Le général Zorn, une fois le souci des captifs réglé, se tourna vers ce qui lui restait de troupes. Resté en retrait jusque-là, le colonel Lepic s’avança alors vers lui.

 

« Mon général, une fois vos troupes rassemblées, vous devez rejoindre le Maréchal Pencroff au plus vite. Les troupes d’Asayaka ont replié leur arrière garde le long de la rivière, aux abords de Guenêt. Nous allons les y anéantir » déclara-t-il.

« Dans ce cas, ne perdons plus de temps, nous sommes attendus ! En colonne, les grenadiers devant ! » répondit Zorn, s’adressant à ses hommes.

 

Chapitre sept : Le Soleil de Birak-Heim

 

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On ne l’avait pas vu filer, mais du temps avait passé depuis de début des combats. Le jour était levé depuis longtemps, et le soleil approchait de son Zenith.

Dans la grande plaine de Birak-heim, cette vaste toile herbeuse qui s’étendait au-delà des murailles de fort herobrine et qui marquait la frontière impériale ; les colonnes de la Garde volontaires avançaient vers l’arrière garde ennemi.

 

Grenadiers en tête, un peu plus de cinq mille hommes - les derniers valides après cette matinée de combats - avançaient au pas. Devant eux, le général Zorn et le Général Thalkion, respectivement secondés par le général Jihair et le général Wendy ; donnaient la cadence, pressés d’en finir. 

 

Face à eux, de lourdes batteries de canons avaient été dressées. Les soldats d’Asayaka, qui avaient eu le temps de se regrouper et de se réorganiser dans cette véritable base arrière ; attendaient de pied ferme leurs adversaires. Des parapets de fortune avaient été dressés à la hâte, clairsemés de créneaux d’où ne dépassaient que les bouches à feu. Derrière ce muret de terre, de sacs de sable et de pics ; un régiment entier de soldats d’élite tenait la ligne, protégeant leur état-major et inspirant les dernières troupes combattantes de cette armée si mystérieuse.

 

Les assiégeants étaient devenus les assiégés, mais leur position était bien moins enviable que les murailles de fort Herobrine qu’ils avaient eu le malheur d’attaquer.

 

Quand ils virent arriver les soldats de la Garde Volontaire, les artilleurs d’Asayaka mirent leurs pièces en batterie. Ces canons, du plus gros calibre hippomobile, étaient capables de projeter des boulets d’environ vingt livres. Cette puissance de feu avait un prix, celui d’une cadence fortement réduite et d’une forte consommation en poudre.

Bien que les soldats de la Garde Volontaire soient en vue, il était donc hors de question d’ouvrir le feu, au risque de ne pas faire assez de dommages et d’être anéantis par une charge éclair avant de pouvoir recharger. Le général en chef de l’armée d’Asayaka, qui comme on le sait avait été privé de la plupart de ses adjoints, décida donc de ne tirer qu’une salve, mais de la rendre aussi létale que possible. Il ordonna donc que les canons soient chargés à la mitraille, autant qu’ils pouvaient en contenir. Il espérait ainsi faire vomir sur ses adversaires une pluie de plomb au moment où ces derniers, imprudents, se seraient trop approchés.

 

Cette stratégie, qui permettait de maximiser les dégâts de l’artillerie, présentait cependant un danger non négligeable : pour que la mitraille soit réellement efficace, il fallait qu’elle soit tirée à très courte portée ; et il était donc nécessaire de laisser les assaillants se rapprocher au plus près des lignes de défense, au risque d’être à portée de leurs coups.

 

Une fois les canons chargés, les soldats d’asayaka eurent donc l’ordre d’attendre avant de faire feu. Seulement pour une raison qui leur échappa, les fantassins de la garde volontaire s’étaient arrêtés…

 

Puis, se déployant sur toute la largeur du terrain, les gardes volontaires formèrent plusieurs colonnes d’assaut, dans ce qui, de loin, devait ressembler à un formidable ballet de soldats parfaitement coordonnés. Depuis leurs positions, les combattants d’Asayaka observaient la scène avec inquiétude ; tous avaient les yeux rivés sur ces étranges mouvements de troupes.

 

Il était évident que la fin de la bataille approchait. La garde se préparait à son ultime assaut, de front, face aux canons. L’idée même de charger à découvert face à une telle puissance de feu était suicidaire, mais cela ne semblait pas les ébranler le moins du monde. Au contraire, à la lunette, on pouvait voir de loin leur air résolu, confiant : on pouvait lire la volonté sur leurs visages.

 

Le général en chef de l’armée d’Asayaka, qui avait vu bien des batailles déjà, remarqua cependant l’absence de cavalerie dans les rangs de ses adversaires. Il n’avait devant lui que des fantassins, mais il savait qu’il restait au moins deux régiments complets de troupes montées qui devaient attendre le bon moment pour l’attaquer par le flanc. Il avait, pour éviter d’être pris par surprise sur ses ailes, fait disposer des pics contre-cavalerie tout autour de son dispositif, afin d’interdire à d’éventuels cavaliers de passer au travers de ses défenses. 

 

Face à lui, l’infanterie de la garde avait achevé de se mettre en ordre de bataille. Les colonnes d’assaut, quatre en tout, commencèrent alors à marcher vers sa ligne. Quelques deux-cents mètres les séparaient encore, et les troupes de la garde avançaient à pas lent, la tête haute, semblant défier les canons.

Les artilleurs d’Asayaka avaient ordre de ne faire feu qu’une fois leurs adversaires arrivés à moins de vingt-cinq mètres, aussi attendaient-ils fébrilement que les terribles silhouettes ne se rapprochent, avant de pouvoir enfin les accabler de leurs feux.

 

Lentement, sans précipitation, la garde avançait dans la plaine. Comme si la perspective de ces colonnes infernales ne devait pas suffire à inspirer la terreur dans le cœur des soldats d’Asayaka, un bruit de cavalcade vint graduellement rompre le silence qui pesait sur leurs défenses. Sans surprise, la cavalerie de la garde s’était détachée de l’infanterie pour attaquer les flancs de la position, et bien qu’on pût les entendre arriver, ils étaient encore dissimulés par les remplis du terrain. En effet, une grande butte s’élevait sur le flanc droit de l’arrière garde de l’armée d’Asayaka et cachait à leur vue toute une partie de la plaine qui s’étendait vers Novi.

 

Ils savaient donc que des cavaliers arrivaient par leur droite et des fantassins par l’avant, mais n’étaient pas encore en position de faire le moindre mouvement. Adopter une posture défensive vous offre un certain avantage, mais vous contraint également à subir, là ou vos adversaires sont plus aisément force d’initiative.

 

Derrière la butte, les bruits de sabots cessèrent : les cavaliers de la garde devaient être en position. Le flanc droit auprès duquel ils se trouvaient avait été largement garni de pics, si bien que le général en chef ne se soucia que très peu de la présence des troupes à cheval sur son aile. Une ligne de fantassins devait suffire à repousser les cavaliers après que ceux-ci se soient retrouvés bloqués par les défenses, aussi ne se préoccupa-t-on pas de cette menace outre-mesure.

 

En effet, en pratique, il était impossible qu’un cheval ne passe la barrière de pics et la ligne de feu qui la défendait. Sacrifier la cavalerie sur ces défenses serait inutile, fut-ce pour faire diversion, car il était évident que l’armée d’Asayaka ne détournerait pas les canons des colonnes d’infanterie de la garde. On ne réussirait alors qu’à perdre des hommes et des chevaux sans gain stratégique, et le Maréchal Pencroff le savait.

 

En réalité, son plan était tout autre. Les gardes savaient que les soldats d’Asayaka s’attendaient à être contournés par de la cavalerie et qu’ils feraient le maximum pour s’en prémunir. Ils savaient également que, protégés par des pics et d’autres dispositifs visant à repousser des cavaliers, ils ne prendraient pas la peine de dégarnir leur ligne principale d’un de ses canons pour couvrir leurs flancs. Là était la faiblesse.

 

Sur la butte qui surplombait l’aile droite de l’armée d’Asayaka, les buits des sabots se firent de nouveau entendre. Pensant que la cavalerie de la garde s’ébranlait pour commencer sa charge, les défenseurs se mirent en position afin de les accueillir. 

Premier arrivé au sommet, le Maréchal Pencroff leur apparut alors, monté sur un magnifique palefroi. Il resta immobile quelques instants, semblant toiser ses adversaires circonspects, qui attendaient fébrilement que l’assaut ne commence. Il n’en fut rien.

 

Quelques secondes après l’apparition du Maréchal, en lieu et place des cavaliers attendus par les soldats d’Asayaka, une batterie de canons, poussée par ses artilleurs, arriva au sommet de la butte. 

 

Avant même qu’ils ne purent réagir, les défenseurs se retrouvèrent pris dans la tourmente d’un terrible tir de barrage. Une pluie de boulets tomba sur eux, semant la mort et la panique dans la ligne qui défendait le flanc droit. Pendant que la première batterie déchainait tous ses feux sur ce point, une seconde batterie fut mise en place au sommet de la butte. Aux ordres du maréchal, celle-ci entama alors de pilonner les canons d’Asayaka, qui faisaient toujours face à l’infanterie de la garde.

 

Dans la panique, les artilleurs d’Asayaka tentèrent de tourner leurs lourds canons vers la butte. Une partie des pièces fut alors détournée des fantassins de la garde qui saisirent l’occasion pour attaquer, parcourant le peu de distance qui leur restait au pas de course, baïonnette au canon. Voyant que l’infanterie de la garde passait à l’assaut, les quelques canons encore tournés vers eux firent feu, mais bien trop tôt ; et la mitraille vint se perdre dans l’espace sans faire suffisamment de pertes pour ralentir les gardes. Quant aux pièces qui avaient été tournées vers la butte, elles avaient également été chargées à la mitraille, et leurs tirs furent inopérants, au désespoir du général en chef de l’armée d’Asayaka.

 

Prises de panique, désorganisées, décimées par les boulets ; ses troupes fondaient devant lui comme la cire sous une flamme. A la seconde ou les canons de la Garde Volontaire se turent, les fantassins, menés par les généraux Zorn, Thalkion, Jihair et wendy prirent d’assaut l’avant de la position. Ce fut alors un sauve-qui-peut général, désordonné, qui s’empara des soldats d’Asayaka et de leur état-major.

 

Pris en étau entre les canons et l’infanterie de la garde, ils se ruèrent tous vers l’arrière de leur position, en direction de la frontière. A toutes jambes, abandonnant leurs armes et leur matériel, enjambant les cadavres de leurs camarades, ils tentèrent tous de s’évader hors des frontières impériales ; espérant qu’ils n’y seraient pas poursuivis. Malheureusement pour eux, le piège ne s’était pas encore refermé ; et le dernier verrou tomba comme un couperet.

 

En effet, alors qu’ils avaient absolument abandonnés tout espoir de se défendre et s’étaient entièrement désorganisés, la route de la frontière leur fut brutalement coupée par le premier régiment de cavalerie de la Garde, mené par le colonel Lepic. Sabre au clair, botte-à-botte, les hussards se disposèrent autour d’eux, bientôt rejoints par le maréchal Pencroff et ses dragons d’élite. L’infanterie de la Garde, qui venait de passer à travers les lignes que les soldats d’Asayaka venaient d’abandonner ; acheva l’encerclement de ses ennemis.

On était alors début de l’après-midi, et la bataille venait de se terminer.

 

Chapitre huit : Vae Victis

 

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Quand ils furent tous désarmés, les soldats d’Asayaka furent faits prisonniers. A ce moment on estimait que plus de la moitié de leur effectif avait péri dans les combats, on devait découvrir plus tard qu’il s’agissait en fait des deux tiers. Les autres, ceux qui avaient survécu étaient presque tous blessés à différents degrés ; et leur nombre vint s’ajouter aux nombreux soldats de la garde que les hôpitaux militaires du fort s’affairaient à sauver. 

 

Le bal des sabres et des mousquets céda donc sa place à celui des civières et des chirurgiens, et pendant les jours qui suivirent le bruit des scies et des gémissements succéda au fracas des combats. Durant ce premier temps mort après la bataille, on ne s’occupa que très peu des prisonniers valides, que l’on se contenta de mettre aux fers dans la forteresse d’infanterie, ou de réquisitionner pour enterrer les corps.

 

Il fallut en effet de longues journées pour dégager la plaine des cadavres d’hommes et de chevaux qui la recouvraient comme autant d’épis murs fraichement fauchés. Ces moissons humaines sont souvent des tâches terribles, mais elles sont capitales pour éviter la propagation de maladies ou des infections. Elles permettent aussi aux proches des soldats et à leurs camarades de donner une sépulture à leurs amis tombés pour l’empire : rituel symbolique plus qu’utile mais qui permet de sauver un peu le moral.

 

On enterra donc les soldats de la garde dans un vaste cimetière militaire improvisé dans la plaine de Birak’heim, ce qui permit au passage de faire le compte des effectifs disparus ; et on fit de même pour les soldats d’Asayaka dont l’état-major de la garde estima que la bravoure dont ils avaient fait preuve rendait injuste leur simple enfouissement dans une obscure fosse commune. Ces travaux de terrassement finis, on organisa une soirée de recueillement à laquelle les prisonniers prirent part depuis leurs geôles ; avant de se préoccuper de leur sort.

 

Presque trois jours avaient alors passés depuis la fin de la bataille. Tous les blessés qui avaient pu être sauvés l’avaient été ; et les autres avaient rejoints définitivement le nombre des pertes. Dans la forteresse d’infanterie, attachés entre eux par de lourdes chaines, les survivants de l’armée d’Asayaka attendaient d’être fixés sur leur destin. Tenus à l’écart, dans une cellule à part, leurs principaux officiers attendaient d’être interrogés et, probablement, passés par les armes pour crime de guerre. 

 

Ils savaient en effet que leur attaque injustifiée des territoires impériaux, sans avoir fait de déclaration de guerre au préalable, était une inqualifiable atteinte aux usages militaires ; et qu’ils seraient de fait considérés comme des barbares. Ils n’avaient jamais fait de quartiers, toujours été sans Mercie, et ils ne s’attendaient pas à être traités différemment : ils assumaient pleinement chacun de leurs actes, et se muraient dans une impassive gravité, qui traduisait à la foi leur résignation à mourir et leur acceptation de leur destin.

 

Dans cette petite pièce de la forteresse d’infanterie, on trouvait parmi les officiers prisonniers le Gensui-Rikugun-Taishō Asayaka, général en chef de l’armée éponyme ; le Rikugun-Taishō Shirayuki, son bras droit, qui avait été fait prisonnier au moment de sa confrontation avec le maréchal Pencroff ; et enfin le Rikugun-Shōshō Hirobumi, général d’une des brigades et seul survivant des assauts sur les lignes.

Quant aux officiers manquants, on savait alors que le Rikugun-Chūjō Ketsoro et le Rikugun-Chūjō Aritomoavaient tous deux étés tués dans les assauts sur les lignes de la garde.

De cet état-major il ne restait donc que trois hommes, muets, réunis dans cette petite salle, attendant leur jugement. 

 

Au matin du troisième jour de leur captivité, un sergent de grenadiers vint perturber le silence. Passant la lourde porte, encadré par deux soldats à l’air peu commode, il vint se placer au centre de la pièce et, les regardants un à un, il s’adressa aux captifs.

 

« Messieurs, nous vous avons laissé assez de temps pour ressasser vos péchés. L’heure sonne, le Maréchal Pencroff et son état-major vont vous recevoir. Je vous laisse une minute pour vous préparer, tâchez d’être présentables »

Puis, reculant d’un pas, il vint se placer vers la porte ouverte.

 

Quand ils eurent fini de rajuster ce qu’il restait de leurs armures de plaques, et eurent coiffé leurs couvre-chefs ; les trois généraux quittèrent la pièce à la suite du sergent, sous bonne escorte. Ils traversèrent la forteresse d’infanterie, puis s’engagèrent sur la route qui menait vers la forteresse du commandement. Ils croisèrent sur ce chemin de nombreux gardes volontaires qui s’arrêtèrent à leur passage pour les dévisager avec de lourds regards emprunts de colère ; mais le trajet se passa sans incident.

Ils arrivèrent bientôt devant une grande porte ornée de drapeaux, et sur laquelle était gravé en lettres capitales dans le fronton de grès « Grand Quartier Général ». Passant sous la voute, ils débouchèrent sur un magnifique « jardin à l’impériale », parfaitement symétrique et qui ouvrait la voie vers un grand bâtiment orné d’une coupole : ils venaient d’arriver au fameux commandement de la Garde Volontaire.

 

On les fit entrer par la grande porte, puis monter un riche escalier tapissé de rouge et surplombé d’un imposant lustre d’une vingtaine de chandelles. Ils passèrent dans un long couloir orné de tableaux de batailles et de statues d’officiers illustres, et parsemé à intervalle régulier de soldats d’élite au garde-à-vous. Visiblement, on voulait leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas en position de force, loin de là.

 

Au bout de quelques mètres dans ce long corridor, le sergent s’arrêta pour frapper à une porte. Deux soldats lui ouvrirent et, regardant les trois généraux d’Asayaka, ils acquiescèrent.

 

« Nous vous attendions messieurs »

Dit une voie depuis l’intérieur de la pièce.

« Faites-les entrer »

Ajouta une autre.

 

Et le sergent, d’un signe de main, fit comprendre aux prisonniers qu’ils devaient rentrer sans délai. Les trois hommes s’exécutèrent sans un mot, non pas qu’ils furent intimidés cependant : ils n’avaient pas quitté leur gravité et leur mutisme.

 

On les introduit donc dans une vaste pièce carrée, dont trois des murs étaient parsemés de grandes fenêtres et au centre de laquelle se trouvait une grande table de bois rare. Deux gardes étaient en faction de chaque côtés de la porte, quatre autres étaient postés aux quatre coins de la pièce, et plusieurs officiers de tous rangs se tenaient debout autour de la table, tournés vers les nouveaux venus. Face à eux, assis dans de grands fauteuils sur la toute la longueur de la table, on reconnut les généraux Sulji, Jihair, Wendy, Wariow et Thalkion ; et, au centre, le Général Zorn et le Maréchal Pencroff.

 

Quand les prisonniers se furent disposés face à eux et au centre de la pièce, le général Zorn prit la parole.

 

« Messieurs, vous pouvez disposer » dit-il en faisant signe aux gardes et aux divers officiers de quitter la pièce.

 

A ces mots, tous disparurent par la porte, sans mot dire, laissant les captifs aux soins des généraux de la garde. Un claquement de bois vint conclure leur repli, la pièce était maintenant tout ce qu’il restait du monde aux yeux des trois hommes, dont le destin allait certainement se jouer dans les minutes à venir.

 

Un lourd silence passa alors sur l’assemblée comme un courant d’air glacial, alors que tous les regards semblaient posés sur eux… à défaut d’un : Le maréchal Pencroff semblait occupé à lire une feuille, l’air visiblement peu concerné.

 

La général Thalkion toussa, comme pour s’éclaircir la voix, et prit la parole.

 

« Messieurs, je crois savoir que vous êtes les responsables de cette armée de sauvages qui a eu le mauvais gout de venir s’en prendre à nos frontières ? »

 

« C’est exact. » répondit simplement le Gensui-Rikugun-Taishō Asayaka.

 

« Puisque vous n’avez pas eu l’amabilité de vous présenter, le moment serait sans doute bien choisi pour décliner votre identité non ? » embraya le Général Jihair.

Ce dernier, qui avait été blessé au cours de ses multiples assauts sur les forces ennemies, portait encore les stigmates des coups qu’il avait reçu.

 

Tous les regards se tournèrent vers le Gensui-Rikugun-Taishō, y compris ceux du maréchal Pencroff qui, enfin, semblait s’intéresser à ses interlocuteurs.

 

« Je suis le Gensui-Rikugun-Taishō Asayaka, général en chef de la légion de l’aurore, armée des survivants d’Asayaka dont je suis également le roi légitime. Voici le Rikugun-Taishō Shirayuki, mon premier officier et protecteur, descendant également de la noblesse d’Asayaka ; et enfin voici le Rikugun-Shōshō Hirobumi, le dernier de nos généraux, qui descend également d’une lignée de militaires à mon service. »

 

Un bref silence se fit à nouveau, pendant lequel les généraux de la garde se regardèrent. Le Général Wendy et l’Amiral Wariow prirent quelques notes. Fixant à présent les trois prisonniers, le Maréchal Pencroff se décida enfin à parler. 

 

« Peu m’importe les noms des fous qui s’attaquent à l’empire. En passant cette frontière avec des intentions belliqueuses vous avez scellé votre destin. Je ne sais pas ce qu’est ce royaume d’Asayaka et cela m’importe très peu. Par égard pour la bravoure dont vous avez fait preuve en venant nous affronter, nous allons écouter vos vaines tentatives de justification. Tâchez d’être convaincants, je suis las de devoir entretenir vos troupes et il me tarde de vous envoyer à Terre-Morne. » 

Dit-il d’un ton monotone, avant de reprendre la lecture de son document.

 

Les trois hommes, qui avaient la certitude que leur sort était déjà joué, ne semblèrent pas s’émouvoir des paroles du maréchal. Tous restaient dignes, malgré la menace qui venait de leur être faite. Le plus grand d’entre eux cependant, à l’évocation de ses troupes, sembla tressaillir. Il s’avança, et prit à son tour la parole.

 

« Maréchal, c’est moi qui ait ordonné l’assaut de votre nation. C’est sur mes ordres que mes troupes ont passé vos frontières, et c’est par fidélité envers moi qu’ils ont fait ce qu’ils estimaient être leur devoir. Vous êtes des soldats, vous devez savoir ce qu’est la loyauté, et ce qu’est la discipline. Je suis leur chef, ils ont agi en mon nom, et c’est moi qui me tiens devant vous aujourd’hui. Vous voulez punir notre intrusion ? C’est votre droit, mais c’est à moi, et à moi seul que revient la responsabilité ; et c’est mon devoir de la porter jusqu’au bout. On n’abdique pas l’honneur d’être le maitre, fut-ce dans la défaite. »

 

Puis, cela dit, il s’avança d’un pas devant ses deux camarades ; la tête haute, de nouveau silencieux.

 

Devant lui, tous le regardaient avec un air circonspect, mais le considéraient avec un peu plus de respect qu’à son arrivée.

Le général Zorn coupa court au silence que s’installait.

 

« Vous parlez comme un homme d’honneur, général Asayaka, et vous pourriez presque passer pour un véritable chef ; si votre conduite au combat n’en avait pas laissé penser autrement. Malgré vos belles paroles sur le devoir, on ne vous a que très peu vu sur la ligne de front, et vous avez envoyé nombre de vos hommes à la mort depuis votre petite colline. Après tant de beaux discours, c’est bien dommage… Auriez-vous perdu toute bravoure ? »

Lança-t-il froidement.

 

Un vent froid passa sur tous les fronts. Les généraux de la garde esquissèrent un sourire approbateur. En effet, tous partageaient cette même habitude de prendre les mêmes risques que leurs hommes et de ne jamais s’exposer moins qu’eux. Un général qui conduit sa guerre depuis un arrière-poste ne devait être, pour eux, qu’un lâche caché derrière de grosses épaulettes.

 

Ce trait lancé par le général Zorn sembla glisser sur le Général Asayaka, mais il mit en rage ses deux subordonnés. En effet, les deux généraux, qui s’étaient tenus en retrait jusqu’alors et avaient adopté une mine fermée et digne, serraient à présent les dents. Sentant que ses subordonnés étaient piqués à vif, leur chef décida de répondre.

 

« Je comprends votre point de vue, mais il semble que vous ne soyez pas en possession de tous les paramètres nécessaires à la compréhension de nos actions… » dit-il.

 

« Dans ce cas je vous en prie, éclairez notre lanterne ? » répondit le général Wendy.

 

« Vous aurez sans doute remarqué, au cours de vos reconnaissances au-delà de vos frontières, que nous étions accompagnés de civils, n’est-ce pas ? »

 

En effet au cours des premières reconnaissances effectuées par le bataillon d’exploration, les troupes de la garde avaient remarqué la présence de nombreuses familles, femmes, enfants et vieillards auprès des troupes de la légion de l’aurore. Les dernières observations de ces civils s’étaient faites après la prise par leurs armées du petit village dont le colonel Darkalne avait observé la destruction, évènement qui avait d’ailleurs permis de catégoriser les forces d’Asayaka comme hostiles.

Le général Asayaka poursuivit alors.

 

« Ces civils, que nous avons laissés au petit village que vous nous avez vu attaquer, fort injustement il est vrai, sont notre peuple… du moins ce qu’il en reste. Le destin nous a condamné à l’errance, et nous sommes réduits au pillage pour subsister à nos besoins. Nous n’avons plus ni terre ni patrie, ni champs ni maisons… Nous avons des enfants, des malades, nous aimerions vivre en paix ; mais nous ne pouvons pas. Chaque hiver nous arrache un peu plus des nôtres, et nous sommes impuissants. Vous trouvez injuste d’attaquer des villages pour vivre de leurs possessions ? Vous trouvez injuste d’attaquer des villes et des contrées qui ne nous ont rien fait ? Certes, ça l’est ; mais la vie est injuste… du moins elle l’a été avec nous. Suis-je coupable ? Oui, mais j’ai pris un parti : celui de mon peuple, le reste ne m’importe peu. Nous avons fait la guerre, et vécu sur les biens de nos adversaires vaincus : Vae victis, c’est comme ça. Aujourd’hui c’est nous qui sommes vaincus, et bien qu’il en soit ainsi : nous avons vécu par la guerre, nous disparaissons par elle… Vae Victis ».

 

A ces mots, ce fut au tour des généraux de la garde de se figer dans un mutisme pensif. Assis dans son fauteuil, le Maréchal Pencroff regardait droit devant lui, plongeant son regard dans celui du général Asayaka, comme pour en sonder l’âme. Une éternité de silence passa, pendant laquelle personne n’osa rompre le silence. 

 

Le général Thalkion, qui avait toujours eu un égard particulier pour les populations civiles, et qui y était d’autant plus sensible par sa condition de chevalier ; se décida à faire le pas.

 

« Effectivement, nous avons observé la présence de civils dans vos rangs au cours de nos premières reconnaissances. Nous avons également pu constater vos exactions, mais puisqu’elles ont eu lieux hors de notre juridiction il ne nous appartient pas de vous en tenir rigueur. Vous prétendez avoir été réduits à l’errance, cela m’interpelle. Pourriez-vous clarifier la question ? » demanda-t-il.


Le Gensui-Rikugun-Taishō Asayaka sembla hésiter. Après tout, il s’agissait là d’affaires qui ne concernaient que son peuple, et il voyait mal en quoi cela pouvait intéresser ses ennemis. Cependant ses heures étaient sans doute comptées, et si son histoire pouvait convaincre les généraux de la Garde d’épargner les civils d’Asayaka, cela pouvait valoir la peine. Il prit encore une seconde pour y réfléchir, et répondit.

 

« Nous venons du Royaume de l’aurore, plus connu sous le nom de royaume d’Asayaka, du nom de l’ile qui nous a vu naitre. Il s’agit d’une ile volcanique située loin au large des côtes continentales, au sud de votre pays. Nous étions un peuple pacifique, isolé, vivant de la pêche qui était abondante dans les mers qui nous bordaient et nous protégeaient des guerres qui étaient jadis si fréquentes chez vous. Nous avons peu à peu baissé notre garde, pensant que nous serions toujours épargnés par le malheur… L’histoire a montré que nous avions eu tort. » commença-t-il.

 

Puis, après un bref regard vers ses deux subordonnés, il poursuivit.

 

« Il y a de cela vingt ans, je crois, le volcan qui dominait notre ile est entré en éruption. Pendant plusieurs heures, des flots de laves ont incendié nos villages et nos cultures, tuant bon nombre des nôtres. Puis, comme attirés par les flammes, des dragons sont arrivés du large pour nous attaquer alors que nous étions affaiblis. Profitant de notre confusion, ils nous ont chassés de l’ile pour s’en emparer. Mon père, le roi, est mort en s’opposant à eux ; tout comme le père du Rikugun-Taishō Shirayuki, qui était son protecteur. Tous ceux qui avaient survécu à l’éruption et à l’attaque des dragons prirent la fuite par la mer, embarqués sur ce qu’il nous restait de navires. Désemparés, nous avons alors rejoint le continent… J’avais alors dix ans. Depuis ce jour, nous errons de par le monde, à la recherche de subsistances pour les survivants de notre peuple… »

 

Devant le général Asayaka, les généraux de la garde écoutaient attentivement. L’histoire des habitants du royaume de l’Aurore était malheureusement assez classique, et pour des habitants de Stendel qui ont connu la guerre civile, la famine et les destructions ; elle n’est pas de nature à émouvoir plus que cela. Les officiers de la garde avaient traversé eux même bien des massacres et vus bien des peuples sombrer dans le néant, le royaume de l’aurore n’en était qu’un de plus, et étranger à l’empire celui-là. 

Cependant, une chose attirait leur attention, et avait singulièrement sonné dans l’oreille du maréchal Pencroff et du général Zorn : la présence et l’implication des dragons dans la chute du royaume d’Asayaka. En effet, ces terribles et puissantes créatures avaient jadis disparues des terres impériales, avant de réapparaitre mystérieusement il y avait de cela quelques années. Les premiers spécimens de cette nouvelle génération avaient été, justement, observés au sud du territoire de Stendel, direction dans laquelle se trouvait l’ile d’Asayaka.

 

Se pouvait-il que cette ile, située loin des côtes, leur ait servie de colonie ? Les dragons étaient-ils dotés de suffisamment d’intelligence pour prendre d’assaut un peuple et s’emparer de sa terre ? Quels étaient leurs dessins et pourquoi réapparaitre sur le continent ? Et surtout : était-il possible, en se rendant maitre de l’ile, de mettre un terme à la menace que les dragons représentaient pour les peuples impériaux ?

 

Car si la garde avait bien eu une idée fixe depuis la réapparition de ces terribles prédateurs, c’était de comprendre leurs origines et d’en protéger les habitants de Stendel. C’était dans cette optique qu’avait été fondé le bataillon d’exploration, et que ce dernier avait été envoyé patrouiller au dehors des frontières sud de l’empire pour y découvrir d’éventuels indices. Mais malgré tous leurs efforts, ils n’avaient jusqu’à ce jour trouvé aucune trace de l’origine des dragons.

 

Se pourrait-il que les révélations du Général Asayaka les conduise enfin sur la bonne piste ? 

 

Le général Zorn restait silencieux, mais toutes ces pensées cheminaient dans son esprit. Se pouvait-il que les prisonniers les conduisent à la source d’un autre de leurs problèmes ? Pourrait-on, après avoir mis un terme à l’attaque de l’armée de l’aurore, abolir la menace des dragons ? Quel rôle pouvaient jouer les survivants d’Asayaka ?

 

Le maréchal Pencroff, qui visiblement s’était fait les mêmes réflexions, rompit le silence.

 

« Ces dragons qui vous ont attaqués, en avez-vous croisés d’autres depuis que vous êtes sur le continent ? »

 

« Oui. Nous avons même de bonnes raisons de croire que ceux qui parcourent à présent vos terres viennent de notre ile. » répondit le général Asayaka.

 

Le maréchal Pencroff posa les coudes sur la grande table un instant, et resta silencieux. Il échangea un bref regard avec ses généraux, et poursuivit.

 

« Que savez-vous de ces dragons ? » demanda-t-il simplement.

 

Devant lui, le général Asayaka sembla hésiter un instant. Visiblement, ses adversaires semblaient plus intéressés par les dragons que par le sort de l’armée de l’aurore… Peut-être avait-il une carte à jouer ? Le temps pressait, il tenta donc le tout pour le tout.

 

« Nous avons pu rassembler quelques informations, à une époque où nous nourrissions encore le vain espoir de regagner nos terres. Ces apprentissages sur les dragons nous ont coutés de nombreuses vies et font de nous, les survivants, les dépositaires de ce savoir. Je n’accepterai de le partager qu’à la condition que mon peuple puisse en profiter, sans quoi, vous vous en doutez, je n’ai aucun intérêt à le dévoiler. » déclara-t-il.

 

Devant lui, les généraux de la garde semblèrent s’agacer de tant d’audace de la part d’un adversaire vaincu. Après tout, qui était-il pour refuser de répondre ? Avait-il seulement le choix ? Sa vie et celles de tous ses comparses étaient soumises à la volonté du conseil de guerre de la garde. Les secrets qu’il semblait vouloir marchander valaient-ils le coup ?

 

Le maréchal Pencroff se pencha vers lui, semblant sonder dans ses yeux pour tenter de saisir ses intentions. Puis, après quelques secondes, il se rassit. 

 

« Général Asayaka, d’habitude on négocie avant de se faire rincer. Si vous pensez que vos informations peuvent vous sauver la vie et celles de vos comparses, je vous suggère de nous en faire part sans délai. Si d’aventure vous pouviez nous donner des renseignements utiles, nous envisagerions peut-être de parlementer avec vous sur l’avenir de votre peuple. » dit-il simplement.

 

Les trois généraux d’Asayaka se regardèrent. Ils semblaient encore hésiter. Après tout, leur secret était leur seule assurance vie. Quelle garantie avaient-ils de ne pas être massacrés après avoir dévoilés leurs connaissances ?

 

« Quelles garanties pouvez-vous nous offrir ? Qu’est-ce qui nous dit que vous n’allez pas nous mettre à mort à l’instant où nous aurons livré notre secret ? » demanda le général Asayaka.

 

« Je n’ai aucune garantie à vous donner. Vos secrets nous permettraient de gagner du temps, mais je doute que vous sachiez quoi que ce soit que nous ne saurions apprendre par nous-mêmes un jour ou l’autre. Si vous souhaitez garder le silence, je vous fais fusiller. En revanche, si vous abandonnez toute hostilité à notre égard et si vous nous livrez vos connaissances ; il se peut que nous ayons quelque chose à vous proposer » répondit le maréchal.

 

La général Wendy, qui écoutait attentivement, regarda son camarade avec un air circonspect. Le silence se fit à nouveau.

 

Les généraux d’Asayaka restaient muets. Ils avaient visiblement bien du mal à se décider. Cependant, le maréchal avait raison : Leurs connaissances sur les dragons finiraient bien par être découvertes à force d’observation si la garde se donnait un peu de mal. Ce gain de temps était la seule chose qu’ils pouvaient offrir et, dans leur position, ils n’avaient pas vraiment de marge de manœuvre.

 

Le général Zorn, profitant du silence, interpella le maréchal.

 

« On négocie avec les barbares maintenant ? pourquoi diable s’embarrasserait-on d’eux ? Si leur ile est infestée de dragons, nous saurons bien la trouver nous-même, puisque nous savons à présent ou chercher… Pour le reste, faites confiance à nos envoyés d’Arcahelm pour percer les mystères de ces fichus reptiles ailés » lui dit-il.

Le maréchal le regarda, et tira longuement sur sa moustache.

 

« Localiser et se débarrasser des dragons est une chose, mais je dois avouer que je nourris un autre intérêt ; plus politique celui-là, même si je sais que ce mot vous répugne, général » répondit-il.

 

Le général Zorn, comprenant qu’un autre enjeu était en question, et effectivement rebuté à l’idée de se mêler de géopolitique, acquiesça simplement et croisa les bras.

Le maréchal se tourna alors vers l’amiral Wariow qui, visiblement peu concerné par les débats, tapotait sur la table.

 

« Amiral, votre flotte est-elle de taille à affronter des dragons ? »

 

Les généraux d’Asayaka se regardèrent, les généraux de la garde aussi.

 

« Eh bien… je ne connais pas grand-chose qui puisse résister aux feux d’une bordée de canons de trente-deux livres… J’ai déjà coulé des galions de plusieurs centaines de tonneaux, alors ce n’est pas un lézard qui va me faire peur… » répondit l’amiral.

 

Le maréchal Pencroff se leva, comme pour signifier que sa décision était prise. Les autres généraux de la garde se levèrent derrière lui.

 

« Messieurs, il serait tout à fait regrettable que nous vous massacrions, c’est évident. Cela dit, vous avez commis un acte impardonnable en nous attaquant comme vous l’avez fait, et il va falloir que vous vous rachetiez auprès de nous. Comme vous l’aurez compris, les dragons qui vous ont rendus apatrides viennent à présent semer le désordre sur nos terres, et cette circonstance, malheureuse, nous réunit fort opportunément dans un objectif commun. Votre ile, que vous aviez jadis perdu, nous allons vous aider à la reprendre. Seulement une fois que cela sera fait, elle sera à nous. Vous aurez le droit d’y vivre, et même d’y régner dans une certaine mesure, mais vous en répondrez toujours devant nous. Vous exporterez une partie de vos ressources vers notre continent, paierez nos taxes, suivrez nos lois et porterez, en plus des vôtres, nos couleurs. De plus, et puisque vous semblez disposer de troupes d’élite, vous en mettrez une partie à disposition de nos forces, de manière permanente. » commença le maréchal Pencroff, qui toisait maintenant ses trois adversaires.

 

Les trois hommes, interloqués, se regardèrent. 

 

« Vous dites que vous allez reprendre notre ile aux dragons ? et qu’après ça nous pourrons y vivre de nouveau ? Nous vous avons attaqués, et vous voulez nous aider à rentrer chez nous ? » demanda le général Asayaka, aussi dubitatif que stupéfait.

 

« L’empire, dans sa grande bonté, est miséricordieux envers les peuples égarés. Vous avez perdu vos terres ? Nous vous les rendrons, mais vous ferez a jamais partie de notre grande patrie. Puisque vous descendez de la famille royale du royaume de l’aurore, général Asayaka, nous pouvons vous rendre ce titre ; à condition que vous pliez je genoux devant nous. Vous reconduirez alors votre peuple sur ses terres, et y vivrez a jamais baignés dans la sainte lumière impériale. Ainsi, vous paierez votre dette envers nous, et nous aurons la certitude que vous ne viendrez plus nous assaillir comme vous l’avez fait. » lui répondit le maréchal.

 

Les trois généraux de la legion de l’aurore ne savaient quoi dire. Bien sûr, ils n’étaient pas idiots : accepter ce marché c’était renoncer à leur indépendance et se soumettre à des conditions dont ils ne savaient presque rien. Leur royaume serait à jamais un vassal du continent, et ils devraient se plier sans doute à bien des désagréments. Cela dit, la perspective de retrouver leur ile embrasait leurs cœurs. Était-ce seulement possible ? Après tout, cette armée de la Garde Volontaire avait l’air de tenir la route, et ses forces combinées à celles d’Asayaka pourraient bien venir enfin à bout des dragons. A en croire le maréchal, ils pourraient alors rentrer chez eux, et reprendre leur vie paisible, en ne se pliant qu’à de nouvelles règles…

 

Le général Asayaka, roi légitime du Royaume de l’Aurore, leva la tête.

 

« Maréchal, nous acceptons vos conditions. Disposez de nous comme bon vous semble, mais rendez leur ile à mon peuple. » déclara-t-il.

Il posa alors un genou à terre, aussitôt imité par ses deux camarades.

 

Le maréchal les salua, et leur fit signe de se relever.

 

« A la bonne heure. Nous verrons ensemble, demain, les détails de notre accord que nous signerons devant témoins. En attendant, messieurs, je vais devoir m’entretenir avec mon état-major. Ces messieurs de la gendarmerie vont vous raccompagner dans la forteresse qui vous sert actuellement de prison, mais vous serez bientôt plus libres de vos mouvements. Je vous souhaite une bonne soirée ! » leur dit-il, tout en sonnant une petite cloche qui était posée sur la table.

 

Quatre gendarmes d’élite entrèrent, et firent signe aux trois généraux d’Asayaka de les suivre. Tous quittèrent la pièce, dont ils refermèrent la porte.

 

A la grande table, les généraux de la garde se rassirent.

 

« Doit-on vraiment faire tout ça pour eux ? » demanda le général Zorn.

 

« Je préfère ça à un énième massacre, surtout si on peut les envoyer en première ligne à notre place au moment d’aller se frotter aux dragons » lui répondit le général Thalkion.

 

« On te les rince nous, tes dragons, on ne va quand même pas s’en priver ! » ajoutèrent le général Wendy et le général Jihair.

 

Le maréchal Pencroff toussa, avant de prendre la parole.

 

« Général Suljii, quel est la situation de la garde actuellement ? » demanda-t-il ?

 

« La moitié des effectifs est hors combat, toutes forces confondues. Mais les deux tiers des forces combattantes sont sur le carreau… » répondit ce dernier.

« Combien de temps pour nous refaire ? »

 

« En enrôlant des orphelins de Simurgh, les réservistes de Tolwhig, quelques vagabonds sans patrie et la poignée de volontaires qui vient s’engager spontanément ; je pense qu’il nous faudrait deux ou trois mois pour renflouer les effectifs et porter de nouveau chaque régiment à mille hommes. Si on compte le temps qu’il faut pour former et remonter des cavaliers, je crois que quatre mois serait plus juste. Et, bien sûr, si on veut faire les choses bien il nous faudrait en tout six mois pour remettre tous les compteurs à zero. »

 

Les généraux Zorn et Thalkion, respectivement général en chef de la garde et chef d’état-major des troupes terrestres, acquiescèrent en silence.

Le maréchal tira de nouveau sur sa moustache.

 

« Concentrez nos nouvelles recrues dans l’infanterie, je m’occupe de vous trouver des cavaliers. Formez une nouvelle division, que vous placerez sous les ordres du général Jihair, et qui sera chargée de la reprise de l’ile. Amiral Wariow, veillez à ce que dans six mois, vous ayez avec vous une flotte constituée et prête à partir. Le temps va passer vite, tachons également de restructurer la légion de l’aurore, qui se placera sous nos ordres dans cette opération. Que reste-il du bataillon d’exploration ? »

 

« Presque rien, il a été anéanti, maréchal »

 

« Dans ce cas, formez en un nouveau avec des éléments survivants de l’infanterie légère. Trouvez leurs des montures, nous en ferons des dragons. Vous les enverrez sur les côtes au sud du continent, sous les ordres du colonel Darkalne, afin d’y établir un avant-poste logistique. Notre marine y enverra également quelques bâtiments pour aller patrouiller en direction de l’ile d’Asayaka, mais en tâchant de ne pas éveiller de soupçons. C’est noté ? » 

 

« C’est noté » répondirent en chœur les généraux de la garde.

 

« Alors au travail messieurs ! » Acheva-t-il.

 

Tous saluèrent, avant de quitter la pièce.

 

Les généraux Zorn et Thalkion prirent la direction de la salle stratégique, suivis par le général Jihair à qui allait être confié l’opération de reprise de l’ile.

Les généraux Suljii et Wendy, quant à eux, prirent la direction de l’hôpital militaire, ou ils allaient rendre visite à leurs camarades encore convalescents. 

L’amiral Wariow et le Colonel Darkalne, accompagnés des lieutenants Thomas et Pimoussy, se rendirent ensemble à la capitainerie du port sud, afin de préparer les cartes qui allaient être nécessaires aux reconnaissances vers l’ile d’Asayaka. 

 

De son côté, le maréchal Pencroff rassembla ce qu’il lui restait de dragons d’élite. Son régiment avait en effet gravement souffert durant les combats, et il ne restait autour de leur chef que l’équivalent d’un escadron et demi, pour un régiment qui en comptait cinq. 

 

Sachant que l’état-major de la garde prenait les choses en main, il devait retourner en capitale afin de faire son rapport aux autorités impériales.

 

Il allait encore falloir attendre longtemps avant de pouvoir se reposer, les six mois à venir allant être pleinement utilisés aux préparatifs de l’invasion de ce qui allait redevenir le royaume de l’aurore.

 

Six mois qui allaient passer bien vite, comme souvent en pareille circonstance.

La nuit tombait à présent sur la plaine de Birak-heim, alors que le maréchal et ses cavaliers s’éloignaient de Fort Herobrine.

 

 

La suite de l’histoire dans « La campagne d’Asayaka »

Pencroff.

 

Un grand merci à Pencroff pour avoir rédigé ce long roleplay de qualité supérieure !

Pour les curieux, voilà un lien wikifield qui parle de l'arc du roleplay  https://www.wikifield.fr/wiki/Campagne_des_frontières

6TYMWf7.png&key=9dce6a5fb399bd35c893cf1c

 

Accord de Guenet :

 

kjI4ciT.png

 

Accord de Novi et Coupebois :

L'accord a été donné après une réunion modo.

 

 

 

Pour finir, quelques remerciements !

 

 

Toute l'équipe du Fort Herobrine, la Garde Volontaire, la famille :

- Le maréchal @Pencroff, le Fondateur, l'officier moustachu, le hussard inébranlable,

- Le général de Corps d'Armée @Thalkion, le brave des braves,

- Le général de division @Jihair, l'homme de fer le plus gainé de la cavalerie,

- Le général de division @Suljii, le grand visionnaire,

- La générale de division @wendy marvell, la machine infernale,

- L'amiral @Wariow, Le Nelson de la garde,

- Le général de brigade @The-Darkalne, le gars solide de tous les déserts,

- La vice-amirale @Valeeryah, la kitsune abusive de la marine,

- Le capitaine @Pierrot, le lapin des plaines,

- Le capitaine @TheThomas1805, le garde irl,

- Le capitaine @SkyKKou, l'ami des celtes,

- Le sous-lieutenant @Makiange, l''homme qui vit sous terre aka le nouveau,

- La sous-lieutenante @Shalaevar, l'elfe muette aka la nouvelle,

- Tous les autres gardes qui ont, de près ou de loin, contribué a faire de FH ce qu'il est aujourd'hui.

 

- Nos deux couturiers officiels : ArthurBn et Shalaevar.

- L'équipe de Simurgh, nos plus vieux voisins, et tous les autres joueurs nous ayant soutenu dans notre long parcours \o/

 

Merci à tous !

 

 

Général Zorn,

Au nom des forces de la Garde Volontaire

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« Et comment appelez vous une demande d'extension d'un projet parfait, dénué de défauts, ayant comme chefs un jeune homme prometteur tout puissant, un bâtisseur de aussi brave que talentueux ainsi qu'un vieux briscard moustachu de la vieille garde ? »

 

« J'appelle ça la Garde Volontaire monsieur, et pas n'importe laquelle, la Garde Volontaire de Ghidéon_Zorn ! »

Suite en cours...

Modifié par Suljii
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M'ouais.... Bof. Je trouve que ça manque terriblement d'artillerie quand même....

 

Blague à part, je supporte entièrement cette demande d'extension. La garde est l'un des projets les plus actifs de Minefield en plus d'avoir un RP original et intéressant. Il serait dommage de priver leur créativité en les empêchant de prendre une petite parcelle de terrain supplémentaire..!

 

Je vais avec grand plaisir vous aider à creuser ces tranchées, compagnons !

 

Amicalement,

 

Shalaevar

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Salutations Bonsoir !

Je viens soutenir ici mes amis de la garde volontaire dans cette demande d'extension. Le FH a su prouver à plusieurs reprises qu'il comptait des architectes de talents et des joueurs actifs et motivés. je n'ai aucun doute sur la qualité architecturale de cette extension. Ce projet de créer un champ de bataille minés par les combats permet de rajouter de la vie et de lacohérance au territoire. C'est donc avec grand plaisir que je vous apporte mon soutien.

 

Cordialement,

Lugnasad,

Citoyen de l'Empire,

Commerçant Outilleur,

Chevalier Dolenti,

Ambassadeur de Simurgh.

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The Last Samurai (2003) - The Final Charge (1/2) | Movieclips GIF ... 

 

Je vais dire d'office, je n'ai que lu les grandes lignes du RP. Au vu de la longueur je l'aurais même sauté si ce n'était pour une statue d'un samouraï; mais comme vous avez introduit un Royaume au style nippon, fallait bien que j'y jette un coup d'oeil.

 

C'est marrant quand même, un peuple réduit à airé sur des terres inconnues et lointaine, mais qui est composé de plusieurs milliers de soldats, BIEN armés, cannons inclus. Je trouve l'ennemi un peu "nawak", mais sinon une lecture fun au global.

 

Pour la partie qui sera visible directement, c'est une belle décoration de la zone; un style simple mais efficace, et des tranchées sont des éléments qu'on ne voit pas souvent. C'est une bonne zone tampom entre des projets dans une zone relativement dense en villes et nations.

 

A coté de ca, le FH est un projet stable, qui s'est vu devenir un pillier du serveur, et leur donner un peu plus d'espace leur ferait du bien.

+1

 

Cordialement

 

Xadrow

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Bonjour,

 

A l'origine le FH devait être une extension Simurgh plage mais le destin en a voulu autrement. Aujourd'hui, je subis ce camp de majorettes et cette propagande digne de l'Oncle Sam jusque devant mon Orphelinat. (Ça m'arrange d'ailleurs car on arrive à revendre les miséreux orphelins pour qu'ils finissent sur le front en steak haché face aux ennemis de l'Empire)

 

Plus sérieusement, j'ai envie de dire : Il était temps ! Ca fait déjà x années que j'entends sans cesse parler de l'extension du Fort Herobrine et je suis content de voir aujourd'hui leur demande d'extension.

Alors venons-en à la bête et là ce qu'on peut dire c'est que nous avons le droit à un RP ultra fat et de qualité ce qui montre grandement l'énorme motivation de la Garde Volontaire à vouloir mettre en place cette extension. Ce RP est accompagné de nombreux screens et même d'une maquette visible en jeu sur FreeField ! (Et ça c'est très cool !)

A côté ce sont des joueurs qui ont toujours mené leur projet à fond et qui ont sans cesses renouveler l'architecture du projet au fil du temps. Je ne le dis pas assez souvent mais nous avons de la chance (les Simurgheois) d'avoir des voisins très actifs et avec qui nous adorons collaborer depuis maintenant quelques années. (A l'époque les murailles c'était des damiers, et le commandant à moustache s'appelait Evil_Fliqpy)

 

Bref à travers mes petites blagues et pointes d'humour, je peux vous assurer M. Le Gouverneur que le Fort Herobrine est une communauté extraordinaire et je suis sûr qu'elle fera un travail de très grande qualité sur son extension.

 

Voici mon +1 à l'équipe des majorettes.

 

 

Cordialement,

 

Stalroc,

Grand Prestataire de la nation d'Aégis,

Roi de Simurgh,

Chevalier de l'Empire.

 

PS : -30 % sur la commande d'orphelins avec le code promo EVILFLIQPY
PS 2 : Gardez vos canons orientés ailleurs que vers mon Royaume.

 

 

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Plot ! 

 

Membre du Fort Herobrine depuis bientôt 4 ans, j'en ai vu passer des chantiers : Terre-Morne, Sandstown, Refaire14FoisLeFortEntier. Une fois de plus, je suis content de voir la Garde se recentrer sur le Fort en lui-même, loin des chantiers à l'autre bout du monde. Entre temps, le Fort a développé un roleplay qui lui est propre ; est devenu une armée de fanatiques ; et a été de toutes les batailles et de tout les terrains de guerre. Avec cet agrandissement, on a quelque chose de sobre, mais comme d'habitude,  très recherché et complet dans le détail de chaque zone. Les maisons sont archi-originales, et les statues sont, je trouve, très bien faites. Le réseau de tranchées me rappelle un peu Mousse-Tache, mais dans l'idée seulement puisqu'ici on a poussé l'aspect première guerre mondiale "sale". 

 

Comme souvent au Fort, tout est logique et tout est détaillé, je pense à l'abri du commandement qui s'est éffondré en jeu, et qui est effectivement détruit dans le rp, ou encore la poudrière qui longe toute la façade Est du Fort. Le rp lui-même en somme est d'une qualité immense pour un récit de champ de bataille. Long mais prenant, je l'ai lu dans le train, tout y est finement expliqué ^^

 

Mon plussain en tant que membre, accompagne cette demande =)

 

Thal

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Et encore bonsoir ! 



En tant que membre du projet, il est de mon devoir de soutenir cette extension attendue depuis un certain temps ! 
Bien entendu, je vais essayer d'apporter un point de vu neutre, bien que celui-ci sera sûrement influencé par ma hype envers cette dernière.

Il s'agit là d'un projet né de longues réflexions de la part de mes amis, à vrai dire rien n'est vraiment laissé au hasard dans cette extension, elle est le fruit d'un roleplay établi depuis plusieurs mois et est à ce jour un projet relativement unique ou peu commun sur Minefield. 
Je trouve qu'il est très intéressant de proposer des zones relativement neutres tel que cette dernière, en effet la majorité de cette extension est composé de terraforming comportant des structures. En effet dès l'élaboration du roleplay, aucune zone ne laisse place au hasard, chacun des éléments même les plus minimes comportent une place dans le roleplay, que je vous conseille fortement de lire si vous en avez le temps, il s'agit d'un des récits de batailles des plus élaboré que j'ai eu la chance de lire sur Minefield.

Ce plussoiement n'est pas l'un des plus élaboré, que je justifie par le fait qu'en tant que membre du projet, je ne parviens pas à rester neutre comme dit au début de ce dernier.

Mais quand bien même, je souhaite que cette extension voie le jour, et en cause, j'apporte ici tout mon soutien ! 

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Bonjour,

 

Ajout de quatre screens dans "Visuels du projet" :

- Un des couloirs de la poudrière mentionnée dans le roleplay

- Une maison (version intacte et en ruines) plus grande pour le village

- Une maison du village ayant été incendiée

- Les falaises Nord, qui bordent la rivière donnant sur la forteresse (en laine l'emplacement du pont menant à la dite forteresse)

 

Edit du plan de l'extension, avec l'ajout de tracés de rivières.

 

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Houi 64 Démévent de l'an 241 du calendrier Erachien,

De par le Gouverneur Squirkiz, au service de l'Empire,

Adressé au citoyen et général de l'Empire de Stendel , Ghideon fils de Zorn,

 

Général Zorn,

 

Vous nous avez déjà fait votre rapport détaillé de la bataille contre les forces d’Asayaka, nous ne reviendrons pas en détail sur ce point. Permettez-moi tout de même d'adresser à nouveau mes félicitations pour votre gestion d'une main de maître de cette situation. Il nous aurait été difficile d'éviter les pertes civiles avec les troupes régulières impériales, de nombreuses vies d'innocents ont été sauvées.

 

Nous avons eu vent de vos inquiétudes concernant d'autres ennemis au delà de nos frontières. Mais comme vous le savez, l'Empire se refuse à tout interventionisme non nécessaire en dehors de ses terres. Si vous vous engagez sur la voie de la guerre, vous ne pourrez compter que sur vous-même et vos alliés... Je ne sais pas ce que vous trouverez au delà de nos frontières, mais veillez à ne pas attirer d'autres malheurs sur nos propres destins.

 

En ce qui concerne la régularisation de ces terres dont vous me faites part : je pense en effet qu'il ne serait pas très logique que ces terres restent non-administrées, maintenant que vous y avez apporté votre marque de manière... indélébile. Ces tranchées pourront servir dans le futur pour défendre nos positions au Sud.

 

 

Longue vie à l'Empire,
Gouverneur Squirkiz.

 

Divulgacher

 

Les plus :

+ Un RP passionnant, vierge de toute faute, bravo !

+ Pas mal de screenshots

+ Une communauté de ouf prête à soutenir le projet

+ Des soutiens très enthousiastes

+ Le soutien du grand prestataire de la nation d'Aégis @Stalroc

 

Les moins :

- Stop copier Aégis avec votre champ de bataille et vos tranchées svp

 

 

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